
Grâce à l'empathie,
me voici pleinement
centré sur l'autre.
Suis-je amené,
ce faisant,
à renoncer
à une part de proximité
avec moi-même?
Certainement pas,
se rebiffe
ce psychologue humaniste
qu'est le Belge
Jean-Marc Priels.
Qui pourfend
l'idée de décentrement.
Et entend parler
d' «authenticité
mise délicatement
au service d'autrui.»
Me recentrer, oui!
Me perdre, non!
Tel semble être le double mot d’ordre de l’empathie.
S’agirait-il à la fois de «devenir autre» et de rester pleinement moi-même?
Ou –pour l’écrire autrement– de devenir provisoirement autre avant de redevenir complètement moi-même?
Pas vraiment...
«Dans l'Approche Centrée sur la Personne et expérientielle qui m’est chère, il n'est jamais question de "se dépasser" ni de "devenir autre", corrige Jean-Marc Priels (1).
Car l'empathie est indissociable des deux autres conditions que sont la congruence et le regard positif inconditionnel. »
On demande traducteur...
Congruence?
Regard positif inconditionnel?
Euuuh…
La congruence, c’est cet accord avec moi-même qui suppose l’absence de toute forme d’inhibition, d’envahissement ou d’inertie.
Autant de processus défensifs qui m’incitent à refouler un problème ou à me laisser submerger par lui.
Autant de «courts-circuits» sur le fil de mon authenticité.
Autant d’obstacles à lever, donc, sous peine de mettre à mal ma concordance intérieure.
Quant au regard positif inconditionnel, il s’agit d’une ouverture profondément vraie et inébranlablement chaleureuse à toutes les dimensions constitutives du vécu de l’autre.
«Dans l'écoute empathique, je tente de rester ainsi pleinement moi-même et congruent, poursuit Priels.
Pleinement centré sur l'autre, je n’en renonce pas pour autant à une pleine proximité avec moi-même.
On ne parle donc pas de "décentrement" mais d'authenticité mise délicatement au service d'autrui. »
Ton intériorité, objectivement...
Initiateur de l’A.C.P., le psychologue humaniste américain Carl Rogers décrit l’empathie comme un voyage objectif dans l’univers subjectif d’autrui.
. Univers subjectif?
Oui, dans la mesure où «l’objet d’étude» renvoie à l’intériorité de l’autre.
. Voyage objectif?
Tout autant, parce qu’il m’incite à sortir provisoirement de ma propre subjectivité, à faire un moment –et un moment seulement– abstraction de mes propres valeurs.
Ce qui passe par un message de compréhension et d’acceptation dépourvu de tout jugement (1).
«Puis-je m'autoriser à pénétrer entièrement dans l'univers de ses sentiments et de ses points de vue personnels et à les voir comme lui les voit?, s’interroge Rogers.
Puis-je pénétrer dans son monde privé assez profondément pour perdre tout désir de l'évaluer et de le juger?
Puis-je y entrer avec suffisamment de délicatesse pour m'y déplacer librement sans piétiner tout ce qui à ses yeux est lourd d'un sens précieux?
Aurais-je assez de finesse pour comprendre non seulement ce qu'il comprend clairement, mais aussi son non-dit, ce qu'il ne perçoit lui-même que de manière trouble ou confuse?
Y a-t-il des limites à cette compréhension?» (2)(3)(4)(5)
Me perdre, non!
Tel semble être le double mot d’ordre de l’empathie.
S’agirait-il à la fois de «devenir autre» et de rester pleinement moi-même?
Ou –pour l’écrire autrement– de devenir provisoirement autre avant de redevenir complètement moi-même?
Pas vraiment...
«Dans l'Approche Centrée sur la Personne et expérientielle qui m’est chère, il n'est jamais question de "se dépasser" ni de "devenir autre", corrige Jean-Marc Priels (1).
Car l'empathie est indissociable des deux autres conditions que sont la congruence et le regard positif inconditionnel. »
On demande traducteur...
Congruence?
Regard positif inconditionnel?
Euuuh…
La congruence, c’est cet accord avec moi-même qui suppose l’absence de toute forme d’inhibition, d’envahissement ou d’inertie.
Autant de processus défensifs qui m’incitent à refouler un problème ou à me laisser submerger par lui.
Autant de «courts-circuits» sur le fil de mon authenticité.
Autant d’obstacles à lever, donc, sous peine de mettre à mal ma concordance intérieure.
Quant au regard positif inconditionnel, il s’agit d’une ouverture profondément vraie et inébranlablement chaleureuse à toutes les dimensions constitutives du vécu de l’autre.
