samedi 19 avril 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (28) Mutant: «Réflexion faite...»










Troisième acteur 
des courants de pensée et modes de vie émergents: 
le «mutant».
Qui combat l'égocentrisme.
Qui refuse l'égoïsme.
Qui dépasse l'égotisme.
Exit, donc, le monopole de l'ego individuel.
Dorénavant, la convivialité personnelle 
revendique sa part du gâteau.
Courageusement. 
En toute fragilité.
Et après mûre réflexion.
  

Les courants de pensée et modes de vie émergents ne se composent pas que des «militants» et des «méditants» (1).
Ils englobent également ceux que le philosophe français René Macaire désigne du nom de «mutants» (2).
Soit ceux qui, animés par le souci d'une croissance en intériorité, y ajoutent celui d'une société équitable.
Une préoccupation qui n'est pas seulement centrée sur l'autre proche, donc.
Ni uniquement sur la société pour ce qu'elle a à m'apporter à moi
 

Ni militant ni méditant 
ni préméditant ni non-méditant 

Le mutant n'est donc pas de ces militants pur jus qui ne songent qu'à lutter, qui ne pensent qu'à combattre pour le triomphe d'une cause, qui se servent d'une organisation comme d'une arme sur le champ de bataille de leurs revendications.
Mais il ne se confond pas davantage avec le «simple» méditant, égotiste, c'est-à-dire en recherche de plénitude individuelle.
A quoi on ajoutera qu'il n'est pas non plus un préméditant, égoïste.
Et encore moins un non-méditant, égocentrique. 

Le mutant n'est pas individualiste

Le mutant n'est donc ni égocentrique ni égoïste ni égotiste.
Soit les trois modalités de l'individualisme du quotidien...
. Celui que nous écrirons ici avec un «i» minuscule.
. Celui qui, on le verra, n'a pas grand chose à voir avec l'Individualisme philosophique.
. Celui renvoyant plutôt à une conception qui,  plus fréquemment retenue dans la vie de tous les jours, fait référence à l’idée qu’il convient de vivre pour soi-même.

Le mutant n'est pas égocentrique

L'individualisme égocentrique, c'est ce qui sous-tend la notion de non-méditant et piège d'autant plus aisément un certain type de militant (impulsif et instinctif) que celui-ci peut se retrancher derrière l'excuse, voire l'alibi du collectif.
C'est le «moi seulement» du «tout  petit  individualisme».
Qui recouvre l’état  d’esprit  égocentrique du
• «Je pense à moi» (égocentrisme de la pensée),
• «J’agis en fonction de moi» (égocentrisme de l’action).
Sur le plan affectif, cet individualisme va de pair avec le narcissisme («je n’aime que celui que je crois être»).
C'est le royaume du moi inconscient.
Sans même m’en rendre compte, l’autre est -autant que possible- considéré et traité exclusivement comme un moyen au service de mes besoins et de mes envies.
Je me situe au centre d’un monde qui n’est donc qu’un prolongement  de  moi-même.
Je  pense tout en fonction de moi.
Puisque je suis bon, c’est l’autre qui est mauvais.
D’où cette irritabilité qui m’habite si souvent.
Tout ce qui m’intéresse, c’est  la justice.
Non  pas  comme  valeur.
Encore moins comme vertu.
Simplement, et au mieux, comme règle de droit.
Celle-là même qui me (3) met à l’abri des autres.
C’est l’amour de la justice dont parle La Rochefoucauld: celui  qui n’est «que la crainte de souffrir de l’injustice» .

Le mutant n'est pas égoïste

L'individualisme égoïste, c'est ce qui sous-tend la notion de préméditant, chère à l'«homo oeconomicus» et contaminant plus souvent qu'à son tour un autre type de militant (plus lucide et plus cynique) qui, pour arriver à ses fins, mise sur l'effet de surprise, la manipulation, le rapport de force,  l'intimidation et/ou un quelconque instrument faisant écho à ses valeurs dites «masculines» (4).
C'est le «moi d’abord» du «petit individualisme».
Qui renvoie à l’égoïsme du
•  «je pense pour moi» (égoïsme de la pensée),
•  «j’agis pour moi» (égoïsme de l’action).
Et qui se prolonge, dans le domaine affectif, par l’amour égoïste du «je n’aime que moi».
C’est le domaine du moi conscient à visée tactique.
Je suis plus habile que l’égocentriste.
Plus habile car plus conscient de moi-même et de mes limites.
Moi l’égoïste, je suis tout à fait capable de me mettre à la place de mon interlocuteur.
Mais ce savoir-faire, je ne le mets pas au service de son épanouissement.
Je m'en sers au contraire comme d'un outil ayant pour fonction de tout détourner à mon propre profit (5).
Pour moi, l’autre n’est qu’un instrument à utiliser, un «pigeon» à plumer, un concurrent à soumettre, sinon un ennemi à vaincre.
Objectif: prise de pouvoir.
Mes désirs priment sur les tiens.
Place, donc, au règne du calcul, de l’opportunisme, voire du règlement de compte.

