mercredi 19 janvier 2011

Commerce équitable. Le juste prix.



Acheter équitable,
c’est opter
pour une politique
du «juste prix».
Juste
car calculé
en tenant compte
du petit producteur.
Et non plus seulement
en fonction
du gros intermédiaire
et du courtisé consommateur.



«Refusant l’équation prix juste égale prix le plus bas, le commerce équitable propose une approche régulationniste des échanges économiques.
Une approche dans laquelle la fixation des prix n’est pas laissée à une hypothétique main invisible, mais obéit au contraire à des règles établies à l’avance par les partenaires commerciaux.» (1)
Ainsi s’exprime l’altermondialiste et environnementaliste Charly Poppe (2).
Qui fait donc référence à l’instauration de «règles du jeu» spécifiques...

Par dessus le marché…

Ces règles doivent permettre de voir plus loin, dans le temps et dans «l'espace».
- Plus loin dans le temps tout d’abord.
Car ce dont il est question ici, c’est bel et bien d’une relation à long terme, fondée sur la prévisibilité des prix et des commandes.
- Plus loin dans «l'espace» ensuite.
C'est-à-dire au-delà de ce «terrain de je» qu'est le domaine étriqué de mes intérêts purement individuels et matériels de consommateur.
Il s'agit, de la part de l'intermédiaire bien sûr mais également dans le chef du «consomm'acteur» que je suis, de consentir à débourser un prix qui soit réellement rémunérateur pour le petit producteur.
Un prix qui couvre en tout état de cause
. aussi bien le coût de ses matières premières
. que ses coûts fixes
. et ceux de sa main d’oeuvre.
«Pour certaines denrées, notamment les matières premières agricoles telles la banane ou le café, les participants à la chaîne équitable fixent ensemble un prix minimum à payer au producteur, explique Poppe.
Le prix final payé au producteur correspondra alors au prix le plus avantageux entre le prix local, le prix du marché mondial et le prix défini a priori par les partenaires.» (1)
Par dessus le... marché (!), la rémunération équitable doit intégrer les «coûts cachés» de la production, à savoir
. le bien-être social des travailleurs
. et le respect de l’environnement.
«C’est dans cette optique qu’intervient la "prime de développement", fixée aux alentours de 10% du prix d’achat et destinée à être investie par exemple dans des infrastructures sociales, éducatives ou sanitaires ou dans l’amélioration de la qualité des produits.»
(1) C'est que le prix s’inscrit aussi, en définitive, dans une démarche plus globale de développement durable, avec la prise en compte de critères tels que
. le préfinancement (3),
. l’information des producteurs,
. le «renforcement des capacités»
. ou encore le soutien à la diversification économique.
Allo, tonton néolibéral? Pourquoi tu tousses…?

Christophe Engels

(1) Poppe Charly, Louvain (Revue bimestrielle de l’Université catholique de Louvain), n°162, avril 2006, p.20.
(2) Membre des Amis de la Terre - Europe.
(3) Pour éviter l’endettement des producteurs.

samedi 15 janvier 2011

Investissement solidaire et commerce équitable. Faits pour s’entendre…

Briser le carcan réductionniste
d’un «homo economicus»
aux visées fondamentalement,
voire exclusivement,
individualistes et matérialistes?
Un objectif commun
à la finance solidaire
et au commerce équitable.
Qui, pour autant, n’envisagent
ni l’une ni l’autre
de se contenter d’en appeler
à la solution de facilité
d'un processus de régulation
aussi traditionnel
que lacunaire.
Décidément, ces deux-là
sont faits pour s’entendre…


Finance solidaire et commerce équitable, même combat?
Oui, estiment bon nombre d’économistes. Dont le directeur d’une coopérative de crédit social belge (1), Michel Genet…
«Finance solidaire et commerce équitable sont le fait de citoyens qui, tout en s’intégrant dans le cadre d’une économie de marché, ont voulu aménager celle-ci pour y insuffler des valeurs qui, d’habitude, dépassent l’Homo economicus.» (2)
D’un côté, donc, un épargnant solidaire qui, loin de se borner à maximiser le return immédiat de son investissement, accorde aussi une importance déterminante à la perspective de son impact sur la cohésion sociale ou l’environnement…
Et de l’autre, un consommateur-citoyen qui, faute de se satisfaire de maximaliser son utilité, entend intégrer dans son acte d’achat une dimension d’équité et d’aide au développement …

Proximité de motivation

Pour Genet, l’émergence des deux mouvements renverrait à une seule et même explication: la déficience de la régulation dans son rôle de grand ordonnateur des marchés.
Ainsi, le succès des placements solidaires se serait construit en réaction à l'incapacité affichée par les pouvoirs publics de contrer une évidente «mauvaise volonté»: celle mise par les entreprises à prendre leurs responsabilités face aux effets secondaires (3) de leurs opérations économiques, tant sur le plan social qu’en matière environnementale.
Quant à la montée en puissance du commerce équitable, elle s’enracinerait dans le terreau d’une indignation: celle née de l’impossibilité manifeste de brider la croissance des inégalités entre acteurs du marché, les plus forts persistant à imposer des rapports d’échange toujours plus défavorables aux «petits».

