lundi 6 octobre 2014

Immigration. Devenir un autre pour rester soi-même


 
Témoigner 
de son traumatisme?
Excessivement difficile 
tout d'abord.
Terriblement douloureux 
ensuite.
Et fécond 
dans un troisième temps.
Estime Jorge Semprun...


A chacun sa singularité.
La preuve par l'écrivain espagnol Jorge Semprun (1).
Qui, rescapé des camps de concentration, n'en évoque pas moins une expérience différente de celle de son compagnon d'infortune italien...
«Si l'écriture arrachait Primo Levi (2) au passé, si elle apaisait sa mémoire («Paradoxalement, a-t-il écrit, mon bagage de souvenirs atroces devenait une richesse, une semence: il me semblait, en écrivant, croître comme une plante»), elle me replongeait dans la mort, m'y submergeait.
J'étouffais dans l'air irresponsable de mes brouillons, chaque ligne écrite m'enfonçait la tête sous l'eau, comme si j'étais à nouveau dans la baignoire de la villa de la Gestapo, à Auxerre.
Je me débattais pour survivre.
J'échouais dans ma tentative de dire la mort pour la réduire au silence: si j'avais poursuivi, c'est la mort, vraisemblablement, qui m'aurait rendu muet.» (3)

Le temps de l'oubli

Résultat de cette course à la vie: Semprun prend la décision d'abandonner le livre qu'il avait en vain tenté d'écrire...
«En vain ne veut pas dire que je n'y parvenais pas: ça veut dire que je n'y parvenais qu'à un prix exagéré.
Au prix de ma propre survie, en quelque sorte, l'écriture me ramenant sans cesse dans l'aridité d'une expérience mortifère.
J'avais présumé de mes forces.
J'avais pensé que je pourrais revenir dans la vie, oublier dans le quotidien de la vie les années de Buchenwald, n'en plus tenir compte dans mes conversations, mes amitiés, et mener à bien, cependant, le projet d'écriture qui me tenait à coeur.
J'avais été assez orgueilleux pour penser que je pourrais gérer cette schizophrénie concertée.
Mais il s'avérait qu'écrire, d'une certaine façon, c'était refuser de vivre.
A Ascona, donc, sous le soleil de l'hiver, j'ai décidé de choisir le silence bruissant de la vie contre le langage meurtrier de l'écriture.
J'en ai fait le choix radical, c'était la seule façon de procéder.
J'ai choisi l'oubli, j'ai mis en place (...) tous les stratagèmes, la stratégie de l'amnésie volontaire, cruellement systématique.
Je suis devenu un autre, pour pouvoir rester moi-même.» (4)

Le temps de la mémoire laborieuse

L'auteur, pourtant réussira, en 1961, a écrire le livre abandonné seize ans plus tôt.
Mais non sans en payer le prix.
Car longtemps, très longtemps, cette réussite n'ira pas sans un retour en force des anciennes angoisses. 

Le temps de la mémoire vive

Ce n'est que 26 ans plus tard qu'il finira par se rencontrer à nouveau.
«Par retrouver une part essentielle de moi, de ma mémoire, que j'avais été, que j'étais toujours obligé de refouler, de tenir en lisière, pour pouvoir continuer à vivre.
Pour tout simplement pouvoir respirer. (...)
A partir de ce moment, en effet, l'écriture avait tourné vers la première personne du singulier.
Vers l'extrême singularité d'une expérience difficile à partager.
J'écrivis longtemps, avec impatience.
Dans l'aisance des mots justes qui affluaient, me semblait-il.
Dans la douleur tonique d'une mémoire inépuisable, dont chaque nouvelle ligne écrite me dévoilait des richesses enfouies, oblitérées.» (5)
Exit, donc, le temps du silence et de l'oubli.
«Le temps de la surdité à moi-même aussi: à la plus sombre mais la plus vraie part de moi-même.» (6)
Tout semblera clair, dorénavant.
Le «revenant» saura comment écrire le livre qu'il aura initialement dû se résoudre à abandonner.
Ou plutôt, il comprendra qu'il peut l'écrire.
«Car j'avais toujours su comment l'écrire: c'est le courage qui m'avait manqué.
Le courage d'affronter la mort à travers l'écriture.
Mais je n'avais plus besoin de ce courage.» (7)(8)

(A suivre)

