lundi 30 mai 2011

Post-capitalisme. Renouveler le progressisme.

Vive le progressisme,
clame Christian Arnsperger.
Mais un progressisme optimisé par le détour
d'une analyse existentielle.
Un progressisme renouvelé
dans la substantifique moelle
de son articulation
entre changement individuel et intérêt collectif.
Un progressisme... personnaliste?


L’avènement du post-capitalisme se conçoit-il sans un travail sur moi-même?
Non, estime Christian Arnsperger (1).
Car autant son émergence ne se déclinera pas exclusivement à la première personne du singulier autant il ne fera pas l’impasse sur un préalable introspectif.
«Les militants de la gauche classique se montrent souvent allergiques à l’idée selon laquelle, pour espérer changer le monde, il convient d’abord de se changer soi-même.
Cette idée leur paraît individualiste à l’extrême.
Ils montrent par là qu’ils restent eux-mêmes bloqués dans les axiomes et l’imaginaire capitalistes.
En effet, au sein de l’axiomatique capitaliste, le changement personnel est bel et bien individualiste.
Toutefois, à l’intérieur des axiomes libérés qui régiraient une économie post-capitaliste, le changement personnel lui-même serait, au contraire, ordonné au collectif sans pour autant s’y réduire.
Si nous parlons d’axiomes, c’est précisément parce qu’il est impossible, à ce niveau de réflexion, de séparer les modes d’existence individuels et les modes de coexistence collective.
»

L'existence... de la personne?

Cet axiome ne serait-il pas personnaliste?
Explicitement, non, puisque l’auteur n’utilise jamais ce mot, préférant se référer à l’«existentiel» d'un existentialisme pourtant moins fondamentalement ancré dans la relation.
Implicitement, cependant, la question mérite d’être posée.
La proximité d’approche, en tout cas, est manifeste.(2)(3)

(A suivre)

Christophe Engels (d’après Christian Arnsperger)

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l’Université catholique de Louvain (UCL), rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009 (dont nous nous inspirons ici). Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de plusieurs messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que les 30 avril, 4 mai, 7 mai, 10 mai, 14 mai, 18 mai, 24 mai et 27 mai 2011.
(2) Ce message s'inspire directement de Arnsperger Christian, Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009.

(3) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à d’autres notes de lecture renvoyant à l'ouvrage Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

vendredi 27 mai 2011

Post-capitalisme. Démocratie: cherchez l’erreur...

«Le capitalisme
n’est pas
qu’éco-
nomique,

loin de là.
Il est

aussi et surtout
existentiel
et spirituel,
parce qu’il est
anthropo-
logique.
»
Telle est la thèse

défendue
par Christian
Arnsperger.
Qui, dans la foulée,

y va de ses considérations
sur la démocratie.
Radicales...

Il y a croissance et croissance (1), estime Christian Arnsperger (2).
Il y a aussi démocratie et démocratie.
«Au lieu d’adhérer en bloc à "la démocratie", n’y aurait-il pas lieu de distinguer, entre une démocratie issue de l’existentiel aveugle, charriant donc toutes les incohérences et les carences que le capitalisme porte aussi en lui, et une démocratie issue de l’existentiel lucide?»
Reste évidemment, le cas échéant, à trouver le mode d’emploi.
A se demander si on peut, «aveugle, décider de devenir lucide».
Oui, répond l’auteur.
Mais à une condition.
Celle d’avoir recours à une certaine forme de «spiritualité».
«Il s’agira de comprendre comment l’attitude spirituelle, ainsi définie, peut s’ajouter à la politique, voire même y suppléer, pour qu’advienne une économie post-capitaliste authentiquement orientée vers la Réalité spirituelle qui fait de l’humain plus qu’un corps, plus qu’un être de désirs-envies: un être de Désir.»

