mardi 15 mars 2011

Monnaie sociale. Archétypes et vieilles dentelles.















Peut-on considérer
les monnaies sociales

comme
une variante possible
de l’économie solidaire?
Pour répondre à cette question,
les économistes
Cyrille Ferraton (1)(photo ci-dessus) et Jérôme Blanc (2)
suggèrent de se référer
à deux formes archétypales.
Celle
«à dominante marchande» d’une part.
Et celle «à dominante réciprocitaire» d’autre part.
Deux façons de dépoussiérer
les vieilles dentelles de la pensée unique.
Début d’explication…


Cyrille Ferraton et Jérôme Blanc

Il existerait a priori une certaine parenté entre les objectifs que poursuivent les systèmes d’échanges locaux et les objectifs économiques, politiques et sociaux de l’économie solidaire.
Pourtant, nombre de LETS (3) offrent des divergences non négligeables, parfois radicales, et préfèrent se considérer comme de simples bourses d’échange de services de proximité, proposant à leurs membres un système de confrontation des offres et des demandes.
Peut-on ainsi considérer cette forme du localisme monétaire comme une variante possible de l’économie solidaire?

Market vs réciprocité

Pour répondre à cette question, on raisonnera à partir de deux formes archétypales de LETS qui polarisent deux tendances à l’oeuvre dans les nombreuses variantes et la diversité des vécus et des expériences de chacun des LETS.
On distinguera, d’une part, des «LETS à dominante marchande», qui témoignent d’un projet économique fondé sur l’organisation d’une circulation marchande des biens et des services notamment à destination de personnes en situation de précarité, et, d’autre part, des «LETS à dominante réciprocitaire», qui mettent en avant une réciprocité multilatérale, excluent tout principe marchand et cherchent à développer des liens de solidarité et de convivialité entre leurs membres.
Les premiers sont plus ou moins représentés par les objectifs et le vécu des LETS anglo-saxons, les seconds le sont plus ou moins par les objectifs et le vécu des SEL français (4).
Dans quelle mesure ces deux formes répondent-elles aux principes identifiés de l’économie solidaire?
Quelles est, de ces deux formes, celle qui réalise au mieux les principes de l’économie solidaire?
Deux interrogations qui retiendront tout prochainement notre attention. (5)(6)
(A suivre)
Jérôme Blanc et Cyrille Ferraton

(1) Cyrille Ferraton est docteur en sciences économiques et maître de conférences à l'Université Paul Valéry de Montpellier III.
Ses principaux thèmes de recherche portent sur l'économie sociale et solidaire (en particulier la finance solidaire) et l'économie institutionnaliste.
Il a travaillé en 2004-2005 sur un programme de recherche européen portant sur la création d'emploi dans les services à la personne.
Il a publié
. L'enquête inachevée: introduction à l'économie politique d'
Albert Hirschman (avec Ludovic Frobert, Paris, PUF, 2003),
. Associations et coopératives. Une autre histoire économique (Erès, Paris, 2007),
. L'Institutionnalisme de
Gunnar Myrdal en question (ENS, Paris, 2009),
. La Propriété. Chacun pour soi? (Larousse, coll. «
Philosopher », Paris, 2009).
(2) Jérôme Blanc est docteur en sciences économiques (1998) et maître de conférences en sciences économiques à l’Université Lumière Lyon 2 (depuis 1999).
Ses travaux portent sur la monnaie, qu’il aborde principalement du point de vue des pratiques et de l’histoire des idées.
S’intéressant à la pluralité des monnaies, il a publié Les monnaies parallèles. Unité et diversité du fait monétaire (L’Harmattan, Paris, 2000). Il travaille en particulier sur un aspect de la pluralité monétaire, à savoir les monnaies sociales, locales ou complémentaires. À ce sujet, il a coécrit Une économie sans argent: les systèmes d’échange local (SEL) (dirigé par J.-M. Servet, Seuil, Paris, 1999) et dirigé Monnaies sociales: Exclusion et liens financiers, rapport 2005-2006 (Economica, Paris, 2006).
En matière d’histoire des idées, il dirige avec Ludovic Desmedt l’ouvrage collectif Idées et pratiques monétaires en Europe, 1517-1776 (à paraître).
À partir du cas des monnaies sociales, ses travaux portent aussi sur l’économie sociale et solidaire. Il est membre du Réseau inter-universitaire de l’économie sociale et solidaire (RIUESS,
http://www.riuess.org/) et fait partie du comité éditorial de l’International Journal of Community Currency Research (IJCCR, http://www.uea.ac.uk/env/ijccr/).
(3) Le terme de LETS désigne dans cet article les diverses formes nationales de cercles d’échanges locaux et ne s’arrête pas aux seules variantes anglo-saxones.
(4) Blanc Jérôme, Les monnaies parallèles. Unité et diversité du fait monétaire, L’Harmattan (Economiques), Paris, 2000, 251 sq.
(5) Ce message est extrait du texte: Blanc Jérôme et Ferraton Cyrille, Une monnaie sociale? Systèmes d’Échange Local (SEL) et économie solidaire, 2001. Les titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction. Avec l’aimable autorisation des auteurs, que nous remercions. Le texte original a d’abord été présenté lors des Deuxièmes Journées d’Etude du LAME, «Économie sociale, mutations systémiques et nouvelle économie», Reims, 29-30 novembre 2001. Il est ensuite paru dans l’ouvrage collectif (actes du colloque): G. Rasselet, M. Delaplace et E. Bosserelle (coord.), L’économie sociale en perspective, Presses Universitaires de Reims, Reims, 2005, pp.83-98.
(6) Pour suivre (sous réserve d'éventuelles modifications de dernière minute):
. «Monnaie sociale. Questions de principe.»,
. «Monnaie sociale. Marché: non, merci!»,
. «Monnaie sociale. Marché: oui, mais...»,
. «Monnaie sociale. Oyez, citoyens...»,
. «Monnaie sociale. LETS béton…».

