samedi 17 novembre 2012

Actu. Monsieur Barroso, Madame Merkel...

Les agrocarburants?
Dixit le Belge Eric Watteau.
Qui y va d'une nouvelle lettre ouverte.
A José-Manuel Barroso (1).
Et à Angela Merkel (2).


Monsieur le Président,

J'assiste avec effroi à une tiers-mondisation sociale de l'Europe. Alors que les grandes richesses n'en finissent pas d'enfler, de plus en plus de malheureux sont mis sur le bas-côté de la route. Ils n'ont pas d'emploi, ont leurs allocations sociales diminuées, perdent leur logement, et ils ne peuvent plus se nourrir décemment.

Face à ce développement de la faim au niveau de l'Europe, la société civile a tant bien que mal organisé une réponse. Notamment au travers des banques alimentaires.

Dans le journal Le Soir de ce vendredi 2 novembre, pp2-3, il est fait état que l'Union européenne mettra fin le 1er janvier 2014 à son programme d'aide alimentaire, qui profite à 18 millions de personnes dans 20 Etats membres. La décision fait suite aux réticences de certains pays comme l'Allemagne, à financer le programme. Pour l'Allemagne comme les autres pays (ils sont 5), l'aide alimentaire doit être prise en charge par les gouvernements nationaux. 

La Commission européenne a en conséquence engagé un programme alternatif: créer un fonds d'aide européenne aux plus démunis. Le président de la fédération des banques alimentaires belges signale qu'il a toutefois beaucoup de points faibles. D'abord, au niveau du financement global: il prévoit seulement 360 millions d'euros d'aide par an, ce qui ne couvre absolument pas les besoins qui se chiffrent à 625 millions. Ensuite, le fonds n'est pas seulement destiné à distribuer de la nourriture mais peut aussi distribuer d'autres biens. C'est un programme fourre-tout  - qui doit aussi être financé par les Etats - et qui ne répond donc pas aux besoins alimentaires des populations déshéritées d'Europe. Le Soir ajoute qu'aujourd'hui, le programme se chiffre à 500 millions: cela signifie aussi une diminution drastique des montants disponibles. 

Monsieur le Président, cette situation de crise en matière alimentaire, qui je le répète, va frapper les plus déshérités d'Europe, doit être attribuée au développement des agrocarburants. La politique énergétique européenne - qui utilise les surplus alimentaires pour faire rouler des véhicules - est la grande responsable de cette situation. Avant, on utilisait les surplus pour notamment nourrir les populations les plus vulnérables. Cette utilisation était légitime. Aujourd'hui, les surplus ont disparu et c'est devenu une dépense budgétaire pour l'Union de nourrir les plus pauvres. Alors, on supprime cette action de l'Union. Cette dernière décision est illégitime. Comme la politique qui a été menée par les Etats européens, Allemagne en tête, qui ont agi devant la Cour de Justice européenne pour faire supprimer cette dépense budgétaire.


Madame la Chancelière, Angela Merkel.

Madame, la position tenue par l'Allemagne n'est pas défendable. Je vous rappelle la lettre que je vous ai écrite le 21 septembre 2011, en annexe.

Je voudrais vous rappeler le pourquoi de l'existence du droit à l'alimentation, à savoir de l'article 11 du Pacte des droits économiques, sociaux et culturels. Ce droit est né à cause de la deuxième guerre mondiale. Et pourquoi ? C'est parce que des gens sont morts de faim dans les camps de concentration ou d'extermination allemands, parce que des populations des territoires occupés par l'Allemagne ont été exterminées par la faim. Vu son histoire, l'Allemagne a une responsabilité politique particulière à ce qu'il n'y ait personne qui souffre de la faim sur le territoire de l'Union. C'est une responsabilité historique. Il n'est pas acceptable que des gens bien payés (des politiciens, des fonctionnaires) qui mangent à leur faim tous les jours aient agi devant des tribunaux - comme ils l'ont fait devant la Cour de Justice européenne - pour enlever des moyens financiers disponibles pour nourrir les pauvres.

Je voudrais aussi vous rappeler Mme Merkel que pendant la guerre, l'Allemagne s'est approvisionnée sans vergogne dans les territoires occupés pour nourrir sa population et ses troupes sans aucune considération pour les populations affamées par ce type de comportement.  

Madame Merkel, la présence de l'Allemagne au sein de l'Union européenne s'explique à partir de la 2e Guerre Mondiale. Votre gouvernement ne doit jamais oublier les leçons de cette période. Au niveau de l'impact sur la Belgique, je regrette toujours  cet autre exemple d'une décision incroyable et illégitime prise par les autorités fiscales allemandes de taxer les rentes versées aux déportés belges du travail obligatoire en Allemagne et à leurs ayants-droits. Il y a là un  manque total de conscientisation historique. Selon les contacts que j'ai pu avoir avec des familles de ces victimes de guerre, cela a ravivé des douleurs aigues, des sentiments d'injustice, de la révolte et une incompréhension totale.  

