dimanche 12 janvier 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (7). Indignés: un engagement indéfini dans son intensité

 
Confus,
hétérogène,
disparate et réactif, 
le mouvement indigné 
s'avère par ailleurs indéfini.
Notamment dans son intensité...


Outre les difficultés mentionnées dans les précédents messages, reste à pointer du doigt le fait que l'intensité à imprimer au processus d'opposition ne fait pas consensus.

Ambiguïté, mon amour...

Dans chacun des cas de figure préalablement envisagés, la course du curseur est vertigineusement longue...
Celle du rejet politique, par exemple, brasse une vaste étendue qui couvre le triple champ
. de l'une ou l'autre occurrence visant à une simple transformation des institutions existantes,
. d'une posture assumant la perspective d'une rupture radicale,
. d'une position dé­légitimant entièrement la médiation politique.
Même constat d'imprécision pour le volet économico-social dont le choix du degré de fermeture aux«évidences» du moment divise, selon que l'option revendiquée renvoie plutôt 
. à une simple augmentation du volume des richesses à redistribuer,
. à la volonté de combattre les excès du productivisme et du consumérisme,
. à l'éradication complète du capitalisme...
«Cela nous amène à une question qui n'est pas tranchée par les indignés, observe Réelle DémocratieMaintenant! Belgium. 
Doit-on encore attendre quelque chose de l'oligarchie?» (1)(2)


(A suivre)

Christophe Engels 


(1) Ce message est extrait de l'analyse: Engels Christophe, Une journée d'Ivan... l'indigné. L'épisode bruxellois: projet ou utopie?, n°2011/07, 2011, Analyses et études du Siréas, pp.14-16. Avec l'aimable autorisation de Mauro Sbolgi, éditeur responsable de la publication originale. 
(2) Pour suivre:  d'autres messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents.


mercredi 8 janvier 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (6). L'exemple trop réactif des indignés


Les indignés ne se contentent pas de s'offusquer. 
Il s'engagent aussi.
En se déplaçant.
En prenant la parole.
En campant.
En participant à des marches... 

Il n'empêche...
Trop souvent, leur combat 
s'inspire d'une logique réactive
Et se décline sur le mode négatif.


Les intéressés cantonnent leur action dans un registre défen­sif: celui du refus. 
Ils sont contre...
Mais contre quoi? 
Contre le système politique? 
Contre la tyrannie de l'économique? 
Contre l'ensemble de l'ordre établi?...

Refus stérile...

«Nos sociétés regorgent de gens qui sont "contre", tandis que se raréfient ceux qui sont "pour" quelque chose de concret et d’identifiable, analyse le philosophe espagnol Daniel Innerarity. 
Ce qui mobilise aujourd’hui, ce sont des énergies négatives d’indignation et de victimisation. 
Tout le problème consiste à savoir comment y faire face. 
C’est ce que Pierre Rosanvallon a appelé l’"ère de la politique négative", où ceux qui s’opposent ne le font plus à la façon des rebelles ou des dissidents d’hier, dans la mesure où leur attitude ne dessine aucun horizon souhaitable, aucun programme d’action. 
Dans ce contexte, le problème est de réussir à distinguer la colère régressive de l’indignation juste, et de mettre cette dernière au service de mouvements efficaces et transformateurs. » (1) 

... ou approfondissement constructif ?

«Balivernes!, s'insurge Damien (2)
Il faut nous laisser le temps d'oeuvrer à l'approfondissement de notre projet. 
Avant d'agir, nous devons d'abord mener cette tâche à bien. 
Car il n'est pas question de reprendre en l'état une idéologie indignée qui, aujourd’hui, reste trop focalisée sur l'analyse marxiste et sur l’anarchisme. 
Nous avons besoin de régénérer ce qui existe. 
Comment s'en étonner? 
Le monde a changé. 
Le principe de solidarité nationale, par exemple, est remis en cause. 
La sécurité sociale est vendue au plus offrant. 
Et tous les services publics sont menacés de privatisation. 
Ce qui constitue une remise en cause fondamentale du contrat social en vigueur dans toute l’Europe depuis cinquante ans.» (3)(4)


