vendredi 26 novembre 2010

Finance solidaire. Sus à l'argent cochon!



Sus à l'argent cochon!
Tel est le mot d'ordre des investisseurs
socialement responsables.
Qui après avoir
boycotté,
se sont mis à choisir.
A opter, donc, pour les entreprises qui démontrent le mieux leur sens des responsabilités sociétales.
Il était une fois la finance solidaire...

XIXe siècle.
États-Unis.
Les quakers américains refusent d’investir dans les deux marchés les plus rentables de l’époque: l’armement et le commerce d’esclaves.
Sans le savoir, ils jouent un rôle précurseur.
Pour la première fois, des critères autres que financiers sont intégrés dans des décisions d’investissement...

Investissement éthique: premier de cordée

L'exemple des quakers est bientôt suivi par les congrégations religieuses.
Qui refusent d’investir dans les actions «du péché» (sin stocks).
Et qui excluent donc d’emblée de leur politique d’investissement les entreprises actives dans les domaines que leur morale réprouve: l’armement toujours, mais aussi l’alcool, le tabac, le jeu, et la pornographie.
De quoi donner des idées à d'autres.
A beaucoup d'autres.
Au point que ce type de réprobation engagée se trouve bientôt un nom: «investissement éthique».
Et qu'il élargit progressivement ses champs d’exclusion.
A d’autres secteurs d’activité.
A d’autres zones géographiques.
A d’autres investisseurs.
Le mouvement, il est vrai, en vient à être porté par des groupes de pression multiples et variés.
La guerre du Vietnam alimente le refus de financer l’industrie de l’armement.
Le régime sud-africain de discrimination raciale débouche, au nom du combat contre le racisme, sur un boycott des investissements dans ce pays.
Et des événements comme le drame nucléaire de Tchernobyl ou le catastrophe écologique de l’Exxon Valdez attisent le feu de la lutte pour la protection de l’environnement.

Investissement socialement responsable: dans la foulée

A l'initiative de l’activiste américain Leon Sullivan, le concept d’investissement éthique entre dans une nouvelle logique au cours des années 1980.
Il s’agit de moins en moins, désormais, d’exclure des entreprises en fonction de leurs activités.
On commence à s’intéresser davantage à leur mode de fonctionnement et à leurs engagements vis-à-vis de la société.
A les comparer entre elles.
A sélectionner celles qui affichent une réelle responsabilité sociétale.
L’heure de l’«investissement socialement responsable» (ISR) a sonné.
Le Rapport Brundtland (1), qui fait figure de référence pour la définition du développement durable, et le Sommet de la Terre de Rio (2) participent sensiblement au renforcement de l’évolution d’un concept qui, de négatif, se fait positif.
Exit, de plus en plus, cet instrument de boycott qui obéissait à une logique d’opposition!
Place à un outil affirmatif et constructif!
Un outil dont les scandales financiers du début du XXIe siècle renforceront le caractère d’urgence.
Un outil dont, dès l'abord, on attend qu'il contribue à régler le mode de fonctionnement de notre société en fonction des impératifs du développement durable.
Un outil, d'ailleurs, qui se voit de plus en plus affublé du qualificatif en question («durable»).

Investissement socialement responsable et durable:
suite et pas fin...

L’ère de l’«investissement socialement responsable et durable» (ISRD) s’ouvre donc.
En attendant une relève qui ne saurait tarder.
Car déjà les termes «green and ethical investment», «green funds» ou «fonds thématiques ISR» font leur apparition.
La finance solidaire n’en finit pas d’évoluer.
La preuve, peut-être, de sa vivacité… (3)

C.E.

(1) 1987.
(2) 1992.
(3) Ce message est largement inspiré du dossier «L'investissement socialement responsable» du Réseau Financement Alternatif (http://www.rfa.be/). Avec l'aimable autorisation de Laurence Roland.

lundi 22 novembre 2010

Socio-économie solidaire. Sans fioritures...

Alors que la Responsabilité Sociétale
des Acteurs Economiques se contente,
comme son nom l'indique,
de revendiquer
un comportement plus sociétal
de la part des entreprises
et des acteurs économiques en place (1),
la «socio-économie solidaire»
veut aller sensiblement plus loin:
elle cherche à promouvoir
un paradigme nouveau (2).