Christophe Engels


(1) Jorge Semprun (1923-2011) a été arrêté en 1943 par la Gestapo et envoyé au camp de concentration de Buchenwald. Libéré par les troupes de Patton en 1945, il s'est consacré à la résistance au régime de Franco, à la militance communisme, puis à l'écriture. Il deviendra ministre espagnol de la culture. Et il sera élu à l'académie Goncourt en 1996.
(2) Ingénieur chimiste juif et italien, Primo Levi (1919-1987) est déporté en février 1944 à Auschwitz. Il sera libéré par l'Armée rouge le 27 janvier 1945. Et livrera son premier témoignage dans «Si c'est un homme», publié dès 1947.
(3) Semprun Jorge, L'écriture ou la vie, Gallimard, coll. Folioplus classiques, Paris, 1994-2012, p.286.
(4) Semprun Jorge, idem, pp.259-260.
(5) Semprun Jorge, idem, p.263.
(6) Semprun Jorge, idem, p.271.
(7) Semprun Jorge, idem, p.276.
(8) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une série de messages consacrés à l'immigration,
. des analyses sur la social-démocratie et l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés). 

 

8 commentaires:

  1. À l'attention des autorités en charge du projet TTIP, au niveau européen et aux niveaux nationaux,



    Bonjour,



    Permettez-moi de commencer par une idée-clef: le futur doit appartenir aux citoyens et non aux entreprises.



    Je souhaiterais revenir sur la question du TTIP et faire valoir quelques observations supplémentaires, en particulier sur la question des instances d'arbitrage, qui rencontrent mon plus profond désaccord.



    La place donnée dans ce traité aux intérêts financiers des entreprises multinationales ou non me laisse pantois. Il me semble donc opportun d'apporter de la lumière sur la participation au processus réglementaire par ce type d'entreprise.



    1. les entreprises ont déjà énormément à dire dans le processus législatif européen. Qu'elles soient européennes ou nord-américaines, elles font un lobby intense auprès des États et des parlementaires européens et autres et nombre de textes européens sont des copies conformes de propositions écrites par des lobbyistes d'entreprises. En Europe, nous ne sommes donc pas dans une position où l'on n'écoute pas le monde des entreprises européennes ou nord-américaines. Bien au contraire! Les analyses de lobbying montrent que les entreprises sont bien davantage écoutées que les organisations de citoyens. Nous avons déjà là un déni de citoyenneté.



    2. les entreprises sont aussi représentées au niveau des Etats dans des fédérations d'entreprises. Outre la fonction de lobby, ces fédérations sont souvent directement impliquées dans la fixation des normes sociales. Ici en Belgique, comme dans d'autres pays, ce sont les parlementaires sociaux qui négocient les normes salariales. Les entreprises européennes ou nord-américaines (elles ont des filiales) ont donc des lieux de choix pour pouvoir impacter les politiques et réglementations nationales.



    3. les entreprises appartiennent aussi au monde des employeurs qui est représenté à l'Organisation internationale du travail et qui établit des normes minimales en matière sociale.

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    Cette écoute des autorités publiques qui aboutit bien souvent à une prise en compte des intérêts des entreprises doit donc faire raison garder. Nous ne sommes pas dans une situation où le monde de l'entreprise européenne ou nord-américaine ne pourrait pas se faire entendre dans le cadre politique européen. Au contraire, les entreprises européennes ou nord-américaines mettent en œuvre un lobby intensif pour faire valoir avant tout leurs énormes intérêts financiers et commerciaux. Si donc une décision politique est prise démocratiquement - par des élus - et qu'elle va à l'encontre de ces intérêts d'entreprises, il faut rappeler que nous sommes d'abord et avant tout une démocratie, qui doit être respectueuse des droits de l'homme, et que cette démocratie doit d'abord et avant tout respecter les attentes des citoyens, tant que ces attentes sont respectueuses des droits de l'homme. L'Europe ne doit jamais l'oublier.



    Si sous certaines conditions, on pourrait considérer comme légitime un système arbitral par rapport à des investissements dans un pays où le monde des entreprises ne peut faire entendre sa voix, et encore faut-il considérer que ce système arbitral ne soit pas ruineux et obscurantiste comme il l'est actuellement, ce système arbitral n'a pas sa place en Europe où le monde de l'entreprise européenne ou nord-américaine est particulièrement bien écouté et choyé.