(A suivre)

Christophe Engels


(1) Innerarity Daniel, S'indigner pour que rien ne change, in El Pais du 25/05/2011.
(2) Voir message précédent.
(3) Ce message est extrait de l'analyse: Engels Christophe, Une journée d'Ivan... l'indigné. L'épisode bruxellois: projet ou utopie?, n°2011/07, 2011, Analyses et études du Siréas, pp.14-16. Avec l'aimable autorisation de Mauro Sbolgi, éditeur responsable de la parution originale.
(4) Pour suivre:  d'autres messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents..


samedi 4 janvier 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (5). Des indignés hétérogènes et disparates




Prolétariat?
Quel prolétariat?
La conscience de classe n'est plus ce qu'elle était.
Et une question, du coup, 
de se poser avec insistance...
faire reposer un mouvement d'indignation? 


Les insurrections ou les révolu­tions repo­saient jadis sur une cons­cience de classe.
Celle-là même qui s'est réduite à peau de cha­grin avec le déclin quantitatif et «qualitatif» du prolétariat. 
Car la catégorie ouvrière est 
. de plus en plus restreinte, donc de moins en moins représentative, 
. de plus en plus fragmentée, donc de moins en moins porteuse d'une identité spécifique.
Elle s'est en outre désolidarisée des autres catégories défavorisées (salariés peu ou pas qualifiés, chômeurs de longue durée, jeunes en recher­che d’emploi, per­son­nes âgées en dif­ficulté...). (1)

 Convergence: soeur Anne, ne vois-tu rien venir? 

Sur quelle base, dès lors, faire repo­ser un mouvement d'indignation...? 
. Sur des valeurs?
Difficile, au sein d'une société centrée sur un matérialisme (2) qui tend à privilégier l'intérêt tangible sur toute considération touchant de près ou de loin à l'éthique, de se mettre d'accord sur la façon de traduire dans le concret des notions aussi abstraites que la solidarité, la fraternité ou l'humanisme. 
. Sur l'intérêt général?
Ardu d'atteindre un tel but dans une collectivité faisant ses choux gras d'un individualisme qui, fût-ce au nom d'une saine singularité, dérape si facilement vers l'égoïsme. 
. Sur une convergence d'intérêts particuliers?
C'est l'option du plus petit commun dénominateur.
Qui se heurte à l'opposition des acteurs les plus catégoriques du mouvement..
 «La cons­cience morale (...) qui prend aujourd’hui la forme média­ti­que de l’opus­cule à succès de Stéphane Hessel en reste à “l’indi­gna­tion” et à la dénon­cia­tion de ce qui est vrai ment exagéré, relaye par exemple Temps critiques
Comme si cet exagéré n’était pas le pro­duit d’une logi­que générale.» (3)

