dimanche 10 février 2019

La transition sera écologique & sociale ou ne sera pas Génération Climat: pour une transformation radicale














Elle ne croit plus à leur soi-disant progrès. 
Elle désire un autre horizon 
que celui de l'accumulation matérielle 
et de l'aliénation des individus.
Elle ne veut plus 
de la croissance 
et de l'expansion économique.
Et elle va jusqu'à acter 
la déconnexion entre «leur» monde et le sien, 
pour mieux revendiquer 
une transition 
à la fois écologique et sociale,
qui passera nécessairement, 
à ses yeux, 
par un changement de société radical.
En Belgique, 
la Génération Climat y va de sa lettre ouverte.
Pas piquée des hannetons.








Lettre ouverte de Génération Climat







«Nous ne croyons plus au progrès vendu par votre génération de responsables politiques et industriels et vos chiens de garde. 




Nous ne voulons plus de la croissance et de l'expansion économique, car cette quête insensée et aveugle, inhérente à notre civilisation industrielle, nous mène vers le gouffre écologique.

Nous actons ici la déconnexion entre votre monde et le nôtre. 
Nous aspirons à une autre société, où la politique appartient à tous, où chaque décision intègre la finitude et la fragilité de la nature, où les relations humaines priment sur la compétition et la concurrence entre tous, où toute vie humaine, animale et végétale, est considérée comme importante peu importe sa valorisation économique. 
Votre civilisation a un besoin insatiable de ressources naturelles que vous allez puiser sans cesse plus loin. 
En fait, cette civilisation est animée par une pulsion de mort, elle cherche à tout prix à détruire la Vie sur Terre afin de la convertir en marchandises.

Cette nouvelle société, ou plutôt ces nouvelles sociétés, le système politique et économique actuel ne peut nous l'offrir sur un plateau. 
C'est pourquoi nous continuerons à nous battre, à faire la grève, à manifester et à désobéir, pour notre avenir.

Nous avons le désir radical de transformer la société, et vous, tout comme vos collègues, avez la volonté radicale de gagner des élections. 
La faute à un système politique dépassé et uniquement représentatif qui met en compétition des partis dont le but principal est d'arriver au pouvoir. 
Vous ne cherchez pas à nous garantir un avenir, mais plutôt à satisfaire votre électorat et vos intérêts personnels sur le court terme. 
A partir de ce constat, la probabilité que nous tombions d'accord est proche de zéro, et l'intérêt que nous avons à négocier des petits pas avec vous l'est tout autant.

Il est temps d'entamer la décroissance: la réduction de la production matérielle est une nécessité absolue, et doit se combiner à une réduction drastique des inégalités et une meilleure redistribution des richesses. 
Le confort matériel excessif dans lequel vivent certaines sphères de la population est parfaitement indécent au vu de l'impact que cela génère sur les êtres vivants et la biosphère.

Tous les jeudis, et ce jusqu'aux élections, nous ferons grève, toujours plus nombreux. 
Tous les jours, nous nous organiserons pour développer les alternatives au vieux monde, et nous construirons des moyens d'action innovants et divers pour faire pencher la balance vers la préservation de la vie sur Terre plutôt que vers sa destruction.

De votre côté, faites ce que vous pouvez. 
Ou plutôt, faites ce que vous devez, si tant est que l'avenir des jeunes générations vous est prioritaire: réunissez tous les partis démocratiques autour de la table et travaillez pour inscrire dans le marbre le basculement vers une société juste, démocratique et soutenable. 
Ensemble, prenez des décisions courageuses pour mettre fin au règne de l'énergie sale et abondante, et ce dans les plus brefs délais. 
Ensemble, acceptez l'impossibilité de concilier des objectifs antagonistes tels que la croissance et l'écologie.

La transition écologique suppose un juste partage des ressources et des richesses, la fin de l'expansion industrielle incontrôlée, la fin des grands travaux inutiles, destructeurs de terres arables et d'écosystèmes. 
La reconversion de l'économie capitaliste et industrielle en multitudes d'économies locales et conviviales, basées sur les échanges humains et la solidarité.

