mercredi 31 juillet 2013

Pauvreté. Qui veut gagner de la considération ?


s’observe, 
c’est vrai.
Elle se discute, 
bien sûr.
Elle se pense, 
certes.
Mais auparavant,  
elle s'écoute.
Et surtout, 
elle se vit.
De l’intérieur…









«Il y a 
une chose 
plus triste 
à perdre 
que la vie,
c'est 
la raison 
de vivre;
plus triste 
que de perdre 
ses biens,
c'est 
de perdre 
son espérance.»
(Paul Claudel)



La pauvreté, chacun a sa manière d’en parler.
L’homme de science académique rappellera qu’il a été convenu au niveau international d’un indicateur qui ramène le risque de pauvreté au fait de ne pas disposer d’un revenu équivalent à 60% de la moyenne de la population.
Le médecin, lui, renverra au stress qu’il définira comme une montée d’adrénaline et de cortisol, cette hormone qui contribue à augmenter la pulsion cardiaque, à accumuler le glucose et à dérégler le corps, et ce non pas pendant les deux ou trois minutes prévues par Dame Nature, mais durant tout ou longue partie de la vie.
Le sociologue, de son côté, confirmera que la «problématique» en question condamne à une mort plus rapide, mentionnera une différence d’espérance de vie avoisinant les dix ans entre citadins selon qu’ils aient fréquenté les bas ou les beaux quartiers, puis embrayera sur les lacunes qui, côté cour, hypothèquent le bon fonctionnement de nos sociétés: moins de qualité de vie pour plus de problèmes sociaux, de malades, de criminalité ou de conflits.
Le psychologue?
Il évoquera les conséquences de l’isolement, de l’anxiété et du mépris: perte de confiance en soi, estime de soi dans les talons…
Quant au politicien, il aura recours à une belle tirade sur l’absolue nécessité de combattre un fléau dont les coûts sont beaucoup plus lourds que ceux qu’on pourrait investir pour le combattre.

Vu de l'intérieur

Autant de considérations avérées, certes, mais extrêmement fragmentaires.
Car elles n’appréhendent pas la pauvreté sous cet angle existentiel qui, loin de se construire sur le socle de l’ «objectivable», déborde largement sur le subjectif.
Sur le vécu.
Sur le ressenti.

Le ressenti?
Oui.
Celui, d’abord, exprimé par les intéressés eux-mêmes dès lors que se présente l’oreille attentive d’une personne de confiance.
Celui, aussi, décrit par les bénévoles et les travailleurs sociaux.
Qui ont fréquenté leurs «ouailles».
Qui ont échangé avec elles.
Qui, surtout, les ont écoutées.
Histoire de se nourrir d’une  indispensable et authentique expérience de terrain.
La pauvreté, alors, accède à une toute autre réalité.
Infiniment plus complexe.
S’agit-il de ne pas avoir assez mangé?
D’avoir, encore et toujours, à lutter contre la faim… sans, pour autant, que, dans le même temps,  les autres problèmes ne soient jamais mis en veilleuse?
Oui, trop souvent.
Mais pas seulement…
«Je ne lis plus, confiera l’un de ces accidentés de l’existence.  
Pas plus que je n’écris. 
J’en suis devenu incapable.
Je suis trop déprimé.»
«Je refuse qu’on m’enferme dans ma situation du moment, se rebiffera l’autre.  
Certains disent: "Regarde! Il est en dépression. Il n’est plus capable de rien faire"
Non, non! 
Quelquefois, tu as besoin d’un petit coup de main pour pouvoir passer le cap!»
«Le moment de prendre contact avec un centre d'aide sociale est vraiment difficile à franchir, se souviendra un troisième
On a l’impression d’être tombé tout en bas de l’échelle. 
D’avoir touché le fond.»
Et un quatrième de pointer ce qui relève à ses yeux de la circonstance aggravante:
«Quand tu fréquentes un service social, tu sens au plus profond de tes tripes que le temps qui t'est consacré reste toujours réduit à la portion congrue.
C'est terrible!