 Radicaux: «Nous ne mangeons pas de ce pain-là 

Les radicaux, en effet, veulent aller plus loin, sur le(s) plan(s) politique et/ou économico-social... 
. Sur le plan politique, ils qualifient d'illu­soire -voire raillent- le projet, jugé par trop timoré, d'une «démocra­tie réelle», censé toucher au but de l'auto­no­mie poli­ti­que par le simple biais de l'une ou l'autre de ces formes d'auto­no­mie économique que sont l'inter­ven­tionnisme de l’État, la mora­li­sa­tion de la finance, le pro­tec­tion­nisme... 
«Le mouvement des indignés oscille entre deux tendances, que le terme de démocratie réelle ne résout pas, poursuit Temps critiques. 
La première veut seulement cor­riger les excès du système. 
Ses revendications portent sur la moralisation de la vie publique, la qualité de vie, la juste ré­partition des richesses, le droit au travail, la justice, la réforme de l'économie, etc. 
La seconde remet en cause les fondements de nos sociétés et pose les prémisses d'un projet de changement radical: autoges­tion, autonomie, démocratie directe, autant de pratiques de terrain qui ne sont, semble-t-il, revendiquées nulle part pour toute la société - sauf à Athènes, sur la place Syntagma.» (4).
. Sur le plan économico-social, les défenseurs d'une ligne dure entendent se distinguer de l’homo oeconomicus.
Et rejeter le mode de pensée capitaliste. 
Il y a de la simplicité volontaire dans cette version-là de l'indignation.
Pas question d’en rester à un type de projet esthétisant qui tendrait à reléguer le mouvement au rang du développement personnel. 
Pas question de se laisser enfermer dans le réductionnisme économique qui marque notre époque au fer rouge. 
Pas question, donc, de laisser jouer un rôle d’épicentre sociétal à cette économie qui, martèle-t-on, n'a pas à faire office de fin, juste  de moyen. 
«Ceux qui dénoncent les excès voudraient une espèce de retour en arrière où le système était cen­sé être mieux régulé et les richesses mieux réparties, estime Réelle Démocratie Maintenant! Belgium. 
Or, même avec une redistribution égalitaire de la pro­duction, le retour à une société de plein emploi basée sur une croissance forte telle qu'on l'a connue lors des trente glorieuses est impossible. (...) 
La difficulté pour ceux qui, comme nous, veulent "sortir du capitalisme" et de sa "démocratie repré­sentative" réside dans l'invention des formes de la démocratie réelle.  
Les mettre en acte par inter­mittence et à petite échelle sur une place publique est une chose. 
Les étendre à tous les secteurs de la so­ciété en est une autre.» (5) 

La porte des possibles 

On peut ainsi considérer le mouvement indigné comme un appel à élaboration de programme alterna­tif. 
Là se situe certainement sa pertinence. 
Mais aussi, sans doute, sa limite. 
Car quand vient le moment d'aborder le contenu concret d’un projet de substitution, les propositions tendent, au mieux, à balayer un  spec­tre vertigineusement large et, au pire, à rester aux abonnés absents. 
Dans ces conditions, il est plus facile de sa­voir ce que l’on ne veut pas que de choisir ce que l’on veut. 
De là la propension de bon nombre d'indignés à fustiger, à stigmatiser, à condamner davantage qu’à suggérer. 
«L’indi­gna­tion exprime assez bien l’impuis­sance des dominés dans ce contexte et la difficulté à se pro­je­ter vers un avenir dont on sou­haite et dont on redoute en même temps sa dis­sem­blance avec le présent, considère Temps critiques.
D’où le flou que l’on res­sent non seu­le­ment sur le plan pro­gram­ma­ti­que, mais sur celui même du désir.» (6) 
«Une idéologie indignée existe pourtant bel et bien, se rebiffe Damien, un Français expatrié en Grande-Bretagne, puis aux Pays-Bas, qui met son multilinguisme au service du mouvement. 
Mais il s'agit encore d'une idéologie naissante.
Qu'elle ne soit pas encore aboutie à ce stade, quoi de plus normal? 
Ce manque de précision n'a d'ailleurs pas que des inconvénients. 
Il a aussi un incontestable avantage. 
Quel atout formidable, en effet, de se retrouver à l'abri de toutes les formes d'enfermement! 
C'est la porte ouverte à tous les possibles...» (7)(8)

(A suivre) 

Christophe Engels 

(1) Voir, notamment, Touraine Alain, Après la crise, Seuil. Coll. La couleur des idées, Paris, 2010. 
(2) Nous n'utilisons évidemment pas, ici, ce mot dans son sens philosophique, qui renvoie à l'idée que tout est matière ou produit de la matière. C'est de l'acception courante de ce terme qu'il est question dans ces pages. Celle qui  décrit beaucoup plus prosaïquement une manière de penser et de vivre accordant une place prépondérante aux contingences purement matérielles et intéressées.  
 (3) Les indignés: écart ou sur-place ? Désobéissance, résistance et insubordination, in Temps cri­ti­ques, http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article283. 
(4) Les indignés: écart ou sur-place ? Désobéissance, résistance et insubordination, in Temps cri­ti­ques, http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article283. 
(5) Réelle Démocratie Maintenant ! Belgium, Analyse. Le mouvement des "indignés". Potentialités, contradictions, perspectives, www.facebook.com/note.php?note_id=162316587171545. 
(6) Les indignés: écart ou sur-place ? Désobéissance, résistance et insubordination, in Temps cri­ti­ques, http://tempscritiques.free.fr/spip.php?article283. 
(7) Ce message est extrait de l'analyse: Engels Christophe, Une journée d'Ivan... l'indigné. L'épisode bruxellois: projet ou utopie?, n°2011/07, 2011, Analyses et études du Siréas, pp.14-16. Avec l'aimable autorisation de Mauro Sbolgi, éditeur responsable de la parution originale.
(8) Pour suivre:  d'autres messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents.,


