vendredi 25 février 2011

Actu. Amicalement vôtre…

L’Association des Amis d’Emmanuel Mounier
vient de se donner un nouveau président.
Merci à l’infatiguable Guy Coq.
Et bienvenue à son digne successeur:
Jacques Le Goff…


A 60 ans, Guy Coq accède au statut de président d’honneur de l’Association des Amis d'Emmanuel Mounier (AAEM) (1), après 15 années de bons et loyaux services, conclues par l’apothéose du colloque international de Rennes (2).
Charge, donc, à Jacques Le Goff (3) de prendre aujourd’hui le relais.
«Continuons le travail ensemble en renforçant notre collaboration, nous suggère fort gentiment ce professeur de droit attaché à l’Université de Brest.
Pour le reste, l'un des axes de mon mandat sera de faire mieux connaître Mounier aux jeunes générations qui témoignent déjà d’un vif intérêt pour cette pensée, si pertinente dans notre contexte de crise.
En outre, je compte faire en sorte que cette oeuvre soit traduite dans des langues aussi importantes que le russe, le chinois ou l'arabe.»
A noter également, l’annonce, par la nouvelle équipe (4), d’un soutien à la publication d’inédits et d’ouvrages oubliés.
Tous nos voeux de succès...

C.E.

(1) www.emmanuel-mounier.com. Contact: jacques.legoff@univ-brest.fr.
(2) Cinq cents personnes présentes, dont 150 scolaires et étudiants, et 500 refus d'inscription par manque de place…
(3) Jacques Le Goff a notamment écrit
. Droit du travail et société (2 vol. préf. Alain Touraine, postf. Edgar Morin, Presses Universitaires de Rennes, 2001-2002),
. Face à l’événement: 25 ans de chroniques à Ouest-France (préf. Alfred Grosser, Apogée, 2002),
. Du silence à la parole: une histoire du droit du travail des années 1830 à nos jours (préf. Philippe Waquet, Presses Universitaires de Rennes, 2004),
jacques.legoff@univ-brest.fr
www.legoff-jacques.com/
(4) La vice-présidence est confiée à Yves Roullière, 47 ans, éditeur, essayiste et traducteur de l’espagnol, spécialiste de Miguel de Unamuno et de José Bergamín, rédacteur en chef adjoint de la revue Christus. Dans le conseil d’administration, on note la présence d’hommes de revue (Roullière, Marc-Olivier Padis...), d’historiens (Bernard Comte, Daniel Lindenberg…), de philosophes (Coq, Gérard Lurol, Jean-François Petit, Maria Villela-Petit…), d’économistes (François Denoël…), de représentants du monde de l’entreprise, d’ONG…

mercredi 23 février 2011

Actu. Chauffe, Marcel...

Sur la route de la (psycho-)sociologie,
le Belge Marcel Bolle de Bal (1)
a chaleureusement côtoyé
bien des maîtres,
bien des amis
et bien des compagnons.
Dans un tout récent ouvrage,
l'apôtre (2) de la «reliance»
tire son chapeau
à sept d'entre eux...

Sociologue d’audience nationale et internationale, le professeur émérite de l'Université Libre de Bruxelles (ULB) a réuni ici une série de textes épars, naguère rédigés en hommage à sept de ses collègues de Belgique, de France et du Québec:
. Doucy,
. Henrion,
. Janne,
. Maffesoli,
. Morin,
. Rocher,
. Sainsaulieu.
«Au crépuscule de l'existence, des marées de souvenirs remontent à la mémoire, nous explique l'auteur. L'envie de rendre hommage aux personnes/personnages remarquables qui vous ont guidé et/ou marqué vous taraude parfois. C'est ce qui vient de m'arriver. D'où la réalisation concrète de ce légitime désir dans un petit livre qui vient de sortir de presse: "Sur la route de la sociologie. Maîtres , amis et compagnons" (3).»
Par delà le désir de reconnaissance intellectuelle et affective, se révèle à cette occasion la genèse d’une pensée originale, appelée à cerner la dynamique complexe des sociétés contemporaines.
Une pensée articulée autour de trois dimensions-clés pour la sociologie en devenir:
. la reliance comme notion de base,
. la recherche-action comme méthode,
. la sociologie existentielle comme discipline intégrant l’affectif, le subjectif, l’irrationnel dans ses modèles, théories et pratiques...

