jeudi 28 novembre 2013

«Nouvelle Donne» pour le Collectif Roosevelt


Assez !
Larrouturou
et consorts
en ont
plus qu'assez
d'attendre.
Et créent donc
un mouvement
politique...



«Bonjour, Christophe.


La question revenait dans tous les débats organisés par notre collectif depuis quelques mois:
"Si aucun parti ne reprend nos idées, pourquoi ne pas créer un nouveau mouvement politique?"

Depuis 18 mois, nous avons fait tout ce qui était possible pour pousser nos dirigeants à la lucidité et au courage:
. des dizaines de débats publics aux quatre coins du pays,
. près de 30 rencontres à l’Elysée et Matignon, 
. une motion au Congrès du PS rédigée avec Stéphane Hessel, 
. le Manifeste diffusé à plus de 8.000 exemplaires au sein du PS, 
. le livre cosigné avec Michel Rocard envoyé à deux reprises à tous les députés de la majorité…

Au printemps, nous étions tous les mardis devant l’Assemblée Nationale (pendant cinq semaines d’affilée).
Nous avons même fait 4 jours de grève de la faim devant l’Assemblée pour alerter les élus sur la gravité de la crise sociale et politique…
Mais rien ne bouge.

Plus personne, à l’Elysée ou à Matignon, ne croit sérieusement que la croissance va revenir et sera suffisante pour sortir de la crise.
Plus personne n’y croit mais on continue à le répéter!

Face à ce blocage, que faut-il faire?
 
Faire nos bagages et partir en vacances ou bien rentrer dans le champ politique puisqu’on nous dit que ce qui compte «pour de vrai», ce n’est pas la qualité des idées mais le rapport de force politique?

Avec Christiane Hessel, avec Cynthia Fleury, Bruno Gaccio, Patrick Pelloux, Dominique Méda, Jean Gadrey, Susan George, Colette Gros et bien d’autres, nous avons décidé de nous lancer.

Quitte à prendre des coups, nous pensons qu’il faut absolument créer une nouvelle offre politique qui porte des solutions nouvelles mais aussi des pratiques démocratiques nouvelles pour permettre aux citoyens de reprendre la main.

Soyons clairs: il n’est pas question que le Collectif Roosevelt se transforme en parti.
 
Il existe deux structures différentes.

. Le collectif continue évidemment son action: le groupe de Strasbourg a organisé récemment une journée passionnante de débat sur le temps de travail et prépare avec Roosevelt Belgique une grande initiative sur le sujet.
Les Etats généraux du Pouvoir Citoyen que nous avons contribué à lancer ont un planning de travail de 2 ans.
Plus de 140 associations y participent…

. Le mouvement politique que nous venons de créer s’appelle Nouvelle Donne.
Il regroupe des militant-es de Roosevelt mais aussi des ami-es d’autres associations ou de différents partis qui nous rejoignent car ils pensent qu’il faut unir nos forces pour peser vraiment dans le débat.

Du point de vue juridique, ces deux structures sont totalement distinctes mais du point de vue intellectuel et philosophique, Nouvelle Donne est un outil au service des idées du collectif Roosevelt.

L’idée de créer un mouvement politique a été évoquée lors des deux derniers Conseil d’Administration.
Elle a suscité beaucoup d’enthousiasme chez certain-es.
Un peu de surprise pour d’autres.

Mais nous avons toujours été pour la biodiversité: le Collectif Roosevelt rassemble depuis le début des hommes et des femmes engagés dans des partis, des associations ou des syndicats différents mais qui sont heureux de se retrouver autour de valeurs et de solutions communes.
Créer Nouvelle Donne va apporter encore un peu de diversité et va peut-être augmenter nos chances de provoquer un sursaut avant qu’il ne soit trop tard.
On va tout faire pour!

Longue vie au Collectif Roosevelt et bienvenue à toutes celles et tous ceux qui voudraient rejoindre Nouvelle Donne.


Très amicalement,
Pierre Larrouturou.» (1)(2)


 
(1) Reçu ce 28 novembre de Pierre Larrouturou.
(2) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. «Déclaration d'interdépendance»,
. une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les mouvements sociaux en général, puis sur les courants de pensée et modes de vie émergents en particulier.