    Plus fondamentalement, je me demande pourquoi les corps législatifs nationaux et européens iraient mettre en place un système où des entreprises européennes ou nord-américaines seraient placées, en définitive, au dessus des lois. La charia est un système qui a été considéré comme incompatible avec la démocratie et les droits de l'homme par la cour européenne des droits de l'homme parce qu'il créait un système juridique distinct pour certaines catégories de population. C'est donc un système purement discriminatoire. Cf. arrêt de grande chambre de la cour européenne des droits de l'homme AFFAIRE REFAH PARTİSİ (PARTI DE LA PROSPÉRITÉ) ET AUTRES c. TURQUIE du 13 février 2003. Pourquoi les entreprises auraient-elles donc droit à un système juridique distinct ? Pourquoi les entreprises pourraient-elles attaquer sans vergogne des législations faites pour protéger les humains, alors qu'elles ont pu faire valoir leurs positions ? Pourquoi les pouvoirs politiques doivent-ils donc faire "hara kiri" devant les entreprises ? Pourquoi les pouvoirs politiques doivent-ils sacrifier la défense des citoyens ? Au nom de la religion du profit avant tout ???



    Je vous remercie donc de mettre à néant les propositions de système arbitral dans le cadre des négociations avec l'Amérique du Nord. Il y a des tribunaux établis par la loi et qui sont capables en Europe de prendre en compte les situations juridiques des entreprises. Il n'y a aucune raison valable à la mise en place de systèmes arbitraux, discriminatoires. Veuillez respecter le système politique et judiciaire européen.



    Bien cordialement



    Eric Watteau

    Citoyen du monde

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  3. Monsieur le Commissaire,

    Geachte Heer De Gucht,

    En tant que citoyen européen, je suis opposé à la mise en place d'un grand marché de libre échange avec les USA. C'est totalement prématuré.



    Plusieurs raisons à cela :

    1. il est choquant de voir que notre grand voisin se donne le droit d'espionner tout citoyen européen avec ses grands systèmes informatiques, alors qu'il considère qu'il n'a pas le droit d'espionner ses propres citoyens. Il y a ainsi un déni total de la vie privée européenne de la part des USA. Pourquoi nous associer à un pays qui est prêt à violer systématiquement le droit à la vie privée des citoyens européens, qui est un droit de l'homme fondamental ? Comment une personnalité d'origine libérale comme vous pouvez accepter sans réagir ce genre d'intrusion dans nos libertés fondamentales ?

    2. Comment pouvons-nous faire un grand marché avec un pays qui applique encore régulièrement la peine de mort ? C'est contraire à l'esprit européen qui considère que ce type de traitement relève d'un traitement cruel, inhumain et dégradant, puisqu'il se fait à la suite d'une longue attente dans les couloirs de la mort. Par ailleurs, des protocoles ratifiés à la convention européenne des droits de l'homme rendent aujourd'hui illégale la peine de mort dans nos pays européens. L'Europe s'est construite notamment en supprimant la peine de mort. Ne l'oubliez pas.

    3. Au nom de leur interprétation de la liberté, en particulier économique, les USA auraient tôt fait de bousculer les protections sociales, économiques, environnementales et seraient prêts à nous faire payer cher et vilain ce qu'ils pourraient considérer comme une ingérence dans leur liberté de faire du profit. N'oublions pas que l'interprétation de leurs libertés économiques se fait à l'appui de leurs cours américaines et non selon les interprétations juridiques européennes.

    4. la production culturelle européenne est capitale pour le bien-être culturel, moral et spirituel des citoyens européens. Qu'en sera-t-il le jour où les seules productions cinématographiques seront nord-américaines ? Il y a le droit à l'expression culturelle des peuples européens que vous mettez en danger. Notre destin n'est pas d'être états-unien.

    5. vous évoquez une hausse de la croissance ! Qui profitera de cette croissance ? Je crains que ce soit cela seulement les multinationales et qu'un des bénéfices qu'elles en tireront, c'est de ramener tous leurs bénéfices aux USA sans plus payer d'impôt sur le continent européen. Cela coûtera donc beaucoup aux finances publiques européennes.

    6. ce que je crains aussi, c'est qu'un grand marché se fera dans des normes concurrentielles inacceptables: à quel prix sont payés les salariés américains? de quelle sécurité sociale disposent-ils ? Au nom de la compétitivité des entreprises européennes, nous en arriveront alors vite à un système où les salaires européens devront encore être réduits davantage, ce qui donnera encore plus de "working poor" en Europe. La sécurité sociale sera aussi considérée comme un poids trop lourd à financer pour la compétitivité des entreprises. On en arrivera à la rogner encore davantage. Croyez-vous que le citoyen veut cela ?

    7. enfin les USA jouent trop facilement des outis monétaires dans leurs relations économiques internationales. Ce n'est pas à négliger et il faut pouvoir s'en protéger.



    Non Monsieur De Gucht. Je ne suis pas d'accord. Ces accords économiques ne me laissent présager rien de bon. Ils seront mauvais pour l'Europe.