Et d'ailleurs, je crois que beaucoup de travailleurs sociaux en souffrent eux-mêmes.»
«C’est un peu humiliant, ajoutera sobrement un cinquième
D’autant que l’espoir finit par s’étioler.  
Au début, tu te dis que tu finiras bien par t’en sortir. 
Et puis, tu constates que plus tu avances en âge, moins on veut t’engager. 
Et un moment vient où tu en arrives à penser qu’il ne sert décidément plus à rien de chercher. 
Alors, tu abdiques. 
A moins que tu ne te rabattes sur le bénévolat. 
Pour aider. 
Pour reprendre confiance en toi. 
Pour rencontrer des gens.»

«Et toi, qu’en penses-tu ?»

Comment, dans ces conditions, ne pas comprendre qu’une connaissance de la pauvreté ne peut sérieusement se concevoir sans être élaborée avec les personnes directement concernées?
Sous peine de déboucher sur une «réalité» tronquée et incomplète.
Et de devenir source de violence. (1)

(A suivre)

Christophe Engels

(1) Suite à quelques difficultés personnelles, l'animateur de ce blog a pris la liberté de postposer la publication des messages (Front National de Marine Le Pen, Mouvement Cinq Etoiles de Beppe Grillo....) qui auraient dû suivre ceux déjà parus sur le populisme. Avec toutes mes excuses.  




Sécuriser les précaires 

Dans chacun de nos pays, chaque mois, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes arrivent en fin de droit et basculent dans une très grande précarité. 
Vu la gravité de la crise et le peu d’espoir d’un retour rapide au plein-emploi, il est urgent de prolonger l’indemnisation des chômeurs et d’améliorer leur accompagnement et leur accès à la formation. 
Pour éviter que le chômage ne soit synonyme de précarité, de pauvreté ou de déqualification, il faut regarder ce qui se fait au Danemark en matière de sécurité et d’accompagnement des salariés au chômage. 
La plupart des salariés qui perdent leur emploi peuvent conserver 90% de leur revenu pendant quatre ans, dès lors qu’ils sont bien en recherche d’emploi ou en formation. 
Prolonger l’indemnisation des salarié(e)s au chômage, c’est une des premières mesures qu’a prises Roosevelt en 1933. 
C’est aussi une des premières mesures prises par Churchill quand il devient Premier Ministre. C’est une mesure de bon sens, qui peut, en France, être adoptée en quelques jours (2)
Les salariés sont plus de 90 % des actifs mais il est évident qu’il faut aussi améliorer l’indemnisation des artisans ou des patrons de PME qui font faillite et se retrouvent parfois dans des difficultés plus grandes encore que les salariés sans emploi. 
Au-delà de cette mesure d’urgence, un débat doit s’engager sur l’unification et la simplification de l’ensemble des dispositifs de couverture sociale (3) dans la perspective de créer un véritable bouclier social. 

(1) La version belge de cette proposition sera proposée en encadré du prochain message.
(2) Le plan de rigueur annoncé fin août 2011 par François Fillon était définitivement adopté le 8 septembre suivant. Le Sénat a "voté conforme" le texte adopté la veille par l’Assemblée nationale. Pourquoi faut-il des années pour faire voter certaines réformes de Justice sociale alors qu’un Plan de rigueur peut être voté en quelques jours? 
(3) Voir en particulier la proposition d’Allocation Universelle du Centre des Jeunes Dirigeants d’entreprise qui regroupe plus de 4.000 chefs d’entreprises. Pour lutter contre l’extrême pauvreté, le CJD propose une allocation de 400 euros par mois pour les adultes (200 pour les mineurs) versés sans aucune condition, de la naissance à la mort, et financée par un prélèvement progressif sur l’ensemble des revenus. 


samedi 27 juillet 2013

Analphabétisme politique. Bête et fier de l'être...

















Le pire des analphabètes?
L'analphabète politique!
Bertolt Brecht (1) y va 
de son upercut assassin.
Qui se sent morveux 
qu'il se mouche... 


Bertolt Brecht


«Le pire des analphabètes, c'est l'analphabète politique. 
Il n'écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques
Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques.»

Il ne sait pas, l'imbécile...