C.E.

(1) Marcel Bolle De Bal a été président du Collège scientifique de l’Institut de Sociologie ainsi que de la Faculté des Sciences Psychologiques et Pédagogiques, au sein de l’Université Libre de Bruxelles. Président d’honneur de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française, il a été également professeur visiteur aux Universités de Genève, Paris-Dauphine, Toulouse-le-Mirail et Fribourg (Suisse). Engagé dans la gestion de la cité, il a été élu à quatre reprises membre du Conseil Communal de sa commune de Linkebeek. Il a publié une trentaine de livres et plus de 250 articles à titre personnel.
(2) «Apôtre»: si l'on ose dire, l'intéressé revendiquant haut et fort ses positions athées.
(3) Bolle de Bal Marcel, Sur la route de la sociologie: maîtres, amis et compagnons, E.M.E. Société, Fernelmont (Belgique), 2010. A découvrir dans toutes les bonnes librairies (comme on dit) ou à commander via votre libraire favori. Autres solutions: par internet ou courriel chez l'éditeur EME, 40 rue de Hanret, 5380 Fernelmont, Belgique, 00.32.81.83.42.63, edition@intercommunications.be, http://www.intercommunications.be/.

samedi 19 février 2011

Projet relationnel. Un an, déjà...

C’était le
19 février 2010.
«L'appel à projet relationnel»
apparaissait
sur la toile.
Un an plus tard,
un sympathique
cadeau
d’anniversaire
nous parvient
d’outre-Atlantique.
De l’Université
du Québec
à Montréal
plus précisément.
Dont la Chaire
a décidé de faire
de Projet relationnel
son «site du mois»...

Merci, la Belle Province!
Cette «nomination» nous va droit au cœur.
D’autant qu’elle paraît confirmer l’élargissement de notre audience.
Vers le Québec sans doute.
Mais aussi vers beaucoup d’autres régions.
Notamment francophones, bien sûr.
A commencer par la France.
C’est en effet depuis l’Hexagone que, désormais, on nous lit le plus.
Et non plus depuis la petite Belgique.
Qui, évidemment, n’en reste pas moins fidèle au poste (1)...

Ecouter, relayer, fédérer...

Du cœur de cette petite contrée politiquement agitée pourrait d’ailleurs jaillir d’ici quelques mois le premier événement non virtuel (co-)porté par Projet relationnel.
Avec, le cas échéant, le concours d’une belle brochette de partenaires.
Un beau clin d’œil aux soubresauts communautaires qui accablent actuellement le plat pays?
Plus que jamais, en tout cas, l’objectif de Projet relationnel semble rester d’actualité.
Plus que jamais, il s’agit de relayer et de fédérer les voix, toujours plus nombreuses, de ceux qui, loin de se contenter de pourfendre les excès d’une société toute en individualisme consumériste et en matérialisme acquisitif, entendent apporter leur pierre à l’édifice d’une alternative positive et constructive.
Plus que jamais, il convient de tendre l’oreille à ceux qui se proposent d’interroger posément et rigoureusement la pensée (de moins en moins) «unique» à laquelle nous sommes si souvent confrontés.
Des citoyens.
Des intellectuels.
Des artistes aussi.
Tel Yves Duteil.
Dont la chanson «Avoir et être» a tant à nous dire…

Avoir et être

«Loin des vieux livres de grammaire,
Écoutez comment un beau soir
Ma mère m'enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir...

Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
Avoir et Être étaient deux frères
Que j'ai connus dès le berceau.