Le mutant n'est pas égotique

L’individualisme égotique, c'est ce qui sous-tend la notion de méditant.
C'est le «moi vraiment» de l'«individualisme moyen».
Car nous avons tous des tendances égocentriques et égoïstes qui s’apparentent à autant de zones de «bêtise» émotionnelle et de souffrance affective.
L’égotisme cherche à les dépasser.
Il s’apparente à un individualisme conscient à visée stratégique.
Sauf improbable dysfonctionnement, cette focalisation sur moi-même relève de l’étape transitoire.
Elle n’est qu’un moyen au service d’un objectif plus ambitieux.
L’autre est simplement mis entre parenthèses.
Si je prends du recul aujourd’hui, c’est pour mieux sauter vers lui ultérieurement.
En attendant, je me referme dans mon cocon individuel ou familial pour me consacrer pleinement à la construction de mon individualité.
Isolement, lectures, conférences, développement personnel, thérapie, écriture ou autre: c’est selon...
Ce qui  est certain, c’est qu’après m’être différencié par l’égoïsme, je veux me trouver.
Ou me retrouver.
Honnêtement, sincèrement, authentiquement.

Le mutant est Individualiste

Reste que le terme «INDIVIDUALISME» peut aussi désigner une acception philosophique.
C'est le «moi sujet» du «grand individualisme».
Celui-là même qui sous-tend les notions de «personne» ou de «convivialiste».
Mais aussi l'idée de mutant.
Nous évoquerons alors l'Individualisme, avec une majuscule.
Histoire d'évoquer une manière de voir plus intellectuelle renvoyant à une approche humaniste qui consiste à penser non plus pour, mais par soi-même.
Sans aucunement s'interdire de conférer à l’homme une composante émotionnelle et une responsabilité par rapport à autrui.
Ce que l'Individualisme fait d’ailleurs le plus souvent.
Il peut même aller jusqu'à considérer que si je me construis, c'est aussi (convivialiste), voire surtout (personne) grâce à l'autre. (6)(7)

(A suivre)

Christophe Engels

(1) Appellation Thierry Verhelst. Cfr. notamment Verhelst Thierry, Des racines pour l’avenir. Cultures et spiritualités dans un monde en feu, L’Harmatan, Paris, 2008.
(2) Le philosophe français René Macaire (1916-1993) est l'auteur d'une oeuvre qui n'a céssé d’irriguer maints mouvements non-violents, à commencer par les Réseaux Espérance, et antipublicitaire, dont l'association Résistance à l’agression publicitaire. Plutôt que la militance, il prônait la «mutance». C'est-à-dire une croissance en intériorité du plus grand nombre en vue d’une efficacité dans l’action sociale et politique. Pas question, donc, de changer le monde sans se changer soi-même.
(3) Moi mais aussi, le cas échéant, mes alliés du moment. 
(4) On reviendra sur cette idée de valeurs «masculines» et «féminines», dont on se contentera de préciser ici qu'elles ne sont pas l'apanage respectif des seuls hommes et femmes. 
(5)  Mon profit mais aussi, le cas échéant, celui de mes alliés du moment.
(6) Ce message s'inspire d'un texte plus complet, auquel, en cas d'intérêt, on se référera utilement pour aller plus loin: Engels Christophe, Hors je ou de l'autisme à l'autrisme, in Perso/Regards personnalistes n°9,mai, 2006, p.4.
(7) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une longue série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de voie émergents,
. (d'ici plusieurs semaines,) des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique, l'immigration...



1 commentaire:

  1. Chers amis et/ou amies,

    Un bel oeuf de Pâques vient de nous tomber non pas du ciel, mais des rotatives (?) de l'imprimeur cher à notre éditeur E.M.E. : les contes que Françoise, mon épouse, a écrits pour répondre au voeu exprimé par sa petite-fille, contes illustrés par celle-ci et sa maman (voir document ci-joint).

    Les difficultés actuelles du monde de l'édition, générées par l'émergence du numérique, ont conduit notre éditeur Guy Jucquois et elle à publier cette oeuvre familiale en partie à compte d'auteur. De plus, il est demandé à l'auteur de contribuer lui-même, personnellement, à la diffusion de son livre. C'est pourquoi je m'adresse à vous afin que je puisse l'aider à satisfaire à cette "obligation".

    Vous qui, peut-être, aimez raconter de belles histoires à vos enfants et petits-enfants avant qu'ils ne sombrent dans les bras de Morphée, vous qui, sans doute, avez des enfants ou des amis pareillement motivés, pourquoi ne seriez-vous pas séduits par l'idée de vous offrir (voire de leur offrir ... ) ce petit recueil attachant ? Vous pouvez vous le procurer au moins de quatre façons : soit chez votre libraire habituel; soit directement chez l'éditeur (voir coordonnées ci-jointes),soit dans quelques librairies amies ( trois déjà achalandées : "Once upon a time" à Linkebeek, La Licorne à Uccle, Graffiti à Waterloo, , deux en passe de l'être Tapage à Etterbeek, Agora à Louvain-la -Neuve, deux peut-être Filligranes à Bruxelles) et Agora à Uccle-Fort jaco), au prix de 12 €; soit en virant cette somme de 12€ (frais d'envoi compris) - avant le 21 mai ou après le 15 septembre- à notre compte

    Marcel et françoise Bolle Debal IBAN BE10210064558404 à Fortis Linkebeek

    Dans ce dernier cas, je me chargerai de vous faire parvenir ce petit livre par la poste, ou alors par un contact personnel direct (de la main à la main).

    Merci d'avance pour votre compréhension et votre éventuel soutien.

    Très amicalement ,

    Marcel Bolle De Bal

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