2 commentaires:

  1. Premières rencontres thématiques du «GRASS»

    Le 30 mars prochain, à Bruxelles, les premières rencontres thématiques du « GRASS » (Groupe de Réflexion en Art Santé et Société)
    sont organisées en partenariat avec la spécialisation art thérapie de HELB-Ilya Prigogine et Les Halles de Schaerbeek (de 13h à 18h30).

    Thème : « L’artiste interpellé par la vulnérabilité de l’être »
    L’expression artistique intègre diverses dimensions du développement humain. Elle dispose à l’ouverture sur un nouveau mode de relation à soi, aux autres, au monde. En cela, elle suscite un autre regard sur le réel qui initie l’être dans une dynamique de transformation. La beauté, l’esthétique qui émane de l’œuvre témoigne, par la métaphore des couleurs et des formes, de cette relation sur le mode sensible. L’esthétique, comme résultat d’un acte esthésique authentique, ne peut donc être réduite aux seuls critères de la forme, mais bien plus, la transcende. Elle dit l’indicible. En elle, toute la profondeur du monde apparait. Par sa qualité d’être et par cette ouverture singulière sur le monde, l’artiste en intuitionne la vulnérabilité.

    Date
    Le 30 mars 2011

    Lieu
    Les Halles de Schaerbeek,
    22, rue royale Ste Marie
    1030 Bruxelles
    info@halles.be
    Tél : 02 218 21 07

    Informations :
    helyett.wardavoir@helb-prigogine.be
    Tel : 0032 477 78 96 03

    Inscription (le 20 mars au plus tard): CREA-HELB I. Prigogine
    Centre de Recherches et d'Etudes Appliquées Haute Ecole Libre de Bruxelles
    Direction – P. Castelein
    Direction : 00.32.(0)2.560.28.01
    Secrétariat: 00.32.2.560.28.00
    Site Web: www.crea-helb.be

    A diffuser autour de vous, aux éventuelles personnes intéressées....
    Merci et à bientôt.

    Marie-Françoise Meurisse

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  2. Programme des premières rencontres thématiques du GRASS

    13 H00 : accueil
    13H30 : Angela Laurier présente son approche
    14H00 : La musique à la rencontre de la condition humaine
    Tien Nguyen, Docteur en Sciences de la Santé Publique, musicien compositeur
    14H30 : L’Art en équilibre sur le fil de relations très tendues
    Helyett Wardavoir, Maitre en Sciences de la Santé Publique, danseuse chorégraphe
    15H00 : Le trouble, le beau, l’éphémère
    Jean Florence, Philosophe, psychologue et psychanalyste
    15H30-15H45 : pause café
    15H45-17H00 : ateliers de réflexion et d’échanges de pratiques :
    1. Vulnérabilité et création
    2. Vulnérabilité et intervention
    3. Vulnérabilité et éthique
    17H00-18H00 : retour des ateliers et conclusions
    18H00 : apéro visuel, musical et dansé
    18H30 : clôture
    +++
    20H30 : « Je voudrais pouvoir rire », par la Cie Angela Laurier (compris dans le prix d’inscription)
    En novembre 2007 Angela Laurier présentait aux Halles son précédent spectacle « Déversoir ». On se souvient du ‘choc’: soudain, une discipline de cirque, la contorsion, prenait physiquement la parole pour combattre l’enfermement mental. Angela Laurier l’affrontait par son art très physique, les vidéos témoignages de son père et de Dominique, son frère schizophrène.
    Avec « J’aimerais pouvoir rire », elle poursuit son incursion et sa traversée de l’histoire familiale. Entre danse, contorsion, musique live, témoignages sonores et filmés, elle fait entrer en résonnance son métier d’exhibitionniste et la fragilité mentale qu’elle interroge avec délicatesse et espoir.

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