courants de pensée
et modes de vie émergents,
le méditant est souvent
adepte du
développement personnel.
Un certain
développement personnel du moins.
Nous
avons proposé de subdiviser les courants de pensée et modes de vie émergents
(C.P.M.V.E.) en trois groupes:
.
les «militants»,
. les «mutants»,
. les «méditants».
Après nous être penché sur les premiers nommés, le moment est venu de nous attarder sur les troisièmes cités.
Prenons donc congé des militants.
Et faisons connaissance avec les méditants.
Soit une catégorie aussi périphérique que la précédente.
Car, rappelons-le, si les C.P.M.V.E. intègrent les
militants et les méditants, c'est à la marge.
Leur centre de gravité, en effet, renvoie plutôt à une tierce catégorie, composée de ceux dont le philosophe français René Macaire faisait des «mutants».
Les deux visages du développement personnel
Soit une notion que nous n'aborderons que postérieurement...
Gros plan, donc, sur ceux que feu l'anthropologue belge Thierry Verhelst appelait «méditants».
C'est-à-dire ceux qui ressortissent
. à l'univers d'une spiritualité sur laquelle nous reviendrons
. et/ou au royaume du fameux «développement personnel» (D.P.).
Le développement personnel?
Un domaine initié par le psychologue américain Abraham Maslow, puis défriché par ceux qui le relayèrent dans le cadre du courant dit «humaniste».
Bien loin de sacrifier à la supposée nécessité de brider des pulsions, ces opposants au freudisme et au comportementalisme partagent une conception positive de la personne.
Le D.P., en effet, s'inscrit radicalement dans une telle optique.
A preuve, le concept central retenu par cette nébuleuse.
A savoir le «potentiel».
«Se développer, c'est actualiser le potentiel que l'on porte en soi, explique le philosophe français Michel Lacroix.
C'est-à-dire mobiliser ses ressources propres.» (2)
Et en particulier celles de mon cerveau.
Comment?
En recourant à des techniques qui, pour nombreuses et variées qu'elles soient, ne s'en laissent pas moins classer en deux grandes catégories...
En recourant à des techniques qui, pour nombreuses et variées qu'elles soient, ne s'en laissent pas moins classer en deux grandes catégories...
Et moi, et moi, et moi: la dérive narcissique
C'est qu'il existerait deux façons antinomiques de concevoir la réalisation de soi.
Deux formes de croissance, donc.
«La première s'inscrit à l'intérieur de la sphère de l'ego.
Elle vise à renforcer la position du moi, en augmentant ses pouvoirs, en développant ses aptitudes et ses compétences.» (3)
Autant d'activités de renforcement du moi qui sont orientées vers la réussite.
Et qui mobilisent les potentialités de l'individu pour lui permettre d'agir avec efficacité.
Le but?
Obtenir des résultats.
Qu'ils se déclinent à l'aune de l'argent, du succès, du pouvoir, du charisme, voire de l'amour ou de la guérison...
Qu'ils se déclinent à l'aune de l'argent, du succès, du pouvoir, du charisme, voire de l'amour ou de la guérison...
Au-delà du moi: le travail sur soi
«La deuxième forme de croissance ne se place pas, comme la précédente, à l'intérieur de la sphère de l'ego, mais au-delà.» (4)
Plus question, alors, de renforcer le moi.
Il convient désormais de le dissoudre.
En faisant appel à un autre concept-clé.
Celui de la «non-séparation».
«Dans une telle situation, le moi ne se sent plus séparé d'autrui. (...)
Comme dans l'expérience mystique, la totalité du monde apparaît comme une unité, tandis que les repères ordinaires du temps et de l'espace s'évanouissent.» (5)
A ce stade, la séparation se fait lacunaire.
Et l'ego prend les allures d'une prison.
Au point de conférer au développement personnel une dimension transpersonnelle. Et l'ego prend les allures d'une prison.
L'affirmation du moi, non merci!
A présent, c'est sa dissolution qui est recherchée.
«Loin d'accroître la prise sur le monde, ce type de développement encourage le "lâcher prise".
Au lieu d'un engagement dans la lutte sociale et économique, il prône le retrait, le désengagement, le repli dans l'intériorité. (...)
Le mode de présence au monde qu'il exalte n'est ni la compétition, ni la performance, mais le recueillement, la contemplation, l'extase.» (6)
Méditant psy
Ainsi se caractérise le méditant.
Ou en tout cas le premier des deux types de méditant qui animent les courants de pensée et modes de vie émergents.
. Celui qui tout en s'adonnant au développement personnel n'en évite pas moins soigneusement de tomber dans le piège du narcissisme.
. Celui qui, à la quête de puissance, privilégie le travail sur soi.
. Celui que l'on peut qualifier de «méditant psy».
A ne pas confondre avec son homologue «spi».
Qui fera l'objet d'un prochain message... (7)
Qui fera l'objet d'un prochain message... (7)
Christophe Engels
(1) Michel Lacroix est maître de conférences à l'université de Cergy-Pontoise.
(2) Lacroix Michel, Le développement personnel, Flammarion, coll. Dominos, Paris, p.24.
(3) Lacroix Michel, idem, p.26.
(4) Lacroix Michel, idem, p.28.
(5) Lacroix Michel, idem, p.29.
(6) Lacroix Michel, idem, p.32.
(7) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une
longue série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de
pensée et modes de vie émergents,
. (d'ici plusieurs semaines,) une enquête sur l'immigration...
. (d'ici plusieurs semaines,) une enquête sur l'immigration...