mardi 20 septembre 2011

Coulisses. Alain Touraine avait raison...


Vous êtes au moins deux à trois fois plus nombreux
que l'année passée - à la même période –
à venir nous faire un petit coucou de temps en temps:
1.215 en juillet 2011 pour 386 en juillet 2010
et 1.463 en août dernier pour 563 douze mois plus tôt.
Pour une initiative comme Projet relationnel,
qui n’avait évidemment pas vocation
à devenir un… blogbuster,
une telle «montée en puissance»
est extrêmement encourageante.
Elle doit pourtant être relativisée.
Car
en coulisses, elle ne débouche sur aucune synergie.
Alain Touraine avait donc raison…

La société n’existe plus!
Ainsi s’exprimait Alain Touraine dans son intervention du 15 octobre 2010, à Rennes, au colloque «Penser la crise avec Emmanuel Mounier» (1).
Une intervention au terme de laquelle votre serviteur y était allé d’une question portant sur une analyse qui ne lui semblait pas suffisamment tenir compte d’un paramètre émergent: la remise en cause de plus en plus manifeste de cette «pensée unique» individualiste à laquelle l’orateur venait de faire allusion.
Le sociologue des mouvements sociaux s’était alors fendu d’une réponse qui, pour ne pas sembler convaincre immédiatement la salle, n’en avait pas moins incité certains membres de l’assistance à se (re)plonger dans son œuvre.
Et notamment dans son dernier ouvrage, «Après la crise». (2).
«Les différences et les rapports entre groupes ne permettent plus d’apercevoir ces grands ensembles qu’on appelait jusqu’alors des classes sociales, et qui correspondaient à des modes de vie et de relations sociales spécifiques» y écrit le Français (3).
Qui constate notamment que les pauvres en sont arrivés à se désolidariser des très pauvres ou des travailleurs immigrés.
Et, plus généralement, que le monde des dominés est devenu si divers et si fragmenté qu’il n’est plus à même, désormais, de déboucher sur une volonté d’action collective.
Car, développe le directeur d'études de l’EHESS (4), les moins nantis n’échappent pas à la règle générale : «Les acteurs ne peuvent plus être sociaux, et ne le veulent plus.» (5)
C’est que, expliquent par ailleurs les Belges Joseph Licata et Marc Vandewynckele (6), «Le sentiment d’appartenance à un groupe social s’est dilué en un rapport de force entre des intérêts privés.» (7)
«Comme si le monde n’était plus qu’un assemblage d’entités uniques avec pour objectif l’affirmation de soi par la consommation de biens.» (8)
Mea culpa, mea maxima culpa?
Au terme de plusieurs tentatives de rapprochement avortées avec les représentants de divers courants de pensée émergents, l’initiateur de ce blog se doit en tout cas de «confesser» son ralliement aux thèses de Touraine et son renoncement au moins provisoire à toute démarche visant à initier l'une ou l'autre forme de convergence qui dépasserait cette simple plate-forme électronique. (9)

Association sans but… collectif !

En fait, le porteur de ce Projet relationnel se retrouve confronté à un paradoxe.
D’un côté, l’intérêt suscité par le blog en question se fait de plus en plus manifeste, grâce notamment à la multiplicité et à la richesses des intervenants qui ont accepté d'apporter leur pierre à un édifice auquel s'apprêtent encore à contribuer directement ou indirectement dans les prochaines semaines des «pointures» comme Jacques Lecomte (psychologie positive, bonheur et sens de la vie), Jean-Marc Priels (Approche Centrée sur la Personne et empathie), Marcel Bolle de Bal (psycho-sociologie et reliance) ou Vincent Triest (personnalisme).
Mais de l’autre, la plupart des interlocuteurs rencontrés avec l’espoir d’établir une forme quelconque de synergie semblent plus décidés que jamais à se retrancher dans la tour d’ivoire de leurs propres convictions préalables.
Un constat (d’échec?) dans lequel l’intéressé entend prendre son (évidente) part de responsabilité.
Mais un constat qui lui semble aussi révélateur d’un phénomène de société.
Une lourde tendance au repli sur soi, renforcée par un contexte économique morose, semble en effet avoir «transformé durablement l’activité humaine désintéressée en activité humaine de loisir et de consommation, où l’hédonisme et l’individualisme sont considérés comme valeurs premières» (10), entraînant dans leur sillage les excès du matérialisme et les perversions de la discrimination.
Même la sphère associative s’est, en ce sens, dégradée.
Un processus qui participe du phénomène d’éclatement d’un contre-pouvoir déchiré par des conflits internes dont le sociologue français Pierre Bourdieu écrivait déjà qu’ils mobilisent «80% de son énergie» (11).

