lundi 1 octobre 2012

Capitalisme. Définir le rôle du public.



Définir le rôle du public. 
Et me mettre au service 
d'une autre main invisible:
celle de... la société!
Louis Mazuy (1) et Danielle Sanchez (2) 
ne font pas dans la dentelle...  

Les inconditionnels du capitalisme ont souvent la dent dure contre l'Etat.
Moins ils le voient, mieux ils se portent.
Disent-ils.
Pourtant, dans les faits... 
«Contrairement au discours idéologique libéral, le capitalisme a besoin de l’Etat non seulement pour les activités dites régaliennes, mais aussi pour faire prendre en charge par la société les infrastructures, les dépenses de recherche non directement rentables, les dégâts sociaux des restructurations d’entreprises, écrivent ces ingénieurs français que sont Louis Mazuy et Danielle Sanchez. 
L’Etat est même aux commandes d’entreprises stratégiques lorsque celles-ci sont momentanément non rentables, jusqu’à ce que leur profitabilité finisse par les rendre intéressantes pour les actionnaires privés. 
Il est donc essentiel de mieux définir le rôle du public.» (3)

Docteur Citoyen et Mister Client

«Soulignons un autre aspect, poursuivent nos interlocuteurs.
Si le citoyen a de fortes attentes vis-à-vis du secteur public, en tant que salarié, il a aussi un rapport individuel ou privé à son salaire et à la consommation. (…)
D’un côté, sur le terrain du prix de son travail, le salariat vit l’affrontement avec le capital, mais de l’autre, il est associé à la conquête des marchés par le groupe, sans que les conditions d’un échange équitable entre pays soit considérées comme un critère. 
Cette situation favorise l’expression d’un certain état d’esprit de collaboration. (…)
Plus globalement, chaque situation "se dédouble" dans son comportement idéologique. 
Il est exigeant vis-à-vis des services publics dans la réponse socialisée à ses propres besoins. 
Il cherche à satisfaire son intérêt particulier ou privé, sans se préoccuper des rapports d’exploitation et de domination auxquels les groupes multinationaux participent.» (4)

La main invisible d...e la société!

«Le refus des délocalisations ne signifie pas s’opposer à la localisation des productions au plus prêt des consommateurs, reprennent nos guides
Il s’agit plutôt d’empêcher les transferts de productions selon le critère de moindre coût du travail, pour qu’elles soient ensuite réimportées. (…)
Une façon de développer concrètement cette approche serait de valoriser une labellisation des entreprises, fondée non seulement sur la qualité des produits mais aussi sur des critères sociaux de progrès (protection de travail et des conditions écologiques de la production). 
La fiscalité des entreprises devrait favoriser les achats aux entreprises labellisées.» (5)

Le citoyen a toujours raison

Et notre duo de confier le sillon qui leur semble le plus judicieux à creuser...
«L’objectif est de remplacer la main invisible du marché par une maîtrise citoyenne qui n’enlève rien à l’autonomie d’initiative des entreprises. (…)
Un projet alternatif, visant une maîtrise sociale et citoyenne en lieu et place de la soumission actuelle aux multinationales et au capital financier.» (6)

Louis Mazuy (1) et Danielle Sanchez (2)
pour lObservatoire des mouvements de la société (7)

(1) Louis Mazuy, ingénieur dans une grande entreprise de la filière énergétique, est auteur de Alternative au capitalisme, Paris, Syllepse, 2010.  
(2) Danielle Sanchez est ingénieure dans une grande entreprise de la filière énergétique.
(3) Mazuy Louis et Sanchez Danielle, Multinationales et maîtrise sociale du développement, in Pistes pour en finir avec le capitalisme, Les cahiers de l'Observatoire des mouvements de la société, Syllepses, Paris, 2012, pp.126-127.
(4) Idem, pp.127-128.
(5) Idem, p.129
(6) Idem, pp.129-130
(7) L’Observatoire des mouvements de la société (OMOS) regroupe des chercheurs et des militants qui travaillent sur ce qui dans les représentations mentales et les pratiques fait obstacle ou au contraire peut faire levier à l’émancipation des individus: «Qui dit construction, dit tâtonnements, explorations – au pluriel – ce qui interdit tout esprit conclusif. C’est d’ailleurs le meilleur moyen de produire du commun. Effectivement, cette démarche permet de faire du dissensus non pas ce que l’on tolère mais un moteur de recherche. Chacun de ces dissensus stimule notre progression : il signale un problème non résolu et détermine à peu près les chantiers à prolonger ou à ouvrir. Il n’y a donc pas de "ligne" de l’OMOS, si ce n’est que ses recherches se situent délibérément dans la perspective de l’anticapitalisme. Ces pages offriront donc parfois des approches contradictoires, chaque article n’engageant que son auteur. Ces approches sont livrées telles que, sans céder à la tentation de la synthèse qui ampute toujours des contradictions et tensions. Et dans la mesure où pour nous, le lecteur n’est pas un réceptacle mais un acteur au même titre que celles et ceux qui écrivent, ses choix feront partie intégrante de sa lecture.»