Bien qu'opposés de caractères,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux

Ce qu'Avoir aurait voulu être,
Être voulait toujours l'avoir.
À ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe Être s'est fait avoir.

Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro,
Alors qu'Être, toujours en manque,
Souffrait beaucoup dans son ego.

Pendant qu'Être apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté sans rien lui dire,
Avoir apprenait à compter.

Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu'Être, un peu dans la lune,
S'était laissé déposséder.

Avoir était ostentatoire
Lorsqu'il se montrait généreux,
Être en revanche, et c'est notoire,
Est bien souvent présomptueux.

Avoir voyage en classe Affaires.
Il met tous ses titres à l'abri.
Alors qu'Être est plus débonnaire.
Il ne gardera rien pour lui.

Sa richesse est tout intérieure:
Ce sont les choses de l'esprit.
Le verbe Être est tout en pudeur,
Et sa noblesse est à ce prix...

Un jour à force de chimères,
Pour parvenir à un accord,
Entre verbes ça peut se faire,
Ils conjuguèrent leurs efforts.

Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier.

Le verbe Avoir a besoin d'Être
Parce qu'être c'est exister.
Le verbe Être a besoin d'avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.

Et de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.» (2)

Christophe Engels

(1) Merci, notamment, aux lecteurs néerlandophones, dont la présence nous est particulièrement chère.
(2) Duteil Yves, Avoir et être, extrait de l'album Chante Les Enfants, 2002, IFR.

samedi 12 février 2011

Commerce équitable. Objectif: court circuit.



«L’éthique
du
commerce
équitable
est
fondamen-
talement
une éthique
relationnelle
dans le sens
où elle donne
un visage concret
aux conséquences
des actes
des consom-
mateurs»(1),
interpellent
les économistes
Jérôme Ballet et Aurélie Carimentrand (2).
Ainsi s’agirait-il, autant que possible,
de rendre les communautés paysannes des régions du Sud
toujours plus «proches et chères».
Haro, donc, sur l’allongement des circuits!
Qui pourrait entraîner un déficit éthique.
Et, de là, nuire au mouvement du commerce équitable.


Outre le danger lié à la distribution (3), le commerce équitable est confronté à un péril plus global: celui des intermédiaires en général…

Circuit commercialement court : moins d’intermédiaires.

Un petit exemple valant souvent mieux qu’un long discours, choisissons celui du café bolivien…
«Certains intermédiaires-importateurs n’acceptent d’acheter une certaine quantité de café équitable qu’à la condition que leur soit fournie simultanément une quantité beaucoup plus grande de café standard à un prix en dessous du prix de marché, expliquent Aurélie Carimentrand et Jérôme Ballet.
De telles pratiques réduisent évidemment à néant les efforts faits par le commerce équitable puisque le gain pour les producteurs réalisés sur le café équitable est compensé par la perte subie sur le café non équitable.» (4)
L’épisode montre bien que les circuits longs tendent toujours à accroître le risque de vider de leur substance les garanties apportées aux consommateurs en matière d’équité.
Conséquence: pour se donner les meilleures assurances de succès, les acteurs du commerce équitable auraient tout intérêt à se mettre en position de contrôler toute la chaîne, de la production à la distribution.

Circuit géographiquement court : moins de distance.

Vivent les circuits courts, donc!
Au sens commercial de l’expression, bien sûr.
Mais aussi dans son acception géographique.
Car il conviendrait autant de réduire le nombre d’intermédiaires que de minimiser les distances parcourues...
- Côté commercial, les circuits courts contribueraient à atténuer les risques de pressions sur les prix, qui plus est -rappelons-le- à un double titre:
. d'une part en favorisant une visibilité forte qui tendrait à multiplier le nombre de consommateurs,
. d'autre part en évitant que les intermédiaires n’acquièrent ce rôle prépondérant qui leur permettrait, en définitive, d’imposer leur vues et de contrôler les filières.
- Côté géographique, les circuits courts se traduiraient notamment par des restrictions en matière de transports.
Mieux: sous peine d’incohérence, le premier objectif (commercial) n’irait pas sans le second (géographique).
Une analyse qui plaiderait en faveur d’un ralentissement des relations Nord-Sud, dominantes actuellement.
Histoire d’aller dans le sens d’un développement des relations Sud-Sud et Nord-Nord… (5)(6)