«L'analphabète politique est si bête qu'il s'enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu'il déteste la politique. 
Il ne sait pas, l'imbécile, que c'est son ignorance politique qui produit la prostituée, l'enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales.» (2)


Bertolt Brecht


 (1) Né en 1898 et décédé en 1956, l'Allemand (naturalisé autrichien en 1950) Bertolt Brecht fut dramaturge, metteur en scène, critique théâtral et poète.
(2) Extrait de: Brecht Bertolt, De l'analphabétisme en politique.


mercredi 24 juillet 2013

Consommation collaborative: la montée en puissance


Une de The Economist...
Couverture de Forbes...
La consommation collaborative
délaisse les haillons 
du «micro-phénomène».
Et revêt les oripeaux 
de la «tendance lourde». 
Objectif: masse critique.

Dépassé, le million d'adeptes!
En France, ils sont davantage encore, désormais, à s'être adonnés aux joies du covoiturage.
Et depuis que le cap symbolique a été franchi, plus de 100.000 personnes s’inscrivent tous les mois sur BlaBlacar
Un site qui, à rebrousse-poil de la S.N.C.F. (1) propose chaque jour de nouveaux trajets.
Faisant de l'outil en question un Amazon de la mobilité.  

Objectif: masse critique

Cet exemple illustre bien le phénomène de course à la masse critique qui caractérise aujourd'hui la consommation collaborative.
La masse critique? 
Un objectif devenu indispensable.
. Qui passe par Internet et les réseaux sociaux.

. Qui se dessine à partir d'une croissance de la demande (2).
. Et qui se traduit par un accroissement de l'offre, quantitatif autant que qualitatif. 

Davantage de plateformes disponibles, donc.
Mais également plus de services offerts sur la plupart d'entre elles.
Conséquence: une multiplication des investissements. 
Si bien que, d'une part, les nouveaux supports de consommation collaborative atteignent aujourd'hui un rythme de création quasi-hebdomadaire dans l'Hexagone. 
Et que, d'autre part, ils renvoient à un panel de secteurs de plus en plus diversifiés, allant du stockage entre particuliers au partage de bureaux en passant par les tables d’hôtes 3.0.
Sans compter le plus récent «jobbing».
Soit un instrument de services entre particuliers porté par des sites comme Stootie, Youpijob, Yooneed ou FrizBiz
Et si, l'air de rien, la consommation collaborative en arrivait à faire office d'évolution économique majeure de notre temps...? (3)


(1) La Société Nationale des Chemins de fer Français délaisse de plus en plus de liaisons dans le pays.
(2) Selon une étude de l’ObSoCo, 52% de Français auraient déjà pratiqué la consommation collaborative
(3) Ce message s'inspire très étroitement de: Léonard Antonin et Mootoosamy Edwin, Consommation collaborative: la course au leadership, Le Monde, 25 mars 2013. 
 

samedi 20 juillet 2013

Taxe sur les Transactions Financières. Taxée-coulée?




Qui, de plus en plus, se voit ainsi réduite 
à la portion congrue.
A tel point que
en arrive désormais à être... taxée (!) d'irréalisme
par le ministre des Finances en personne!
Taxée-coulée, la T.T.E.?

Deuxième semestre 2012.
Conformément au septième engagement du programme du candidat Hollande, l'idée d'une  Taxe sur les Transactions Financières (T.T.F.) est relancée à l'échelon européen.
Et ce malgré le blocage de la Grande-Bretagne, de la Suède et du Luxembourg.
A la manoeuvre: la France donc, mais aussi la grande Allemagne, la petite Belgique et huit autres pays: l'Autriche, l'Espagne, l'Estonie, la Grèce, l'Italie, le Portugal, la Slovaquie et la Slovénie.

Maillon faible ?