mardi 31 décembre 2013

2014. Malgré tout, pourquoi pas...?




 



Affronter la vacuité maligne de l'indifférence.
     Lutter contre les vents mauvais
          de l'argent roi 
              et de ces modalités du tout à l'ego
                  que sont l'outrance égoïste,
                      l'alibi égocentrique
                         ou le faux-semblant égotiste.
                            Pas seulement rester en mouvement, donc.
                               Mais aussi garder le cap relationnel. 
                                  Mais aussi marcher devant.
                                     Mais aussi prendre de la hauteur.
                                       Autant de voeux dont je ne doute pas 
                                         que vous chercherez 
                                           à les réaliser mieux encore en 2014.
                                             Année au cours de laquelle 
                                               je vous souhaite de parvenir 
                                                 à dépasser le stade du «Pourquoi?»
                                                   pour mieux en arriver 
                                                     à vous demander «Pourquoi pas?».
                                                       Le tout en réussissant, si possible,
                                                        à déjouer les pièges de l'illusion
                                                         Et, le cas échéant,
                                                          à assumer ceux de la désillusion...



Quels sont les défis à relever par notre société contemporaine? 
Et comment y faire face?
Des questions qui viennent d’être posées à un panel de citoyens.
Et qui sous-tendent une enquête (1) (belge) sur laquelle il semble particulièrement bienvenu de s'appuyer à l’heure d’aborder la nouvelle année.
Une façon d’ajouter de la substance aux vœux que je vous présente pour 2014.
Chaleureusement. 

Outrances du matérialisme: 
boulevard à deux bandes

La crise n’en est pas une.
Nous sommes bel et bien en présence d’un dysfonctionnement à la fois écologique et économico-social.
A qui la faute?
. Aux milieux financiers certes dans la mesure où «des acteurs dominants maintiennent d’autres groupes dans la vulnérabilité.»
. Aux responsables politiques sans doute puisque «les richesses ne sont pas distribuées équitablement.» 
. Mais aussi à nous-mêmes.
Car «chacun veut garder ses privilèges, sans penser aux autres, alors que beaucoup se battent pour survivre.»
D’un côté, donc, une récession économique qui confine à l’impasse structurelle.
De l’autre, un étiolement de nos valeurs humaines, familiales et même religieuses.
Qui ouvre un boulevard au renforcement de la prédominance de celles portées par notre société de consommation. 
Un boulevard à deux bandes…
. A l’échelon individuel d’une part, «les gens sont obnubilés par ce qu’ils possèdent et ne s’attardent plus sur ce qu’ils sont ou ce en quoi ils ont foi.
Du fait du capitalisme, les biens matériels sont érigés au rang de valeur.»
. Au niveau collectif d’autre part, on croit pouvoir constater «l’effondrement de la solidarité, l’évolution inquiétante de la culture actuelle vers une culture de la cupidité.
Aujourd’hui, la société n’est que concurrence. (...)
Pourtant, ce n’est pas la cupidité, mais bien la prospérité qui est une condition au bonheur.
Et une société égalitaire pour tous y contribue.» 