Reliance à l’autre, par l’autre et pour l’autre

Conséquence: le secteur associatif perd de son efficacité.
Comment, dans ces conditions, se serrer les coudes?
Comment, au niveau collectif, recourir aux actions de masse, seules susceptibles de s’opposer au tsunami de ce tout à l’ego qui étrique les personnes et les cultures, ouvrant ainsi le chemin d’une multiplication des laissés-pour-compte, souvent accusés, qui plus est, d’entraver la course au profit maximal?
Et comment, sur le plan associatif, inscrire des microprojets dans un projet de synthèse?
Ne s’agirait-il pas, pour ce faire, de mettre nos différences au service d’une convergence?
Une convergence qui, aussi loin que nous soyons du pays des Bisounours, n’en semble pas moins devoir passer par un accroissement de l’attention portée au souci d’une triple «reliance» (12)
. une reliance ouverte à l’autre,
. une reliance réflexive, par l’autre,
. une reliance constructive, pour l’autre.
Un triple objectif, donc, dans l’optique duquel il conviendrait d’aller
- d’une posture NIMBY (Never In My Back Yard) à une attitude d’ouverture (reliance à l’autre: l’autre du présent tout d’abord, l’autre du futur ensuite);
- du négatif au positif (reliance par l’autre);
- du destructif au constructif (reliance pour l’autre).

D’une posture NIMBY à une attitude d’ouverture:
une reliance ouverte à l’autre

L’activité humaine de nos sociétés s’organise désormais autour d’un certain nombre de sphères plus ou moins hermétiques.
Un phénomène qui, étonnamment peut-être, n’épargne pas la grande famille de l’associatif.
Ce milieu est en effet traversé par une tendance similaire à celle que l’on retrouve trop souvent dans la sphère du développement personnel.
A savoir une propension non négligeable à placer -inconsciemment parfois- l’objectif de la réalisation de soi au dessus de celui de la réalisation sociale.
D’où la nécessité d’une «reliance à l’autre».
Qui suppose, «quantitativement», d’aller du «je» au «tu», du «tu» au «nous deux» (intersubjectif), du «nous deux» au «il» (le «tiers» du philosophe français Emmanuel Levinas), du «il» au «nous autres» (celui, regrettable, des communautaristes, mais aussi celui, beaucoup moins étriqué, des communautariens), du «nous autres» au «eux» et du «eux» au «nous tous» (celui des universalistes). (13)
Et aussi, «qualitativement» et pour reprendre la belle idée de Thomas Lambrechts (14), de m’orienter vers un devenir plus juste, au-delà du subjectif individuel, «dans un espace de rencontre où le récit n’est pas pratiqué comme source de distraction et de consommation.» (15)

