dimanche 6 mars 2011

Commerce équitable. C’est une très bonne question…


Le commerce équitable
produit-il

des effets sensibles
sur les conditions de vie
des producteurs

méridionaux?
Et sa généralisation
permettrait-elle,
le cas échéant,
de modifier
les conditions

de vie
des populations

défavorisées
du Sud?

Comment répondre judicieusement à de telles questions sans évaluer la réalité et le bien-fondé de l’impact du commerce équitable?
Une mission que s’assignent un certain nombre d’études.
Qui soulignent l'existence de nombreux effets positifs.
Mais qui précisent aussi l'ampleur relativement réduite de ceux-ci.
En outre, interviennent Aurélie Carimentrand et Jérôme Ballet (1), «on ne peut pas parler d’impact du commerce équitable, mais seulement d’impact de différentes formes de commerces dits équitables.» (2)
On s’interrogera donc utilement sur les conditions de réussite du commerce équitable.
Et en particulier sur quatre d’entre elles:
. la professionnalisation des producteurs les plus vulnérables,
. la sensibilisation du consommateur final (pour qu’il achète plus),
. le raccourcissement des circuits,
. un travail législatif qui permettrait d’«harmoniser vers le haut», c’est-à-dire de ramener tous les labels au niveau des meilleurs…

Professionnaliser les producteurs les plus vulnérables

«Il faut distinguer entre les producteurs en situation de vulnérabilité et ceux déjà plus professionnalisés, expliquent nos deux économistes.
Dans le premier cas, le commerce équitable apporterait une certaine sécurité sur les ressources sans que cela ne se traduise par un accroissement majeur.
Dans le second cas, le commerce équitable favoriserait surtout l’investissement dans les outils de production et permettrait donc un accroissement futur de revenu. (…)
Les individus les plus défavorisés risquent d’être régulièrement écartés des circuits du commerce équitable en raison des exigences de qualité des produits, de respect des délais de livraison et d’adaptation à de nouveaux produits.» (3)
L'avenir de la formule pourrait donc bien passer par une forme quelconque d'aide à la professionnalisation des producteurs les plus vulnérables.

Sensibiliser le consommateur final pour qu’il achète plus

On a vu que, pour arriver à ses fins, le commerce équitable doit pouvoir compter sur la bonne volonté du consommateur final.
Hors augmentation de la demande, point de salut! (4)

Raccourcir les circuits

Rappelons ici ce que nous écrivions le 12 février dernier (5): les circuits longs tendent toujours à accroître le risque de vider de leur substance les garanties apportées aux consommateurs en matière d’équité.
Du coup, les acteurs du commerce équitable auraient tout intérêt à se mettre en position de contrôler toute la chaîne, de la production à la distribution, pour se donner les meilleures assurances de succès.

Légiférer dans le sens d'une harmonisation vers le haut

Inutile de revenir à ce stade sur l'insuffisance de clarté qui caractérise
. les règles du commerce équitable,
. la concurrence que se livrent les différentes organisations pour dominer le marché (6).
Une double nébulosité qui contribue à brouiller les pistes.
Au point de décourager le consommateur un tant soit peu soucieux de vérifier l’impact de ses actes d’achat.
Il s’agit dès lors de chercher à mettre en œuvre les moyens législatifs adéquats.
«Mais on peut là aussi avoir des doutes sur la portée de la législation, considèrent nos guides hexagonaux.
Ne risque-t-elle pas d’être une législation minimale qui servirait surtout les moins bons labels?» (7)
Le but, en effet, devrait moins consister à unifier les pratiques qu’à ramener tous les labels au niveau des meilleurs.
Un objectif démesuré?

Christophe Engels

(1) Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines.
(2) Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé les 19-21 juin 2006 par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l'Université du Québec à Montréal (Montréal, Québec, Canada), p.27:
http://www.crsdd.uqam.ca/.
(3) Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, ibidem, p.17:
http://www.crsdd.uqam.ca/.
(4) Pour plus de précision sur ce point, on se référera utilement au message «Commerce équitable. L’envers du décor.»
(5) Pour plus de précision sur ce point, on se référera utilement au message «Commerce équitable. Objectif: court circuit.»
(6) Pour plus de précision sur ce point, on se référera utilement au message «Commerce équitable. La grande vadrouille.»
(7) Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, ibidem, p.27: http://www.crsdd.uqam.ca/.

1 commentaire:

  1. Invitation à un cycle de rencontres pour trouver et retrouver celles et ceux
    qui pensent, ressentent, agissent comme vous…
    autour du thème
    "Comment nous pouvons changer ce monde ".

    Vous faites partie des nombreuses personnes qui contribuent au développement d'une société porteuse de sens, responsable et solidaire.
    Vous avez probablement participé à l'une des deux grandes rencontres annuelles des Créatifs Culturels en Belgique, en août 2009 à Louvain-la-Neuve ou à Floreffe fin 2010.
    Nous vous proposons en 2011 de participer à un cycle de rencontres, chacune s'étalant sur une demi-journée; des moments dont le maître mot est:
    "se rencontrer pour construire ensemble notre capacité personnelle et collective à participer à l'évolution de la société".

    Vous êtes donc cordialement invité(e) à retrouver d'autres créateurs de culture lors du cycle 2011 qui se met actuellement en place.

    Un autre monde est en train d'émerger, soyons-en un des acteurs.

    Première rencontre le dimanche 3 avril après-midi (inscription nécessaire).

    Tous les détails sur www.creatifsculturels.be/dimanchesCC

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