Limites et impasses d'un développement économique non soutenable sont de plus en plus fréquemment dénoncées.
Mais existe-t-il des solutions de rechange?
Oui, assurent avec force les adeptes de la «socio-économie solidaire» (SEC).
Qui, dès aujourd'hui, y vont d'un certain nombre de propositions alternatives...

Autrement...

Ces propositions passent toutes par un incontournable mot d'ordre: «autrement».
Il s'agit en effet
. d'entreprendre autrement, avec l'économie sociale et solidaire ou l'entrepreneuriat social (3),
. de faire du commerce autrement, grâce au commerce équitable ou aux systèmes d’échange locaux (SEL),
. de payer autrement, à l'aide des monnaies sociales,
. de financer autrement, via la finance solidaire,
. de consommer autrement, au travers d'une consommation responsable, éthique ou durable.

Concrètement...

Les organisations de commerce équitable, les institutions de finance solidaire et toute autre expérience de SEC sont présentées comme des instruments économiques concrets qui permettent à des millions de personnes d’améliorer leurs conditions de vie et de devenir les acteurs de leur propre développement.

Radicalement...

La SEC sert ainsi de moyen d’action au grand oeuvre de la cohésion sociale.
Elle articule en effet aux innovations socio-économiques de la société civile les luttes pour la reconnaissance des droits socio-économiques ainsi que l’accès des plus démunis à l’emploi, au crédit, à la consommation et au logement.
Mais elle entend ne pas s'arrêter en si bon chemin.
Car elle vise aussi à promouvoir un nouveau paradigme économique reposant sur la démocratie économique et la justice sociale.

Ambitieusement...

Face à la globalisation de l’économie et à l’aggravation des inégalités sociales au Nord comme au Sud, tout l’enjeu de la SEC serait donc bel et bien de dépasser le stade de la réussite d’initiatives locales pour s’affirmer politiquement et économiquement comme un promoteur
. de comportements économiques et de régulations internationales plus équitables et solidaires,
. de nouvelles solidarités Nord-Sud.
Autant d'objectifs plus ambitieux, donc, que ceux de la Responsabilité Sociétale des Acteurs Economiques. (4)
C.E.

(1) Voir le message «Responsabilité Sociétale des Acteurs Economiques. Entreprises & co».
(2) En illustration: le logo du Pôle de socio-économie solidaire (PSES).
(3) Voir nos précédents messages sur l'économie sociale.
(4) Pour plus de détails, voir le site du Pôle de socio-économie solidaire (PSES), www.socioeco.org/fr, aujourd'hui transformé en Alliance pour une Economie Responsable, Plurielle et solidaire (ALOE), www.aloe.socioeco.org.

jeudi 18 novembre 2010

Actu. Quand l'économie perd le Nord... Spiritualités et cultures à la rescousse!

Exemples concrets et anecdotes savoureuses à la clé,
Thierry Verhelst s'apprête à (ré)expliquer à Bruxelles
dans quelle mesure nous gagnerions
à nous inspirer des cultures traditionnelles,
plus empreintes de relations humaines
et de rapports à la nature.

L’économie envahit nos sociétés occidentales.
Cette logique du profit et de la puissance a ses avantages.
Mais l’individualisme compétitif et le rationalisme instrumental qui la sous-tendent débouchent aussi sur la perte de sens, sur la solitude et sur l’angoisse existentielle.
Et si cette marchandisation généralisée n’était pas inéluctable…
Et si le Sud avait autant à nous apprendre sur le plan humain qu’à recevoir au niveau économique…
Et si la richesse relationnelle importait encore davantage que la richesse matérielle…
Autant d'hypothèses proposées par un Thierry Verhelst fidèle à lui-même: percutant, tout en nuance et sans naïveté.

C.E.