La transition sera sociale, ou elle ne sera pas. 
Il est dès lors nécessaire de construire la société de demain, d'abandonner les activités qui ravagent la nature, et de nous recentrer sur l'essentiel: les relations sociales, une éducation émancipatrice, une agriculture paysanne, biologique et à taille humaine, des économies locales, diversifiées et autogérées,...

Pour parvenir à cette société, nous envisageons de nombreux moyens d'action, car nous ne croyons plus que les changements de comportement individuels puissent suffire à changer la donne.

Nous sommes prêts à nous interposer physiquement entre les machines et les êtres vivants. Nous sommes prêts à faire grève, et nous inciterons le reste de la population à nous rejoindre.

Nous souhaitons développer une culture de résistance et agir de façon démocratique. 
En marge de nos actions et rassemblements, des assemblées populaires seront organisées afin de décider de nos modes d'action, désigner nos représentants, et définir nos revendications.

Nous allons déranger, bloquer, créer et nous battre et débattre, car nous voulons nous faire entendre afin d'empêcher le système capitaliste et industriel de détruire la seule planète qui abrite la vie et la beauté. 
Et nous avons compris que négocier avec des ennemis ne nous mènerait à rien de concluant.

Ou plutôt une utopie que nous partageons, dans une part croissante des jeunes générations. 
Nous n'avons pas honte d'employer ce mot, car les utopies devraient être la lanterne de toute société, au lieu d'être considérées comme des rêves naïfs. 
Et nous ne comptons pas sur vous pour faire de cette utopie une réalité. 
Tout au plus, vous nous dites que vous êtes d'accord avec nous. 
Votre mission devrait être la même que la nôtre: préserver les conditions de vie sur Terre, et ce pour les humains comme les non-humains. 
Nous ne défendons pas la Nature, nous sommes la Nature qui se défend. 
C'est là que se trouve le combat du XXIe siècle.»



vendredi 8 février 2019

Youth for Climate. Ours polaire et humour potache


Amis 
des courants de pensée 
et modes de vie 
émergents, 
êtes-vous plutôt 
«fin du mois 
ou «fin du monde?
En France, 
c'est la fin du mois 
qui, pour l'heure, 
tient la corde, 
avec les Gilets jaunes
En Belgique, 
c'est la fin du monde, 
Billet d'humeur
Ou histoire 
d'un ours polaire
sur la banquise 
d'un humour potache... 



























Dans le «plat pays», ils étaient encore vingt mille jeunes, ce jeudi 7 février 2019, à manifester pour le climat.
Dix mille à Louvain.
Cinq mille à Bruxelles.
Cinq mille, encore, ailleurs, de Liège à Mons en passant par Anvers, Courtrai, Hasselt, Liège ou Herve. 
N'y tenant plus, l'auteur de ces lignes s'en est allé voir dans la double capitale, du pays et de l'Europe. 
Et il est tombé nez à nez avec un... ours polaire.

Comediante

Ours polaire?
Oui.
Une petite jeune fille, en fait, joliment déguisée et flanquée, à hauteur de l'oreille, de l'esquisse d'un personnage à ce point désespéré qu'il en est à se tenir sur la tempe une funeste... poignée de pompe à essence.
Humour potache.
Tout à l'avenant de l'atmosphère qui préside à cette manifestation bon enfant.
Les slogans en témoignent à qui mieux mieux...
«Quand c'est fondu, c'est foutu».
«Ainsi fond, fond, fond notre belle petite planète».
«Désolé maman, la planète m'attend».
«Nous vivons la sixième extinction de masse. 
La cinquième, c'étaient les dinosaures».
«No time to fake».
«Vade retro, CO2».
Ou alors un «Ca urge!» illustré du Premier ministre local, Charles Michel, dont la fameuse antienne «Jobs, jobs, jobs!» se retrouve opportunément détournée en «Cop, Cop, Cop!».
C'est drôle.
Pétillant.
Rafraîchissant.
Jusqu'au facétieux «Si des demoiselles veulent m'aider à sauver le climat, voici mon insta...»
Voire jusqu'au grivois «Le climat est plus chaud que mon mec».
Ou même jusqu'à l'incestueux «Arrête de niquer ta mer».