 

lundi 25 novembre 2013

Ecarts de rémunération. Abus de liens sociaux



                       Un salaire élevé favorise-t-il l'efficacité?
                   Non, affirment l'économiste français Gaël Giraud 
                et la philosophe hexagonale Cécile Renouard.
             Qui consacrent une fort intéressante étude 
          aux écarts de rémunération.
      A limiter absolument. 
   Car ils posent pas mal de problèmes.
Et n'en résolvent aucun... 


Gaël Giraud et Cécile Renouard 
   

«La question des écarts de rémunération légitimes au sein d’une société politique est un enjeu d’efficacité économique, aussi  bien que de justice sociale et écologique.
Après avoir été rayée des agendas politiques depuis une trentaine d’années, elle trouve un regain d’actualité dans le contexte de la crise financière, sociale et écologique.
Il est significatif que dans un pays comme la Suisse, 68% des votants aient approuvé le 3 mars 2013 un encadrement strict des très hautes rémunérations.

Les problèmes posés par les inégalités croissantes de revenus en France sont de différents ordres.
• Les prestations sociales complétant les bas salaires alourdissent le déficit public.
• Contrairement à l'opinion répandue parmi les élites françaises, un salaire élevé n’est pas synonyme d’efficacité accrue. 
Il n’existe pas de marché parfait et complet des hautes rémunérations, qui allouerait équitablement le risque et le capital. 
De plus, le travail socialement utile n’est pas valorisé à sa juste mesure. 
Dès lors, les hautes rémunérations ne sont fixées ni selon la logique d'un marché du travail concurrentiel, ni en fonction de la logique contributive.
Lorsque les inégalités augmentent, même les plus favorisés pâtissent de la dégradation du lien social.    
• Enfin, la préservation des écosystèmes et la transition écologique impliquent une réduction de la consommation "carbonée" des populations les plus favorisées aussi bien qu’une augmentation du pouvoir d’achat des plus pauvres en vue d’une consommation de produits ‘verts’ .
Le débat public est nécessaire: un sondage montre que les Français, en matière de différence de revenu s, sont en grande majorité favorables à un facteur 10.
De plus un écart de 1 à 11 existe déjà dans la fonction publique. 
Enfin une prise de conscience se fait jour de l’impasse technique et politique liée à l’augmentation exponenti elle des écarts de rémunération dans les entreprises.

Pour mettre en place un écart de 1 à 12 entre les revenus des Français, nous proposons de créer un impôt sur le revenu remplaçant un grand nombre de taxes existantes, prélevé à la source sur les revenus du capital et du travail. 
Adopter le Facteur 12 consisterait à rétablir une progressivité de cet impôt, allant de 2 % pour 1.100 euros de revenu mensuel brut à 83 % pour 100.000 euros et plus de revenu mensuel brut. 
L’Etat pourrait aussi faire de l’application de ce Facteur 12 dans les entreprises une condition nécessaire d'éligibilité pour les appels d'offres publics et les partenariats public/privé.»


Gaël Giraud et Cécile Renouard


Lire ici l'étude complète.


(1) Economiste et directeur de recherches au CNRS, Gaël Giraud  est aussi membre 
. du Centre d’Economie de la Sorbonne
. du LabEx REFI  (régulations financières), 
. de l’Ecole d’Economie de Paris,
. du Conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot. 
(2) Cécile Renouard est philosophe, maître de conférences au Centre Sèvres, directrice du programme de recherche «Entreprises et dével oppement des pays émergents» au sein de l'Institut Iréné-ESSEC et membre du Conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot.
(3) Giraud Gaël et Renouard Cécile, Limiter les écarts de rémunération. Un enjeu d’efficacité économique et de justice écologique et sociale, Think-tank, novembre 2013.
(4) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. « Déclaration d'interdépendance»,
une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les mouvements sociaux en général, puis sur les courants de pensée et modes de vie émergents en particulier.


jeudi 21 novembre 2013

Réduction du temps travail: l'heure a sonné !




 





















La sociologue française 
Dominique Méda  (1) 
met les montres à l'heure.
Face à la crise de l’emploi 
et aux mutations du travail, 
il n'y a pas grand chose 
à attendre 
d'un hypothétique retour 
de la croissance.
Cessons donc 
de céder au chant de sirènes ! 
Et prenons enfin 
le taureau par les cornes !
En optant 
pour un partage contrôlé 
du temps de travail.
Et en rendant du sens 
à ce dernier. 