En bref...
Quoi?
Une conférence: «Des Racines pour l'avenir. Cultures et spiritualités dans un monde en feu».
Qui?
Un intervenant: Thierry Verhelst, docteur en droit et anthropologue, ancien responsable d'ONG, professeur aux Etats-Unis, en Afrique et en Belgique (Université Catholique de Louvain et Université Libre de Bruxelles), prêtre orthodoxe, auteur de divers ouvrages sur le développement et les relations interculturelles (1).
Un organisateur: La Ligue des Optimistes du Royaume de Belgique.
Quand?
Le mardi 23 novembre 2010, à 20h00.
Où?
Avenue Alfred Solvay, 1
1170 Bruxelles.
Combien?
12,50 euros.
(5 euros pour les membres de la Ligue, à verser au compte 310-1755400-77 de la Ligue des Optimistes avec la mention "Prénom+nom+23.11 Verhelst+ adresse mail ou à défaut n° de téléphone".)

(1) Dont le remarquable Des Racines pour l'avenir. Cultures et spiritualités dans un monde en feu, L'Harmattan, Paris, 2008.

lundi 15 novembre 2010

Responsabilité Sociétale des Acteurs économiques Entreprises & co

En marge de la RSE (1),
un nouveau concept
est apparu depuis quelques années:
la Responsabilité Sociétale
des Acteurs Economiques.
Il s’agit d’une notion
dont le champ d’activité
déborde celui
de la Responsabilité Sociétale
des Entreprises.
Qui, lui même, élargissait déjà
celui de la Responsabilité
Sociale des Entreprises.
Petit rappel à l'usage des cancres du fond de la classe...

Evidemment, vous connaissez la différence entre
. Responsabilité Sociale des Entreprises,
. Responsabilité Sociétale des Entreprises
. et Responsabilité Sociétale des Acteurs Economiques...
Comment ça, "Plus ou moins..."?
Comment ça, "Euuuh..."?
Comment ça, "C'est à dire que..."?
On vous l'a dit et répétééééé...
La Responsabilité Sociale des Entreprises renvoie à l’intégration volontaire de préoccupations sociales aux activités commerciales des entreprises et à leurs relations avec les parties prenantes.
Un aspect social auquel la Responsabilité Sociétale des Entreprises est d'abord venue superposer une dimension environnementale (2).
Avant que n'apparaisse la Responsabilité Sociétale des Acteurs Economiques (RSAE)...

Même objectif...

La RSAE ouvre encore l’angle de vision.
Mais elle ne le fait plus en terme d’objectifs: il est toujours question, ici, de développement durable, à nouveau appréhendé, qui plus est, sous ses aspects sociaux et environnementaux.
C’est donc sur un autre aspect que porte, dorénavant, l’élargissement.
A savoir le nombre de ceux qui portent ces initiatives.
Car cette fois, tous les acteurs économiques se retrouvent concernés.
Au-delà, donc, des seules entreprises.

... pour un nouveau casting

Ainsi, le but reste le même: il s’agit toujours de faire évoluer les schémas de production et de consommation vers un mode plus soutenable.
Mais les entreprises ne sont plus seules à la barre.
D’autres acteurs sont désormais impliqués,
. qu’ils soient économiques (au sens strict)
. ou assimilés (dans la mesure où ils ont un impact sur les acteurs économiques).
Actionnaires, organisations de consommateurs, Organisation Non Gouvernementales (ONG), syndicats, collectivités locales, pouvoirs publics..., même combat?
Oui.
Car dans la perspective de la RSAE, tous ces acteurs apparaissent également susceptibles d’initier des actions visant à favoriser une démarche RSE auprès des entreprises.
«Sensibilisés aux enjeux sociaux ou environnementaux et conscients de l’importance grandissante de l’impact à ces niveaux en provenance des entreprises, ces acteurs, habituellement appelés "parties prenantes", entament des démarches de manière à favoriser des comportements plus éthiques de la part des entreprises, écrit le Belge Vincent Commenne (3).
Ces démarches peuvent être faites de manière coopérative avec les sociétés, ou non coopérative.
Dans le premier cas, elles instaurent – ou acceptent d’instaurer – un partenariat avec l’entreprise pour une action précise qui vise à améliorer des conditions sociales et/ou environnementales.
Dans le second cas, les parties prenantes cherchent à exercer une pression sur les sociétés, la plupart du temps via les consommateurs ou les actionnaires.»
C'est bien compris à présent, petits canailloux...