Proximité d’enjeu

Deuxième type de proximité: celle des enjeux.
Finance solidaire et commerce équitable sont en effet confrontés à un risque de perversion similaire.
Perversion, d’une part, liée à une récupération par les banques de la notation éthique de leurs fonds d’investissement, l’option de l’internalisation permettant de mettre sur la touche ces «empêcheuses de tourner en rond» que sont les agences indépendantes.
Perversion, d’autre part, découlant du lancement (4) de labels bien moins ambitieux que leurs prédécesseurs.

Proximité de terrain

Proximité des motivations et des enjeux, donc. Mais aussi proximité de terrain.
Car désormais, les institutions de finance solidaire comptent parmi leurs clients des organisations de commerce équitable...
«Crédal, par exemple, a financé des acteurs aussi importants que Max Havelaar, Oxfam, Magasins du Monde ou encore Citizen Dream, confie notre guide. Il apparaît maintenant évident que l’objectif de rendre l’économie plus citoyenne ne pourra être atteint qu’en coalisant ces forces afin de sensibiliser un maximum de citoyens. Un monde plus juste est à ce prix.» (2)

Christophe Engels

(1) Crédal.
(2) Genet Michel, L'investissement solidaire: l'argent équitable, Louvain (Revue bimestrielle de l’Université catholique de Louvain), n°162, avril 2006, p.26.
(3) Les économistes parlent d’«externalités», une notion initialement proposée par A. Marshall pour désigner l’impact d’une opération économique entre A et B sur un facteur C qui n’était pas a priori concerné.
(4) Notamment par des grands toréfacteurs privés.

vendredi 14 janvier 2011

Actu. Partie remise?

Mauvaise nouvelle:
l’émission «3D» qui devait réunir
Stéphane Hessel, Edgar Morin et Claude Alphandéry (1)
le 16 janvier est annulée.

L’actualité du Maghreb commande finalement à France Inter et à Stéphane Paoli de se consacrer à la Tunisie le dimanche 16 janvier, de 12h à 13h.
Exit, donc, l'émission annoncée sous le titre «Après l’indignation vient le temps des résistances».
Et annulé, en définitive, ce rendez-vous fixé autour de l’économie sociale et solidaire.
Dommage, même si l'importance majeure et même historique des événements d'outre-Méditerranée suffit bien-sûr amplement à justifier un tel changement de programme.

(1) Lire notre précédent message.

mardi 11 janvier 2011

Actu. Appel à indignation de Stéphane Hessel. Papy fait de la résistance!



«Après l’indignation
vient le temps
des résistances»:
le débat organisé
par Stéphane Paoli
dans le cadre du prochain numéro (1)
de son émission «3D»,
sur France Inter,
est riche de promesses.
Non seulement parce que
l’économie sociale et solidaire
y sera à l’honneur.
Mais aussi parce que seront réunis
pour la circonstance
Claude Alphandery (2),
Edgar Morin (3)
et Stéphane Hessel (4).
L'occasion, ici, de rendre hommage au troisième nommé.
Dont le dernier ouvrage, «Indignez-vous!» (5),
rencontre un succès époustouflant (6)...
et rafraîchissant!
Défense et illustration de la langue citoyenne...

Stéphane Hessel

«On ose nous dire que l’État ne peut plus assurer les coûts de ces mesures citoyennes.
Mais comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée?
Sinon parce que le pouvoir de l’argent, tellement combattu par la Résistance, n’a jamais été aussi grand, insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les plus hautes sphères de l’État.
Les banques désormais privatisées se montrent d’abord soucieuses de leurs dividendes, et des très haut salaires de leurs dirigeants, pas de l’intérêt général.
L’écart entre les plus pauvres et les plus riches n’a jamais été aussi important; et la course à l’argent, la compétition, autant encouragée.

Dictature des marchés financiers: tous dans le maquis!

Le motif de base de la Résistance était l’indignation.
Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes générations à faire vivre, transmettre, l’héritage de la Résistance et ses idéaux.
Nous leur disons: prenez le relais, indignez-vous!
Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

Militants de l'Histoire...

Je vous souhaite à tous, à chacun d’entre vous, d’avoir votre motif d’indignation.
C’est précieux.
Quand quelque chose vous indigne comme j’ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé.
On rejoint ce courant de l’histoire et le grand courant de l’histoire doit se poursuivre grâce à chacun.
Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté, mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler.
Ces droits, dont la Déclaration universelle a rédigé le programme en 1948, sont universels.
Si vous rencontrez quelqu’un qui n’en bénéficie pas, plaignez-le, aidez-le à les conquérir.» (7)

Stéphane Hessel

(1) Diffusion en direct le dimanche 16 janvier 2011, de 12h00 à 13h00.
(2) Ancien résistant, économiste, militant communiste... et banquier, Claude Alphandery a développé le réseau France Active de finance solidaire.
(3) Directeur de recherche émérite au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), le sociologue Edgar Morin est surtout connu pour avoir développé un concept de «complexité» qui lui a valu d'être nommé docteur honoris causa de plusieurs universités à travers le monde.
(4) Stéphane Hessel, né à Berlin en 1917, a vécu à Paris à partir du milieu des années 1920. Arrêté par la Gestapo pour ses activités dans la Résistance, il a été déporté à Buchenwald. A la Libération, il a occupé divers postes diplomatiques. Un contexte qui lui a permis de participer à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée Générale des Nations Unies.
(5) Hessel Stéphane, Indignez-vous!, Indigène éditions, Montpellier, 2010.
(6) Plus de... 500.000 exemplaires vendus avant lancement, tout début janvier, d'un nouveau tirage de 300.000 unités!
(7) Extrait de Hessel Stéphane, Indignez-vous!, ibidem, p.11. Les titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction.

vendredi 7 janvier 2011

Emergence de la finance responsable et solidaire. C'est manifeste !