    Le Parlement européen est critique et il exprime la volonté des peuples d'Europe, il faut écouter ses nombreuses critiques. Sinon, où va la démocratie européenne ?



    Bien cordialement



    Eric Watteau

    Belgique

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  4. Cher Monsieur Verhofstadt,



    Permettez-moi tout d'abord de vous signaler le grand respect que j'ai pour vous, pour la route que vous avez suivie et pour votre engagement européen. Cela étant, permettez-moi de vous dire toutefois mon immense inquiétude après avoir lu votre interview, dans le journal "Le Soir" de ce vendredi 9 mai 2014 (page 14). Vous y dîtes que le TTIP - soit le projet de traité transatlantique de libre-échange - est une chance énorme car il donnera le plus grand marché, qui en plus décidera de tous les standards mondiaux. Vous y mettez toutefois un bémol: il ne faut pas y sacrifier nos standards écologiques et sociaux.



    J'ai ainsi plusieurs questions par rapport à votre soutien et il me semble fondamental d'attirer votre attention sur les observations suivantes.



    1. le TTIP n’est pas transparent: le public et les personnalités politiques ne sont pas au courant. Le caractère du TTIP est confidentiel. Or la transparence est vitale et de rigueur pour une société démocratique, c'est-à-dire respectueuse des droits de l'homme. Refuser la transparence, préférer l'obscurité, ne convient pas. À l'ONU, les documents sont publics et la société civile peut avoir une influence. Ici, ce n'est pas le cas. Quand on préfère l'obscurité, c'est qu'il y a quelque chose à cacher. C'est qu'on veut prendre de court les citoyens. Le TTIP est donc d'abord et avant tout un projet anti-citoyen. Et donc anti-démocratique.



    2. Qui est en charge du TTIP pour l'Europe ? La Direction générale (DG) Commerce de la Commission. Où sont les autres DG ? Où sont les consultations avec la société civile, les mouvements sociaux, l'intelligentsia ? Nulle part ! On ne consulte que les gens d'affaire, les soi-disant VIP. Nous sommes revenus dans le régime censitaire: une représentation démesurée pour les gens du commerce, une non-représentation des citoyens. Inacceptable et anti-démocratique.



    Un traité donc aussi important qui ne veut pas écouter les représentants de la société civile. Où va-t-on ? Comment les fonctionnaires de la DG Commerce peuvent-ils avoir une connaissance globale des enjeux en n'interrogeant pas la société civile et l'intelligentsia ? Comment les fonctionnaires de la DG Commerce peuvent-ils baliser un traité respectueux des droits de l'homme et d'une société durable et soutenable alors qu'ils n'ont aucune compétence dans ces matières. Il faut donc innover en matière de préparation des traités. C'est une innovation sociale indispensable.

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    3. le TTIP va impliquer que la première norme sera dorénavant le commerce et les intérêts liés au commerce. Exit les droits de l'homme et des citoyens. Les USA ont des normes sociales et environnementales totalement insuffisantes et l'Europe n'a de normes sociales et environnementales qu'en construction. Les USA respecteront-ils les normes de l'Organisation Internationale du Travail ? Ils ne s'inscrivent pas dans cette philosophie-là. Nos normes européennes sont vouées à être améliorées encore au fil du temps mais le jour où nos améliorations de normes devront se faire en concertation avec les USA, nous aurons un lourd boulet au pied. Toute élévation des normes sera rendue impossible car contraire à l'esprit du TTIP et pouvant entraîner des manques de gains pour les multinationales. Avec les énormes risques financiers liés aux instances d'arbitrage qui seront considérées compétentes pour les investisseurs étrangers. Le TTIP va donc impliquer la paralysie des normes européennes. Inacceptable. Avec le modèle de société inégalitaire en vigueur aux Etats-Unis, le TTIP est la porte ouverte vers plus d'inégalité en Europe. C'est mauvais pour le bonheur des Européens ! Et c'est mauvais pour la croissance: lisez l'article de l'économiste Paul De Grauwe, paru dans le Soir du 7 mai 2014, page 23, où il dit que le FMI considère que dans beaucoup de pays, l'inégalité est devenue un obstacle à la croissance.



    4. Il est logique de penser que le traité va chercher des moyens pour concilier des normes différentes en matière sociale et d'environnement. Quels sont les critères qui seront utilisés pour concilier ? Quels produits de piètre qualité écologique et sociale nous seront ainsi imposés ? Quels combats coûteux des consommateurs seront à nouveau nécessaires ? Comment pourrons-nous nous protéger ? Car TTIP rimera avec déréglementations. Les associations de citoyens consommateurs seront débordées et les consommateurs seront les dindons de la farce.