L'Autre que moi-même

Le philosophe américain John Rawls a-t-il «en tête le citoyen, capable d’exercer un "sens du juste", donc apte à reconnaître les impératifs issus de l’exigence d’impartialité»?
Son confrère allemand Jurgen Habermas dit-il «la même chose pour ce qui est des processus discursifs de justification et de légitimation»?
Le post-capitalisme entend ne pas s’arrêter en si bon chemin.
Il veut «ressaisir une racine plus profonde de l’éthique: le désir de l’humain de se rendre meilleur à la lumière d’un Autre que lui-même.» (3)(4)

(A suivre)

Christophe Engels (d’après Christian Arnsperger)

(1) Voir précédent message.
(2) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l’Université catholique de Louvain (UCL), rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009 (dont nous nous inspirons ici). Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de plusieurs messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que les 30 avril, 4 mai, 7 mai, 10 mai, 14 mai, 18 et 24 mai 2011.
(3) Ce message s'inspire directement de Arnsperger Christian, Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009.
(4) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés

. à d’autres notes de lecture renvoyant à l'ouvrage Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

mardi 24 mai 2011

Post-capitalisme. L’esprit de la croissance…


La croissance,
Christian Arnsperger
y est très favorable.
Encore faut-il s’entendre

sur le sens
que l’on donne à ce mot.
Oui, cent fois plutôt qu’une,

à sa déclinaison «spirituelle».
Mais non, plus que jamais,

à la version
exclusivement matérialiste
et vertigineusement infinie
que l’on nous vante
le plus souvent
aujourd’hui.
Celle qui s’apparente

à une fuite en avant.
Celle qui ne rassasie jamais.
Celle que nous… vend

la société de consommation.


Faut-il mettre la croissance au rebut?
Certainement pas, estime Christian Arnsperger (1).
Le problème, c’est ce qu’on a tendance à en faire…

Il y a croissance et croissance…

«C’est l’arraisonnement de l’idée de croissance, en soi positive et nécessaire, par la pratique de la consommation, créatrice d’une fuite en avant insatiable, qui caractérise avant tout notre culture actuelle.»
Réductionnisme.
Dépradation.
Perversion.
Qui, seuls, permettent au capitalisme de «se présenter invariablement, et à raison, comme le meilleur système d’organisation économique en vue d’une croissance continuelle des moyens de consommation.»
C’est oublier qu’«il existe des consommation aliénantes et des consommations qui libèrent.
Il existe des façons aliénantes et aliénées de consommer X, et des façons désaliénantes et désaliénées de consommer le même X.
»
Raison pour laquelle une critique existentielle sérieuse du capitalisme s’abstiendra de condamner a priori...
«Elle ne stigmatisera jamais la notion de croissance en soi.
Elle visera l’identification de la croissance avec l’accumulation d’objets à consommer, aujourd’hui ou demain.
» (2)(3)

(A suivre)

Christophe Engels (d’après Christian Arnsperger)

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l’Université catholique de Louvain (UCL), rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009 (dont nous nous inspirons ici). Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de plusieurs messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que les 30 avril, 4 mai, 7 mai, 10 mai, 14 mai et 18 mai 2011.
(2) Ce message s'inspire directement de Arnsperger Christian, Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009.
(3) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à d’autres notes de lecture renvoyant à l'ouvrage Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

samedi 21 mai 2011

Actu. Viva la reaccion !

«Reacciona!»
La version espagnole
de l'ouvrage
de Stéphane Hessel
sollicite moins
l'indignation
que la réaction.
Peu importe.
Il s'agit encore
et toujours
d'un appel à la citoyenneté.
D'un appel à la mobilisation.
D'un appel à la... «contre-convergence»!
Appel qui, déjà, semble avoir été entendu.
Au-delà de toute attente...

«Sans maison, sans boulot, sans retraite, sans peur.»
Tel est le slogan du collectif «Juventud sin futuro» (Jeunesse sans avenir) qui, avec d'autres associations, avait appelé à descendre dans la rue, le dimanche 15 mai, pour montrer à quel point les Espagnols se sentent (tiens, tiens...) «indignés» .
Résultat: plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté, ce jour-là, dans quelques grandes villes du pays.
Ce n'était pourtant qu'un début...

Auberge espagnole

Depuis lors, la péninsule est en ébullition.
La très madrilène Puerta del Sol, en particulier, bouillonne de cogitations, débats et discussions en tous genres.
Objectif: mettre à contribution une société civile forte et active pour procéder à la rédaction d'un manifeste commun.
Pour y arriver, des espaces de dialogues ont été créés via l'édification d'un campement dressé en plein centre ville pour abriter l'une ou l'autre «area».
Autant de commissions centrées sur la politique, sur l'action, sur la communication, sur l'infrastructure, sur la nourriture, sur le nettoyage...
Un véritable laboratoire d'idées qui vient combler un vide...
«Les organisations traditionnelles - partis politiques et syndicats - ne sont pas en mesure d'apporter des réponses aux problèmes actuels, confie l'écrivain et professeur de sciences politiques Juan Carlos Monedero (1).
Car c'est une contestation qui n'est pas à l'intérieur du système mais contre le système.»
Certains de ces protestataires veulent rompre avec le capitalisme.
D'autres estiment que c'est le capitalisme qui a rompu avec eux.
Tous, en tout cas, ont choisi de rassembler leurs forces.
L'exemple du printemps arabe...?