Tragediante

La tragédie vous attire davantage?
Il suffit de demander...
«Réveillez-vous, indignez-vous, engagez-vous».
«Vous le voyez, mais vous ne faites rien: la terre pleure, le monde s'éteint».
Tiens, voilà la statue de la liberté, venue nous assurer que «War kills climate». 
Ou un (autre) ours blanc, en deux dimensions celui-ci, qui nous met en garde: «You are endangered too». 

Chaud devant!

Les policiers surveillent, paisibles, parfois goguenards.
L'hélicoptère survole, en toute sérénité.
Les motards veillent, sans inquiétude. 
Pas un sursaut, pas même un cil qui bouge alors que surgit une clameur stridente...
«On est plus chaud, plus chaud, plus chaud que le climat!». 
En marge du cortège, des quidams passent leurs chemins.
D'autres observent, incrédules.
A moins qu'ils ne sourient.
Ou qu'ils ne s'enthousiasment, parfois.
Ici, un badaud immortalise de son smartphone deux jeunes manifestantes, fières comme Artaban.
Là-bas, au deuxième étage d'un immeuble adjacent, des riverains agitent les bras et manifestent leur approbation. 
Parti de la gare du Nord, le cortège achève son périple à proximité de celle du Midi.
Un petit avant-dernier pour la route?
«Tous ensemble, tous ensemble...»
Un tambour prend le relais.
Il scande le rythme de «Ce n'est qu'un début, continuons le...».
«Climat!».
L'assistance vient de ponctuer dans un hurlement assourdissant.

A suivre

La fin se profile.
Non sans quelques digestifs verbaux.
Celui d'un jeune homme et d'une jeune femme, qui s'expriment en français...
Succès assuré!
Mais déjà une autre oratrice reprend le flambeau, en néerlandais cette fois...
«Nous sommes fiers de représenter l'Humanité». 
Le sonomètre résiste de justesse.
Mais pas pour longtemps...
«Merci beaucoup!
On vous attend la semaine prochaine...»
Aïe, aïe, aïe!
Le volume de la réponse, affirmative bien sûr, atteint un volume qui met à rude épreuve la stabilité des murs du quartier.

«Et toi tu veux faire quoi, plus tard? Moi, vivre!»

Un trajet de tram plus loin, je retrouve l'ours polaire.
Avec deux (autres) jeunes filles dont quelque chose me dit qu'elles reviennent, elles aussi, de la marche.
Le libellé du panneau transporté par l'une d'elles peut-être: «Marche (pour le climat) ou crève». 
Ou alors son cri de triomphe, le nez sur le smartphone...
«Ouaiiiiis! Cinq-cents likes en plus...»
Dans le (deuxième) tram, une femme s'approche...
«Bravo, les jeunes!
On compte sur vous, hein!»
L'ours polaire sourit jusqu'aux oreilles.
Mais entre-temps, un badaud, pas très futé, se risque...
«Vous êtes un chien?»
L'homme tient le crachoir comme pas deux.
«Moi aussi, j'ai pas mal de problèmes...»
Les jeunes filles écoutent poliment, sans arriver à en placer une.
L'une descend à un premier arrêt.
L'autre à un deuxième, d'où elle s'en va prendre son train.
La troisième un peu plus loin. 
«Je m'arrête ici. 
Au revoir, Monsieur.»
La vie continue.
La vie d'après la manif'.
La vie, aussi, d'avant la catastrophe?
Peut-être.
Mais le cas échéant, ce ne sera pas la faute de cette jeunesse-là.
Dynamique.
Vivifiante.
Revigorante.



mercredi 6 février 2019

Intériorité citoyenne

  

Intériorité et citoyenneté 
seraient-elles 
les deux faces 
d'une même pièce?
le pense.
Car, assure-t-il,
seule la richesse 
d'une vie intérieure 
profonde 
peut nous protéger 
d'une triple brutalité. 
Celle des rapports 
de fonction,
de consommation
et de matérialisme.