«Dans l'écoute empathique, je tente de rester ainsi pleinement moi-même et congruent, poursuit Priels.
Pleinement centré sur l'autre, je n’en renonce pas pour autant à une pleine proximité avec moi-même.
On ne parle donc pas de "décentrement" mais d'authenticité mise délicatement au service d'autrui. »
Ton intériorité, objectivement...
Initiateur de l’A.C.P., le psychologue humaniste américain Carl Rogers décrit l’empathie comme un voyage objectif dans l’univers subjectif d’autrui.
. Univers subjectif?
Oui, dans la mesure où «l’objet d’étude» renvoie à l’intériorité de l’autre.
. Voyage objectif?
Tout autant, parce qu’il m’incite à sortir provisoirement de ma propre subjectivité, à faire un moment –et un moment seulement– abstraction de mes propres valeurs.
Ce qui passe par un message de compréhension et d’acceptation dépourvu de tout jugement (1).
«Puis-je m'autoriser à pénétrer entièrement dans l'univers de ses sentiments et de ses points de vue personnels et à les voir comme lui les voit?, s’interroge Rogers.
Puis-je pénétrer dans son monde privé assez profondément pour perdre tout désir de l'évaluer et de le juger?
Puis-je y entrer avec suffisamment de délicatesse pour m'y déplacer librement sans piétiner tout ce qui à ses yeux est lourd d'un sens précieux?
Aurais-je assez de finesse pour comprendre non seulement ce qu'il comprend clairement, mais aussi son non-dit, ce qu'il ne perçoit lui-même que de manière trouble ou confuse?
Y a-t-il des limites à cette compréhension?» (2)(3)(4)(5)
(A suivre)
Christophe Engels
(1) Psychologue et psychothérapeute à la Clinique Sans Souci de Jette, en Région bruxelloise, Jean-Marc Priels est par ailleurs membre actif du Centre d’Action pour un Personnalisme Pluraliste (CAPP, à Louvain-la-Neuve, Belgique) et responsable belge de la revue francophone internationale ACP (Approche Centrée sur la Personne) Pratique et recherche (La Queue-lez-Yvelines, France).
(2) Rogers Carl et Kinget Godelieve Marian, Psychothérapies et relations humaines, Publications universitaires de Louvain, Louvain, 1973. Voir aussi : Rogers Carl, Psychothérapie et relations humaines. Théorie de la thérapie centrée sur la personne, ESF, Issy Les Moulinaux, 2009 (réédition de la partie du livre précédent, écrite par Rogers).
(3) Ce message est extrait de Engels Christophe, Empathie. De l’autre côté de ton regard..., in L'Observatoire de l'action sociale, n°70, Liège, octobre, 2011, pp.67-70. Avec l'aimable autorisation de la directrice, Colette Leclercq, que nous remercions.
(4) On notera, pour information, que l'auteur de ce message a également signé un texte sur l'empathie pour le Service International de Recherche, d'Education et d'Action Sociale (Analyses et Etudes 2011/5, Bruxelles, 2011).
(5) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à l'empathie (avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par et d'après Marcel Bolle de Bal),
Christophe Engels
(1) Psychologue et psychothérapeute à la Clinique Sans Souci de Jette, en Région bruxelloise, Jean-Marc Priels est par ailleurs membre actif du Centre d’Action pour un Personnalisme Pluraliste (CAPP, à Louvain-la-Neuve, Belgique) et responsable belge de la revue francophone internationale ACP (Approche Centrée sur la Personne) Pratique et recherche (La Queue-lez-Yvelines, France).
(2) Rogers Carl et Kinget Godelieve Marian, Psychothérapies et relations humaines, Publications universitaires de Louvain, Louvain, 1973. Voir aussi : Rogers Carl, Psychothérapie et relations humaines. Théorie de la thérapie centrée sur la personne, ESF, Issy Les Moulinaux, 2009 (réédition de la partie du livre précédent, écrite par Rogers).
(3) Ce message est extrait de Engels Christophe, Empathie. De l’autre côté de ton regard..., in L'Observatoire de l'action sociale, n°70, Liège, octobre, 2011, pp.67-70. Avec l'aimable autorisation de la directrice, Colette Leclercq, que nous remercions.
(4) On notera, pour information, que l'auteur de ce message a également signé un texte sur l'empathie pour le Service International de Recherche, d'Education et d'Action Sociale (Analyses et Etudes 2011/5, Bruxelles, 2011).
(5) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à l'empathie (avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par et d'après Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme (par Vincent Triest,...)....