lundi 27 janvier 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (11). L'indignation, en long et en large

 




 



                                                  
                                                    Les indignés pèchent-ils 
                                                    par leurs objectifs 
                                                    insuffisamment concrets?
                                                    Recourent-ils 
                                                    à des démarches trop incantatoires?
                                                    Sans doute.
                                                    Mais, comme se le demandait 
                                                    Thierry Verhelst,  
                                                    anthropologue belge 
                                                    récemment disparu,  
                                                    «qui donc possède 
                                                     les bonnes réponses?
                                                     Nous sommes 
                                                     à une époque charnière 
                                                     où l'humanité se cherche 
                                                     un autre avenir.
                                                     Il n'est pas raisonnable 

en ces circonstances 
d'exiger des programmes 
parfaitement ficelés.»
D'où ces propos, 
publiés, à la mort de Stéphane Hessel,
par le Guardian.
Qui inscrit l'indignation 
dans une perspective historique.    
Et considère que l'influence 
du Français né Allemand 
persiste un peu partout.
Urbi et orbi.



«Il arrive que des pays, sinon des civilisations entières, prennent de mauvaises habitudes. 
Voire pire...
C’est pourquoi, du temps des prophètes jusqu’à nos jours en passant par l'époque des Savonarole et autre Luther, l’indignation, la colère et les appels à un ressaisissement moral se sont de tous temps révélés nécessaires. 
Une adrénaline sociale qui a des effets à la fois créatifs et destructeurs.
Sans que, le plus souvent, nous ne comprenions lesquels finiront par prévaloir.»

Un coup de barre? 

Indignez-vous! 
Et ça repart...

«Mais qui pourrait nier le besoin de personnalités comme Stéphane Hessel (...) ou Beppe Grillo, qui va très bien, merci. 
Hessel, dont le pamphlet Indignez-vous! s’est répandu un peu partout sur la planète et a été traduit dans des dizaines de langues, a servi de source d’inspiration aux partisans de Grillo autant qu'aux indignados espagnols ou aux manifestants américains d’Occupy Wall Street
L’indignation, c'est autre chose que la révolution, la rébellion et la restauration, même si tout est dans tout. 
Lui arrive-t-il de s'avérer simpliste, feinte ou hors de propos?
Peut-être.
Mais sans elle, la vie s'enfoncerait dans une perpétuelle routine. 
Brisant systématiquement dans l'oeuf la moindre perspective de nouveau départ.» (1)

(A suivre)

C.E.

(1) Ce message est l'adaptation française d'un texte paru dans The Guardian au lendemain de la mort de Stéphane Hessel.
(2) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute): la suite d'une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents.




«Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s'y prendre de manière violente. 
Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l'idée de révolte ne viendra même plus à l'esprit des hommes. 
L'idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées. 

Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l'éducation, pour la ramener à une forme d'insertion professionnelle. 

Un individu inculte n'a qu'un horizon de pensée limité, et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l'accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. 

Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l'information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. 
Surtout pas de philosophie. 

Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe: on diffusera massivement, via la télévision, des informations et des divertissements flattant toujours l'émotionnel ou l'instinctif. 
On occupera les esprit avec ce qui est futile et ludique. 

Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d'empêcher l'esprit de penser. 
Comme tranquillisant social, il n'y a rien de mieux. 
En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l'existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d'entretenir une constante apologie de la légèreté; de sorte que l'euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.» (1)

(1) Huxley Aldhous, Le Meilleur des mondes, Pocket, 1977 (1932)