Promouvoir
les activités financières
qui favorisent
le bien commun.
Et bannir celles
qui portent atteinte
à ce dernier.
Tel est le double objectif
que se fixe
le «Manifeste de la finance responsable et solidaire»
récemment présenté en Belgique.
Coup d'oeil sur ce document.
Qui mérite bien que l'on s'y attarde.
Au-delà, même, des petites frontières du plat pays...

«Les crises financières à répétition ont prouvé que les activités financières pouvaient affecter la société aussi bien de manière positive que de façon désastreuse.
Il appartient dès lors à cette dernière de promouvoir celles qui favorisent le bien commun et de bannir celles qui portent atteinte à celui-ci.
Pour y parvenir, elle doit agir dans deux directions:
- cadrer les activités financières d'une part,
- les orienter d'autre part.

-Concernant le cadre dans lequel doivent se dérouler les activités financières, un parallèle peut être fait avec l'industrie pharmaceutique.
Pour schématiser, il existe trois types de médicaments:
. ceux interdits à la vente,
. ceux autorisés mais qui ne donnent droit à aucun remboursement pour le patient,
. ceux, enfin, qui peuvent être vendus et dont le prix est partiellement remboursé.
Ramené au secteur financier, tout le monde s'accorde à dire qu'une plus grande régulation est indispensable pour interdire certaines pratiques particulièrement nuisibles comme vient de nous le montrer la crise financière.
Mais au-delà de ces interdictions, sans doute est-il justifié de réserver les incitants publics à des banques qui sont structurellement organisées pour répondre à des objectifs d'intérêt général.
Par ailleurs, comment accepter que produits et services soient offerts sans que leur composition ne soit indiquée de manière complète et honnête?
De la même manière, les pouvoirs publics ne doivent-ils pas assurer le contrôle de la qualité quant à leur impact social et environnemental dont se vantent certains produits d'épargne, d'investissement ou d'assurance?
Le nouveau cadre doit également laisser une place beaucoup plus importante au débat public.

- Le cadre posé, il importe que les pouvoirs publics assurent la promotion des activités financières essentielles à la population.
. Il s'agit d'abord de stimuler le financement de certaines activités économiques en Belgique, mais aussi dans le monde.
. Mais il importe également que les services financiers soient accessibles à toute la population, y compris aux plus faibles, en matière de services bancaires de base mais aussi d'épargne et de crédit.
Cette promotion du "bien faire de la finance" suppose en premier lieu une politique fiscale adéquate.
Mais elle passe également par une responsabilisation, y compris financière des acteurs.
Enfin, un bon moyen d'assurer la mise en oeuvre d'une politique consiste bien sûr à se l'appliquer à soi-même.
» (1)

Le document complet (51 pages) est disponible sur le site de Financité: http://www.financite.be/gallery/documents/memorandums/manifeste-nov2010-def.pdf.

(1) D'après le «Manifeste de la finance responsable et solidaire» du Réseau Financement Alternatif, novembre 2010, p.4 (introduction).

mardi 4 janvier 2011

Actu. Recherche personne, désespérément…

Notre société est menacée de déshumanisation.
Telle est l’accusation
lancée par le philosophe français Philippe Cormier.
Qui s’apprête à expliciter
les raisons de son indignation.
Et à prendre, plus que jamais,
fait et cause pour la personne.
Prochainement à Paris.

Injustices sociales et inégalités, institution scolaire qui met en échec une partie importante de sa population étudiante, psychiatrie qui tend à oublier le sujet…
Pour Philippe Cormier, le constat est accablant.
Au point de faire sonner l’heure de la contre-offensive.
Le 25 janvier à Paris, le philosophe jouera donc les éclaireurs dans l’œuvre de reconquête qu’il appelle de ses voeux.
En rappelant que l’homme est une personne.
En incitant, sur cette base, à réinterroger, puis à refonder aussi bien nos prises de position que nos pratiques.
Et en se demandant ce qui résulterait d’une telle remise en cause dans les domaines politique, social et éducatif, ainsi que dans les approches de la maladie mentale et de la souffrance psychique... (1)

En bref…
Quoi?
Une conférence: «La personne: un défi très actuel pour notre société (éducation, santé mentale, justice sociale)».
Qui?
Un intervenant: le philosophe Philippe Cormier.
Deux organisateurs: La Vie Nouvelle ainsi que Démocratie et Spiritualité.
Quand?
Mardi 25 janvier 2010, de 19h à 21h.
Où?
Au Forum 104,
104 rue de Vaugirard,
75006 Paris.
Combien?
10€ (8€ pour les adhérents)
Mais encore…
www.lvn.asso.fr/spip.php?article1352

(1) N'hésitez pas à me laisser votre avis, NON PAS (pour des raisons techniques) AU BAS DES TEXTES PUBLIES CI-CONTRE, mais bien à l'adresse engels_chr@yahoo.fr (n'oubliez pas la barre de soulignement: engels_chr...).

vendredi 31 décembre 2010

Boules de réflexion et guirlandes relationnelles. Meilleurs voeux, 2011 fois plutôt qu'une...