Christophe Engels

(1) Propos recueillis par Bontoux Guillaume, Un printemps de la révolte souffle en Méditerranée, in Le Soir des 21 et 22 mai 2011, p.2.

mercredi 18 mai 2011

Post-capitalisme. Fuite en avant...


Une société
solidaire
qui se focaliserait
exclusivement
sur le matériel ?
Impensable,
assure
Christian Arnsperger.
Sauf
à considérer
qu'il s’agisse
«seulement
d’égaliser les chances
qu’a chacun
de pouvoir profiter
d’une égalité passagère
pour "tirer
la couverture à soi".»

Que se passerait-il dans le cas limite où aucun moyen «spirituel» ne circulerait plus dans notre société?
Chaque individu se comporterait comme un tout petit enfant qui veut tout, tout de suite, tout le temps.
«Même dans une société parfaitement égalitaire, l’angoisse et la révolte de chaque individu resteront fondamentalement intactes, écrit Christian Arnsperger (1).
Personne ne possédera moins qu’un autre mais, en l’absence de moyens spirituels, chacun continuera de vouloir pour lui-même davantage et infiniment plus.
Si je ne dispose d’aucune ressource philosophique pour pouvoir assumer ma vraie et inéluctable finitude, les biens et les capitaux que je possède seront toujours infimes par rapport aux richesses que j’ai envie de posséder.
A terme, cet écart fera éclater la société dans le ressentiment et la violence envieuse.»

Liberté, inégalité, hostilité

Corollaire: «la culture capitaliste est intrinsèquement inapte à réaliser l’idéal éthique d’égalité (même) sur le terrain où elle entend le situer, c’est-à-dire sur le terrain des moyens matériels.»
Un constat qui apparaît particulièrement prégnant si l’on considère que la logique capitaliste marque une nette propension à identifier moyens matériels et «spirituels».
«C’est à cause de cette illusion que la société capitaliste égalitaire, même si elle respecte in abstracto notre idéal général d’égalité, n’est pas capable de passer du modèle à la réalisation.»
La concurrence capitaliste s’évertue en effet à renforcer toujours davantage ma peur de ne plus être reconnu et de ne plus pouvoir assumer ma finitude existentielle.
Ce processus est évidemment à l’oeuvre si je me situe dans le clan des perdants.
Mais il l’est tout autant si je me retrouve dans le camp des gagnants.
Un phénomène de fuite en avant qui assure la pérennité du système.
«Tant qu’un nombre suffisant de personnes pourront espérer rester "gagnantes" en colmatant leurs angoisses de finitudes, et tant que ces personnes influenceront directement ou indirectement la politique sociale et la répartition des moyens d’existence, ce système se perpétuera même si, chemin faisant, il laisse un grand nombre de "perdants" sans moyens existentiels à opposer aux mêmes angoisses de finitude.»
Et l’auteur, pour s’extraire d’un tel cercle vicieux, de suggérer une triple solution:
. adopter une posture réellement critique envers nos supposés «besoins»,
. encourager tout ce qui permettra de différencier les moyens spirituels par rapport aux moyens matériels,
. réinstaurer une répartition égalitaire et massive des ressources spirituelles.
«Faute d’un tel avènement, la justice sociale ne pourra être que minimaliste.
Il s’agira seulement d’égaliser les chances qu’a chacun de pouvoir profiter d’une égalité passagère pour "tirer la couverture à soi ".»(2)(3)(4)

Christophe Engels (d'après Christian Arnsperger)

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l’Université catholique de Louvain (UCL), rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 (dont nous nous inspirons ici) et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009. Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de plusieurs messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que les 30 avril, 4 mai, 7 mai, 10 mai et 14 mai 2011.
(2) Ce message s'inspire directement de Arnsperger Christian, Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie, Cerf, coll. La nuit surveillée, Paris, 2005.
(3) Ce message ainsi que ceux des 7, 10 et 14 mai sont étroitement inspirés d'un compte-rendu complet de l'ouvrage sus-mentionné, paru dans Perso n°13-14.
(4) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à des notes de lecture renvoyant à l'ouvrage Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

samedi 14 mai 2011

Post-capitalisme. Réflexion faite…

Criants de vérité,
les postulats anthropologiques
qui fondent implicitement
la réflexion économique ?
Voire...
Christian Arnsperger,
en tout cas,
entend les interroger.