Excès de l’individualisme: 
effet pervers 

Une société égalitaire?
Un objectif dont le principe de la sécurité sociale tend sans doute à rapprocher.
Aussi précieux soit-il, ce système n’en dévoile pas moins un effet pervers.
Au quotidien, il sert en effet d’alibi à l’indifférence égocentrique et aux agissements égoïstes.
Si bien que «de plus en plus de personnes ont l’impression qu’au final, chacun se retrouve seul face à ses problèmes.»
Car l’individualisme philosophique s’est vertigineusement altéré.
Le but, désormais, est moins d’agir par que pour soi-même.
A tel point que la responsabilité personnelle tombe souvent dans le travers d’un double dérapage.
. Celui du chacun pour soi tout d’abord.
. Celui de la tyrannie de l’excellence ensuite.
Celle-là même qui s'avère si fréquemment avoir bon dos pour justifier l'injustifiable.
Derrière les «restructurations», l'opportunisme, parfois, voire le règlement de compte.
Derrière les mesures d'austérité, une nécessité économique, peut-être, mais aussi, trop souvent, un certain état d'esprit.
Ressenti comme paternaliste.
Et accusateur...    
«Si vous êtes pauvres, c’est considéré comme si c’était votre propre faute.»
Excès?
Abus?
Outrance? 
Indubitablement.
Sans pour autant qu’on se sente en mesure de desserrer le frein.
«Je vois le manque de souplesse de l’Ouest et un certain cynisme (…): nous sommes rigides et difficiles à manier.»
Faut-il aller jusqu’à envisager de réinterpréter les acquis sociaux?
Oui.
A condition qu’il ne soit pas question de les déconstruire.
A condition, donc, de faire appel à toutes les ressources d’une indispensable créativité. 
A condition, aussi, de ne jamais perdre de vue le «besoin de repenser la société.»
Un challenge difficile s’il en est.
Car au contraire des jeunes sociétés qui ont une propension à aller de l’avant, des sociétés aussi anciennes que la nôtre ont une fâcheuse tendance à se tenir sur la défensive. 

Combattre les outrances du matérialisme: 
esprit, es-tu là ? 

A l’heure où les aspirations et désirs individuels paraissent de plus en plus avoir pris le pas sur l’intérêt public, le besoin se fait tout particulièrement sentir de porter attention à la spiritualité, fût-elle laïque, et à la recherche de sens. 
«Le défi de la société au sens large est de ne pas oublier l’humain.
Un être humain est à la fois un corps physique et spirituel.»
Il s’agit donc de combattre l’omnipotence du matérialisme et de l’individualisme.
Mais aussi de mettre à mal les prétentions à l’exclusivité du rationalisme.
Sans compter le «court-termisme»…
«Nous nous concentrons sur les plaisirs à court terme et oublions le long terme.» 
Non, donc, à l’obsession de l’immédiateté!
Non à la dictature de l’urgence!
Non aussi -on y revient- au paternalisme!
Notamment dans le secteur de l’ «assistance».
«Ce dont les gens en recherche ont besoin, c’est d’un contexte dans lequel ils peuvent douter, chercher ensemble et trouver un soutien.»
Les médias, en la matière, devraient jouer un rôle.
Ce qu’ils ne font pas.
Ou pas suffisamment.
Eux qui peuvent par exemple «véhiculer des images fausses et produire en aval du racisme et de la discrimination.»
Eux qui tendent à faire leurs choux gras des «opinions extrêmes.»
Eux qui, pense-t-on, renoncent à la mission qu’ils devraient s’assigner dans une société multiculturelle, à savoir «présenter une opposition au populisme et à l’idéologie d’extrême-droite.» 