Une année un peu moins matérielle
et un peu plus humaine.
Une année un peu moins égoïstement critique
et un peu plus lucidement autocritique.
Une année un peu moins individuelle
et un peu plus personnelle.
Une année toute empreinte
de singularité émancipée,
de relation chaleureuse
et d'action fructueuse.
Projet relationnel vous présente ses meilleurs voeux.
2011 fois plutôt qu'une...

Il était une fois deux Américains.
«La période des grands froids approche, constate l'un. Il est plus que temps d'aller couper du bois.»
«C'est vrai, acquiesce l'autre. Mais comment déterminer la quantité nécessaire?»
«J'ai entendu parler d'un Indien, reprend le premier. On dit qu'il est remarquablement doué pour prévoir la rigueur de l'hiver...»
Et nos amis de s'en aller trouver la perle rare.
«Salutations à toi, Grand Sachem. Peux-tu nous renseigner sur les températures qui nous attendent ces prochains mois?»
«Hug! Hiver sera rude.»

Les deux hommes, après s'être confondus en remerciements, décident donc de consacrer un temps relativement important au travail d'abattage.
Mais après quelques jours, l'un d'eux y va d'un nouveau questionnement.
«Hiver rude, d'accord!
Mais encore?
Avons-nous désormais travaillé suffisamment?
Ou alors convient-il de poursuivre?
Et, le cas échéant, pour combien de temps?»
Le duo repart donc interpeller l'Indien.
Qui consent à une réponse un rien moins succincte...
«Hug! Hiver sera très rude.»

C'est donc reparti pour une période de labeur en forêt.
Avant que le besoin de précision ne refasse surface.
Avec troisième «consultation» à la clé.
Et troisième réponse...
«Hug! Hiver sera très, très rude.»

De retour au boulot, le binôme convient qu'il faut en finir.
Ce processus d'allers-retours ne peut plus durer.
Décision est donc prise de formuler une question plus appropriée à l'intéressé...
«Rebonjour à toi, Grand Guerrier. Nous sommes très admiratifs devant ton savoir.
Mais nous voudrions en savoir un peu plus long.
Peux-tu donc, cette fois, nous renseigner sur les critères qui fondent tes remarquables prévisions?»
«Hug, répond le peau rouge. Plus homme blanc couper bois, plus hiver rude...»

Pour 2011, je vous souhaite une année sans manquement... ni fuite en avant sur le plan matériel.
Mais également, tant qu'à faire, une année sans insuffisance ni suffisance sur le plan individuel.
Et aussi, sur le plan personnel, une année... autrement plus riche
(1).
Car marquée d'une singularité... activement et positivement relationnelle! (2)

Christophe Engels

(1) Pour rappel.
(2) N'hésitez pas à me laisser votre avis, NON PAS (pour des raisons techniques) AU BAS DES TEXTES PUBLIES CI-CONTRE, mais bien à l'adresse engels_chr@yahoo.fr (n'oubliez pas la barre de soulignement: engels_chr...).

mardi 28 décembre 2010

Actu. Trois jours pour refaire le monde...

Des conférences, des ateliers, des stands...
Prochainement à Paris,
le «Forum des associations» rassemblera
un large pannel de ces nombreux pionniers
qui entendent contribuer à l'émergence
d'un autre modèle de développement.

Les «mots d’ordre» de notre époque («croissance», «compétitivité», «consommation», «progrès»…) ne parviennent plus à camoufler leurs ambiguïtés, leurs limites et leurs effets pervers.
Des crises de toutes natures secouent nos sociétés.
Et les suites du «Grenelle de l'environnement» laissent de nombreuses associations sur leur faim.
A l’approche de ces grands rendez-vous mondiaux que seront le «Forum Mondial Sciences et Démocratie 2011» et le «Sommet de la Terre 2012», la société civile ne se doit-elle donc pas, plus que jamais, de capitaliser sur son patrimoine d’idées et de pratiques?
De le croiser avec les savoirs scientifiques et techniques?
De prendre conscience de son unité?
De débattre de ses différences?
D'approfondir ses démarches en commun?
Tel sera, en tout cas, le parti-pris du «Forum des associations».
Qui se tiendra du 20 au 22 janvier 2011 à Paris.
Et dont le thème s'avère assez explicite: «Repenser le développement: la société civile s'engage».