Nous traversons actuellement une double crise: celle de l’emploi et celle du travail.
- Au chômage proprement dit se superpose aujourd'hui le phénomène du «halo du chômage» (2) qui ne fait que s’amplifier. 
D'un côté, donc, les sempiternels chercheurs d'emploi sans aucune activité.
De l'autre,
désormais, ceux qui exercent des activités réduites. 
- Circonstance aggravante: il faut aussi compter avec les personnes dont les trajectoires mêlent contrats très courts ou périodes d’intérim et avec celles en sous-emploi (3)
- Pire: il faut encore, pour prendre la mesure de cette crise, tenir compte de la «déstabilisation des stables» (4): outre les personnes en emploi «précaire», une partie de celles en CDI ne sont plus véritablement protégées, en raison...
. des licenciements (dont seule une toute petite partie fait l’objet d’un plan de sauvegarde de l’emploi), 
. des fermetures et liquidations d’entreprises,
. du nombre croissant de ruptures conventionnelles. 
De là la crainte qui, dorénavant, colle à la peau de tous les actifs: celle de perdre son job, sans la moindre perspective d'en retrouver un du même niveau.
- Pire encore: s'ajoute la montée en puissance du «travail déboussolé», soit la perte de sens imputée à l’obsession actuelle pour la rentabilité et la productivité, qui empêche d’effectuer un travail de qualité.

Fermez la parenthèse

Pouvons nous, dans ces conditions, nous accorder le luxe de pousser sur la touche pause?
Non, affirme Dominique Méda.
Pas question de se contenter d’attendre le retour de la croissance. 
Car nous ignorons s’il aura lieu.
Tout laisse même penser que la forte croissance des Trente Glorieuses a constitué une exception. 
Une sorte de parenthèse qui s'est refermée dès... 1968 pour céder la place à une baisse tendancielle.

Barème de partage
 
Il existe pourtant un moyen immédiat de lutter contre l’extension du chômage, poursuit la sociologue. 
Il passe par un partage du volume existant d’heures prestées.
Et donc par la généralisation d'une diminution du temps de travail.
Un solution qui, qu'on le veuille ou non, s'inscrit dans l'air du temps, aucun pays développé n'ayant échappé, ces dernières décennies, à la règle générale de la réduction moyenne.
Et notre guide d'y aller d'une conclusion sans ambages: la semaine de quatre jours et l'abaissement (par paliers) à 30 heures apparaissent plus que jamais comme les meilleurs moyens de réintégrer rapidement ceux qui sont exclus de l'emploi tout en améliorant les conditions de vie des autres.


D'après Dominique Méda (1)


Lire ici l'article (5) complet. (6)


(1) Dominique Méda est sociologue, philosophe, professeure à l’Université Paris-Dauphine et chercheure associée au Centre d’études de l’emploi. Elle est notamment l’auteure de Réinventer le travail, PUF, Paris, 2013 (avec Patricia Vendramin) et de Au-delà du PIB. Pour une autre mesure de la richesse?, Flammarion, Champs actuel, 2008.
(2) Cézard Michel, Le chômage et son halo,  Economie et statistique, vol. 193, n°193-194, 1986, pp.77-82. 
(3) Selon les normes du Bureau International du Travail (BIT), le sous-emploi comprend 
. les personnes ayant un emploi à temps partiel qui souhaiteraient et pourraient travailler davantage,
. celles ayant travaillé moins que d’habitude en raison d’un chômage technique ou partiel. 
(4) Castel Robert, Les métamorphoses de la question sociale. Une chronique du salariat, Fayard,Paris, 1995.
(5) Ce message résume l'article: Méda Dominique, Réduire le temps de travail reste la solution!, in Revue Projet. Eclairer l'avenir, 23 octobre 2013.
(6) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):  
. «Ecarts de rémunération. Abus de liens sociaux»,
. « Déclaration d'interdépendance.»,
 . une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les mouvements sociaux en général, puis sur les courants de pensée et modes de vie émergents en particulier,
. ...