vendredi 6 avril 2012

CNV. Demandez et l'on vous ouvrira...

Expliciter ma demande.
La faire porter
sur des actes concrets
et accessibles.
Avoir recours
à un langage
d’action
positif.
Eviter les formulations
vagues,
abstraites
ou ambiguës.
Autant de prescriptions
de la Communication
Non Violente...

La quatrième composante de la Communication Non Violente se focalise sur la demande.
Celle dont tu es l'auteur.
Mais aussi celle qui vient de moi.
En tout état de cause, cette requête se doit d’être explicite.
Car si elle ne l’est pas, elle risque toujours de renvoyer à des revendications inconsidérées.
Par exemple, j’attendrai de toi... que tu approuves en souriant tout ce que je fais!
Dixit Marshall Rosenberg (1).
Qui précise...
«L’emploi d’un langage vague et abstrait masque souvent ce type de jeux oppressifs entre individus.» (2)

Expliciter ma demande

Selon le psychologue américain, sentiments d’insatisfaction et dépressions proviendraient largement du fait que moi-même, je ne sais pas très bien ce que j’attends de l’autre.
«Je pense que dès lors que nous disons quelque chose à quelqu’un, nous lui demandons quelque chose en retour, écrit notre homme.
Ce peut être un simple rapport d’empathie, une reconnaissance verbale ou non verbale (…).
Nous pouvons également demander de l’honnêteté, car nous souhaitons connaître la réaction sincère de notre interlocuteur à nos paroles, ou encore une action dont nous espérons qu’elle satisfera nos besoins.
Plus nous sommes précis sur ce que nous attendons de l’autre, plus nos besoins ont de chances d’être satisfaits.» (3)
Après avoir pris le risque d’exprimer mes sentiments et mes besoins, je voudrai en général savoir...
. ce que ressent mon interlocuteur,
. ce qu’il pense,
. ou s’il est disposé à entreprendre une action spécifique.
«L’emploi de la CNV requiert que nous soyons conscients des formes précises de sincérité que nous aimerions recevoir et que nous formulions cette demande d’honnêteté dans un langage concret» (4), poursuit Rosenberg.
Avant d'ajouter que, pour que les demandes soient reçues comme telles, un préalable s'impose...
«Le destinataire ne doit pas craindre de faire l’objet de critiques ou de représailles au cas où il n’y donnerait pas suite.» (5)
Si cet impératif de sincérité n’est pas rencontré, les demandes seront en effet reçues comme des exigences par mon vis-à-vis.
Qui hésitera alors entre deux types de réaction: la soumission ou la révolte.
«Nos interlocuteurs seront d’autant plus enclins à entendre des exigences dans nos demandes que nous les aurons par le passé critiqués, réprimandés ou culpabilisés lorsqu’ils n’accédaient pas à nos désirs.» (6)
Pire: «Si d’autres personnes ont employé avec eux ces tactiques, nous en paierons aussi le prix.» (7)
Rappelons-le: la façon la plus convaincante de démontrer la sincérité de ma demande, ce sera de faire preuve d’empathie en cas de refus.
«Choisir de demander plutôt que d’exiger ne signifie pas qu’il nous faille baisser les bras face à un refus, mais implique que nous ne tenterons pas de persuader l’autre avant d’avoir écouté avec empathie ce qui l’empêche de répondre favorablement à notre demande.» (8)
Reste que ma sollicitation ne pourra jamais être entièrement sincère si je ne suis pas lucide par rapport à l’objectif qui la motive.
«Si notre seule intention est de changer les autres et leurs comportements pour qu’ils se plient à nos quatre volontés, ce n’est pas la CNV qui nous permettra de parvenir à nos fins.
Le processus est destiné à ceux d’entre nous qui souhaiteraient non seulement que les autres changent et réagissent favorablement, mais aussi qu’ils le fassent de leur plein gré et du fond du coeur.» (9)
La CNV se fixera donc pour but d’établir une relation fondée sur la sincérité, l’empathie et la lucidité.
«Dès lors que les autres comprennent que nous nous attachons en premier lieu à la qualité de la relation et que nous attendons de ce processus qu’il satisfasse aussi bien leurs besoins que les nôtres, ils peuvent être assurés que nos demandes sont sincères et ne dissimulent aucune exigence. (…)
Mais il arrive aussi que, bien que nous soyons conscients de notre intention et que nous veillions à exprimer correctement notre demande, certaines personnes entendent tout de même une exigence.
Cela arrive surtout aux personnes qui détiennent un certain pouvoir et s’adressent à des gens qui ont été confrontés à des supérieurs autoritaires.» (10)

Répondre à ta demande

Exprimer ma demande, c’est bien.
Mais ce n’est pas suffisant.
Car il conviendra encore de t’inciter à faire de même de ton côté.
En te posant même, si nécessaire, la question ad hoc
«Comment pourrais-je te dire ce que j’aimerais te voir faire sans donner l’impression de ne pas me soucier de tes désirs?» (11)

(A suivre)

Christophe Engels (d'après Marshall Rosenberg)

(1) Fondateur du Centre pour la Communication Non Violente, Marshall Rosenberg a écrit plusieurs ouvrages, dont Les mots sont des fenêtres (ou des murs), Introduction à la Communication Non Violente, Jouvence, Thonon-les Bains (France), 1999-2005.
(2) Rosenberg Marshall, idem, p.97.
(3) Rosenberg Marshall, idem, p.101.
(4) Rosenberg Marshall, idem, p.104.
(5) Rosenberg Marshall, idem, p.104.
(6) Rosenberg Marshall, idem, p.107.
(7) Rosenberg Marshall, idem, p.107.
(8)
Rosenberg Marshall, idem, p.109.
(9) Rosenberg Marshall, idem, p.109
(10) Rosenberg Marshall, idem, p.111.
(11) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à un dernier aspect de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par et d'après Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme (par Vincent Triest,...)....

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