Christophe Engels (d’après Jérôme Ballet et Aurélie Carimentrand)

(1) Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable les 19-21 juin 2006 (Montréal, Québec, Canada), p.21: http://www.crsdd.uqam.ca/.
(2) Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines.
(3) Voir message précédent : «Commerce équitable. L’occasion fait le larron».
(4) Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable les 19-21 juin 2006 (Montréal, Québec, Canada), p.13: http://www.crsdd.uqam.ca/.
(5) Ce message s’inspire d’un texte disponible sur le site www.crsdd.uqam.ca de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l’Université du Québec à Montréal (UQAM): Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable les 19-21 juin 2006 (Montréal, Québec, Canada).
(6) Pour suivre (sous réserve d'éventuelles modifications de dernière minute):
. «Projet relationnel. Un an déjà…»,
. «Commerce équitable. L’envers du décor.»,
. «Commerce équitable. C’est une très bonne question…»...

mardi 8 février 2011

Commerce équitable. L’occasion fait le larron.

Dans la diffusion
des produits
du commerce équitable,
l'importance croissante
de la grande
distribution
ne va pas
sans risque.
Car l'occasion
fait le larron.
Et les mastodontes du secteur
pourraient donc être tentés
de profiter de leur position de force
pour dicter leurs conditions…

En grande surface plus encore que dans un magasin de produits biologiques, la crédibilité de l’information transmise par une marque est sujette à caution.
Un problème d'autant plus substantiel que beaucoup de consommateurs manquent déjà, au départ, de la connaissance de base qui leur permettrait de se poser les bonnes questions.
Nombreux sont-ils ainsi à ignorer que, d’un label à l’autre, le niveau d’exigence diffère.
Et rares sont-ils à savoir que le pourcentage d’ingrédients équitables varie en fonction des produits abordés.
Quant à ceux qui sont au parfum, comment arriveraient-ils à s’y retrouver dans le foisonnement des modalités particulières qui caractérisent la jungle des labels?
«Vingt-cinq pour cent d’intrants certifiés "Bio-équitable" suffisent à l’attribution de la marque pour un produit, précisent par exemple Aurélie Carimentrand et Jérôme Ballet, de l’Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines.
Comparativement, le cahier des charges "Main dans la Main" exige que 50% des intrants soient issus d’une ou plusieurs de ses sept filières certifiées "Main dans la Main".» (1)

Certififié incompréhensible...

Source de confusion encore, source de confusion toujours, source de confusion plus que jamais.
Qui plus est susceptible de provoquer un effet d’éviction des «bons» labels par les «mauvais»...
De quoi, à nouveau (2), alimenter la suspicion du «consomm’acteur».
De quoi, derechef, nuire à l’accroissement de la demande.
De quoi, une fois de plus, contrarier, voire anéantir le développement de l’ensemble des filières de commerce équitable… (3)(4)(5)

Christophe Engels (d'après Aurélie Carimentrand et Jérôme Ballet)

(1) Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) les 19-21 juin 2006 (Montréal, Québec, Canada), p.5: http://www.crsdd.uqam.ca.
(2) Voir le message précédent : «Commerce équitable. La grande vadrouille.»
(3) Ce message s’inspire d’un texte disponible sur le site
http://www.crsdd.uqam.ca de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l’Université du Québec à Montréal (UQAM): Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable les 19-21 juin 2006 (Montréal, Québec, Canada), p.5.
(4) Dans l'esprit des derniers messages publiés sur ce blog, la revue Éthique économique proposera sous peu un article de Corinne Gendron et Bernard Girard (respectivement titulaire et chercheur affilié à la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de lUQAM) consacré à "l'équité" du commerce équitable.
(5) Pour suivre (sous réserve d'éventuelles modifications de dernière minute):
. «Commerce équitable. Objectif : court circuit!»,
. «Projet relationnel. Un an déjà…»,
. «Commerce équitable. L’envers du décor.»,
. «Commerce équitable. C’est une très bonne question.».

vendredi 4 février 2011

Commerce équitable. La grande vadrouille.