En bref...
Quoi?
«Forum des associations»: «Repenser le développement: la société civile s'engage».
Trois journées de réflexion, de débats et d’échanges.
Qui?
Un organisateur: Natures Sciences Sociétés - Dialogues.
Des acteurs associatifs et scientifiques qui œuvrent à co-construire un autre modèle de développement.
Quand?
Les 20, 21 et 22 janvier 2011.
Où?
A la Cité universitaire internationale de Paris.
Combien?
Entrée libre et gratuite
. dans la limite des places disponibles,
. sous condition (impérative) d'inscription préalable (www.nss-dialogues.fr/Forum-des-associations-01-2011)
Mais encore...

vendredi 24 décembre 2010

Réflexion… fêtes !

De Belgique (1),
de France
(2),
du Canada
(3),
des Etats-Unis
et d'ailleurs
(4),
c’est à concurrence de plusieurs milliers
que vous avez lu les «messages»
de ce «Projet relationnel».
Une excellente nouvelle.
D'autant que votre nombre ne cesse d’augmenter.
Pourquoi, dès lors, ne pas saisir la balle au bond?
Pourquoi ne pas contribuer à rendre cette vague
encore plus porteuse?
Pourquoi ne pas mettre le coeur... à l'ouvrage?

A la veille des fêtes de fin d'année qui s'annoncent, j'ai le grand plaisir de remercier celles et ceux qui, parmi vous, ont d’ores et déjà eu la gentillesse d’apporter leur pierre à l’édifice du «Projet relationnel» en en relayant l’existence et l’esprit via des liens, citations, mentions et autres référencements.
Nul doute que leurs initiatives ne resteront pas isolées.
Nul doute que d'autres suivront.
Nul doute, même, que cette période de voeux et de bonnes résolutions les incitera, eux aussi, à participer de la sorte, donc encore plus activement, à la dynamique des courants d'idées émergents...

Dix mois plus tard...

Rappelons-le: il y a dix mois, «Projet relationnel» s'était fixé pour objectif d'observer avec enthousiasme - et en compagnie de quelques remarquables contributeurs - l'actuel foisonnement de ces mouvements de pensée qui paraissent «préparer l'après-crise en cherchant brillamment et positivement à déborder le double carcan de notre "me now society": son individualisme consumériste et son matérialisme acquisitif» (5).
Depuis lors, 90 messages ont déjà été postés en ce sens.
Autant de considérations qui, au-delà de ma modeste participation, ont bénéficié de contributions et sources d'inspiration aussi riches que nombreuses.
Citons, par ordre chronologique et sans la moindre volonté d’exhaustivité :
. Christian Arnsperger (Université Catholique de Louvain),
. Thierry Verhelst (universités diverses),
. Immanuel Wallerstein (Yale University),
. Isabelle Cassiers (Université Catholique de Louvain),
. Géraldine Thiry (Université Catholique de Louvain),
. Philippe Van Parijs (Université Catholique de Louvain, Harvard University...),
. Yannick Vanderborght (Facultés Universitaires Saint-Louis...),
. Tim Jackson (University of Surrey),
. Muhammad Yunus (Prix Nobel de la Paix 2006),
. Sybille Mertens (Université de Liège),
. Corinne Gendron (Université du Québec à Montréal),
. Michel Pébereau (Président du Conseil d’administration de BNP Paribas),
. Benoît Frydman (Université Libre de Bruxelles),
. Bernard Bayot (directeur du Réseau Financement Alternatif),
. Marc Luyckx Ghisi (ancien conseiller des présidents Delors et Santer à la «Cellule de Prospective» de la Commission européenne)…

Une année 2011... autrement plus riche!

Nombre des thématiques annoncées ont déjà été abordées (6).
D'autres doivent encore l’être (7).
Certaines en compagnie de «pointures» (!), dont les revenants Christian Arnsperger et Thierry Verhelst ou les arrivants Marcel Bolle de Bal (émérite Université Libre de Bruxelles) et consorts, qui, parmi d'autres, ont dès à présent accepté d'associer leur nom à la suite de ce passionnant voyage au pays des idées émergentes.
Qu'ils en soient, une fois encore, sincèrement remerciés.
Au même titre que ceux, ci-devant cités notamment, qui les ont devancés à cette tribune.
Tous, en effet, pourraient bien contribuer à fertiliser votre année 2011.
Celle-là-même qu’en tout état de cause, je vous souhaite aussi féconde que chaleureuse...

Christophe Engels
engels_chr@yahoo.fr

(1) Majoritairement.
(2) A peu près aussi abondamment.
(3) En quantité également, avec des pics de fréquentation.
(4) Maroc, Royaume-Uni, Brésil, Pays-Bas, Tunisie, Emirats arabes unis…
(5) Extrait de la rubrique «Je me présente...»
(6) . Transition économique,
. simplicité volontaire,
. créativité culturelle,
. altermondialisme,
. (dé)croissance,
. allocation universelle,
. développement durable,
. business social,
. économie sociale,
. responsabilité sociétale des entreprises,
. responsabilité sociétale des acteurs économiques,
. socio-économie solidaire,
. finances solidaire et alternative...
(7) . Consommation responsable,
. commerce équitable,
. systèmes d’échange locaux (SEL),
. monnaies sociales,
. consommation responsable,
. post-capitalisme,
. post-libéralisme,
. communication non violente,
. université de paix,
. sociologie existentielle,
. reliance
. et personnalisme.