(Christophe André)



«Avec l'intériorité citoyenne, je réconcilie deux notions qui semblent se tirer la langue depuis longtemps.»
Comment mieux que par ce questionnement retenir l'attention des sympathisants de ce Projet relationnel?
Qui, plus souvent qu'à son tour, a plaidé la cause de la complémentarité entre militants et méditants.
Thomas d’Ansembourg abonde en ce sens (2).
Et ne rechigne pas, c'est le moins que l'on puisse écrire, à verser de l'eau à ce moulin...
«L'intériorité semble relever depuis longtemps de la vie privée.
La citoyenneté renvoie aux droits et aux devoirs, à l'engagement dans la société, dans les communautés.
Tout se passe comme si les deux étaient divisés. 
Or, beaucoup d'entre nous réalisent qu'on ne peut plus les discerner. 
Qu'au contraire, c'est notre vie privée, intérieure, intime qui non seulement commande, mais féconde notre appartenance au groupe, qui la rend créatrice, renouvelée, collaborante, compassionnée. 
A défaut d'une vie intérieure profonde, nous sommes livrés à la brutalité de rapports de fonction, de consommation, de matérialisme, dont on voit combien, aujourd'hui, ils causent de la détresse.»

Intériorité: la bouteille à l'... ancre

Toute citoyenneté digne de ce nom convoquerait-elle l'intériorité?
Oui, répond l'apôtre belge de la Communication Non Violente.
Selon lequel, aussi inconfortable puisse-t-il parfois se révéler, un tel ancrage n'en serait pas moins nécessaire. 
Pour faire quelquefois le tour de soi-même.
Et, de là, pour se rencontrer et revisiter ses systèmes de pensée.
«Il y a trois bonnes raisons à développer une vie intérieure, précise l'intéressé.
Trouver plus de joie de vivre, plus de paix intérieure d'abord.
Permettre à mon entourage d'être plus joyeux ensuite.
Servir le monde avec toute mon énergie et toute ma vitalité enfin.» 
Reliance avec soi, donc.
Mais aussi reliance avec autrui.
Et reliance avec le monde.
«Toute personne qui s'implique dans du développement personnel profond fait au fond du développement social durable.»

Du rêve à la réalité

Rêve ou réalité?
Les deux, mon général.
Car l'idée, c'est, d'une certaine façon, de rendre le rêve performatif.
D'en arriver, en l'incarnant, à l'inscrire dans ma réalité. 
Voire, si tout va bien, dans la réalité.
«Nous avons tous un rêve pour l'Humanité.
Souvent, il est assez semblable: plus d'amour, plus de tendresse, plus de présence, plus de douceur, moins de précipitation, plus de paix intérieure.
Je propose de se demander devant toute chose: est-ce que ma façon d'être au monde incarne, là où je suis, le rêve que j'ai pour le monde.
Autrement dit: est-ce que j'entretiens le problème ou est-ce que je fais partie de la solution?» (3)


(1) Thomas d’Ansembourg a exercé la profession d’avocat au Barreau de Bruxelles pendant cinq ans et travaillé dans une entreprise internationale comme conseiller juridique durant une décennie. Parallèlement, il s’est engagé, pendant dix ans également, en tant que responsable-animateur bénévole d’une association d’aide au jeunes en difficultés. Devenu psychothérapeute et formateur certifié en Communication Non Violente en 1995, il propose depuis plus de vingt ans un travail de connaissance de soi, de démantèlement des pièges de l’ego, d’écoute et d’empathie se donnant vovation à «apprendre à mettre le meilleur de soi au service de tous». 
(2) Nous avons récemment rencontré l'intéressé dans le cadre d'un événement organisé par l'association NEW6S - Les acteurs de l'info constructive. Nous y reviendrons. 
(3) Les citations attribuées dans ce message à Thomas D'Ansembourg sont reprises d'une conférence TEDx prononcée par l'intéressé (Louvain-la-Neuve, le 23 mars 2003).