. Du local au global : une reliance ouverte à l’autre du présent.
Autant la mondialisation à prépondérance économique est épouvantable, autant la globalisation culturelle (au sens large) et sociale est magnifique.
A condition, du moins, qu’elle soit bien comprise…
Car il ne s’agit évidemment d’aller ni vers l’uniformisation ni vers le paternalisme.
Mais bien vers la singularité.
Une certaine singularité en tout cas.
Une singularité choisie, et pas une singularité imposée.
Une singularité pour tous, et pas une singularité pour moi.
Une singularité-curiosité, et pas une singularité-convoitise (16).
Non, donc, à la singularité «moi, je».
Non à l’égoïsme.
Non à l’égocentrisme.
Il y va d’une évidence éthique.
Mais aussi d’une conception plus particulière de celle-ci.
Qui veut que mes talents et mes capacités ne m’appartiennent pas en propre.
Car je n’ai rien fait pour en disposer, le fait d’être mieux doté en aptitudes relevant de la «loterie naturelle».
Mieux: pas plus que mes talents, l'efficience de mon réseau relationnel ou de mon cadre de vie ne me confère le moindre mérite moral.
C’est dans une telle perspective qu’un projet comme l’allocation universelle accède à une authentique légitimité.
Car il ne fait jamais que contribuer à redresser la barre au profit de ceux qui, moins «chanceux», ont eu à composer avec un déficit de ce que, par ailleurs, nous avons osé appeler «opportunités existentielles» (17).
Conséquence: «Ce que fait l’allocation universelle, ce n’est pas redistribuer par solidarité de ceux qui travaillent à ceux qui ne le peuvent pas, explique le philosophe belge Philippe Van Parijs. C’est donner d’abord à chacun, quels que soient ses choix, ce qui lui revient.» (18)
Ceci écrit, il existe beaucoup d’autres initiatives s’inscrivant dans une telle dynamique de promotion de la singularité de l’autre.
L’investissement solidaire par exemple, qui s’est construit en réaction à l'incapacité affichée par les pouvoirs publics de contrer une évidente «mauvaise volonté»: celle mise par les entreprises à prendre leurs responsabilités face aux effets secondaires de leurs opérations économiques, tant sur le plan social qu’en matière environnementale. (19)
Ou alors le commerce équitable qui, si perfectible soit-il, s’enracine dans le terreau d’une indignation: celle née de l’impossibilité manifeste de brider la croissance des inégalités entre acteurs du marché, les plus forts persistant à imposer des rapports d’échange toujours plus défavorables aux «petits ». (20)

. Des générations du présent à celles de l’avenir : une reliance ouverte à l’autre du futur.
«Le projet du commerce équitable n’est pas initialement un projet qui vise à préserver l’environnement, analysent le Français Jérôme Ballet et la Québécoise Corinne Gendron.
Il se focalise sur l’équité spatiale et non sur l’équité temporelle.» (21)
D’où la montée en puissance du développement durable.
Qui s’inscrit dans l’esprit du «principe responsabilité» de Hans Jonas.
Le philosophe allemand a été le premier à prendre pour norme et point de référence éthiques une humanité appréhendée autant dans son actualité que dans sa postérité.
Avec l’idée d’une responsabilité tournée non pas du tout vers le passé, ni seulement vers l’avenir immédiat, mais bien vers le futur éloigné.
Le développement durable a donc suivi le même chemin, lui qui se définit classiquement comme une manière de satisfaire les besoins des générations présentes sans nuire à la capacité des générations futures de répondre aux leurs.
«Le développement durable peut se comprendre d’abord et avant tout comme une forme d’équité inter-générationnelle, font valoir Gendron et Ballet.
Il ouvre ainsi le champ de l’équité à une dimension qui n’est plus statique et interroge nos pratiques en termes d’impact sur l’environnement et de conséquences futures des choix présents.» (22)
La simplicité volontaire s’engouffrera dans la brèche.
Pour aller encore plus loin… (23)