Février 2013.
La commission chargée du marché intérieur présente le résultat de ses travaux.
Largement inspirée par la réglementation française (1), elle suggère d'imposer 
. les actions et les obligations à raison de 0,1 %,
. les produits dérivés à concurrence de 0,01 %.
Recette attendue: 35 milliards d'euros par an pour les onze pays engagés (2).
Oui, mais...
Dans l'Hexagone comme ailleurs, ni le patronat ni le secteur bancaire n'ont dit leur dernier mot.
Le premier joue de tout son poids pour s'opposer à un projet «qui affaiblira gravement la compétitivité des entreprises» (3).
Et le second, également debout sur les freins, abreuve son argumentation à la source d'une étude made by Goldman Sachs...
. Une étude opportunément sortie en mai.
. Une étude que le monde bancaire européen s’empresse de diffuser largement.
. Une étude qui a vocation à diaboliser le principe de la T.T.F. en lui prêtant des effets dévastateurs.
Reprendre la directive européenne?
Vous n'y pensez pas...
 . D'abord, les financements de l’économie en général et des P.M.E. en particulier s'en trouveraient gravement compromis.
. Ensuite, la préservation de la place de Paris ne pourrait que pâtir d’un tel dispositif, a fortiori si Londres se refuse à appliquer la même taxe.
. Enfin, les mesures envisagées nuiraient irrémédiablement au placement des obligations souveraines et au refinancement de la dette française.
Trois objections qui, déclinées à toutes les sauces, se voient sans surprise relayées par un lobbying puissant et efficace.
D'autant plus efficace, d'ailleurs, que, suite la démission de ce détenteur du portefeuille du Budget qu'a été Jérôme Cahuzac, c'est le ministre des Finances qui a pris la main dans les négociations.
Un maillon faible?
Pierre Moscovici, en tout cas, a déjà laissé peser de lourds soupçons sur sa perméabilité aux pressions financières en acceptant de réduire aux acquêts sa loi sur la séparation des banques...

Arrière, toute !

De quoi inquiéter les adeptes de la T.T.F.
Dont les craintes trouvent rapidement matière à renforcement.
Dès le mois d'avril en effet, la position française amorce un changement d'orientation manifeste. 
Et le 11 juillet, Moscovici en arrive à confirmer officiellement le bien-fondé de ce qui, jusque-là, était resté implicite.
«La Taxe sur les Transactions Financières suscite des inquiétudes renvoyant à l'avenir industriel de la place de Paris et au financement de l'économie française, annonce le ministre.
Sa mise en œuvre rencontre de nombreux obstacles et de nombreuses questions.»
Cette fois, le doute n'est plus permis: la France fait bel et bien marche arrière sur la T.T.F.
Après le temps de la récupération de feu la Taxe Tobin (ou Robin des Bois), voici donc venu celui de l'évanescence pour sa remplaçante.
Sauf (plus qu')improbable revirement de situation, le fait de renoncer à tout lien avec la dette des pays du Tiers-Monde n'aura donc pas suffi.
La perspective de l'évaporation pure et simple semble de plus en plus inéluctable.
Au grand dam de ceux qui, dans la société civile, portent ce projet à bout de bras. 
Tel le mouvement altermondialiste.
Ou le Collectif Roosevelt... 

(1) En février 2012, le Parlement a adopté le principe d’une taxation financière de 0,1 % sur les échanges d'actions des sociétés dont la capitalisation boursière dépasse 1 milliard d'euros et dont le siège social est en France.
(2) Dont sept milliards pour la France
(3) Ce qui, en France, vaudra au ministre de l'Economie une «mise en garde» publique de six associations professionnelles, dont le Médef.




