Mais ne peut-on pas être tel
sans pour autant sacrifier le vivre ensemble?
Sans pour autant se sentir moins relié
à ses compagnons de lutte?
Sans pour autant éluder l'effort
d'une réflexion sur soi-même?
Questionnements sans concession
de Bernard Legros (1)...
sans pour autant sacrifier le vivre ensemble?
Sans pour autant se sentir moins relié
à ses compagnons de lutte?
Sans pour autant éluder l'effort
d'une réflexion sur soi-même?
Questionnements sans concession
de Bernard Legros (1)...
«Le néo-activiste est un butineur, mais
un butineur bien souvent incapable de polliniser; il prend davantage
qu’il n’apporte et oublie de s’insérer dans le cycle du don; il a
toujours "d’autres fers au feu" comme bonne raison de s’absenter des
réunions ou des actions; il n’écoute pas, il parle.
Le néo-activiste
est un Narcisse (2).» (3)
Ainsi s'exprime l'objecteur de croissance Bernard Legros.
Qui affiche haut et clair sa désillusion.
«Il est devenu presque impossible d’affirmer, sans aussitôt prendre une volée de bois vert, qu’un groupe résistant vit de l’abnégation de tous ses membres, pas seulement du plaisir ou de l’intérêt propre qu’ils en retirent.» (4)
Et l'enseignant belge d'ajouter...
«Les termes effort, devoir, fidélité, fiabilité, loyauté, morale, renoncement, modestie, vertu, honneur (ne parlons même pas de sacrifice!) sont devenus des gros mots partout, à forte teneur liberticide voire crypto-fasciste, y compris chez ceux qui se targuent de vouloir changer le monde en oubliant de se changer d’abord eux-mêmes.
«Il est devenu presque impossible d’affirmer, sans aussitôt prendre une volée de bois vert, qu’un groupe résistant vit de l’abnégation de tous ses membres, pas seulement du plaisir ou de l’intérêt propre qu’ils en retirent.» (4)
Et l'enseignant belge d'ajouter...
«Les termes effort, devoir, fidélité, fiabilité, loyauté, morale, renoncement, modestie, vertu, honneur (ne parlons même pas de sacrifice!) sont devenus des gros mots partout, à forte teneur liberticide voire crypto-fasciste, y compris chez ceux qui se targuent de vouloir changer le monde en oubliant de se changer d’abord eux-mêmes.
Pourtant, si le néo-activiste ne remet pas en
question sa culture individualiste –"je fais ce que je veux sans
rendre de comptes à personne"–, ou libérale-libertaire, comme dirait
Jean-Claude Michéa, nous ne risquons pas de bâtir un monde différent qui
nous permette de bien vivre ensemble, sans sacrifier notre
individualité.
Si nous n’aplanissons pas, dans une certaine mesure, nos
petites différences individuelles –plus ou moins réelles, plus ou moins
fantasmées–, nous ne risquons pas de refaire du collectif, pas plus
que si nous ne redéfinissons pas ensemble les critères de la "vie
bonne" que le libéralisme avait cantonnés à la sphère privée.» (5)
Altruisme vs égoïsme: le combat tronqué
Au-delà de toute naïveté («Nous,
petits-bourgeois de la classe moyenne, estimons avoir encore trop à
perdre à nous engager.» (6)), Legros renvoie à la
socio-analyse de Alain Accardo.
Présentée comme susceptible de nous aider à débusquer dans notre psychisme les multiples chaînes qui nous relient aux modes de vie capitalistes (7) .
«Si altruisme et
égoïsme coexistent au sein de la psyché, on constatera avec désarroi que
le second semble aujourd’hui l’emporter. Présentée comme susceptible de nous aider à débusquer dans notre psychisme les multiples chaînes qui nous relient aux modes de vie capitalistes (7) .
J’ai souvent entendu
l’argument empreint de réalisme et de tolérance: "il faut prendre les
gens tels qu’ils sont, pas tels qu’on voudrait qu’ils soient".
Justement, les gens tels qu’ils sont aujourd’hui font sérieusement
douter qu’un activisme humainement équitable et politiquement efficace
ait un avenir.» (8)
En cause, notamment, l'idéologie néolibérale.
Qui «nous répète
. que nos désirs priment tout le reste et doivent être le moteur exclusif de nos actions (quand ce ne sont pas plus vulgairement nos humeurs ou nos pulsions),
. que notre épanouissement dans l’hédonisme et notre "développement personnel" sont des objectifs prioritaires,
. que toute forme d’autorité autre que technocratique et "experte" est à rejeter, ainsi que toute forme de contrôle social, du plus imposant (celui de l’État) au plus simple (celui de l’association libre et informelle).
En cause, notamment, l'idéologie néolibérale.
Qui «nous répète
. que nos désirs priment tout le reste et doivent être le moteur exclusif de nos actions (quand ce ne sont pas plus vulgairement nos humeurs ou nos pulsions),
. que notre épanouissement dans l’hédonisme et notre "développement personnel" sont des objectifs prioritaires,
. que toute forme d’autorité autre que technocratique et "experte" est à rejeter, ainsi que toute forme de contrôle social, du plus imposant (celui de l’État) au plus simple (celui de l’association libre et informelle).