Du négatif au positif:
une reliance empathique, par l’autre

C’est peut-être à ce niveau que se situe, dans le droit fil de l’humanisme de la personne, la substantifique moelle de notre Projet relationnel.
Faute de quoi tout ce qui précède a toutes les (mal)chances de rester platement velléitaire et purement incantatoire.
Mon cerveau n’est pas simplement un réceptacle «passif» face à la multitude de stimulations que me fournit le cours de ma vie: confrontée à un contexte donné, ma conscience procède à une lecture très singulière de l’environnement.
En sélectionnant certaines données.
En en ignorant d’autres.
En leur attribuant des significations particulières…
Les cognitions associées à une situation dépendent donc autant de la situation elle-même que de mon parcours de vie, de mes choix existentiels et de mes a priori.
Un constat qui est également de mise pour ce qui relève de mon rapport à autrui.
Le comportement que j’adopte ne découle pas seulement de l’autre.
Il provient aussi -sinon autant, voire même davantage- de ma façon de le voir.
Et de mes mécanismes d’appréhension.
Qui peuvent, pour faire simple, se ramener à deux: l’assimilation et l’accommodation.
L’assimilation est le processus qui, si un événement s’avère incompatible avec un de mes schémas cognitifs, m’incite soit à l’ignorer, soit à en effectuer la lecture distordue qui me permettra de le rendre (artificiellement) compatible avec mes représentations initiales.
L’accommodation, elle, agit à l’inverse. Elle tend à modifier en moi les convictions profondes et les schémas qui ne correspondent pas à la réalité observée.
D’où l’inconfort d’une indispensable remise en cause.
A la marge si possible.
Plus fondamentale si nécessaire.
L’idée, suggérée ici, de «reliance par l’autre» suppose de laisser plus de place à l’accommodation.
De veiller à ne pas déformer une information dérangeante, et encore moins à la rejeter.
D’accepter de et même de chercher à adapter ma structure cognitive pour intégrer cette information (24).
Et, pour ce faire, de ne pas regarder mon interlocuteur de haut (ce qui, au mieux, débouche sur l’apitoiement).
De le traiter comme un sujet égal (en dignité) à moi-même (ce qui requiert l’empathie) (25).
Bref, d’aller vers la hiérarchie des valeurs de l’autre (26).
Et même vers celle du «tout autre»: le fonctionnaire du travailleur indépendant, le patron du travailleur, le syndicaliste du patron, le politicien de l’électeur, l’immigré du sympathisant d’extrême droite… (27)
Objectif, donc: me demander réellement, honnêtement, authentiquement en quoi il a raison.
En quoi son objection renvoie à sa singularité plutôt qu’à son égoïsme ou à tout ces «vilains mots» si pratiques pour disqualifier celui qui me fait face: «aveuglement», «crédulité», «stupidité», «incompétence», «manque de culture», «malhonnêteté intellectuelle», «mauvaise foi», «scandale», «complot»…
Loin de ces impostures, le principe de «reliance par l’autre» appelle au contraire à attiser ma volonté de m’intéresser véritablement à lui.
De porter sur lui un regard de curiosité plutôt qu’un regard de convoitise (28).
De me demander aussi en quoi lui est «dans le bon» et moi dans le moins bon.
«D’apprendre à le connaître, écrivions en ouverture de ce blog.
A l’apprécier.
A accéder à une réflexion médiatisée par l’interprétation de sa pensée à lui.
A me «dépayser», dixit le philosophe français Paul Ricoeur, pour enrichir mes compréhensions initiales.
A me «désorienter» en présence d’un énoncé qui, a priori dissonant, déviant voire absurde, ne frustre en fait que provisoirement mes attentes de sens avant de déboucher sur la riposte interprétative qui permettra de me «réorienter».
A incorporer d’autres grilles de lecture à ma propre vision du monde afin d’en augmenter la lisibilité préalable.» (29)
Le tout sans me perdre moi-même.
Donc en veillant scrupuleusement à ne jamais tomber dans les excès de la confusion émotionnelle.
D’accord, bien sûr, pour un périple au plus profond de l’univers intérieur d’autrui afin d’en arriver, au-delà du rationnel, à ressentir ce qu’il éprouve.
Mais pas question, pour autant, de me perdre moi-même!
La distinction entre moi et l’autre ne peut jamais s’effacer.
Sus à l’inhibition, à l’envahissement, à l’inertie.
Autant de processus défensifs qui m’incitent à refouler un problème ou à me laisser submerger par lui.
Autant de «courts-circuits» sur le fil de mon authenticité.
Autant d’obstacles à lever, donc, sous peine de mettre à mal ma concordance intérieure.
Ici, le «regard positif inconditionnel» de Carl Rogers a beaucoup à nous apprendre.
Celui-là même qui est présenté par le psychologue américain comme une ouverture profondément vraie et inébranlablement chaleureuse à toutes les dimensions constitutives du vécu de l’autre.
«Comprendre, insistait déjà, au milieu du XXe siècle, ce porteur de projet personnaliste qu’était le philosophe français Emmanuel Mounier.
Cesser de me placer de mon propre point de vue pour me situer au point de vue d'autrui.
Non pas me chercher dans un autre choisi semblable à moi, non pas connaître autrui d'un savoir général (le goût de la psychologie n'est pas l'intérêt à autrui), mais embrasser sa singularité de ma singularité, dans un acte d'accueil et un effort de recentrement.
Être tout à tous sans cesser d'être, et d'être moi: car il est une manière de tout comprendre qui équivaut à ne rien aimer et à n'être plus rien; dissolution en autrui, non pas compréhension d'autrui.» (30)
Reste que, comme le rappelle Majo Hansotte, «Le citoyen sera impuissant tant qu’il est seul.
C’est dans l’action collective que l’on peut renouer avec la puissance qui manque à nos décideurs.
» (31)