Le commerce équitable se pose
en solution de rechange
aux échanges commerciaux inégaux.
Alternative?
Oui.
Mais alternative hétérogène,

sinon confuse.
Car la multiplication des règles et des labels ne va pas sans difficulté.
Pire: elle tend à enrayer la dynamique du mouvement.
Y a plus d’hélice, hélas!
C’est là qu’est l’os…
(1)

La définition consensuelle retenue par les quatre principales organisations du commerce équitable (2) fait la part belle aux impératifs moraux de justice et de solidarité.
Mais elle n’empêche pas la subsistance de nombreuses divergences portant sur l’interprétation de ces règles générales et sur le contrôle des droits économiques associés aux labels concernés.
D’où la création de nouvelles règles ayant vocation à encadrer les systèmes de production et les échanges.
Des règles multiples.
Portant par exemple sur le paiement d’un prix équitable.
Sur le soutien financier, technique et organisationnel aux producteurs.
Sur l’engagement à long terme.
Ou alors sur la transparence.
Autant de règles cristallisées dans des codes de conduite et dans des labels privés.
Que mettent au point différentes organisations.
D’où la multiplication de ces labels.
Et, par voie de conséquence, l’apparition de problèmes liés à l’institutionnalisation du commerce équitable.

«C’est TRES mauvais. Voilà!»

Le commerce équitable est donc aujourd’hui confronté au défi de son institutionnalisation.
En cause:
. l’unification des règles formelles ou non formelles qui régissent les relations entre les acteurs,
. la reconnaissance de la légitimité de ces règles.
«L’institutionnalisation de l’"innovation sociale" que représente le commerce équitable est d’autant plus délicate que les règles implicites sont interprétées et retranscrites de manière explicite à travers différents cahiers des charges, aux niveaux d’exigence variables, expliquent Aurélie Carimentrand et Jérôme Ballet, de l’Université de Versailles Saint Quentin en Yvelines (3).
Cette confusion risque de nuire au développement de l’ensemble des filières de commerce équitable.
Car en introduisant un facteur de suspicion, elle menace le développement de la demande des consommateurs.
Au point que, bientôt peut-être, ceux-ci en arriveront à poser la question qui tue.
Celle qui remettrait en cause l’opportunité de leur propre contribution.
Celle qui contribuerait à ébranler la légitimité même du système.
Celle qui en rappellerait une autre:
«De moi vous osez vous fouteer… ?!» (4).
Et qui forcerait, le cas échéant, à y aller d'un constat accablant:
«C’est TRES mauvais. Voilà!»(5)(6)

Christophe Engels (d'après Jérôme Ballet et Aurélie Carimentrand)

(1) Réplique culte de Bourvil et Louis De Funès dans le film «La Grande Vadrouille».
(2) Voir le message du 24 janvier 2011: «Commerce équitable. L'intention qui compte...
».
(3) Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) les 19-21 juin 2006 (Montréal, Québec, Canada), p.5: http://www.crsdd.uqam.ca/.
(4) Réplique du général allemand dans le film «La Grande Vadrouille».
(5) Réplique du chef d'orchestre (Louis De Funès) dans le film «La Grande Vadrouille».
(6) Ce message s’inspire d’un texte disponible sur le site http://www.crsdd.uqam.ca/ de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable de l’Université du Québec à Montréal (UQAM): Ballet Jérôme et Carimentrand Aurélie, Commerce équitable et durabilité institutionnelle, in Colloque organisé par la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable les 19-21 juin 2006 (Montréal, Québec, Canada), p.5.