Vous trouvez sans doute que je vous rappelle des choses désagréables ? Qui ne doivent plus être dites dans le cadre de l'amitié entre les peuples européens ? Sachez que pour ceux qui ont faim, cette amitié et bienséance européennes ne sont que des vains mots. Vous nourrissez bien votre famille ! Permettez aux plus pauvres de nourrir aussi leurs familles. Ne faites pas endosser vos responsabilités aux personnes charitables.

Pour conclure, l'Allemagne doit agir selon ses responsabilités historiques. Vu son poids indéniable dans l'Union européenne, elle doit aider à remettre en place sans tarder pour 2014 un financement à la juste hauteur des organismes qui veillent à nourrir les populations les plus déshéritées. Il faut donc 625 millions d'euros pour subvenir aux banques alimentaires européennes. Madame Merkel, je compte bien sur votre implication personnelle dans ce dossier.


Monsieur le Président Barroso,

L'Europe fait fausse route avec les agrocarburants. Parce qu'ils ont épuisé les surplus de récoltes, les agrocarburants conduisent notamment les populations européennes marginalisées à souffrir de la faim.  Au-delà de ce débat, il faut veiller à ce que l'Europe respecte strictement ses obligations liées au droit à l'alimentation tel que visé par l'article 11 du PIDESC. Elle doit donc revoir ses budgets d'aide alimentaire à la hausse de manière que les banques alimentaires aient suffisamment de quoi pour nourrir les malheureux soufrant de la faim en Europe.


Madame la Chancelière, Monsieur le Président,
Ce n'est pas par plaisir que je vous écris ces revendications et que je dois sacrifier mon temps libre à cela. Fondamentalement, je suis effaré et chagriné au plus haut point par le manque de cœur et de conscience des hauts dirigeants qui - par faiblesse - n'hésitent pas à sacrifier d'abord et avant tout les plus faibles. Ce genre de politique ne peut plus durer !

Je vous prie de croire à l'assurance de ma haute considération.


Eric Watteau
Chemin du Grand Sart 32
1325  Bonlez
Belgique

Copie au Rapporteur des Nations Unies sur le droit à l'alimentation, Monsieur Olivier De Schutter, aux gouvernements belges, aux partis belges, à différentes institutions et à des ONG.

(1) Président de la Commission européenne.
(2) Chancelière allemande.

3 commentaires:

  1. Colloque CeaQ 12/12/12

    Bonjour à tous,

    Le Centre d'Etude sur l'Actuel et le Quotidien (CeaQ) a le plaisir de vous annoncer le colloque international du 12/12/12 LA FAIM DU MONDE

    avec la présence de Michel MAFFESOLI (Sorbonne-IUF), Zygmunt BAUMAN (University of Leeds), Denis JEFFREY (Université de Laval), Bennetta JULES-ROSETTE (University of San Diego), Fabián SANABRIA (Universidad Nacional Colombia), Patrick TACUSSEL (Université Paul Valéry Montpellier 3).

    Le colloque aura lieu de 14h30 à 17h30 en Sorbonne, Salle du Conseil (12 rue de l'école de médecine, 75005 Paris).

    Au colloque fera suite la rencontre "Les invitations à l'imaginaire" à 19h à la Fondation d'Entreprise Ricard (12 rue boissy d'anglas, 75008 Paris) avec Michel Maffesoli, Patrick Tacussel, Gianni Vattimo.

    Pour plus de renseignement sur le programme: restez connecté sur notre site ici

    Très cordialement,

    Le CeaQ


    Le CEAQ (Centre d'Etude sur l'Actuel et le Quotidien) est un laboratoire de recherche à vocation internationale qui s'intéresse principalement aux nouvelles formes de socialité et à l'imaginaire sous ses formes multiples.
    Centre d'Etude sur l'Actuel et le Quotidien Bâtiment Jacob
    Bureau 527bis
    45, rue des Saint Pères
    75006 Paris
    Tél. / Fax: 00 33 (1) 42 86 46 34