Et en appelle,
pour ce faire,
à la philosophie...

«L’acquisition pour moi» et «une attitude très négatrice envers autrui»: telles sont les caractéristiques qui servent fréquemment de postulats implicites quand il s’agit de fonder le schéma de mes motivations économiques.
Un schéma considéré une fois pour toutes comme évident et incontesté…
«L’économiste part du principe qu’il n’est pas de son ressort de questionner ces motivations, écrit Arnsperger (1).
Ce faisant, il les naturalise et pose l’homo oeconomicus comme un universel.»
Une telle impasse laisse sur sa faim dans la mesure où elle évacue a priori la possibilité que les motivations en question puissent être engendrées par le système lui-même.
Conséquence: loin d’être économiques, les voies d’accès les plus pertinentes à une compréhension en profondeur du système capitaliste sont bel et bien existentielles.
Pas étonnant, dès lors, que la philosophie soit convoquée par l’auteur.
Une certaine philosophie du moins.
Celle qui s’apparente à une manière de vivre centripète, à une façon de questionner régulièrement ce que je suis.

Etre ou ne pas être... académique !

Une approche de ce type ramène aux fondamentaux d’une discipline qui, dans l’Antiquité, n’avait évidemment rien d’académique.
A l’époque, il s’agissait de vivre en m’interrogeant sur le sens de l’existence.
Ni plus ni moins.
Cette quintessence fondatrice est parfois perdue de vue aujourd’hui.
On peut le regretter.
Car philosopher sérieusement, c’est accompagner le déroulement de mon existence pour mieux le modifier à travers la réflexion.

Hors réflexion...

Une telle activité mentale ne fait cependant pas office de formule miracle.
Elle s’avère en effet incapable de «coller» rigoureusement à la vie.
Il y a toujours un retard, un écart, une «béance impossible à intégrer à la réflexion et à éliminer par l’attitude réflexive».
Même en tout dernier ressort, même au plus haut degré, la réflexion philosophique ne peut jamais coïncider pleinement avec l’existence.
Pourquoi?
Parce qu’il y a autrui.
Et parce qu’il y a la mort.
Deux paramètres qui relèvent irrémédiablement de l’inconnu.

En finir avec la plénitude...

Au lieu de chercher à refuser ou à nier cette double finitude, il convient donc de la reconnaître, de l’accueillir, de l’assumer.
«La santé fondamentale de l’homme réside non pas dans la capacité à se combler mais, au contraire, dans la capacité à renoncer à la plénitude imaginaire.»
Mieux vaut, par conséquent, voir dans la pensée philosophique un outil susceptible d’aider «à habiter lucidement la béance, à accepter la brèche du sens d’une existence toujours en question». (2)(3)

(A suivre)

Christophe Engels (d'après Christian Arnsperger)

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l’Université catholique de Louvain (UCL), rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 (dont nous nous inspirons ici) et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009. Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de plusieurs messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que les 30 avril, 4 mai, 7 mai et 10 mai 2011.
(2) Ce message s'inspire directement de Arnsperger Christian, Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie, Cerf, coll. La nuit surveillée, Paris, 2005.
(3) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à d'autres notes de lectures renvoyant à l'ouvrage Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. à des notes de lecture renvoyant à l'ouvrage Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

mercredi 11 mai 2011

Actu. Stéphane Hessel: «A vous, les jeunes, d'inventer des réseaux mondiaux d'indignation !»


Succès de foule
incomparable

et enthousiasme
débordant

ce mercredi soir
à l'Université Libre de Bruxelles
pour écouter
un Stéphane Hessel (1)
fidèle à lui-même:
indigné et engagé,
passionné et passionnant.
Morceaux choisis...

