Trois ans d'existence pour ce Projet relationnel.
Trois ans à balayer le vaste champ
des courants de pensée et modes de vie émergents.
Trois ans à relayer le message
de ceux qui s'efforcent d'apporter leur pierre
à l'édifice d'un autre avenir.
Sans cynisme.
Sans naïveté.
Et toujours sans le moindre soutien financier.
Trois ans.
Près de 350 messages.
Une flopées de contributeurs (1).
Des sources d'inspiration en tous genres (2).
Et un nombre de visiteurs qui, mine de rien, ne cesse d’augmenter.
Projet relationnel persiste et signe.
Continuant vaillamment à scruter l'actuel foisonnement
de ces courants de pensée et modes de vie émergents qui paraissent «préparer l'après-crise
en cherchant brillamment et positivement à déborder le double carcan de
notre "me now society": son individualisme consumériste et son
matérialisme acquisitif» (3).
Caricaturer n'est pas jouer
Projet relationnel, lui, observe.
Et s'essaye à expliquer.
Une double étape dont il fait l'opportun, sinon le nécessaire, complément à tout passage à l'action.
Faute de quoi, un risque existe: celui de s'en tenir à la dénonciation de boucs-émissaires.
«On cherche des manipulateurs, explique le politologue français Erik Neveu.
Hier la main de Moscou, aujourd'hui la barbe des islamistes.
La
paresse analytique prend la forme du rangement forcé de l'événement
dans des tiroirs familiers: celui du "corporatisme" quand le conflit se
passe dans une entreprise, du "populisme" pour les protestations des
laissés-pour-compte des modernisations contemporaines.
Le simplisme des classements rejoint un autre raccourci analytique: celui qui vise à juger avant de comprendre.
Trop
de discours, même savants, sur les mobilisations visent à déconsidérer
ou célébrer leurs objets, à jouer aux prophètes du changement social.» (4)
Mouvements sociaux: kézako?
Les courants de pensée et modes de vie émergents?
Un phénomène que, jusqu'à nouvel ordre, nous nous contenterons de ramener à celui des «mouvements sociaux» (4).
Soit des actions collectives qui répondent à deux critères...
. D'abord, elles s'appuient sur un projet explicite de mobilisation.
. Ensuite, elles se développent dans une logique de revendication...
S'agit-il de résister au changement ou, au contraire, de le convoquer?
De s'en tenir à des enjeux très limités ou de faire la révolution?
De rencontrer des problématiques très localisées ou de viser à l'universel?
De
se focaliser sur l'acronyme NIMBY (Never In My Back Yard) (5) ou de porter des revendications plus désintéressées?
De faire appel ou non à une quelconque autorité politique?
De recourir à l'une ou l'autre forme protestataire (manifestation, réunion publique, happening, campagne de presse, lobbying, assemblées générales, programmes, slogans, symboles..)?
De
se confronter de plus ou moins près à la question de l'organisation
(statuts écrits, fichier des adhérents, nombre d'échelons
hiérarchiques...)?
Peu importe, donc, pourvu que les formes d'action collective soient concertées et mises au service d'une «cause».
Entre science appliquée et sens pratique
Tel est, en effet, le plus petit commun dénominateur des mouvements sociaux.
Ceux-là même qui constituent l'arme d'un groupe défavorisé par le rapport de forces du moment.
Ceux-là même qui, dans la foulée, tendent à susciter des discours hybrides entre science et prise de parti.
Ceux-là même qui requièrent donc de la part de l'observateur l'exercice d'une double vigilance critique:
. questionnement des discours savants d'une part, avec leur charge normative ou leurs engagements mal maîtrisés;
. identification de la présence d'intuitions fécondes dans des approches explicitement militantes d'autre part, les activistes faisant souvent preuve d'un sens pratique qui peut être riche d'intelligence du social.
«L'action militante ne peut jamais être une forme de travaux pratiques d'une théorie savante pure, écrit Neveu.
Elle simplifie pour vulgariser et transformer l'analyse en slogan.
Elle vise l'efficacité, la conquête du pouvoir avant celle du savoir, et comporte de ce fait des poins aveugles.
Le marxisme en donne l'illustration.
En
faisant des mouvements sociaux l'expression obligée de rapports de
classes, définis par un mode de production, il peine à rendre compte de
mobilisations structurées par d'autres références identitaires
(nationalisme, mouvement de femmes).» (6)
Rigueur conviviale
Observer, donc, avec quelqu'enthousiasme parfois.
Mais non sans expliquer, avec un certain recul toujours.
Tel est l'objectif que s'est fixé ce Projet relationnel.
Dont le parti-pris est moins celui de la militance que celui de l'engagement.
Un engagement en faveur d'une société (à tout le moins) dépoussiérée de ses outrances individualistes et matérialistes.
Un engagement aussi vigilant que critique.
Mais également un engagement constructif.
Et, autant que possible, convivial.
Voire même
humoristique.
(7)
(1) . Christian Arnsperger,
. Robert Hendrick,
. Thierry Verhelst,
. Immanuel Wallerstein,
. Isabelle Cassiers,
. Géraldine Thiry,
. Philippe Van Parijs,
. Yannick Vanderborght,
. Corinne Gendron,
. Bernard Bayot,
. Marc Luyckx Ghisi,
. Denis Duclos,
. Jérôme Blanc,
. Cyrille Ferraton,
. Laurent de
Briey,
. Jacques Lecomte,
. Philippe Corcuff,
. Gilbert Boss,
. Vincent Triest,
. Jean-Marc Priels,
. Marcel Bolle de Bal,
. Olivier Gosselain,
. Eric Watteau,
. Idris de Vos,
. Desmond Tutu,
. Michel Maffesoli...
(2) . Emeline de Bouver,
. Pierre Rabhi,
. Muhammad Yunus,
. Sybille Mertens,
. Tim Jackson ,
. Michel Pébereau,
. Benoît Frydman,
. Charly Poppe,
. Aurélie Carimentrand,
. Jérôme Ballet ,
. Cédric Deprez,
. Jean-Marie Baland
. René Raymond,
. Eric de Keuleneer,
. Gilles Dostaeler,
. Vanessa Nurock,
. André Comte-Sponville,
. Alain
Renaut,
. Mihaly Csikszentmihalyi,
. Thierry Janssen,
. Carl Rogers,
. Max Pagès,
. André de Peretti,
. Marshall Rosenberg,
. Edgar Morin,
. Patrick Daré,
. Cynthia Fleury,
. Emmanuel Poilane,
. Patrick Viveret,
. Pierre Zarko,
. Maurice Décaillot,
. Anne-Sophie Novel,
. Stéphane Riot...
(3) Voir, en colonne de gauche, la rubrique «Je me présente».
(4) Neveu Erik, Sociologie des mouvements sociaux, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2005-2011, p.4.
(5) Jamais dans
mon jardin.
(6) Neveu Erik, Sociologie des mouvements sociaux, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2005-2011, pp.36-37.
(7) Pour suivre (sous réserve d’éventuelles
modifications de dernière minute) :
.
«Actu. Anvers et contre tous.» (Oscar Flores, Agnieszka Whodini Pietrak, Coordination Crer et Hind Asimah),
.
«Politique. Enracinement dynamique.» (Michel Maffesoli),
.
«Le politique sera populaire ou ne sera pas... Pessimisme de l'intelligence,
optimisme de la volonté.» (Michel Maffesoli),
.
«Politique. Le sens de l'ordinaire.» (Michel Maffesoli)...