Le
néolibéralisme produit la "désagrégation de l’humanité en monades dont
chacune a un principe de vie particulier." (9)
Le sentiment, jadis répandu, de "devenir soi-même en faisant ce que la société attend" (10) s’est
étiolé.» (11)
Questions pour un pigeon
Conséquence d'une telle situation: la montée en puissance de cette sempiternelle question...
«Comment régler pacifiquement et démocratiquement le problème des free riders?»
Soit la difficulté du «passager clandestin», qui consiste à laisser une minorité d’actifs travailler, faire des efforts et prendre
des risques personnels pour ensuite profiter facilement des bénéfices
obtenus par eux.
«D’où il s’ensuit qu’être passager clandestin dans une dissociété libérale (12) est un choix rationnel.»
«D’où il s’ensuit qu’être passager clandestin dans une dissociété libérale (12) est un choix rationnel.»
De là, donc, une série d'interrogations...
. Comment faire «pour que militer ne soit plus synonyme de "pigeonner ou être pigeon"»?
. Comment faire «pour que militer ne soit plus synonyme de "pigeonner ou être pigeon"»?
. «Plus fondamentalement, quelles seront désormais les conditions du
changement social?
. Est-il simplement envisageable avant que ne
surviennent les grandes catastrophes?
Nous devons bien poursuivre "la
résistance aux effets psychologiques et culturels humainement dévastateurs de la logique libérale" (13), mais le désespoir guette…» (14)(15)
(A suivre)
C.E. (d'après Bernard Legros)
(1) Bernard Legros est enseignant, essayiste et objecteur de croissance.
"La sécession n'est pas une fin à réaliser mais un processus, de même que la liberté ne se ressent qu'au travers d'un processus de libération. La liberté en tant qu'état que nous atteignons une fois la république instaurée n'est qu'un mensonge des nouveaux maitres de l'Etat...c'est parce que l'action politique reconnait les pouvoirs dominants et les reproduit simultanément qu'elle est une double impasse...Il s'agit de ne plus penser en terme d'intervention politique, de révolution et de prise de pouvoir mais en terme de création éthique , de sécession et de dissolution du pouvoir"
RépondreSupprimerLa sécession ne doit pas se réduire à un mouvement auquel les individus pourraient s'identifier à travers la revendication d'une appartenance. Cette appartenance se manifeste par l'utilisation et la promotion du vocabulaire de" la pensée unique" dont usent et abusent les politiques au sein des "COMMUNAUTES TERRIBLES "(celles même qui prétendent combattre le communautarisme).
Faire sécession doit permettre de rompre avec l'individualisme.
La sécession n'est en rien une fuite irresponsable . Il ne saurait y avoir d'éthique des responsabilités sans convictions .
La conviction dans la sécession est le contraire du destin ou de la carrière: la conviction c'est notre ligne d'émancipation , de libération.
Faire sécession c'est aussi fuir les dispositifs de pouvoir , "l'assistante sociale qui veut nous réinsérer, le conseiller d'orientation et nos parents qui veulent nous aider à définir notre avenir, le syndicat qui veut nous encarter à la fin de la gréve sauvage, les parents qui veulent sauver notre mariage, la psychothérapie, les juges, les flics et moi même , lorsque je rédige mon CV et élabore mon projet de vie, ma carrière mon avenir" Simon RUPTURE
Faire sécession exige la recherche du REEL dont nous sommes à tout moment détournés (avec notre consentement implicite) afin de le rendre VISIBLE : cela nous amène obligatoirement à faire des choix ... pour cela nous devons renoncer à ...
Faire sécession est bien RUPTURE et ne doit pas une fois de plus n'être qu'une adaptation par certains courants politiques à des fins électorales:
"une vraie rupture est une chose sur laquelle on ne peut pas revenir, qui est irrémissible parce qu'elle fait que le passé a cessé d'exister "
Faire sécession n'est pas une fin en soi ce n'est qu'un outil de libération pour entreprendre la déconstruction de notre système de gouvernance .
Partant de ce chantier bien d'autres pistes restent à rechercher et exploiter qui viendraient enrichir un travail de reconstruction .
Faire sécession ne signifie pas prendre position contre des partis politiques ou des idéologies au service du pouvoir C'est refuser le langage commun du politiquement correct.
La reprise d'une position politique ( gestion de la cité ) ne pourra se faire qu'aprés avoir fui tous ces prédateurs qui veulent nous encadrer dans des structures normatives et gestionnaires qui nous dépossèdent de notre expression directe et nous privent de nos capacités à rechercher notre émancipation .
Faire sécession doit nous aider a nous réapproprier la chose publique par la dissidence qui nous est interdite par un système institutionnel dit démocratique qui nous écarte a tous moments et dans tous les domaines de nos désirs de réfléchir notre condition humaine.
Faire sécession n'entraîne pas forcément le refus catégorique du vote mais nous amène à regarder toutes ses dérives
universite_du_pas_de_cote@orange.fr