«Les sociétés de consommation, telles qu'elles se sont développées ces dernières décennies, sont des sociétés qui enferment dans une attitude d'indifférence et de repli sur soi.»
«Le civisme est quelque chose qui peut devenir médiocre, voire insatisfaisant, lorsque, derrière, il y a du nationalisme. Dans un monde où les problèmes se mondialisent de plus en plus, le citoyen a besoin d'un civisme plus étendu, qui incite les individus à défendre leurs droits contre deux forces: nationalistes et économiques.»
«Si l'enthousiasme des débuts a disparu en matière de politique européenne, c'est probablement que nous nous sommes laissés engager dans une course au profit qui a fait que tout ce qui n'allait pas dans le sens du capitalisme a décliné, au détriment de l'Etat et de la chose publique.»
«L'utopie? Nous ne pouvons vivre nos pensées, nos actions sans elle. Cependant, nous devons être conscients que ce n'est pas cela qui va se réaliser, mais autre chose qui, pour être moins ambitieux, n'en ira pas moins dans le sens du souhaitable.»
«Ce n'est sûrement pas de l'extérieur qu'on peut imposer les Droits de l'Homme. Ce qu'a fait George Bush en Irak ou ce qu"on" fait encore aujourd'hui en Afghanistan est certainement affaibli par cette manière de procéder.»
«Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, l'effort a été fait que la Déclaration des Droits de l'Homme ne doive choquer quiconque a le souci des valeurs universelles. Ceux qui prétendent le contraire cherchent un prétexte pour essayer de faire passer des valeurs partisanes.»
«Le réseau de la mondialisation est mené par deux types de forces: celles de la financiarisation et celles de la publicité. On nous impose Coca Cola. On nous impose Mc Donald's. A nous de ne pas les laisser étouffer la créativité, qui doit rester pour nous une immense source de progrès.»
«Vous les jeunes, profitez des technologies modernes pour créer des réseaux mondiaux d'indignation!»

C.E.

(1) Stéphane Hessel, né à Berlin en 1917, a vécu à Paris à partir du milieu des années 1920. Arrêté par la Gestapo pour ses activités dans la Résistance, il a été déporté à Buchenwald. A la libération, il a occupé divers postes diplomatiques. Un contexte qui lui a permis de participer à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée Générale des Nations Unies. A ce jour, son ouvrage Indignez-vous! (Indigène éditions, Montpellier, 2010) s'est vendu à... 1,2 million d'exemplaires et a été traduit en 22 langues! Un succès de librairie phénoménal... Voir, sur ce blog, Appel à indignation de Stéphane Hessel. Papy fait de la résistance!

mardi 10 mai 2011

Post-capitalisme. Toujours plus !

En cherchant
à faire
croître

indéfiniment
mes revenus,
je me contente
de nier
et de refuser
mes finitudes,
explique
Christian
Arnsperger
.
Une inauthenticité appelée
à m’aspirer
dans une spirale sans fin...

La démarche de Christian Arnsperger (1) s’ancre dans le «freudo-marxisme» d’un Herbert Marcuse ou d’un Erich Fromm et dans «l’existentialo-marxisme» d’un Jean-Paul Sartre.
Le point commun de tous ces auteurs?
La conception de la société qu’ils proposent s’enracine dans une existence qui a toujours tendance à m’échapper soit par le dessous, soit par le dessus.
En bas: mes pulsions inconscientes.
En haut: les influences sociales qui me déterminent.
Dans ce contexte, les mécanismes de refoulement et les règles sociales ne suffisent pas à annihiler mon angoisse qui, pour être repoussée dans les grandes profondeurs, n’en reste pas moins agissante.
Le problème de ma finitude existentielle demeure donc entier.
Du coup, sauf à me cacher la tête sous le sable, je n’ai d’autre choix que celui de prendre cette difficulté à bras le corps.
Mais comment y arriver?
Le recours à des expédients matériels s’avérant tout à fait insuffisant, appel doit être fait aux ressources «symboliques» et «spirituelles».
La culture capitaliste présuppose pourtant que la gestion de mon existence passe essentiellement par les ressources matérielles, réduites, en gros, à mes revenus actuels ou à ceux, différés, de mon épargne et de mes investissements.
Avec tous les risques d’aliénation générés par ce type d’approche.
«Certes, sous couvert de la rationalité du comportement économique, on peut rencontrer un comportement normal. Il existe une consommation qui tend à satisfaire des besoins essentiels ou mûrement réfléchis, sans que le consommateur s’imagine être protégé totalement de la mort (…).
Mais la même rationalité peut tout aussi bien être existentiellement aliénée, c’est-à-dire une rationalité recouvrant des pathologies profondes dans le rapport à l’Altérité ou à la Mortalité.»
En cherchant à faire croître indéfiniment mes revenus, je me contente de nier et de refuser mes finitudes.
Une inauthenticité appelée à m’aspirer dans une spirale sans fin: pour supporter l’existence, j’en arrive à considérer que j’ai besoin de… tout!
Pas question, dans cette logique, de donner quoi que ce soit à autrui.
L’autre n’est qu’un tricheur potentiel qui risque toujours de me priver illégitimement de ce qui m’appartient. (2)(3)