Du destructif au constructif:
une reliance constructive, pour l’autre

D’un point de vue phénoménologique, il existe trois façons d’envisager l’avenir: destructive, déconstructive et constructive.
La manière de voir destructive, c’est celle qui, hélas, a peut-être trop tendu jusqu’à présent (et peut-être jusqu’à présent seulement) à affaiblir le mouvement des indignés en l’appuyant sur une posture de refus généralisé et d’accusation tous azimuts.
L’intelligence déconstructive, c’est celle, plus fondée intellectuellement, qui questionne et détricote en permanence les catégories et les codes qui nous sont imposés.
Mais il faut aussi imaginer une manière radicalement différente de vivre.
C’est le rôle de l’intelligence constructive qui, elle, se demande comment faire en sorte que se formulent des exigences précises de changement, produites et portées par de nombreux acteurs.
Comment transformer la plainte en action.
Et comment mettre cette dernière au service d’une exigence de transformation sociale.
«Parler, c’est agir, c’est poser un acte qui a des effets», écrit le philosophe allemand Jurgen Habermas.
Ce qui suppose qu’un objectif bien déterminé ait été fixé au préalable.
Voire, dans la mesure du possible, qu’une procédure ait été mise sur pied, qui permette de valider et de légitimer le résultat obtenu. (32)
L’objectif, en l’occurrence, se doit de répondre aux préoccupations de notre époque.
Celles-là mêmes que Hadelin Feront suggère de ramener à trois grandes catégories, socioéconomique, écologique et psychologique:
. injustice criante entre riches et pauvres à l’intérieur des pays riches, mais aussi entre les pays riches et les pays pauvres,
. impact destructeur du modèle capitaliste sur l’environnement,
. «insécurité latente profonde, qui renvoie l’individu à ce qu’il est sans les autres – c’est-à-dire une femme ou un homme seul(e).» (33)
Evaluer le mérite des démarches citoyennes ne peut se faire qu’en examinant la manière dont elles tentent de répondre à ces attentes.

Affaire à suivre…

En guise de conclusion, pourquoi ne pas faire déboucher cette triple convergence sur une quintette susceptible de faire lien entre les motifs de refus qui nous ont été implicitement ou explicitement opposés par certains de nos interlocuteurs et le programme que ce Projet relationnel s’apprête à développer dans les prochaines semaines?
. Pas de consensus mou, c’est entendu, mais pas non plus de rigidité susceptible: vive le consensus fort.
. Pas de Grand Messe, OK, mais pas davantage de querelles de clocher: vive la synthèse.
. Pas de perte de soi, d’accord, mais pas non plus de repli sur soi: vive l’empathie.
. Pas de reliance sans déliance, certes, mais pas non plus de déliance sans reliance: vive la complexité.
. Pas de lourdeur collectiviste, bien sûr, mais pas non plus de relativisme individualiste: vive la personne. (34)