Combattre les excès de l’individualisme: 
des valeurs à promouvoir 

L’individualisme a un prix.
Celui du déficit de connaissance.
Celui de l’absence de dialogue.
Celui de l’intolérance.
Celui, même, du malentendu. 
Il s’agit donc de proposer des solutions pour combler ces manquements.
- Première d’entre elles: un retour à la connaissance et au dialogue, comme facilitateurs de compréhension mutuelle.
«La connaissance de l’autre par des sources d’information médiatiques d’une part, et le dialogue avec l’autre en personne d’autre part, apparaissent comme différentes façons de (…) favoriser la compréhension mutuelle.» 
- Deuxième solution suggérée: un respect qui dépasse la simple tolérance.
Celui-là se distinguant de celle-ci par le fait qu’il englobe la compréhension de l’autre.
Et plus si affinités…  
«Certains  donnent une connotation encore plus active à la notion de respect en promouvant non seulement l’acceptation mais aussi la valorisation de la différence et la prise de mesures pour favoriser son expression.»
- Troisième solution: la citoyenneté, envisagée, selon les cas, comme
. «contribution positive et consciente de chacun à la société (…) non plus comme un choix, mais comme un devoir»,
. «établissement d’une relation réciproque entre la société et l’individu»,
. «contribution des individus et des communautés au bien-être général, capable de rejaillir à son tour sur le bien-être personnel»,
. «effort devant être soutenu à long terme pour en cueillir les fruits»,
. «gestion équitable de la liberté de chacun»,
. «devoir de contribuer à la société avec les talents et les idées que l’on possède.»
- Quatrième solution, enfin: la responsabilisation personnelle et collective.

Chacun pour tous, tous pour chacun

Faut-il,  au lieu de séparer, faciliter l’entente?
Oui, ici encore.
Mais d'une certaine façon...
«La plupart des répondants apprécient la promotion de "l’unité dans la différence" et, par là, (…) une tolérance davantage active.»   
Reste que la volonté de dialogue et de collaboration n’est pas nécessairement motivée en premier lieu par une simple aspiration à se connaître pour mieux se comprendre et mieux vivre ensemble.
Elle peut émaner plutôt «d’une préoccupation partagée (…) de pouvoir intervenir plus efficacement dans ces évolutions jugées inquiétantes.»
Une motivation qui n’est pas à l’abri d’un danger.
Celui de la récupération purement individualiste.
Dont il convient de se prémunir.
Par exemple en promouvant «l’esprit critique dans l’éducation, afin d’être à même d’interpréter les discours démagogiques.»
 

Deux mille quatorze fois plutôt qu'une... (2)

Christophe Engels

(1) Face2faith, Convictions et croyances face aux défis sociétaux. Une campagne d’écoute en Belgique, 2013, http://www.face2faith.eu/PDF/F2F_campagne_ecoute_FR.pdf. Tous les extraits repris dans ce message sont tirés des pages 118 à 140 (Chapitre 3. La perception des défis sociétaux) et 141 à 168 (Chapitre 4. Comment relever les défis sociétaux: suggestions et idéaux des répondants).  
(2) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute): la suite d'une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de voie émergents.









«Il y a là la peinture des oiseaux, l'envergure, 
      qui luttent contre le vent.
Il y a là les bordures, les distances, ton allure, 
      quand tu marches juste devant.
Il y a là les fissures, fermées les serrures, 
      comme envolés les cerfs-volants.
Il y a là la littérature, le manque d'élan, 
      l'inertie, le mouvement. 

      Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont
            en se demandant "pourquoi?"...
      Parfois on les regarde telles qu'elles pourraient être
            en se disant "pourquoi pas?"...

           Il y a là là là, si l'on prenait le temps, 
                si l'on prenait le temps.
           Il y a là la littérature, le manque d'élan, 
                l'inertie, le mouvement.

                Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont
                      en se demandant "pourquoi?"...
                Parfois on les regarde telles qu'elles pourraient être
                      en se disant "pourquoi pas?"...

                    Il y a là les mystères, le silence ou la mer 
                          qui luttent contre le temps.
                    Il y a là les bordures, les distances, ton allure, 
                          quand tu marches juste devant.
                    Il y a là les murmures, un soupir, l'aventure, 
                          comme envolés les cerfs-volants.
                    Il y a là la littérature, le manque d'élan, 
                          l'inertie, le mouvement.

                        Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont
                              en se demandant "pourquoi?"...
                        Parfois on les regarde, telles qu'elles pourraient être, 
                              en se disant "pourquoi pas?"...

                            Parfois on regarde les choses telles qu'elles sont
                                  en se demandant "pourquoi?"...
                            Parfois on les regarde telles qu'elles pourraient être

                                  en se disant "pourquoi pas?»... (1)                                 

(1) Paradis Vanessa (interprète) et Roussel Gaëtan (auteur), Il y a, Barclay, 2009.