mercredi 22 décembre 2010

Prospective. Demain, c’est aujourd’hui…

Les pouvoirs en place
s’acharnent-ils
à nous convaincre
qu’il n’y a pas d’alternative?
Marc Luyckx Ghisi
n’en a cure.
Inutile de nier l’évidence, assure-t-il.
La société civile a déjà
les yeux tournés
vers un autre monde.
D’où le changement de société
qui s’opère rapidement et inéluctablement sous nos yeux.
Un changement qui touche aux aspects les plus profonds de nos existences.
Et qui dissout l’architecture souterraine de la modernité.
Rencontre avec un prospectiviste décoiffant.
Qui, pour ce réveillon de... l’ère neuve, nous offre l’intégralité de son dernier livre.
Avec ses meilleurs vœux pour les décennies qui s’annoncent...


Marc Luyckx Ghisi (1)

J'y explique qu'en fait nous sommes dans un changement que de nombreux citoyens perçoivent, mais dont personne ne parle.
D'où viennent mes idées que nous échangeons depuis dix ans avec Thierry Verhelst.
De 1990 à 1999, j'ai eu le grand plaisir de faire partie de la fameuse Cellule de Prospective de la Commission européenne, créée par Jacques Delors.
J'ai pu voyager énormément et ai perçu sur les cinq continents la même problématique sous-jacente.
L'humanité est confrontée à un changement de paradigme, de niveau de conscience.
Car comme dit Einstein, elle ne parviendra pas à solutionner ses problèmes globaux avec le même niveau (bas) de conscience qui a engendré ceux-ci.
Nous sommes donc dans un changement qui a quatre niveaux de profondeur.
Le niveau trois est la changement d'outil de production.
Nous passons de l'outil industriel (usine capital et technologie) à l'outil post-industriel et immatériel (cerveau humain en réseaux).
Et donc nous changeons de «Weltanschauung», de vision du monde.
C'est à cause de ce changement d'outil de production que tout à coup les dimensions sociale et environnementale deviennent importantes pour les entreprises.
Parce que ces éléments qui étaient considérés comme des coûts dans la vision industrielle deviennent des «acquis immatériels» qui font monter la valeur des entreprises en bourse!!! (intangible assets).
Il me semble très important de voir et d'expliquer ces changements structurels de l'économie.
Car cela renfonce considérablement les arguments en faveur d'un monde plus social et plus écologique.
Les lecteurs intéressés trouveront mon livre Surgissement d'un nouveau monde: valeurs, visions, économie, politique... tout change en open source.

Très amicalement.

Marc Luyckx Ghisi

(1) Marc Luyckx Ghisi a étudié les mathématiques, la philosophie et la théologie. Il a été conseiller des présidents Delors et Santer à la «Cellule de Prospective» de la Commission européenne (Bruxelles). Il est doyen de la Cotrugli Business Academy à Zagreb (Croatie) et membre du Auroville International Advisory Council (Inde du Sud). http://vision2020.canalblog.com. www.animate-eu.com.
(2) Luyckx Ghisi Marc, Surgissement d'un nouveau monde: valeurs, visions, économie, politique... tout change, Alphée, Paris, 2010.

vendredi 17 décembre 2010

Finance simplicitaire. Irréaliste? Oui, mais...


Les propositions simplicitaires
d'un Christian
Arnsperger (1)?
«Irréalistes»,
assurent bon nombre
d'économistes et de décideurs politiques.
L'intéressé ne s'en offusque pas.
Ils ont... raison, estime-t-il!
Absolument raison!
Oui, mais...

Christian Arnsperger

Tout ce que j’ai dit jusqu’ici (sur la nécessité d'innover en matière normative, politique, individuelle et économique n.d.l.r.) ne sert à rien, ou presque.
Les soi-disant «réalistes» peuvent tout balayer d’un revers de la main en montrant que tous les pionniers de la frugalité, tous les «citoyens-entrepreneurs» ne parviendront, en fin de compte, qu’à créer de petites et éphémères poches d’activité alternative, qui dureront tant que suffisamment de membres gagneront suffisamment d’argent dans l’économie dominante ou pourront tirer suffisamment de bénéfices de certains placements capitalistes.
Ces réalistes pourront même montrer – et ils n’auront pas tort – qu’un Revenu de Transition Economique (RTE) viable mais frugal ne sera jamais suffisant à financer tous les coûts de lancement des initiatives soutenables: achat d’un terrain et construction ou restauration bioclimatique dans le cas d’un écovillage, emprunt de fonds pour constituer le capital de départ d’une petite exploitation bio ou d’une micro-entreprise industrielle ou artisanale, etc.
Ceci explique déjà actuellement pourquoi le paysage des «alternatifs» est aussi maigrement peuplé, et pourquoi tant de «simplicitaires» sans le sou (et ils le sont souvent) ne parviennent tout simplement pas à démarrer ou à pérenniser leurs projets.

Pas si vite, mes gaillards!

