mercredi 23 avril 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (29) Mutant. Engagé plutôt que militant














                                                                        Le militant brut,
                                                                    qu'il ait ou non compris 
le profit qu'il y a 
à mutualiser ses intérêts,
aurait-il une propension 
à l'égocentrisme 
ou à l'égoïsme?
Rien de tel, en tout cas,
pour ce militant «net»
qu'est le «mutant».
Qui lui est un égotiste sortant.
Un militant... méditant! 
Une personne engagée.
                                                                                                                                                  
Le mutant est Individualiste.
Au sens philosophique du terme.
C'est à dire qu'il se construit sur une approche humaniste qui consiste à penser par soi-même.
Ce qui ne l'empêche absolument pas de conférer à l'homme une composante émotionnelle et une interdépendance par rapport à autrui.
Telle était en tout cas l'idée suggérée dans notre précédent message
Développons la ici.
Avec l'aide de feu le philosophe français René Macaire (1)...


Unité dynamique

La mutance à laquelle nous nous référons ici renvoie-t-elle à ceux que le dictionnaire Larousse nous renseigne comme des êtres qui présentent des caractères nouveaux par rapport à leurs ascendants? 
Sans doute.
Mais elle recouvre aussi et surtout une réalité plus spécifique.
Celle décrite par Macaire (2).
Qui désigne «l'unité du dynamisme que, selon nous, l'homme est désormais appelé à vivre: unité de la croissance en intériorité de chacun et de l'innovation sociétaire à laquelle il est invité par cette croissance même.» (3).
Car, explique l'intéressé, il n'est plus possible de séparer l'évolution des sociétés et celle des individus. 
«Encore faible, il est vrai, croissant pourtant, est le nombre de personnes qui sont en désir d'harmoniser leur vie intérieure et leur insertion sociétaire.» (4)
Et notre guide de poursuivre...
«Il devient plus que tra­gique de continuer à organiser les sociétés sans se soucier de la croissance en humanité de chacun, (…) sans qu'un nombre significatif d'hommes et de femmes ne s'en­gagent justement sur le chemin de leur propre accomplissement.» (5)
Voilà qui ne va pas sans rappeler le personnalisme d'un Emmanuel Mounier ou l'Approche centrée sur la personne d'un Carl Rogers.
Voire le récent convivialisme des Alain Caillé et consorts.
«Le clivage dominant-dominé (…) ne peut être vaincu que là où la mutance est vécue.
Lorsqu'elle n'est pas vécue, les mécanismes de domination inhérents à tout regroupement humain restent en place.
» (6)
Dixit, encore,
le fondateur des Réseaux Espérance.
Qui ajoute...
«Si, en même temps qu'on lutte contre la misè­re et le clivage dominant-dominé qui la cause ou la maintient, on n'éveille pas les hommes à prendre en main leur destin, on remplace la misère par l'oppres­sion.» (7)

Solidarité responsable: je m'y engage...

C'est un peu l'idée de cet autre philosophe hexagonal qu'est André Comte-Sponville: la solidarité, qui penche volontiers à gauche, ne doit pas faire oublier la responsabilité individuelle, qui est plutôt de droite. 
Voilà pourquoi le mutant s'oppose moins aux «méchants» et/ou aux «ignorants» qu'il ne s'inscrit dans une démarche également, voire essentiellement positive (dans la mesure où je tends au moins autant à façonner qu'à détruire) et enracinée (au sens où l'objet du changement s'élargit à ma propre personne).
Voilà pourquoi il affiche une propension manifeste à ne se positionner ni contre d’autres idées ni contre le pouvoir politique.
Voilà pourquoi il se sent moins en phase avec la militance qu'avec l'engagement.  
Un engagement aussi vigilant que critique.
Mais également un engagement constructif. (8)

(A suivre) 

Christophe Engels

(1) Le philosophe français René Macaire (1916-1993) est l'auteur d'une oeuvre qui n'a céssé d’irriguer maints mouvements non-violents, à commencer par les Réseaux Espérance, et antipublicitaire, dont l'association Résistance à l’agression publicitaire. Plutôt que la militance, il prônait la «mutance». C'est-à-dire une croissance en intériorité du plus grand nombre en vue d’une efficacité dans l’action sociale et politique. Pas question, donc, de changer le monde sans se changer soi-même.
(2) Macaire René, La mutance, clé pour un avenir humain, L'Harmattan, Paris, 1989.
(3) Macaire René, idem, pp.20-21.
(4) Macaire René, idem, pp.19-20.
(5) Macaire René, idem, pp.20-21.
(6) Macaire René, idem, pp.86-87.
(7) Macaire René, idem, pp.94-95.
(8) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute): 
. la suite d'une longue série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de voie émergents,
. (d'ici plusieurs semaines,) des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique,  sur l'immigration...