Créer une vraie Taxe sur les Transactions Financières 

Si une telle taxe avait été créée en 2008, même à un taux très faible, elle aurait déjà rapporté entre 250 et 600 milliards. 
La crise grecque aurait pu être réglée très vite, sans demander d’efforts aux peuples d’Europe. 
Qu’attendons-nous pour créer enfin cette taxe et rassurer le peuple allemand comme les autres peuples d’Europe en leur disant que c’est la dernière fois qu’on leur a demandé un effort injuste? 
Dorénavant, ce sont les marchés financiers qui seront mis à contribution pour abonder le Fonds européen de Stabilité. 
Si Londres s’oppose à la création d’une taxe sur les transactions, il faut sans agressivité "mettre les points sur les i" et avoir le courage de déclencher une crise clarificatrice: 
Les émeutes de l’été 2010 ont montré que le peuple anglais n’en peut plus des politiques d’austérité. 
La dette privée du Royaume-Uni dépasse les 230 % du PIB (1) contre 130 % en France. 
Et si l’on intègre la dette publique et surtout l’immense dette du secteur financier, la dette totale de la Grande-Bretagne dépasse les 900 % du PIB (2)
C’est dire l’extrême fragilité du "modèle anglais". 
Dans 2 mois ou dans 2 ans, les Anglais viendront supplier l’Europe de les aider pour sauver leurs banques. 
Il faut leur mettre le marché sur la table et leur dire que c’est aujourd’hui qu’ils décident si, Oui ou Non, ils sont dans le même bateau que les autres peuples d’Europe. 
Ils ne pourront pas nous supplier d’être solidaires demain s’ils refusent d’être solidaires aujourd’hui. 
Si les Anglais comprennent que, de fait, nous avons tous intérêt à être solidaires, nous pouvons mettre en place très vite une taxe Tobin à un taux assez élevé. 
Sinon, nous pouvons le faire au niveau de la zone euro, avec un taux plus faible. 
La mise en place d’une Taxe sur les transactions financières est tout à fait réaliste au niveau de la seule Zone Euro (même M. Barroso l’admet aujourd’hui) mais elle serait plus efficace et aurait un rendement nettement plus élevé si elle était mise en place simultanément dans l’ensemble de l’Europe ou dans l’ensemble des places financières mondiales. 
Comme tous nos États ont besoin de dégager des ressources nouvelles (3), tous les dirigeants du G 20 devraient mettre en œuvre cette taxe sur les transactions financières sans tarder. 

(1) Dette des ménages et dette des entreprises hors secteur financier. 
(2) Source Morgan Stanley Décembre 2011 
(3) «La Chine voit son économie ralentir et fait face à un grand nombre de mouvements sociaux» annonce Le Monde du 6 décembre 2011. 
Aucun pays n’est épargné par le retour de la crise. 
Aucun pays ne peut dire qu’il n’a pas besoin de ressources supplémentaires. 
C’est le seul intérêt de la période: nous sommes tous embarqués dans la même crise. 



Créer une vraie taxe sur les transactions financières internationales 

L’idée de taxer les transactions financières internationales s’inspire de l’idée initiale du prix Nobel d’économie James Tobin, qui proposait au début des années 1970 de taxer à un faible taux toutes les transactions de change à l’échelle mondiale. 
Depuis lors, la proposition a été élargie à la taxation de toutes les transactions financières internationales, ce qui permettrait de mobiliser chaque année environ 500 milliards d’euros. 
L’avantage d’une telle taxe est qu’elle pénalise les transactions à court terme, qui sont les plus spéculatives, mais quasi pas les transactions à long terme, plus utiles pour le financement de l’économie réelle et de la création d’emplois. 
En outre, une telle taxe permettrait non seulement de « mettre un grain de sable dans les rouages de la finance internationale », mais aussi de mobiliser des moyens importants pour les recettes publiques. 
De nombreux pays dans le monde appliquent déjà une taxe similaire. 
Parmi les membres du G20, 11 pays sont concernés dont le Royaume-Uni, la Corée du Sud, Hong Kong, pour les transactions sur les actions, l’Inde et Taïwan pour les produits dérivés, la Suisse et le Brésil pour les obligations. 
Au Royaume-Uni, le droit de timbre, qui date de 1986 dans sa forme actuelle mais existait sous d’autres formes bien avant, équivaut à 0,5 % du montant de la transaction. 
Cet impôt porte sur les actions de sociétés britanniques quelle que soit leur place de cotation, les actions de sociétés étrangères cotées au Royaume-Uni, les options sur actions, les droits de souscription d’actions et toute autre forme de produits adossés à des actions. 
La mise en place d’une taxe sur les transactions financières (TTF) est tout à fait réaliste au niveau de la seule Zone Euro, mais elle serait plus efficace et aurait un rendement nettement plus élevé si elle était mise en place simultanément dans l’ensemble de l’Europe ou, mieux, dans l’ensemble des places financières mondiales. 
Comme tous nos États ont besoin de dégager des ressources nouvelles, tous les dirigeants du G20 devraient mettre en œuvre cette taxe sur les transitions financières sans tarder. 
Au niveau européen, l’Ecofin, le conseil des ministres des Finances de l’Union européenne (UE), a donné le feu vert à 11 pays qui ont décidé de l’appliquer selon la procédure de coopération renforcée. 
Les 11 pays participants sont l’Autriche, la Belgique, l’Estonie, la France, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie, et l’Espagne. Ils représentent environ 90% du PIB de la zone euro. 
Cette initiative rapportera entre 10 et 37 milliards d’euros par an, selon les estimations. 
Selon les propositions de la Commission, la TTF frapperait toutes les transactions effectuées entre institutions financières (banques, bourses, fonds de placement, assurances, hedge funds) à hauteur de 0,1% et celles liées aux produits dérivés de 0,01%. 
Il faut aller plus loin. 
Ainsi, pourquoi limiter à 0.01% la taxe sur les transactions liées aux produits dérivés, alors que ces produits ont justement montré le risque qu’ils pouvaient représenter
Il faut cibler la spéculation à court terme qui ne présente aucun intérêt pour l’économie réelle et exacerbe au contraire l’instabilité financière. 
Dans ce but, une taxe à taux variable, comme proposée dans la loi adoptée par le Parlement belge en juillet 2004, permettrait d’augmenter le taux de la taxe en cas de fluctuations importantes, ce qui renforcerait son caractère régulateur.