Christophe Engels

(1) Cfr. projetrelationnel.blogspot.com/2010/07/actu-et-si-nous-pensions-la-crise.html
(2) Touraine Alain, Après la crise, Seuil, coll. La couleur des idées, Paris, 2010.
(3) Touraine Alain, Après la crise, ibidem, p.64
(4) Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, à Paris.
(5) Touraine Alain, Après la crise, ibidem, pp.138-139.
(6) De l’Association Conforte, auteurs de : Etre développeur de Territoire–mobiliser les acteurs, Chronique Sociale, Lyon, 2010.
(7) Licata Joseph et Vandewynckele Marc, Démocratie et engagement citoyen. Mobiliser les acteurs, in Echos n°73, p.6.
(8) Licata Joseph et Vandewynckele Marc, Démocratie et engagement citoyen. Mobiliser les acteurs, in Echos n°73, pp.5-6.
(9) A moins qu’il ne s’agisse de répondre à une éventuelle proposition venue de l’extérieur.
(10) Licata Joseph et Vandewynckele Marc, Démocratie et engagement citoyen. Mobiliser les acteurs, in Echos n°73, p.6
(11) D’après Blairon Jean, Des formes nouvelles de mobilisation pour l’éducation citoyenne?, in Echos n°73, p.19.
(12) Avant d’être repris par beaucoup d’autres comme les sociologues Edgar Morin et Michel Maffesoli, ce mot séduisant a été porté par le (psycho)sociologue belge et personnaliste Marcel Bolle de Bal, professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles, qui nous fera bientôt l'honneur de nous aider, ici même, à approfondir ce concept.
(13) Christian Arnsperger fait par exemple référence à deux types de simplicitaire : les "moi, je" et les "nous tous". «On peut en effet adopter cette attitude pour des raisons diverses, poursuit ce chercheur UCL, spécialiste de la philosophie économique et de la réflexion existentielle. Etre mieux dans sa peau, par exemple. Ou alors favoriser l’empreinte écologique. Mais même dans ce dernier cas, on agit encore quelque part pour soi-même. La cohérence nécessite d’aller plus loin. De prendre conscience qu’une démarche individuelle et isolée de simplicité volontaire ne sert strictement à rien. Et, à partir de là, d’en arriver à politiser notre démarche personnelle. Existe-t-il d’ailleurs un simplicitaire authentique qui soit totalement "moi, je"? Ne cherche-t-il pas toujours, quelque part, à être "contagieux"? A être militant. Attention! Le militant, tel que je l’entends, n’impose jamais. Pourquoi le ferait-il? Il n’en a pas les moyens. Non! Le militant se contente de proposer. Mais il le fait avec fermeté. En veillant, notamment, à ne jamais utiliser le respect de l’autre comme refuge contre les implications de ses choix personnels.» Voir, sur ce blog,
www.projetrelationnel.blogspot.com/2010/02/simplicite-volontaire-engagez-vous_28.html.
(14) Lambrechts Thomas, Le politique et le citoyen, puissance et impuissance, in Echos n°73.
(15) Lambrechts Thomas, Le politique et le citoyen, puissance et impuissance, in Echos n°73, p.44.
(16) Cfr. John Rawls.
(17) http://projetrelationnel.blogspot.com/2010/05/lallocation-universelle-en-question_22.html.
(18) Philippe Van Parijs et Yannick Vanderborght, L’allocation universelle, La Découverte, coll. Repères, Paris, 2005, p.77. Voir aussi, sur ce blog, www.projetrelationnel.blogspot.com/2010/05/lallocation-universelle-en-question_22.html.
(19) www.projetrelationnel.blogspot.com/2011/01/investissement-solidaire-et-commerce.html
(20) www.projetrelationnel.blogspot.com/2011/01/commerce-equitable-le-juste-prix.html.
(21) Ballet Jérôme et Gendron Corinne, Commerce équitable et équité: Quête de sens et sens pratiques, in Éthique et économique/Ethics and Economics, 8(2), 2011, www.papyrus.bib.umontreal.ca/jspui/bitstream/1866/5120/1/Ballet%26gendron.pdf.
(22) Ballet Jérôme et Gendron Corinne, Commerce équitable et équité: Quête de sens et sens pratiques, in Éthique et économique/Ethics and Economics, 8(2), 2011, www.papyrus.bib.umontreal.ca/jspui/bitstream/1866/5120/1/Ballet%26gendron.pdf.
(23) www.projetrelationnel.blogspot.com/2010/02/simplicite-volontaire-engagez-vous_28.html.
(24) Cfr. le psychologue français Jean Piaget.
(25) Cfr. le psychologue américain Carl Rogers.
(26) Cfr. Ricoeur Paul, Meurt le personnalisme, revient la personne, in Esprit, n°73, janvier 1983.
(27) Les inconditionnels d’Emmanuel Levinas me pardonneront de réduire ici, dans un souci de pragmatisme, la notion de «tout autre», dont on sait qu’elle est infiniment plus vaste pour le philosophe du visage.
(28) Cfr. le philosophe américain John Rawls.
(29)Voir le premier message de ce blog: www.projetrelationnel.blogspot.com/2010/02/appel-projet-relationnel_19.html
(30) Mounier Emmanuel, Le personnalisme, Presses Universitaires de France, coll. Que sais-je ?, Paris, 1949, p.37.
(31) Hansotte Majo, Le juste, l’injuste et les intelligences citoyennes, in Echos n°73, pp.8-11.
(32) Feront Hadelin, La citoyenneté et son double, in Echos n°73, pp.26-28.
(33) Feront Hadelin, La citoyenneté et son double, in Echos n°73, pp.26-28.
(34) Pour suivre (pas avant la fin ultime de ce mois de septembre -étant donnée la longueur exceptionnelle de cette publication-ci- et, comme de coutume, sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels,
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