(A suivre)

Christophe Engels (d'après Christian Arnsperger)

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l’Université catholique de Louvain (UCL), rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 (dont nous nous inspirons ici) et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009. Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de plusieurs messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que les 30 avril, 4 mai et 7 mai 2011.
(2) Ce message s'inspire de Arnsperger Christian, Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie, Cerf, coll. La nuit surveillée, Paris, 2005.
(3) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à d'autres notes de lectures renvoyant à l'ouvrage Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. à des notes de lecture renvoyant à l'ouvrage Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

samedi 7 mai 2011

Post-capitalisme. Les dessous de l’économie.

Si Dame Economie
oriente
fondamentalement

mon attitude,
c’est que quelque chose
au tréfonds de moi
y consent.
Partant
de ce principe,

ce... «voyeur» (!)
de Christian Arnsperger (1)
s’est lancé
sur la piste

de ses dessous existentiels (2).
Le résultat?
Pas vraiment
de quoi

se rincer l'oeil...

Pourquoi le désir et le ressentiment tiennent-ils tant de place dans mon comportement?
Pourquoi suis-je porté à vouloir faire croître indéfiniment mes revenus?
Pourquoi les biens et les capitaux que je possède paraissent-ils si souvent insignifiants au regard des richesses que j’ai envie de posséder?
Pourquoi mes intentions ou mes motivations déclarées ne coïncident-elles que trop rarement avec mes intentions ou mes motivations réelles?
Ces questions font mouche.
Elles sont posées par Christian Arnsperger dans son ouvrage «Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie» (2).
Est-ce à dire que l’économiste de l’Université catholique de Louvain (UCL) fait du système capitaliste un bouc émissaire ?
Oui et non.
Oui, en un sens, parce que, vécue sans lucidité, l’économicité de l’existence m’inciterait à adopter une attitude fondamentalement opportuniste.
Non, néanmoins, car si la logique en place est si tenace, ce serait que quelque chose au tréfonds de moi-même y consent.

La « réussite » à tout prix

L’auteur relève deux traits saillants qui fonderaient à la fois notre organisation sociale et ma perception de moi-même: «d’une part, l’acquisivité qui nous pousse à nous concevoir nous-mêmes et à nous vivre concrètement comme des êtres appelés à saisir et à accumuler; d’autre part, la primauté absolue du "soi" qui nous fait percevoir l’autre, l’autrui singulier ou l’altérité collective, voire l’altérité du monde cosmique, comme une contrainte à nos acquisitions ou comme un instrument en vue de nos acquisitions.»
Dans cet univers social que je construis et reproduis, je ne fais pas spontanément l’expérience d’autrui et du monde comme d’une présence constructrice.
De là ma tendance à instrumentaliser les relations humaines à des fins d’intérêt personnel, celui-ci s’apparentant au mieux à un intérêt mutuel bien compris.
Une telle structure sociale et une telle perception de moi font miroir à une rationalité économique qui réduit le sens de mon existence aux impératifs de la «réussite»: performance, concurrence, remise en question permanente des sécurités acquises…
Autant de phénomènes générateurs d’inquiétude et d’appréhension.

Soubassements existentiels

Cette tension latente, seuls quelques battants s’en accommodent sans sourciller.
Les autres, tous les autres, en arrivent tôt ou tard à la questionner.
En vain.
Le plus souvent, leurs interrogations ne trouvent aucune réponse vraiment satisfaisante, réellement «authentique».
C’est que la plupart des réflexions du genre font l’impasse sur les soubassements de la logique économique.
Ceux qui renvoient à mes propres finitudes existentielles.
D’où la conviction qui habite Arnsperger.
Pour lui, les actes que je pose au nom de la rationalité économique masquent en réalité les angoisses déclenchées en moi par trois grands types de finitudes:
. celles liées à la mort,
. celles, physiques et mentales, liées à cette «mort dans la vie» que sont les «limitations intrinsèques à la vie personnelle»,
. celles liées à l’altérité que sont les «limitations intrinsèques à la vie sociale, à la vie avec autrui». (3)