(A suivre)

Christophe Engels

(1) Responsabilités Sociale et/ou Sociétale des Entreprises.
(2) «Pour rappel, ce terme désigne les démarches volontaires dans lesquelles des entreprises s'engagent afin de respecter, au-delà de leur objectif de rentabilité économique, des exigences sociales et environnementales, et d’améliorer les relations avec toutes les parties prenantes concernés par leurs activités (clients, fournisseurs, travailleurs, pouvoirs publics, voisinage, etc.).» (Mertens Sybille, Définir l'économie sociale, Les cahiers de la Chaire Cera, volume 2, ULg, 2007, pp.45-46.)(déjà cité dans le message Economie sociale. Du social au sociétal...)
(3) Commenne Vincent, Responsabilité sociale et environnementale: l’engagement des acteurs économiques, éditions Charles Léopold Mayer, Paris, 2006, p.53.

jeudi 11 novembre 2010

Actu. Le singulier du pluriel...

Oui, un humanisme de la diversité est possible.
C'est ce qu'expliquera très prochainement
le brillant philosophe français Alain Renaut
à la tribune de l'Université Libre de Bruxelles.

De nos jours, la diversité s'est faite valeur.
Plusieurs dynamiques, à commencer par celle de l'individualisme, nous incitent en effet à nous affirmer tels que nous sommes.
Donc à nous ressentir plus que jamais comme insubstituables les uns aux autres.
Si bien que, paradoxalement, c'est désormais dans notre diversité même que nous nous apparaissons comme des semblables.
Plus besoin, pour atteindre un tel résultat, de faire abstraction de ce qui nous différencie.

La cohésion par l'ouverture

Non, donc, au communautarisme!
Non, aussi, au républicanisme!
Place à un humanisme de la diversité fondé sur la double relation:
. d'une ouverture à l'altérité,
. d'une combinatoire, voire d'un métissage interculturel.
Telle sera la substantifique moelle du message délivré ce lundi 15 novembre, à Bruxelles, par cette «pointure» de la philosophie contemporaine qu'est Alain Renaut. (1)

C.E.

En bref
Qui?
Alain Renaut.
(Né en 1948, cet agrégé de philosophie
. est professeur de philosophie morale et politique à l’université de Paris-IV Sorbonne et à l'Institut d'études politiques de Paris,
. anime l’équipe «Rationalités contemporaines»,
. dirige l’Observatoire européen des politiques universitaires,
. a écrit «La Pensée 68, un essai sur l'antihumanisme contemporain» (avec Luc Ferry) (2) et de nombreux autres ouvrages explorant, notamment, le libéralisme et l’individualisme contemporain (3)).
Quoi?
Une conférence: «Un humanisme de la diversité est-il possible?»
(Dans le cadre des conférences Cultures d'Europe)
Quand?
Le lundi 15 novembre 2010, à 20h.
Où?
A l'Université Libre de Bruxelles
Avenue F.D. Roosevelt, 48
1050 Bruxelles
(Auditoire Paul-Emile Janson,
Campus du Solbosch)
Mais encore...
0(032)2/650.23.03

(1) Pour plus de précisions, on lira avec intérêt l'interview accordée par Alain Renaut au journaliste William Bourton, du quotidien Le Soir (Alain Renaut: «La cohésion passe par l'ouverture», in édition des 10 et 11 novembre, p.18)
(2) Gallimard, Paris, 1985.
(3) A noter, parmi bien d'autres:
. Humanisme de la diversité, Flammarion , Paris, 2009,
. La philosophie, Odile Jacob, Paris, 2006 (avec Jean-Cassien Billier, Patrick, Savida, Ludivine Thiaw-Po-Une),
. La fin de l'autorité, Flammarion , Paris, 2004,
. Sartre, le dernier philosophe, Grasset, Paris, 2004,
. L'ère de l'individu, Flammarion, Paris, 1989,
. Heidegger et les modernes, Grasset, Paris, 1988.

lundi 8 novembre 2010

Actu. Europe et hyper-croissance: no future?

Faut-il considérer l'Europe comme un continent perdu?
Telle est la question qui taraude Philippe Maystadt.
Le Président de la Banque Européenne d’Investissement
s'en ouvrira ce 22 novembre, à Bruxelles.