mardi 16 juillet 2013

Vous avez demandé le changement? Ne coupez pas...


Le changement,... 
ce n'est pas maintenant!
Tout au plus se poursuit-il 
dans l'instant présent.
A moins qu'il n'y prenne son envol.
Sans plus.
Car le changement ne se conçoit pas 
sans processus.
Lourd
Lent
Et long.

Marre de «changer»
Comme «on» et/ou «re», nous voyons pour tout et partout le terme «changer» pour parler de nous... 
Nous changeons un objet, d'heure, de couleurs, etc... 
Mais nous, nous ne changeons pas! 

Petit à petit...

Le changement se fait dans l'action immédiate! 
En un instant, nous passons de l'heure d'été à l'heure d'hiver, notre ancien canapé est remplacé par un neuf, en un coup de pinceau nos murs changent de couleurs... 
Nous, cependant, nous naissons, comme tout être de la Nature, avec des gênes qui font notre inné, notre nature intrinsèque. 
Petit à petit, grâce aux acquis (éducation, expériences, rencontres, etc.), nous évoluons, nous nous transformons... 
Certaines personnes poussent encore plus loin leur savoir en faisant la connaissance d'elles-même, en acquérant une conscience. 
Ces bagages ne viennent pas du jour au lendemain mais suivent tout un processus : y penser, avoir l'intention d'évoluer, le vouloir et enfin l'acter. 
Et à chaque étape, une transformation! 
C'est un développement, pas un changement! 
Et si vous trouvez qu'une personne a changé, soit vous n'avez pas vu sa transformation, soit vous ne l'aviez pas vu telle qu'est... 

Leurre, c'est leurre !

Toutes ces facilités linguistiques induisent une mauvaise interprétation d'une pensée qui se veut belle. 
Comment voulez-vous qu'une personne rendue vulnérable par son manque de confiance en elle puisse oser avancer avec un terme aussi violent par sa rapidité que «changer»?!


Anonyme (trouvé sur Facebook via Hugues Richard) 

samedi 13 juillet 2013

Actu. Associations Citoyennes: «Non, non et non !»



 











Lettre ouverte, oui.
Mais aussi lettre au picrate.
Le Collectif 
des Associations Citoyennes 
résiste et signe.
En faisant part de ses griefs 
au Premier ministre français, 
Jean-Marc Ayrault.
Qu'il s'agisse de dénoncer le caractère illusoire 
des récentes annonces d’austérité budgétaire.
Ou de fustiger le risque induit 
d'un vaste plan social associatif...  