2 commentaires:

  1. Bonjour,


    Quelles sont les qualités nécessaires pour la résolution de la crise?
    À mon sens, cinq qualités de base sont nécessaires.

    1. La première est le sens de l'adaptabilité. Il faut être réaliste: la réalité d'aujourd'hui pose problème à certains groupes sociaux ukrainiens et cette réalité problématique a des répercussions sur l'Europe, d'une part (avec les USA) et sur la Russie. Il faut donc adapter la réalité pour qu'elle puisse convenir à l'ensemble des parties en présence. Il faut trouver une structure de la société ukrainienne qui soit satisfaisante. Et si l'on, plaide pour le fédéralisme, il ne faut pas que ce soit un confédéralisme qui conduise tôt ou tard à la scission du pays, soit une nouvelle crise internationale. L'accent étant mis sur les droits de la communauté russophone, il faut en tenir compte et s'inspirer des connaissances liées à la résolution des crises linguistiques dans d'autres pays. Il faut travailler à partir des bonnes pratiques existantes et ne pas faire comme si elles n'existaient pas. J'ai la modeste prétention de dire qu'en Belgique, il y a des pistes de travail intéressantes pour réfléchir sur le sujet.

    2. Il faut faire attention à ce qu'on dit. Les paroles dites dans le cadre d'un conflit ont un effet de pacification ou d'alimentation de la tension. Il faudrait que des hommes de sagesse - de l'Ouest comme de l'Est - puissent délivrer leurs messages de paix aux populations concernées et aux personnalités politiques qui tirent les ficelles dans ces enjeux. Et il faudrait aussi qu'ils soient écoutés. Je me rappelle toujours ces paroles retenues de ma jeunesse où il est dit que la guerre est la manifestation d'un conflit entre des gens qui se connaissent et mise en œuvre par des gens qui ne se connaissent pas. Dieu merci, nous n'en sommes pas encore là mais la tension est bien là.
    ./...

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  2. ./...
    3. Pour s'adapter à la réalité, il faut du courage. Courage pour aller à contre-courant des rêves d'autrui, courage pour apporter un autre éclairage que le politiquement correct. Courage aussi pour regarder ses faiblesses et reconnaître les mauvais chemins empruntés. Il faut lâcher prise aux rêves inaccessibles et voir ce que la réalité permet de réaliser. Qu'est-il possible de faire en Ukraine qui satisfasse les besoins fondamentaux (civils et politiques mais aussi culturels, économiques et sociaux) de toutes les populations, qu'importe leur langue ? Qu'est-il possible pour que chacun voie sa langue respectée ? Les rêves impossibles seraient ceux d'une Ukraine divisée où les minorités ne seraient pas respectées. La Belgique montre aussi qu'il est possible d'avoir des mécanismes socio-économiques quelque peu différents entre les régions. Même cela, les Ukrainiens pourraient mettre en place. En Belgique, ces règles relèvent de la régionalisation.

    4. Il faut aussi du détachement. Quelque chose d'harmonieux peut se mettre en place qui ne sera sans doute pas du goût de tout le monde mais apportera la paix à l'ensemble de la communauté ukrainienne. Après tout, c'est d'abord les Ukrainiens qui doivent apprendre à vivre ensemble et il faut trouver le juste milieu qui fera que cela ne casse pas.

    5. Cela implique le développement de la tolérance. Rien ne sortira du fanatisme de certains. Le fanatisme est une énergie psychologique archaïque où l'on pense trouver son bonheur en détruisant l'autre. Alors que c'est d'abord soi-même qu'il faut remettre en question, c'est le sens premier de cette énergie. Il faut donc des outils psychologiques pour permettre aux fanatiques de tous bords de prendre conscience de leur fanatisme.

    Je pense que ces valeurs devraient être réfléchies et pourraient être utilisées par les autorités en charge de cette crise. Car les autorités ont une capacité de rationalisation que n'ont pas nécessairement les populations. Les populations concernées doivent donc être formées aux valeurs et informées de ces valeurs qui permettront de sortir de cette crise.

    En vous remerciant pour votre bonne attention, je vous prie de croire, Mesdames et Messieurs les autorités, en l'assurance de ma respectueuse considération,


    Eric Watteau
    Belgique
    Citoyen d'un monde à reconstruire,

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