La crise financière qui affecte depuis plusieurs mois la zone euro n'est-elle pas révélatrice d’une crise de gouvernance au niveau du Vieux Continent?
Et une telle crise ne pose-t-elle pas, à terme, la question de la croissance de l'Europe?
Ces interrogations seront prochainement rencontrées à la tribune bruxelloise des Grandes Conférences Catholiques par le Président de la B.E.I., qui partagera ses réflexions sur l’état de l’économie européenne et sur ses perspectives d’avenir.
Nul doute que Philippe Maystadt, dont les compétences financières sont largement reconnues à l'échelon international, saura convaincre sur ce terrain.
Reste à vérifier s'il apportera également des réponses aux nombreuses inquiétudes portées à bout de bras par les mouvements de pensées émergents...

En bref
Quoi?
Une conférence: «Europe: le continent perdu?».
Qui?
Un intervenant: Philippe Maystadt, Président de la Banque Européenne d’Investissement.
Un organisateur: les Grandes Conférences Catholiques.
Quand?
Lundi 22 novembre 2010, à 20h30 précises.
Où?
Square Brussels (ancien Palais des Congrès).
(Entrée piétonne: rue Mont des Arts, 1000 Bruxelles.)
(Parking Albertine: rue des Sols, 1000 Bruxelles.)
Combien?
25 euros (fauteuil), 20 euros (balcon), 9 euros (étudiant).
Mais encore...
Réservations:
http://www.grandesconferences.be/ ou par téléphone au 0(032)2/543 70 99.

vendredi 5 novembre 2010

Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) Des doigts se sont levés...

Entre «real economy»
et considérations
fort pertinentes,
le Président
du Conseil d’administration
de BNP Paribas
sait se montrer
très convaincant
sur le thème
de la responsabilisation
des entreprises.
Mais comme tant d'autres,
Michel Pébereau ne sous-estimerait-il pas
l'importance de l'évolution sociétale
qui émerge sous nos yeux?

«C’est aux actionnaires que je dois des comptes. Car le monde fonctionne de la sorte. Et c’est très bien ainsi.»
A l'occasion de la soirée d'ouverture du cycle de conférences organisé par la remarquable a.s.b.l. Philosophie et Management (1), Michel Pébereau y a été de cette antienne qui avait déjà tellement servi lors de la soirée de clôture de la saison précédente, où, pour le plus grand désespoir d'un Christian Arnsperger (2) manifestement mortifié, on avait pu se demander à plusieurs reprises si tous les intervenants avaient vraiment assimilé (voire simplement lu?) le livre (3) qui aurait dû faire office de fil rouge.
Heureusement, le Président du Conseil d’administration de BNP Paribas ne s'est pas contenté de broder autour de ce poncif, loin de là.
Il a élevé à un tout autre niveau le débat portant, ce soir-là, sur les stratégies de responsabilisation des entreprises à l’ère de la mondialisation...

On demande politique...

«Qui est porteur de légitimité dans la fixation des règles morales ?, s'est notamment demandé Michel Pébereau. Pas le chef d’entreprise. Ni le dirigeant d’Organisation Non Gouvernementale (O.N.G.). Seuls les représentants démocratiquement élus par les citoyens des différents Etats du monde peuvent prétendre à ce statut.
Telle est la règle du jeu.
Un jeu d’abord politique, donc.
Même si, en aval, c’est bel et bien à l’entreprise qu’il incombe, le cas échéant, de faire cohabiter les règles de chacun des pays dans lesquels elle est impliquée...
Pour parfaire le système, sans doute conviendrait-il par conséquent de légiférer au niveau de la planète.
Mais comment s’y prendre?
Aujourd’hui, seuls quelques outils existent, définis par Kofi Annan
(4). Pour le reste, la question se maintient plus que jamais ouverte.
Or, il est patent qu’un certain nombre de règles ne peuvent pas être fixées par les lois du marché.
Alors, que faire?
Je le répète: ni les O.N.G. ni les entreprises n’ont vocation à se substituer à la légitimité des Etats.
D’où les questions qui continuent à se poser à l’heure actuelle… Comment sortir des impasses liées à l’environnement ou aux Droits de l’Homme? Et comment inciter les Etats à faire le nécessaire?»

N'ayez pas peur...

