En voie de ringardise, l'individualisme arrogant?
Ne rêvons pas!
Les courants de pensée
et modes de vie émergents
et modes de vie émergents
ont le vent en poupe.
Et entendent projeter
sur la société
sur la société
une différenciation
en trois dimensions.
en trois dimensions.
Celle de l'avoir.
Celle du faire.
Celle de l'être.
Nous proposons, à ce stade, de subdiviser les courants de pensée et modes de vie émergents (C.P.M.V.E.) en trois groupes, sur lesquels nous reviendrons ultérieurement:
.
les «militants»,
. les «mutants»,
. les «méditants».
. les «mutants»,
. les «méditants».
Trois groupes, donc, dont seul le premier semble devoir se réclamer des
mouvements sociaux (M.S.).
«Un mouvement social se définit par l'identification d'un adversaire, écrit le sociologue français Erik Neveu.
Si des collectifs se mobilisent "pour" -une hausse de salaire, le vote d'une loi-, cette activité revendicative ne peut se déployer que "contre" un adversaire désigné: employeur, administration, pouvoir politique.» (1)
«Un mouvement social se définit par l'identification d'un adversaire, écrit le sociologue français Erik Neveu.
Si des collectifs se mobilisent "pour" -une hausse de salaire, le vote d'une loi-, cette activité revendicative ne peut se déployer que "contre" un adversaire désigné: employeur, administration, pouvoir politique.» (1)
D’où
notre suggestion de faire du sous-ensemble militant le commun dénominateur entre M.S. et
C.P.M.V.E. (2)
Par
quoi les deux catégories se rejoindraient et se recouperaient.
Reste
que les C.P.M.V.E. n'intègrent les
(purs) militants qu'à la marge.
Qu'ils englobent également, à l'autre extrême périphérique, ceux que l'anthropologue belge Thierry Verhelst appelait «méditants»
Et qu'ils se recentrent donc plutôt sur une tierce catégorie, composée de ceux dont le philosophe français René Macaire faisait des «mutants» (3).
Soit une notion que nous ne nous garderons d'aborder ici que pour mieux y revenir plus tard.
Contentons nous, pour l'heure, de préciser que les C.P.M.V.E. ne se conçoivent pas sans rapport à la création.
La résistance pour la résistance, très peu pour eux.
Ou alors des fissures apparaissent au sein des entités qui les portent.
C'est le douloureux moment des dissensions internes.
Qui finissent, à plus ou moins long terme, par déboucher sur la réelle prise en compte de propositions plus constructives.
Sous peine de dissolution fatale.
La résistance pour la résistance, très peu pour eux.
Ou alors des fissures apparaissent au sein des entités qui les portent.
C'est le douloureux moment des dissensions internes.
Qui finissent, à plus ou moins long terme, par déboucher sur la réelle prise en compte de propositions plus constructives.
Sous peine de dissolution fatale.
Société
individualiste et matérialiste:
majoritaire
mais déclinante
«L'homme économique est (...) à la fois rationnel et intéressé, écrit le philosophe et sociologue norvégien John Elster.
Autrement
dit, ses choix reflètent la poursuite rationnelle de ses intérêts.» (4)
Tel
est donc l'acteur central de notre «me now society».
Celle-là même qui fait la part belle à un individualisme consumériste et à un matérialisme acquisitif.
Celle-là même qui fait la part belle à un individualisme consumériste et à un matérialisme acquisitif.
Oui,
mais...
Cet
homme là, de plus en plus nombreux sont, aujourd'hui, ceux qui refusent de s'en satisfaire.
Une
contestation que l'on peut ramener
à trois dimensions:
.
celle de l'avoir,
.
celle du faire,
.
celle de l'être.
La
dimension de l’avoir:
posséder autrement
posséder autrement
Première dimension, donc: celle de l'avoir.
Si
les C.P.M.V.E. ne rejettent pas la propriété, ils n'en témoignent pas moins d'un
sens de la relativité et d'une capacité de distanciation qui tranchent dans la
culture encore majoritaire de nos sociétés. (5)
Les
adeptes de la simplicité volontaire, par exemple, ne cachent pas leur attirance
pour un retour aux sources.
Des
sources moins matérialistes.
Des
sources moins individualistes.
Et
souvent les deux à la fois.
Par
quoi les intéressés rejoignent les objecteurs de croissance dont l'argument clé «est que nous sommes largement dépossédés de nos désirs, de nos besoins, ainsi que de la manière de les satisfaire, explicitent les Français Denis Bayon, Fabrice Flipo et François Schneider.
Ce qui s’impose comme la réponse à nos questions concernant le bien-être, le bonheur et l’émancipation, ce n’est plus la réponse de nos concitoyens mais la propagande publicitaire qui détourne et réduit toutes les demandes à la consommation de marchandises fabriquées en grande série, détériorant la qualité de l’espace public, le réduisant à une sorte de parc d’attraction permanent.» (6)
La fuite en avant de la croissance économique est donc perçue ici comme incompatible avec le bonheur et avec l’équité.
Pire: elle serait aussi, à proprement parler, insensée…
Car la surconsommation, «c'est avant tout une atteinte à l’émancipation collective» (7).
C’est aussi «une domination de tous par une idéologie du pouvoir et de la force, à remplacer, dans une perspective d’émancipation, par un souci de vivre-ensemble (...) –un ordre éthique fort différent de celui qui régit le comportement de l’homo oeconomicus et sa cosmologie.» (8)
Le projet de la décroissance passe par un souci de redynamisation, d’esprit critique, de remise en cause des normes établies «dans les domaines où règne un faux consensus pesant et mortifère» (9).
Un projet qui n'est manifestement pas sans inspirer d'autres C.P.M.V.E.
