samedi 15 janvier 2011

Investissement solidaire et commerce équitable. Faits pour s’entendre…

Briser le carcan réductionniste
d’un «homo economicus»
aux visées fondamentalement,
voire exclusivement,
individualistes et matérialistes?
Un objectif commun
à la finance solidaire
et au commerce équitable.
Qui, pour autant, n’envisagent
ni l’une ni l’autre
de se contenter d’en appeler
à la solution de facilité
d'un processus de régulation
aussi traditionnel
que lacunaire.
Décidément, ces deux-là
sont faits pour s’entendre…


Finance solidaire et commerce équitable, même combat?
Oui, estiment bon nombre d’économistes. Dont le directeur d’une coopérative de crédit social belge (1), Michel Genet…
«Finance solidaire et commerce équitable sont le fait de citoyens qui, tout en s’intégrant dans le cadre d’une économie de marché, ont voulu aménager celle-ci pour y insuffler des valeurs qui, d’habitude, dépassent l’Homo economicus.» (2)
D’un côté, donc, un épargnant solidaire qui, loin de se borner à maximiser le return immédiat de son investissement, accorde aussi une importance déterminante à la perspective de son impact sur la cohésion sociale ou l’environnement…
Et de l’autre, un consommateur-citoyen qui, faute de se satisfaire de maximaliser son utilité, entend intégrer dans son acte d’achat une dimension d’équité et d’aide au développement …

Proximité de motivation

Pour Genet, l’émergence des deux mouvements renverrait à une seule et même explication: la déficience de la régulation dans son rôle de grand ordonnateur des marchés.
Ainsi, le succès des placements solidaires se serait construit en réaction à l'incapacité affichée par les pouvoirs publics de contrer une évidente «mauvaise volonté»: celle mise par les entreprises à prendre leurs responsabilités face aux effets secondaires (3) de leurs opérations économiques, tant sur le plan social qu’en matière environnementale.
Quant à la montée en puissance du commerce équitable, elle s’enracinerait dans le terreau d’une indignation: celle née de l’impossibilité manifeste de brider la croissance des inégalités entre acteurs du marché, les plus forts persistant à imposer des rapports d’échange toujours plus défavorables aux «petits».

Proximité d’enjeu

Deuxième type de proximité: celle des enjeux.
Finance solidaire et commerce équitable sont en effet confrontés à un risque de perversion similaire.
Perversion, d’une part, liée à une récupération par les banques de la notation éthique de leurs fonds d’investissement, l’option de l’internalisation permettant de mettre sur la touche ces «empêcheuses de tourner en rond» que sont les agences indépendantes.
Perversion, d’autre part, découlant du lancement (4) de labels bien moins ambitieux que leurs prédécesseurs.

Proximité de terrain

Proximité des motivations et des enjeux, donc. Mais aussi proximité de terrain.
Car désormais, les institutions de finance solidaire comptent parmi leurs clients des organisations de commerce équitable...
«Crédal, par exemple, a financé des acteurs aussi importants que Max Havelaar, Oxfam, Magasins du Monde ou encore Citizen Dream, confie notre guide. Il apparaît maintenant évident que l’objectif de rendre l’économie plus citoyenne ne pourra être atteint qu’en coalisant ces forces afin de sensibiliser un maximum de citoyens. Un monde plus juste est à ce prix.» (2)

Christophe Engels

(1) Crédal.
(2) Genet Michel, L'investissement solidaire: l'argent équitable, Louvain (Revue bimestrielle de l’Université catholique de Louvain), n°162, avril 2006, p.26.
(3) Les économistes parlent d’«externalités», une notion initialement proposée par A. Marshall pour désigner l’impact d’une opération économique entre A et B sur un facteur C qui n’était pas a priori concerné.
(4) Notamment par des grands toréfacteurs privés.

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