Le prestigieux «débatteur» de la soirée n'a pas apporté de réponse à ces interrogations.
Il n'en a pas moins fustigé toute inclination au pessimisme...
«Bien sûr, la mondialisation nous oblige à relever le défi d'une réorganisation de l’économie. En Europe, nous sommes cependant prêts à affronter celui-ci.
Pourquoi? Parce que nous bénéficions d’une série d’avantages comparatifs. Et le premier d’entre eux, c’est l’Etat de droit.
Il est donc possible de prolonger ce miracle du développement économique et de l’évolution sociale qui est le nôtre.
Encore faut-il que nous fassions preuve d’optimisme.
Ce qui, en revanche, n’est pas notre fort…»

Sur-priiiiise...!

Au-delà de ce discours convaincant, on peut se demander, cependant, si le point saillant de cette séance d'ouverture n'est pas à porter au crédit du public.
Alors que Michel Pébéreau se demandait sur un ton entendu lequel des membres de l'assistance serait prêt à sacrifier ne serait-ce qu'une parcelle de ses actuels revenus pour quelque raison que ce soit, quelle ne fut pas sa stupéfaction de voir émerger spontanément de la salle (et même de l'estrade) une volée de doigts...
La surprise du chef?

Christophe Engels

(1) Outre le «débatteur» Michel Pébereau, cette séance d´ouverture du cycle 2010-2011 de l'a.s.b.l. Philosophie et Management - à Bruxelles - accueillait deux orateurs: Benoît Frydman (docteur en droit, philosophe, directeur du Centre Perelman de Philosophie du Droit à l’Université Libre de Bruxelles) et Emmanuel Toniutti (docteur en philosophe et en théologie, P.D.G. de l’International Ethics Consulting Group).
(2) Christian Arnsperger est Docteur en sciences économiques, chercheur au Fond national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l'Université Catholique de Louvain (rattaché à la Chaire Hoover d'éthique économique et sociale). Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009
(3) Arnsperger Christian, Ethique de l’existence post-capitaliste : Pour un militantisme existentiel, ibidem.
(4) Ancien Secrétaire général des Nations unies (1997-2006).

mardi 2 novembre 2010

Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) Entrepreneurs relationnels asbl...

La Responsabilité Sociétale
des Entreprises
tend à faire de nous
des producteurs
ou des consommateurs.
Faux et usage de faux,
s'insurge Christian Arnsperger (1)!
Qui plaide pour une reconstruction
des bases anthropologiques
de la RSE.
Car, assure le chercheur
de l'Université Catholique de Louvain,
nous sommes fondamentalement
des «entrepreneurs relationnels».
Bref extrait de son dernier ouvrage (2)...

«Nous avons tendance à fonder l'approche de la responsabilité sociale sur une anthropologie erronée, une vision déformée de ce qu'est la vie humaine.
Il nous semble que beaucoup des arguments habituels de la RSE (...) tombent dans ce piège.
Ils supposent que nous avons à penser la responsabilité sociale dans le contexte de la concurrence entre individus possessifs.
C'est une erreur.
Notre analyse existentielle des axiomes capitalistes et de leur dépassement post-capitaliste suggère que la concurrence n'est une nécessité pour nous que si nous avons une fausse conscience de nous-mêmes. (...)

Responsabilité Sociétale des Entrepr...eneurs relationnels!

Nous ne sommes pas avant tout des producteurs ou des consommateurs, mais des "entrepreneurs relationnels".
L'amour, le respect, l'écoute, le soin ne sont pas de simples sources de satisfaction psychique ou de distraction.
Ils nous élèvent à un niveau supérieur de conscience, et en fin de compte au niveau le plus élevé de conscience et d'action, ordonné à des axiomes authentiquement relationnels, donc libérateurs.
Y tendre au sein même d'une logique capitaliste qui s'y oppose, c'est se montrer socialement responsable.» (2)(3)

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fond national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l'Université Catholique de Louvain (rattaché à la Chaire Hoover d'éthique économique et sociale). Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste / Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 et Ethique de l’existence post-capitaliste : Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009
(2) Ethique de l’existence post-capitaliste : Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009, p. 218 et 219.
(3) Les titre, chapeau et intertitre sont de la rédaction.