3 commentaires:

  1. Bonjour,

    Le programme de TERRE & CONSCIENCE 2011-2012 est en ligne sur www.terreetconscience.org. Nous vous invitons à le consulter régulièrement pour les changements et ajouts.
    Une version imprimée est disponible sur simple demande à info@tereetconscience.org ou au +32-(0)2-771.28.81 (les jours ouvrables de 9h 30 à 12h 30).
    Voici un rappel des activités de ce mois d'octobre. Nous espérons vous retrouver nombreux.
    Cordialement,
    L'équipe T&C

    CONFERENCE DU MOIS
    - Diaporama exceptionnel de Roch Domerego sur les abeilles, ces insectes sans dard, sans violence et remplis d’amour à l'occasion de la sortie de son dernier livre : Melipona, l'abeille sacrée des Mayas – 29/9 – 20h - Les Sources

    ATELIERS DU MOIS
    - Comprendre et observer la terre, le sol - Eddy Montignies – 1/10 - le potager à Tervuren
    - La biodynamie et l’approche goethéenne des plantes - Jean-Michel Florin – 8 et 9/10 - le potager à Tervuren
    - Faire ses propres semences potagères : un enjeu sociétal - Didier De Wolf - 15/10 - le potager à Tervuren
    - Cycle pratique autour du potager : la permaculture, le sol, les purins, les semis, les repiquages, la récolte... - Hermann Pirmez - 1er atelier : 17/10 - le potager à Tervuren

    Terre & Conscience n’est pas subsidié. Les prix demandés couvrent les frais de l’intervenant et les frais administratifs de l’association. Nous voulons cependant rester accessibles à tous et invitons les personnes en difficultés financières à nous contacter.

    INFOS ET RESERVATION: www.terreetconscience.org

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour et merci pour cet article très intéressant. Il est cependant évidant pour moi que l'esprit d'individualisme est une nécessité si l'on veut passer d'une solidarité obligée vers une solidarité réfléchie. Je pense que cela complexifie les possibilités de réinventer une nouvelle manière d'agir ensemble car la méfiance nait aussi dans notre soif de partage. Avec qui ? Quelles sont leurs intentions cachées? C'est pourquoi je pense que même si nous nous éparpillons un peut trop, nos actions ne sont pas stériles pour autant. Donc longue vie au site projet relationnel, un site que je visite régulièrement.