Dont les créatifs culturels.
Ce qui s’impose comme la réponse à nos questions concernant le bien-être, le bonheur et l’émancipation, ce n’est plus la réponse de nos concitoyens mais la propagande publicitaire qui détourne et réduit toutes les demandes à la consommation de marchandises fabriquées en grande série, détériorant la qualité de l’espace public, le réduisant à une sorte de parc d’attraction permanent.» (6)
La fuite en avant de la croissance économique est donc perçue ici comme incompatible avec le bonheur et avec l’équité.
Pire: elle serait aussi, à proprement parler, insensée…
Car la surconsommation, «c'est avant tout une atteinte à l’émancipation collective» (7).
C’est aussi «une domination de tous par une idéologie du pouvoir et de la force, à remplacer, dans une perspective d’émancipation, par un souci de vivre-ensemble (...) –un ordre éthique fort différent de celui qui régit le comportement de l’homo oeconomicus et sa cosmologie.» (8)
Le projet de la décroissance passe par un souci de redynamisation, d’esprit critique, de remise en cause des normes établies «dans les domaines où règne un faux consensus pesant et mortifère» (9).
Un projet qui n'est manifestement pas sans inspirer d'autres C.P.M.V.E.
Dont les créatifs culturels.
Ou les indignés.
La
dimension du faire:
agir autrement
agir autrement
Deuxième
dimension: celle du faire.
Que
privilégient les militants.
Ceux-là
mêmes qui, en effet, entendent avant tout agir sur la société.
Ceux-là
mêmes qui, plus que tout, veulent passer de l’intention à l’action.
Ceux-là mêmes qui, pour ce faire, cherchent fondamentalement à s'opposer.
Le tout dans le cadre d'une démarche qui leur est inspirée par des proches...
Ceux-là mêmes qui, pour ce faire, cherchent fondamentalement à s'opposer.
Le tout dans le cadre d'une démarche qui leur est inspirée par des proches...
«Plus
un individu est déjà au contact de personnes engagées dans l’action militante,
plus sa situation personnelle minimise les contraintes professionnelles et
familiales, plus ses projets d’engagement reçoivent l’aval de ceux dont il est
effectivement proche, plus la probabilité de le voir militer s’accroît,
explique le déjà nommé Erik Neveu.
Le
soutien des proches, l’investissement d’amis dans un mouvement social est un
facteur explicatif puissant des recrutements.» (10)
Place, alors, à la militance.
Qui
se conçoit comme une opposition/implication.
- Opposition à un (ou des) adversaire(s) désigné(s).
- Implication...
- Opposition à un (ou des) adversaire(s) désigné(s).
- Implication...
.
collective, dans des groupes associatifs (ONG, ASBL) et/ou politiques;
.
voire individuelle, via l'adoption de comportements «différents» dans «ma»
propre vie quotidienne. (11)
La
dimension de l’être:
exister autrement
exister autrement
Troisième dimension: celle de l'être.
Qu'affectionnent les méditants.
Bienvenue au pays de l'égotisme, entendu -on y reviendra- comme une quête de soi.
Bienvenue au pays de l'égotisme, entendu -on y reviendra- comme une quête de soi.
Bienvenue,
notamment, au royaume d'un développement personnel qui peut renvoyer...
.
soit à un processus psychothérapeutique visant à améliorer son rapport à soi,
aux autres et au monde,
.
soit au souci de «grandir dans sa vie» sans que celui-ci ne réfère à une approche réellement formalisée. (12)
Bienvenue,
aussi, dans l'univers de la spiritualité, qu'elle
soit religieuse ou «sans Dieu», «identifiée» (13) ou tâtonnante. (14)
(A suivre)
Christophe
Engels
(1) Neveu Erik, Sociologie des mouvements sociaux, La Découverte, Paris, 2011, p.10.
(2) Nous envisageons ici -et jusqu'à nouvel ordre- les «courants de pensée et modes de vie émergents» dans leur sens le plus large («lato sensu»).
(3) Nous verrons plus tard que les mutants constituent la pierre angulaire de ce que nous appelons «courants de pensée et modes de vie émergents». Nous en ferons donc les «courants de pensée et modes de vie émergents stricto sensu».
(4) Elster John, Le désintéressement. Traité critique de l'homme économique I,
Seuil, Paris, 2009, p.9.
(5)
Cfr. Commenne Vincent, Evaluation des valeurs et des comportements. Un nouveau
regard sur les acteurs de changement, Créatifs Culturels en Belgique, 2023,
p.38.
(6) Bayon Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, La décroissance. Dix questions pour comprendre et en débattre, La Découverte, Paris, 2010, pp.139-141.
(7) Bayon Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, idem, cit., pp.31-33.
(8) Bayon Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, idem, pp.200-201.
(9) Bayon Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, idem, p.45.
(6) Bayon Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, La décroissance. Dix questions pour comprendre et en débattre, La Découverte, Paris, 2010, pp.139-141.
(7) Bayon Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, idem, cit., pp.31-33.
(8) Bayon Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, idem, pp.200-201.
(9) Bayon Denis, Flipo Fabrice, Schneider François, idem, p.45.
(10)
Neveu Erik, Sociologie des mouvements sociaux, La Découverte, 1996-2011,
pp.71-72
(11)
Commenne Vincent, ibidem,
pp.14-15.
(12)
Commenne Vincent, ibidem,
p.40.
(13)
Commenne Vincent, ibidem,
p.41.
(14)
Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une longue série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents,
. (d'ici plusieurs semaines,) une enquête sur l'immigration...
. la suite d'une longue série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents,
. (d'ici plusieurs semaines,) une enquête sur l'immigration...