Le Collectif des Associations Citoyennes a envoyé le 9 juillet une lettre ouverte au Premier ministre après l'annonce faite par le gouvernement de 14 milliards d'euros d'économie à réaliser en 2014 et 2015.  
Les associations sont directement visées par ces restrictions budgétaires, qui ne peuvent que se traduire par l’abandon de nombreuses subventions pour des actions ne relevant pas des compétences obligatoires des collectivités. 
Cela se traduirait, si ces mesures sont appliquées, par un énorme «plan social» plus important encore que ceux qui touchent l'industrie et les services, d’ampleur équivalente à celles des reconversions industrielles des années 80.
La lettre montre le caractère illusoire des économies réalisées, en prenant l'exemple d'un salarié associatif subventionné à 50 % que les moindres rentrées sociales et les allocations-chômage supplémentaires représentent près de 2 fois l'économie apparente réalisée, sans compter les effets indirects de ces mesures: 
. multiplication des souffrances sociales et des vies brisées, 
. effets négatifs directs sur l'économie et l'équilibre des territoires, 
. destruction de projets associatifs patiemment construits, nécessaires à la société, intelligemment conduits, 
. perte de l’immense engagement bénévole assuré par les associations citoyennes.  
Vous trouverez le texte intégral de cette lettre en encadré.

Les associations citoyennes refusent d'être considérées comme la variable d'ajustement de tout plan de rigueur et se préparent à manifester ce refus durant la semaine du 14 au 22 septembre, partout en France, tout en affirmant le caractère indispensable de leur rôle pour sortir de la crise et inventer des solutions pour l'avenir.

D'ores et déjà, 25 territoires préparent cette mobilisation, qui devrait culminer le 21 et 22 septembre par un pique nique géant, à caractère festif, culturel et revendicatif dans des lieux symboliques.


Collectif des Associations Citoyennes



Pour plus d'informations, vous pouvez contacter: 
Didier Minot au 0(033)6 08 18 48 96  
ou Isabelle Boyer au 0(033)6 99 39 91 67

 

Pour tout savoir sur le Collectif des Associations Citoyennes  
15 avenue Robert Fleury 
78 220 Viroflay 
Tél. 0(033)1 30 24 07 73 






Le 9 juillet 2013  
 


Lettre ouverte à 
Monsieur Jean-Marc Ayrault, 
Premier ministre, 
sous couvert de 
Mme Valérie Fourneyron, 
Ministre de la jeunesse, 
des sports, 
de l'éducation populaire 
et de la vie associative

90 avenue de France

75 013 Paris






Monsieur le Premier ministre,



Le gouvernement vient d'annoncer 14 milliards d'euros d'économies à réaliser en 2014. Les associations sont directement visées par ces restrictions budgétaires qui font courir un énorme risque sur l'apport financier qu'elles reçoivent sous forme de subventions publiques. En effet, tous les ministères sont touchés par l’austérité, et les restrictions des dotations de l'État aux collectivités territoriales sont telles qu'elles ne peuvent qu'amener ces dernières à concentrer leurs ressources sur les dépenses contraintes, au détriment de la vie associative et de la démocratie.

Pour la très grande majorité des associations, les collectivités territoriales sont devenues les principaux soutiens publics. Or, dans les départements, les dépenses incompressibles sont en accroissement rapide et, pour une part, en corrélation directe avec l'accroissement du chômage, lui-même en partie le résultat des politiques de rigueur. Les départements ne disposent plus du même levier fiscal, avec seulement 19 % de la taxe sur le foncier bâti, et sont devenus plus dépendants de l'État. Les régions se trouvent également dans une situation très difficile, comme viennent de le souligner le 3 juillet les présidents de région. L'accroissement de leurs compétences risque de les amener à recentrer leur action sur l'économie et la formation professionnelle, au détriment des investissements et du secteur associatif. Les communes sont également très touchées, et risquent de perdre toute marge de manœuvre en 2015.

Cette situation, conjuguée avec l'accroissement des besoins, ne peut que se traduire par un abandon des subventions pour les actions ne relevant pas des compétences obligatoires des collectivités, avec des différences très importantes selon les situations locales, les politiques suivies et les secteurs. Cela concerne la culture, l’éducation populaire, l'environnement, le sport, la politique de la ville, la défense des droits..., c'est-à-dire les actions déterminantes les plus porteuses des valeurs fondamentales de la vie associative et de l'avenir de notre démocratie.

Comme vous le savez, bien que les associations ne soient pas subventionnées à 100 %, mais en moyenne à 50 % seulement (le reste de leurs ressources étant principalement apporté par leurs membres sous forme de cotisations ou de rémunération des services rendus), dans bien des cas les subventions publiques sont nécessaires à la survie de leurs actions et leur disparition se traduirait par une perte beaucoup plus importante d'activités d'intérêt général, avec un effet multiplicateur de l'ordre de 1 à 3.