3 commentaires:

  1. Le débat : un non débat

    Le débat entre le politique et le citoyen est considéré comme incontournable en démocratie. Mais son échec à apaiser, à répondre aux attentes témoigne de sa métamorphose en non-débat. Le citoyen se confond avec le consommateur. Il exprime son insatisfaction face à une crise de la gouvernance. Le politique tente de présenter une concertation modélisée. Les mots sont souvent remplacés par le slogan et les valeurs ne deviennent qu’éléments utilitaires en perte de contenu. L’égalité est remise en cause par la multiplication des droits. Le débat, lieu de tension, est devenu le champ de rencontre où s’affrontent attentes et aux besoins.

    Le citoyen voit dans la prise de décision et dans la programmation anticipées, mépris et condescendance. Il souhaite la maîtrise de ses choix mais sa parole est souvent confisquée par des groupes de pression structurés. Le non débat ne lui offre qu’écoute et exposés d’experts mobilisés dans le même espace de discussion. Il est conscient que le pouvoir de décision est sans cesse transféré vers le haut, mais ignore les freins ascendants et descendants : arbitrages multiples, rejets d’amendements, retard dans les décrets, résistances administratives dans les applications.

    Le débat parlementaire a quelque consistance s’il requiert la sérénité et une réflexion anticipée. Il est trop souvent dans la précipitation, confisqué par l’un ou l’autre expert médiatisé, ou soumis à ses groupes politiques. Les éclats singuliers sincères ou démagogiques ont peu d’effet sur les résultats du débat. Ceux-ci sont contrôlés par les arbitrages interministériels, les filtres des commissions spécialisées ou mixtes paritaires.

    ./...

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  2. ./...

    Le débat est un lieu de dramatisation où le conflit est utile dans la confrontation des valeurs et des intérêts. Les conférences de consensus, les jurys citoyens semblent adaptés à condition de dépasser la consultation d’opinion et la transmission d’informations. Le débat éthique doit participer à la sauvegarde du sens commun et définir le bien commun grâce à un projet clair qui requiert un calendrier, des moyens, une analyse pratique de la mise en application et une évaluation. Il peut être issu de la base ou avoir une origine descendante. Les compétences mobilisées doivent être distinguées mais non séparées : scientifiques, techniques, philosophiques, politiques. Elles permettent d’identifier les acteurs dont la pédagogie conduit à la compréhension des enjeux, et non à l’écrasement du récepteur (le citoyen lambda).

    Une éthique de la discussion, qui n’impose pas la recherche d’un consensus et reconnait un dissensus, autorise à penser, à définir la relation des hommes entre eux et à celle de l’homme au monde. Le débat éthique encourage chacun à repenser la subjectivité, la représentation du soi. On peut douter que des acteurs de pouvoir puissent remettre en cause par exemple, les institutions qui assurent leur légitimité. Une éthique endogène (bioéthique, politique) voit les limites de son agir sans vision extérieure ou décentrée.

    Plus que jamais un pont est à construire entre éthique et politique.

    Jean-Louis Lorrain, Sénateur, Docteur en médecine et en éthique, Membre du CEERE.

    http://ethique-alsace.unistra.fr/uploads/media/56__Lettre_CEERE_oct._2012.pdf

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  3. Nuit Blanche Invitations à l'Imaginaire

    Mesdames, Messieurs,

    A l’occasion de la Nuit Blanche 2012, le Centre d'Etude sur l'Actuel et le Quotidien (CeaQ) vous invite à la Fondation d’entreprise Ricard à assister à la rencontre Invitations à l'imaginaire

    "Le luxe nocturne de la fantaisie": Michel Maffesoli reçoit Edgar Morin et Gianni Vattimo, philosophes.

    Il est des époques où ce qui prévaut est l’appel à la clarté, la modernité est du nombre qui, issue de la philosophie des Lumières, va mettre l’accent sur la raison, la foie dans le Progrès et la « valeur travail ». Tous les aspects de la vie sociale doivent être fonctionnels, utilitaires, voire «ustentilaires». En bref, le monde doit être dominé et exploité à merci.Tout autre est l’ambiance sociétale en gestation dans la postmodernité
    naissante. L’imagination y occupe une place de choix, le sens du PRÉSENT («carpe diem») retrouve force et vigueur et la création devient un «souci» d’importance pour tout un chacun. C’est dans une telle ambiance que le «nocturne» est valorisé. Nuit, moment privilégié de la fantaisie et du «luxe», qu’il faut comprendre en son sens étymologique: ce qui est «luxé», ce qui ne sert à rien. Et comme chacun sait: c’est bien plus beau quand c’est inutile.

    Samedi 6 octobre à 20h
    Fondation d'Entreprise Ricard
    12 rue boissy d'anglas
    75008 Paris
    Metro: Concorde ou Madeleine
    ATTENTION : entrée libre dans la limite des places disponibles

    Bien cordialement

    Le CeaQ

    Le CEAQ (Centre d'Etude sur l'Actuel et le Quotidien) est un laboratoire de recherche à vocation internationale qui s'intéresse principalement aux nouvelles formes de socialité et à l'imaginaire sous ses formes multiples.

    Centre d'Etude sur l'Actuel et le Quotidien Bâtiment Jacob
    Bureau 527bis
    45, rue des Saint Pères
    75006 Paris
    Tel. / Fax : 00 33 (1) 42 86 46 34

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