    RépondreSupprimer
  3. Un grand merci, Valérie, de ce commentaire qui met le doigt sur une difficulté propre au personnalisme d'Emmanuel Mounier, qui est l'une de mes références.
    Celui-ci, quand il parle d'individualisme, me semble parfois traiter de quelque chose qui pourrait tout aussi bien être qualifié d'égoïsme.
    C'est pourquoi il m'est arrivé d'écrire (cfr. par exemple «Hors je ou de l'autisme à l'autrisme.» dans le numéro 9 de la revue «Perso-Regards personnalistes») qu'à mes yeux, le terme «INDIVIDUALISME» peut désigner deux manières de voir.


    1. La première acception, plus intellectuelle, renvoie à une approche humaniste
    qui consiste à penser par soi-même.
    Cet «Individualisme» (que je me permets de gratifier d’un «I» majuscule) peut aussi conférer à l’homme une responsabilité par rapport à autrui, ce qu’il fait d’ailleurs le plus souvent.


    2. La deuxième conception, plus fréquemment retenue dans la vie de tous les jours, fait référence à l’idée qu’il convient de vivre pour soi-même.
    Ce sont les déclinaisons
    de cet «individualisme»-ci (avec un «i» minuscule) que je mets en cause.
    Qui plus est dans trois de ses quatre modalités: pathologique, égocentrique et égoïste.

    2.1. L’individualisme pathologique (ou autisme), ce serait le «moi exclusivement» de l’autisme.
    Qui se caractérise par un repli sur soi-même et par une perte de contact avec la réalité
    extérieure.
    À ce stade, «je» suis seul au monde.
    L’autre n’existe pas.

    2.2. L'individualisme égocentrique renverrait, de son côté, à l'idée du «Moi seulement».
    Soit un «tout petit individualisme» qui recouvre l’état d’esprit égocentrique du
    . «Je pense à moi.» (égocentrisme de la pensée),
    . «J’agis en fonction de moi.» (égocentrisme de l’action).
    C’est le royaume du moi inconscient.
    Sans même m’en rendre compte, l’autre est considéré et traité exclusivement comme un moyen au service de mes besoins et de mes envies.
    «Je» me situe au centre d’un monde qui n’est donc qu’un prolongement de moi-même.
    Je pense tout en fonction de moi.

    2.3. L'individualisme égoïste, c'est celui du «Moi d’abord».
    Un «petit individualisme» qui renvoie plutôt à l’égoïsme du
    . «je pense pour moi» (égoïsme de la pensée),
    . «j’agis pour moi» (égoïsme de l’action).
    C’est le domaine du moi conscient à visée tactique.
    Plus habile que l’égocentriste car plus conscient du «moi-même» et de ses limites, cette version de l'individualisme n'en reste pas moins un instrument au service de mes intérêts à moi.

    2.4. Reste néanmoins une quatrième modalité.
    Que j'appelle «individualisme égotique».
    C'est l’individualisme moyen du «moi vraiment».
    Qui cherche à dépasser mes tendances égocentriques et égoïstes.
    Et qui s’apparente à un individualisme conscient à visée stratégique.
    Car sauf improbable dysfonctionnement,
    cette focalisation sur «moi-même» relève de l’étape transitoire.
    Elle n’est qu’un moyen au service d’un objectif plus ambitieux.
    L’autre est simplement mis entre parenthèses.
    Si je prends du recul aujourd’hui, c’est pour mieux sauter vers lui ultérieurement.
    En attendant, je me referme dans mon cocon individuel ou familial pour me consacrer pleinement à la construction de mon individualité.
    Isolement, lectures, conférences, développement personnel, thérapie ou autre: c’est selon.
    Ce qui est certain, c’est qu’après m’être différencié par l’égoïsme, je veux me trouver. Honnêtement, sincèrement, authentiquement.
    De quoi tendre, je crois, à une autre belle idée: celle de «solidarité réfléchie» que tu suggères si bien.

    Merci de ton intérêt et à bientôt sur ce blog, j'espère.

    Christophe

    RépondreSupprimer