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  2. Bonjour,

    Contre la marchandisation de l'eau
    http://www.right2water.eu/fr
    Ceci est une pétition -une Initiative citoyenne européenne- pour défendre la notion de l'eau (accès, distribution, prix) et de son assainissement (réseau d’égouttage, retraitement des eaux) comme bien public et droit universel et pour contrer sa marchandisation c.à.d. la volonté de faire de l'eau une marchandise comme n'importe quelle autre, soumise à la libéralisation, à la privatisation et au libre marché, de faire des services publics de gestion et de distribution de l'eau des entreprises commerciales à but exclusivement lucratif (des Electrabel/GDF SUEZ de l'eau) et de l'eau une denrée négociable sur le marché des matières premières et de l'énergie.
    Je vous conseille de lire les pages FAQ et A propos, elles sont très instructives.
    Cette pétition émane de la FSESP, la Fédération syndicale européenne des services publics qui représente 275 organisation syndicales européennes et des associations de défenses des droits humains, de l'environnement, des consommateurs, des femmes. de la santé, anti-pauvreté...
    Les expériences de libéralisation des services publics de l'eau ont toutes abouti à des dégradations des services, des augmentations importantes des tarifs, des détériorations des réseaux et des infrastructures. Cf. l'excellent film-documentaire Waters make Money. (Je pense qu'on peut le voir au moins en partie ici)
    Il s'agit d'une Initiative citoyenne européenne, pratiquement notre seul droit et moyen de faire entendre notre point de vue aux institutions européennes.
    Voici les conditions de recevabilité:
    - Au minimum un million de signatures de citoyens issus d'au moins un quart des États membres de l'Union ;
    - Le comité organisateur doit être composé d'au moins sept membres résidant dans au moins sept États membres de l'Union différents ;
    - Les signatures doivent être collectées dans l'année suivant la confirmation de l'enregistrement de la proposition par la Commission ;
    - Le nombre minimum de signatures par État est calculé en multipliant son nombre de députés au Parlement européen par 750. Voir cette page pour les autres pays.
    En Belgique, cela signifie qu'il faut que 16500 citoyens signent cette initiative avant juillet 2013 sinon notre avis ne sera pas pris en compte, l'eau sera libéralisée et soumise à la concurrence comme progressivement tous les aspects de nos existences et toujours à notre détriment: énergie, transport, santé, services, éducation...
    L'eau n'est ni un bien, ni un luxe, ni un choix, ni quelque chose qu'on devrait pouvoir s'approprier. L'eau est ce qui nous compose majoritairement et dont l'absence nous tue immanquablement.
    Faites circuler!
    http://www.right2water.eu/fr

    Eric Watteau

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  3. Poursuivre (1)
    Groupe de Bruxelles

    Invitation

    Notre monde évalue entre l’individualisme néo-libéral et le collectivisme totalitaire. Il importe d’examiner notre société qui voit la crise des idéologies tarauder les esprits et paralyser les réflexions. Le scepticisme envahit, le cynisme recrute, l’a-politisme grandit. Les responsables, en panne de projets, sont ballottés entre deux extrêmes dont la majorité de nos concitoyens ne veulent plus. Les électeurs eux-mêmes flottent, désemparés, frustrés par l’absence de perspectives claires.

    Le personnalisme pourrait-il apporter un début de réponse aux angoisses contemporaines ?

    Pour tenter de répondre à la question, en dehors des idées reçues et du prêt-à-penser, nous avons demandé à deux personnalités éminentes de venir nous donner leur point de vue. Ils guideront notre réflexion par un:

    Dialogue pour un Personnalisme Pluraliste

    A partir et au-delà d'Emmanuel Mounier,
    comment "poursuivre" l'œuvre de celui-ci
    en élargissant, revivifiant et laïcisant le personnalisme ?


    Intervenants

    Marcel Bolle De Bal, est Docteur en Droit (ULB) et Licencié en Sciences Economiques et Financières (ULB). (ULB), diplômé en Industrial Relations (Université de Chicago). Professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles (sociologie et psychosociologie), il a présidé le Collège scientifique de l’Institut de Sociologie (ULB) et la Faculté des Sciences Psychologiques et Pédagogiques. Il a rédigé de nombreux livres comme auteur unique, en a écrit d’autres en collaboration. Sociologie, philosophie et spiritualité laïques en sont les thèmes privilégiés.

    Vincent Triest, est licencié en Droit (UCL). Il travaille comme conseiller général au Service Public Fédéral Personnel et Organisation (SPF P&O). Passionné par "l’humanisme des personnes", il a créé le Centre d’Action pour un Personnalisme Pluraliste (C.A.P.P. asbl), dont Marcel Bolle De Bal est également membre fondateur. Il a publié de nombreux articles sur le personnalisme ainsi que le livre "Plus est en l'homme" - Le personnalisme vécu comme humanisme radical (éditions Peter Lang).

    Date
    Vendredi 14 décembre de 14h30 à 17h00

    Lieu
    Salle Saint Marc,
    Avenue Defré, 76
    1180 Bruxelles

    Parking disponible – entrée: no. 74 de l’avenue Defré.


    [1] UN MOUVEMENT POUR NOTRE TEMPS…
    Mouvement d’éducation permanente et de ressourcement, Poursuivre privilégie la rencontre, l’initiative et la démocratie. S’y retrouvent plusieurs générations de personnes, unies par l’amitié et les mêmes valeurs humanistes, qui désirent réfléchir ensemble et partager leurs expériences.

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