D’où viennent ces échecs?
Ne démontrent-ils pas qu’il n’y a point de salut hors des grands circuits du commerce mondial et de la finance globale?
Dans l’état actuel des choses, oui!
Et c’est pour cela, je le crains, qu’il ne sert malheureusement à rien d’être «simplicitaire» trop tôt et de concentrer trop vite toutes ses énergies sur la création d’alternatives pour le succès desquelles les conditions structurelles ne sont pas encore réunies.
Le domaine que les adeptes de la vie simple devraient investir en premier, de toute leur énergie militante, est un domaine qui leur fait horreur par nature mais qui, s’ils n’y vont pas voir de près, ne cessera de les piéger et d’empêcher la vie simple de devenir un projet politique.
Je parle du domaine de la création monétaire et de la mise en circulation de l’argent par le crédit bancaire.

Fantasme et dépendance

L’actuel impératif de croissance a certes partie liée avec les désirs réputés insatiables des consommateurs.
Mais le consommateur n’est, après tout, que le dernier maillon d’une chaîne qui s’ancre avant tout dans la nécessité, pour toutes les entreprises, de faire du bénéfice pour leur actionnaires… et pour leurs banquiers.
Les paiements d’intérêt sur les dettes privées des entreprises forment, selon certaines estimations, entre 15 et 25% des prix de revient.
Il y a donc, à cause de cette logique de la dette, une forte pression inflationniste inscrite dans le système.
Mais comme les ménages sont eux aussi endettés, notamment à cause d’hypothèques de plus en plus exorbitantes sur leurs logements (ou sur celui de leur propriétaire), leur pouvoir d’achat est sans cesse érodé et ils deviennent complètement dépendants de l’emploi que doit leur fournir l’économie non soutenable – et qu’elle leur fournit de moins en moins, car les profits servent d’abord à rembourser les créanciers, pas à créer des postes de travail.
Dans ces conditions, vouloir quitter l’économie dominante pour explorer les alternatives frugales relève, pour la plupart des citoyens, du pur fantasme.

Les jeux sont faits!

L’Etat peut certes essayer de suppléer à ce défaut, en finançant un RTE (en partie par remplacement de certains transferts sociaux existants) et un soutien aux investissements des «transitionnaires».
Mais il devra pour cela lever des impôts ou, à défaut – puisque dans la logique dominante l’impôt «étrangle» l’économie privée – il devra lui aussi s’endetter en euros, donc in fine auprès des banques privées.
S’il ne stimule pas la croissance matérielle et monétaire, en attirant des investisseurs et en boostant la compétitivité des entreprises capitalistes du pays, donc en «jouant» le jeu de l’économie dominante, il ne pourra pas rembourser et son credit rating se dégradera, compromettant à brève échéance sa capacité future à financer le RTE et les investissements dans les infrastructures d’une vie simple.

Donc, et c’est un constat terrible, la logique monétaire de la dette capitaliste qui règne aujourd’hui rend tout projet collectif de transition vers un réseau d’économies frugales impraticable.

Noir, impairs et impasse

Suffirait- il que nous nous désendettions tous une bonne fois?
Pas du tout!
Car s’il n’y a plus de dettes, il n’y aura plus un seul euro en circulation dans l’économie!
L’euro est une monnaie privée émise par les banques commerciales, sous le contrôle d’une banque centrale qui s’assurent qu’elles ont suffisamment de billets pour faire face aux retraits éventuels, et qui veille aussi à ce que l’inflation ne soit pas trop forte pour que les débiteurs (ménages, entreprises, Etat) ne s’en sortent pas trop facilement au détriment de ceux qui, possédant déjà beaucoup, peuvent demander au secteur bancaire de leur verser des intérêts créditeurs (s’ils sont de riches déposants) et/ou des dividendes (s’ils sont actionnaires).
La poursuite incessante du réendettement, et la croissance matérielle et monétaire obligatoire qui l’accompagne, font partie de la logique même de ce système ploutocratique.

Faire sauter la banque...

C’est contre cette logique de l’argent-dette – qui rappelle celle du faux-monnayeur et du joueur de casino – que les aspirants simplicitaires devraient s’élever en premier.
Je veux dire: en priorité, ce qui n’exclut évidemment pas d’avancer par ailleurs dans la réflexion, la prise de conscience, l’action exploratoire à petite échelle, etc.
Si la logique même de la création monétaire n’est pas modifiée, il n’y aura aucune possibilité durable de créer un réseau pluri-économique alternatif où les valeurs d’une croissance intelligente et d’un travail non salarié puissent être vécues à grande échelle, sur fond d’autolimitation globale et de nouvelles relations humaines.

En finir avec l'économie casino...

Des alternatives monétaires existent.
On pourrait envisager un secteur bancaire entièrement non marchand.
Ou alors, les pouvoirs publics pourraient ôter par décret à toutes les banques commerciales le monopole de la création monétaire, et le reprendre à leur compte, sous étroit contrôle démocratique.
La masse monétaire serait calculée pour correspondre de près aux besoins de l’économie réelle, pas des marges de profits des acteurs financiers.
Il y aurait alors des crédits publics pour financer diverses activités – en majeure partie encore capitalistes au départ, puis de plus en plus non capitalistes – et on utiliserait les intérêts versés par les citoyens non plus pour remplir les caisses de banques privées qui n’avaient prêté que ce qu’elles ne possédaient pas, mais pour financer un «dividende social» qui est l’équivalent du RTE.
On pourrait alors aussi réduire la pression fiscale, dans des proportions compatibles avec le besoin initial de verser des subsides aux investissements des transitionnaires.