Pour celles des associations qui emploient des personnels permanents, ce serait une véritable catastrophe qui se traduirait, sur le territoire national, par un énorme «plan social» plus important encore que ceux qui touchent l'industrie et les services, d’ampleur équivalente à celle des reconversions industrielles des années 80. Des dizaines de milliers d'emplois seraient supprimés, sans aucune compensation. Partout, des dizaines de milliers de petits liens fragiles constituant le tissu social risqueraient d’être rompus. Leur destruction contribuerait directement au renforcement de la désespérance par rapport à la démocratie, notamment dans les zones rurales et les quartiers, comme le montreraient certainement les prochaines élections si rien n’était fait pour y porter remède.

En outre, l'économie réalisée par l'Etat à cette occasion ne serait qu'illusion: combien de dépenses nouvelles généreraient les 14 milliards d'économies annoncés ?

A titre d'exemple, un salarié associatif, rémunéré 1,2 fois le SMIC pour un emploi non aidé, de plus de 3 ans d’ancienneté, reçoit 15 600 € de salaire net annuel. Il verse, avec son employeur, 12 800 € de cotisations sociales (soit 28 400 € de salaires et cotisations sociales). Si la subvention reçue par l’association est de 50%, « l’économie » générée par sa suppression serait de 14 200 €. Si ce salarié se retrouve au chômage, le coût pour l'assurance-chômage sera de 20 000 € (salaire brut) x 57,4 % = 11 400 € par an pendant 2 ans. Au total, cette décision produit dès la 1ère année 12 800 € de moindres rentrées sociales et 11 400 € d'allocations-chômage supplémentaires. Cela représente un coût public total de 24 200 €, pour une économie de 14 200 €, c'est-à-dire presque 2 fois «l'économie» apparente réalisée. Voilà pourquoi l'annonce faite par le gouvernement, si elle était mise en œuvre, ne pourrait que creuser encore plus le déficit public, comme le montrent par ailleurs les exemples de la Grèce, des pays de l'Europe du Sud ou de l’Irlande qui se sont engagés dans des politiques de rigueur comparables.

En outre, cette approche purement comptable doit être complétée par la prise en compte des effets indirects de ces mesures. Les suppressions d'emplois induites par ces fausses «économies» budgétaires se traduisent par une multiplication des souffrances sociales et des vies brisées dont les conséquences ne sont pas mesurables. Elles ont aussi des effets négatifs directs sur l'économie et l'équilibre des territoires. Elles risquent enfin d'aboutir à la destruction de projets associatifs patiemment construits, nécessaires à la société, intelligemment conduits, et à la perte de l’immense engagement bénévole assuré par les associations citoyennes. Ce bénévolat est créateur de richesses, directes et indirectes. Il est créateur de citoyenneté, de lien social, d'enrichissement culturel et d’éducation à la citoyenneté.

La décision annoncée ne peut s'expliquer que par le cloisonnement des objectifs fixés à chacune des administrations. Au sein du gouvernement, qui a en charge la globalité des choses, c'est au Premier ministre qu'il revient de se préoccuper des conséquences sociales, culturelles et politiques de telles décisions.

Pour leur part, les associations citoyennes refusent d'être considérées comme la variable d'ajustement de tout plan de rigueur. Aussi, se préparent-elles à manifester ce refus durant la semaine du 14 au 22 septembre, tout en affirmant le caractère indispensable de leur rôle pour sortir de la crise et inventer des solutions pour l'avenir.


En vous remerciant par avance de la prise en considération de la réalité associative qui constitue, par son engagement citoyen, un apport essentiel dans le renforcement du tissu social de notre pays, nous vous prions de croire, Monsieur le Premier ministre, à l'assurance de notre haute considération.

 


Pour le collectif des associations citoyennes,

 

Jean Claude BOUAL
Marie Dominique CALÇA,  
Yves GUERRE,  
Christophe MORVAN,  
Didier MINOT,  
Nicole PICQUART,  
Daniel ROYER,  
Colette SPIRE
Alain TREDEZ,  
Bernard VACHERON