(A suivre)

Christophe Engels (d'après Christian Arnsperger)

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l’Université catholique de Louvain (UCL), rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 (dont nous nous inspirons ici) et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009. Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de six messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que les 30 avril et 4 mai 2011.
(2) Arnsperger Christian, Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie, Cerf, coll. La nuit surveillée, Paris, 2005.
(3) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à d'autres notes de lectures renvoyant à l'ouvrage Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. à des notes de lecture renvoyant à l'ouvrage Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

mercredi 4 mai 2011

Vers un Revenu de Transition Economique (R.T.E.). A bon entendeur…


Christian Arnsperger (1)
l'affirme
haut et fort:
ce qui manque
aujourd’hui,
ce n’est pas tant
une volonté
de changement
profond
du côté des citoyens
qu'un soutien politique réel aux initiatives radicales.
A bon entendeur… (2)


Christian Arnsperger



Obnubilés par les sirènes d’un «capitalisme vert» qui permettrait de poursuivre le (green) business as usual, nos décideurs s’arc-boutent sur les enjeux budgétaires de court terme, la relance des investissements privés, le plan Marshall «2 point vert» (3) (et les arcanes d’une «politique énergétique» bien difficile à saisir).
Ce qui reste dormant sous la surface, étouffé par les urgences du moment, c’est le vaste chantier de la transition économique –notre transition économique vers le post-capitalisme.

Prise d’otage

Nous sommes pris en otage, collectivement, par une logique du profit grâce à laquelle nos employeurs nous paient des salaires et notre Etat social-démocrate finance nos services publics.
Les engrenages «profit-emploi» et «profit-Etat» sont profondément inscrits dans notre social-démocratie.
Le capitalisme est intrinsèquement gaspilleur non seulement de ressources naturelles, mais de ressources humaines: surconsommation creuse, démotivation au travail, perte de sens, dépression, voire suicide.
La prétendue «efficacité» de notre modèle de production et de croissance s’accompagne d’une inefficacité profonde, non seulement écologiquement mais aussi humainement.

Dépression coupable

Embaucher un salarié, l’utiliser à fond, puis le remplacer ou le remiser (3) avec la complicité plus ou moins explicite des pouvoirs publics), cela peut coûter cher aux entreprises comme à l’Etat, mais il y a moyen de transférer la charge sur le salarié lui-même: il peut être rendu responsable de sa propre santé, de sa propre performance, de sa propre disponibilité.
On peut lui faire comprendre que sa dépression est une question de responsabilité personnelle.
On peut engager des avocats pour démontrer que son suicide ne peut être imputé à l’entreprise.
Le ressort secret de la croissance capitaliste réside dans cette extrême fragilité et «remplaçabilité» de la ressource humaine. 
C’est ce qui permet de rendre les gens productifs.
Qui plus est, une fois passée de l’autre côté de la barrière dans son rôle d’acheteur, la ressource humaine doit également être rendue «consommative», afin de soutenir la croissance productiviste par une croissance consumériste.

Au-delà des formules creuses…

Un capitalisme vert va-t-il remédier à ces mécanismes simplement parce qu’on produira des éoliennes, des sacs en maïs ou des moteurs à cogénération?
Tant que l’enjeu sera la rentabilité maximale, donc le travail productif et le «loisir consommatif», nous ne sortirons pas de la logique ambiante.
Il n’est pas plus joyeux d’être exploité pour des éoliennes ou des chemises en lin biologique que pour des voitures diesel ou des trainings en synthétique.
Raison principale du malentendu: le capitalisme vert insiste sur la centralité des ressources naturelles et de l’environnement, mais nettement moins (ou pas du tout) sur l’écologie humaine.
Quand ses défenseurs nous disent que, par ailleurs, il faut se débarrasser de la mentalité du «toujours plus» pour aller vers le «toujours mieux», ils semblent oublier de nous dire comment nous allons nous y prendre, au sein d’une logique capitaliste mondialisée où, précisément, «toujours mieux» coïncide avec «toujours plus».

Jeu de dupes

Non, décidément, l’aménagement intérieur du mobilier social-capitaliste par partenariat public-privé entre les entreprises, les syndicats et les pouvoirs publics nous fait tourner en rond.
Le dialogue social est certes un indispensable garde-fou, et les luttes syndicales n’ont pas perdu de leur actualité.
Mais tout cela manque singulièrement de vision, et d’une saine radicalité.
Les partis en place (qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition) font encore recette, mais c’est sur fond d’un essoufflement croissant.

