vendredi 6 décembre 2013

Actu. Nelson, comme à Trafalgar...

















Nelson, comme à Trafalgar, a écrasé l'ennemi.
Dans son pays, il a fait rendre gorge à un certain racisme.
Un racisme brut.
Un racisme primitif.
Un racisme en noir et blanc.
Reste le racisme ordinaire. 
Qui, lui, demande encore à être éradiqué.
En Afrique du Sud comme ailleurs. 
Et si, aujourd'hui, nous tentions, 
avec l'aide du philosophe belge 
François De Smet (1),
 de nous inspirer au quotidien 
de l'exemple de feu Mandela?
De «Madiba», ce héros.
Désormais regretté...


«Etre libre, ce n'est pas seulement 
se débarrasser de ses chaînes; 
c'est vivre d'une façon 
qui respecte et renforce la liberté des autres.»
(Nelson Mandela)


François De Smet (1)


«Le racisme animal envers les noirs n’est pas seulement l’une des formes les plus abjectes de racisme; c’est aussi l’une des plus stupides. 
L’une de celles qui renvoient aux théories de "races" humaines démenties par tout scientifique sérieux. 
Bref, celle dont le racisme est le plus évident, net et indiscutable. 
Le problème c’est que la belle unanimité condamnant ce racisme primitif vole en éclat dès qu’on aborde les autres dossiers discriminatoires. 
La discrimination à l’embauche des jeunes d’origine maghrébine, les perpétuelles affaires de foulard et de burqa, les Roms, les Afghans, les demandeurs d’asile: voilà les véritables dossiers litigieux aujourd’hui. 
La mobilisation unanime contre Minute ou contre les manifestants scandant "Y'a pas bon Taubira" n’est qu’un vernis permettant d’oublier quelques instants qu’en réalité, la lutte contre le racisme n’est plus un sujet évident et consensuel. 
Cette lutte contre le racisme, unanime quand il s’agit de lutter contre la réduction d’une femme noire à un animal, se délite quand il s’agit de se demander si tel propos sur les Roms outrepasse la liberté d’expression, si telle remarque sur facebook ou twitter relève de la discrimination ou si tel vêtement doit ou non être interdit. 
Car sur ces sujets, le consensus n’est plus; la société se divise entre ceux qui s’accrochent aux lois antiracistes et discriminatoires tels des Évangiles aptes à résoudre tous les actes de racismes, et ceux qui pensent vivre sous une oppression morale où "on ne peut plus rien dire" –et, au milieu, une série de citoyens un peu perdus sur ces questions. 
Cela renvoie à ce qu’on s’était permis d'appeler ailleurs l’impasse moralisatrice de la lutte contre le racisme, dont le constat appelle à trouver des formes renouvelées de lutte contre les discriminations impliquant davantage le métissage et la rencontre que l’appel moralisant et compulsif à la loi.» (2)(3)


François De Smet (1)


(1) Le Belge François De Smet enseigne la philosophie à l’Université Libre de Bruxelles.
(2) Extrait d'un message du blog de François De Smet: Taubira et l'opportune banane du consensus, 15 novembre 2013.
(3) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute): une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les mouvements sociaux en général, puis sur les courants de pensée et modes de vie émergents en particulier.