En finir avec le capitalisme (1).
L'invitation est lancée de Paris
par l’«Observatoire des mouvements de la société» (2).
Qui entend apporter sa pierre
à l'édifice du travail
mené par les explorateurs
de nouveaux possibles.
En partant du présent.
En pensant à l'«après».
Et en contribuant à substituer
des «rapports sociaux de coopération»
aux «actuels rapports
de domination, de décision et de propriété».
Premières notes de lecture...
«L’idée même d’une transformation radicale de la société ressemble à un rêve impossible, alors que le capitalisme connaît la plus grave, la plus profonde, la plus étendue crise de son histoire.» (3)
Ainsi s'exprime le militant associatif français Patrick Daré dans sa contribution à un livre (1) dont l'introduction annonçait déjà la couleur...
«A écouter avec attention la société, on décèle, en creux comme on dit, une puissante aspiration à tout changer. (…)
La mondialisation et le pouvoir de la finance associés à la fragmentation du salariat et aux mensonges de la politique institutionnelle, dans un contexte de perte de sens et de fort pervertissement des valeurs, obstruent la perception d’une perspective possible.
Refusant toute idée de fatalité, nous nous attaquons au nécessaire travail de construction d’une cohérence pour ouvrir une issue face à la faillite du système en nous efforçant d’analyser son fonctionnement dans sa globalité.» (4)
(A suivre)
C.E.
L’Observatoire des mouvements de la société (OMOS)
«L’Observatoire des mouvements de la société (OMOS) regroupe des chercheurs et des militants qui travaillent sur ce qui dans les représentations mentales et les pratiques fait obstacle ou au contraire peut faire levier à l’émancipation des individus. (…)
Il ne s’agit pas de substituer un mode de domination à un autre mais de créer les conditions de l’émancipation des personnes de toute domination. (…)
Se changer au fur et à mesure que l’on tente de changer le monde.
C’est en cela qu’il s’agit d’émancipation non seulement comme objectif mais comme processus. (…), en essayant de passer, dans la mesure du possible, de l’analyse des obstacles à celle des leviers potentiels.
Ce travail nous paraît d’autant plus nécessaire que nous sommes amenés à constater une sous-estimation des éléments d’ordre idéologiques, psychanalytiques par les acteurs politiques ou syndicaux qui se revendiquent de la transformation sociale.
L’analyse du champ politique et idéologique se réduit souvent à la seule bataille "arguments contre arguments" qu’il ne s’agit pas bien sûr de sous-estimer. (…)
Mais n’avons-nous pas aussi plus profondément à faire à autre chose qui ne se réduit pas aux seules idées et au discours explicite?
Il s’agit de l’effondrement des "grands récits" qui racontaient la puissance d’une classe ouvrière mythifiée et de l’essoufflement des idéaux du socialisme et des Lumières. (…)
La connaissance est comme un puzzle: elle ne se livre pas toute faite, mais se construit.
Notre parti tente de croiser des savoirs qui parfois s’ignorent et d’approfondir la part de culture et même d’inconscient dans la formation des représentations idéologiques et dans ce que nous pourrions appeler la culture politique. (…)
Qui dit construction, dit tâtonnements, explorations –au pluriel– ce qui interdit tout esprit conclusif.
C’est d’ailleurs le meilleur moyen de produire du commun.
Effectivement, cette démarche permet de faire du dissensus non pas ce que l’on tolère mais un moteur de recherche.
Chacun de ces dissensus stimule notre progression: il signale un problème non résolu et détermine à peu près les chantiers à prolonger ou à ouvrir.
Il n’y a donc pas de "ligne" de l’OMOS, si ce n’est que ses recherches se situent délibérément dans la perspective de l’anticapitalisme. (…)
Ces approches sont livrées telles que, sans céder à la tentation de la synthèse qui ampute toujours des contradictions et tensions.
Et dans la mesure où pour nous, le lecteur n’est pas un réceptacle mais un acteur au même titre que celles et ceux qui écrivent, ses choix feront partie intégrante de sa lecture.» (5)
(2) Collectif, Pour en finir avec le capitalisme, coll. Les cahiers de l'Observatoire des mouvements de la société, Syllepses, Paris, 2012.
(3) Idem, p.9.
(4) Idem, p.7.
(5) Idem, pp.149-150.