Trahison de l’opulence

Les citoyens, eux, sont de plus en plus nombreux à le sentir, et à se déplacer en douce vers des mouvements politiques et culturels nouveaux, comme l'objection de croissance, la simplicité volontaire (4), les villes et communes en transition, les coopératives ou les écovillages, les systèmes d'échange locaux (5), les monnaies alternatives (6).
Non qu’ils soient tous des «anarchos» prêts à tout faire sauter, loin de là.
Ils travaillent d’ailleurs souvent eux-mêmes comme salariés, voire comme managers.
Simplement, ils prennent conscience de ce qu’Ivan Illich, Jean-Pierre Dupuy et d’autres ont appelé, dès les années 1970, la «trahison de l’opulence».
Ils voient que les promesses de sens de la vie que le capitalisme productiviste et consumériste nous a proposées n’ont pas été tenues.
Ils se décident à devenir des militants existentiels.

Militants existentiels

Nous entrons dans une ère citoyenne toute neuve, celle où chercheront à émerger des initiatives post-capitalistes: entreprises coopératives orientées vers la décroissance des profits destructeurs et vers des modes de production démocratiques, écovillages adossés à des agriculteurs bio, communautés locales en quête d’autosuffisance économique, habitats groupés tournés vers la lutte «en acte» contre le consumérisme, quartiers alternatifs destinés à vivre avec des «circuits courts», etc.
Il s’agit de les accompagner, de les financer, de les encourager et de les amplifier, non de les récupérer ou de les mettre sous tutelle.
Il faut notamment repenser radicalement nos politiques de soutien de revenu: un revenu de transition économique (RTE) -sorte de crédit social ou dividende monétaire de transition-, incluant soins de santé et pension, permettrait à ceux qui y aspirent de se déconnecter de la logique dominante et de construire sur le long terme des exemples de vie alternative. 
Cela protégerait autant que possible ces initiatives contre la concurrence déloyale de la logique capitaliste, féroce réductrice de coûts et gaspilleuse d’humains.

Signal fort

N’est-il pas temps d’exiger bruyamment la mise en place – en face des ministères de l’Economie et des Finances – d’un véritable ministère de la transition économique, doté d’une puissance budgétaire équivalente et chargé de financer (par le RTE et par divers subsides), de coordonner et d’accompagner ces initiatives citoyennes économiquement novatrices?
Ce ne serait certes qu’un petit pas, vu la tendance actuelle de nos élus (belges comme européens) à vouloir étouffer la radicalité citoyenne sous un Green New Deal mi-figue mi-raisin.
Mais ce serait déjà un signal fort envers une population qui attend davantage que des réaménagements de la croissance capitaliste.
Et ce serait un moyen de rendre visible une orientation vers un changement plus profond – une orientation sur laquelle on ne pourrait plus revenir en arrière, même si on l’embrasse au départ avec tiédeur.
Viendra un jour où les ministres de la transition économique pourront se rendre compte que de plus en plus de mouvements politiques et culturels sont derrière eux, et où ils oseront le pas qui fait encore si peur aujourd’hui à nos décideurs, vers un post-capitalisme déjà en gestation parmi tant de leurs électeurs. (2)(7)


Christian Arnsperger


(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur à l'Université Catholique de Louvain (rattaché à la Chaire Hoover d'éthique économique et sociale). Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009. Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de cinq messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que le 30 avril 2011.
(2) Ce message est repris d’une Carte blanche de Christian Arnsperger, parue dans Le Soir du 28 octobre 2009, et que nous nous permettons de reproduire ici faute de pouvoir encore y accéder, aujourd'hui, sur le site du quotidien bruxellois. Les titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction.
(3) Plan de relance initié par les autorités politiques de Wallonie.
(4) Voir, sur ce blog, les messages publiés à ce sujet en mars 2010.
(5) Voir, sur ce blog, les messages publiés à ce sujet en mars et avril 2011.
(6) Voir, sur ce blog, les messages publiés à ce sujet en mars et avril 2011.
(7) Pour suivre (sous réserve d'éventuelles modifications de dernière minute): des messages consacrés
. à une critique de l’existence capitaliste et à une éthique existentielle de l’économie (d'après Christian Arnsperger),
. au post-capitalisme (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...