Co...ntes en banque

Les «transitionnaires» et les «simplicitaires», de même que les décideurs politiques qui désirent réellement les soutenir, devraient devenir très conscients du carcan qu’impose l’argent-dette à nos options d’avenir.
Tel est aujourd’hui l’enjeu le plus central – et le plus savamment dissimulé par ceux (banquiers, financiers, riches investisseurs) que la vie simple dérange – d’une transition progressive, démocratique, maîtrisée vers un nouvel avenir économique soutenable. (2)

Christian Arnsperger

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fond national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur à l'Université Catholique de Louvain (rattaché à la Chaire Hoover d'éthique économique et sociale). Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009. Il a déjà été à «l'honneur» de trois messages sur ce blog, les 19 février, 1er mars et 2 novembre 2010.
(2) Les propos publiés ici avec l'aimable autorisation de l'auteur ont été inspirés d'une conférence sur les enjeux de la transition économique, prononcée le 20 novembre 2010 lors d'une journée d'étude de l'association Altercité (Bruxelles) qui avait pour thème «Le goût de la vie: une vie plus simple, un projet personnel et collectif pour sortir de la crise». Christian Arnsperger en a tiré un texte, dont on trouve ci-dessus la partie finale et dont nous reviendrons sur le solde dans un message ultérieur, consacré au Revenu de Transition Economique. Les titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction. Pour plus d'informations, les plus impatients d'entre vous trouveront dès à présent sur le blog «Transitions» de l'intéressé la version complète du texte en question: «Les cinq «fronts» d’une transition véritable : Normes globales, nouvelles structures politiques, conscientisation individuelle, revenu de transition économique, réforme radicale de la création monétaire».

jeudi 16 décembre 2010

L’ «autre» finance en question…

«Rêvons un peu.
La finance solidaire
pourrait-elle remplacer
le système bancaire classique?» (1)

«. Les banques classiques, sauf exception parmi les banques de l’économie sociale, ont d’abord regardé ces initiatives citoyennes et associatives avec dédain, rappelle l'économiste français Jacques Dughera (2).
. Puis, elles ont compris l’effet d’image qu’elles pouvaient retirer d’un partenariat avec certaines de ces initiatives.
Sous la poussée des luttes contre la pauvreté et de la doctrine libérale qui se garde de vouloir pratiquer un darwinisme financier, les banques classiques, qui pratiquaient en général l’exclusion financière, ont alors conclu des partenariats financiers avec ces mêmes organismes, voire ont créé leurs propres filiales associatives pour faciliter l’inclusion financière.
. Enfin, au contact de ces initiatives citoyennes et au vu de résultats en matière de remboursement de prêts incomparablement supérieurs aux résultats moyens, les responsables des organismes financiers classiques en sont arrivés à la conclusion que les pauvres étaient un marché comme les autres, oubliant au passage l’accompagnement humain de proximité et la recréation de lien social, à l’origine de ces résultats.
Par ailleurs séduits par la communication et les résultats de certains capitaux risqueurs solidaires, d’autres responsables financiers ont estimé que les produits financiers éthiques pouvaient produire des résultats financiers aussi rentables sans se rendre compte qu’ils ne répondraient pas alors aux attentes prioritaires des projets de l’économie solidaire.
L’investissement socialement responsable essentiellement axé sur des entreprises sociales reconnues ne répond pas à l’évidence aux besoins des projets émergents et innovants.
Qui plus est, alimenté par des revenus sur des valeurs cotées dont le rating social est plus ou moins aléatoire et bien fait, l’investissement socialement responsable ne peut pas relever de la finance solidaire.
Les investisseurs de cette catégorie sont des acteurs de la finance mondialisée et globalisée, souvent très éloignés des préoccupations et des besoins des territoires sur lesquels ils investissent.
Ils réclament souvent des retours rapides sur investissement totalement en décalage avec le besoin de capital patient dont ont besoin les acteurs de l’économie solidaire.» (3)

(1) Question récemment posée.
(2) Co-responsable du Master management de l’insertion dans l’économie sociale et solidaire de l’Université de Paris-Est – Marne-la-Vallée, Jacques Dughera enseigne les finances solidaires dans cette université. Après avoir été Président de la fédération des Clubs d’investisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire et secrétaire général du Conseil national de l’insertion par l’activité économique, il est administrateur et engagé à titre d’expert dans plusieurs associations d’insertion. Il a écrit
. Risque social et risque financier, la myopie des marchés financiers, Economie et humanisme 2000 (avec Yannick Vigignol),
. L’argent dans le monde, rapport moral 1998 de l’Association de l’Economie financière,
.
Les acteurs de la finance solidaire, n°104 , décembre 2009.
(3) Dughera Jacques, La finance solidaire : histoire et pertinence, in L'encyclopédie du Développement Durable, Les Editions des Récollets, 2009, http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:mamAFOSilbEJ:http://www.encyclopedie-dd.org/les-acteurs-de-la-finance.