    5. Les citoyens ne peuvent même pas compter sur leurs Etats-Nations pour les protéger. En effet, les Etats-membres n'ont pas accès aux documents du projet de traité et selon les informations qui circulent publiquement, c'est parce que les Etats-Unis craignent des fuites. C'est ici que l'Europe choque gravement les citoyens - aujourd'hui pensés à l'état de sujets - et il est aussi choquant que les autorités qui ont lancé les négociations sur le traité aient été aussi insouciantes de l'éclairement de leurs citoyens. Nous ne sommes vraiment plus au temps des lumières …. Peut-être que dans 150 ans, on se rappellera de cette période comme une des périodes des plus sombres de la construction européenne au XXIème siècle. Celle où l'on a mis en place avec force le déni de citoyenneté. Celle où l'on a organisé la sujétion des Européens aux multinationales. Les Européens ne méritent-ils pas mieux ???



    6. Il faut aussi voir ce que sont ces instances d'arbitrage. Quels sont les juges ? Ils ne répondent à aucune norme liée au statut du juge tel que défini dans le droit international. Ce seront des avocats d'affaire et ce seront des litiges qui coûteront cher et vilain au contribuable européen. Avez-vous envisagé, que nos droits collectifs devront être défendus au détriment de nos autres droits puisque cela coûtera énormément d'argent et qu'il faudra bien faire des arbitrages budgétaires quelque part. Quel effet d'aubaine pour les entreprises multinationales quand l'Europe et les Etats membres n'oseront plus légiférer de peur de passer devant des instances d'arbitrage. Juridiquement, cela ne peut pas être appelé tribunal car cela n'en a pas les qualités.

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    Cher Monsieur Verhofstadt, vous savez que nous disposons de droits et libertés, qui sont repris dans des traités internationaux et que les Etats doivent respecter. Ces droits peuvent toutefois être soumis à des limitations et des restrictions parce que nous sommes des sociétés d'êtres humains et que nous vivons ensemble. En raison donc du bien commun. Imaginons qu'une multinationale se retrouve devant les instances juridiques de Luxembourg. La cour de justice de l'Union européenne, constituée de vrais juges, pourrait considérer qu'une action de cette entreprise est incompatible avec des objectifs liés au bien commun. Si l'entreprise multinationale allait ensuite devant la cour des droits de l'homme; cette dernière pourrait aussi considérer qu'une limitation à certains droits de cette entreprise est compatible avec le bien commun. Vous rendez-vous compte que ces cours pourraient voir leurs jugements remis en cause part des arbitrages ! Si une entreprise multinationale est condamnée par la cour de justice de Luxembourg par exemple, elle pourrait aller devant des arbitres, complètement incompétents en matière de droits de l'homme, et se voir donner raison et faire condamner l'Etat ou l'Union à l'indemniser. Où est alors l'état de droit ? Où est la justice dans ce modèle ? Perdue ! Et vive l'impunité des multinationales !!! Le TTIP est donc la mise à mort de la justice.



    7. Le TTIP n'a pas fait l'objet - de par la Commission - d'une évaluation ex-ante et indépendante des impacts en matière des droits civils et politiques, économiques culturels et sociaux, en raison de la mise en place de ce traité. Or cet impact va exister dans le domaine du droit à la nourriture, notamment. On nous forcera à ingurgiter des produits à base d'OGM même si c'est complètement mauvais pour la santé. On nous interdira les semences biologiques et saines car les opérateurs agro-industriels viendront avec leurs semences malsaines et non renouvelables et qu'ils auront besoin des marchés pour se faire de l'argent sur le dos de la population. On nous imposera le développement du gaz de schiste car les entrepreneurs pétroliers pourront nous mettre devant des instances d'arbitrage car les mesures de protection de l'environnement seront pour ces entrepreneurs des entraves à leurs profits. Le développement durable et soutenable est ainsi particulièrement en danger. Et le droit à la santé et à un environnement sain aussi (couvert ici par la Convention européenne des droits de l'homme).

    Les syndicats craignent aussi avec raison que le TTIP soit une menace pour le salaire minimum car le salaire minimum serait une menace pour les intérêts financiers des multinationales, qui pourraient saisir les instances d'arbitrage. Pendant le temps que la Commission prépare la soumission des Européens au TTIP, certaines multinationales conseillées par certains avocats doivent déjà fourbir leurs armes pour, dans le futur, venir saigner le contribuable européen pour les manques de bénéfice réels ou imaginaires qu'ils iront invoquer. L'avidité de certaines entreprises multinationales est sans limite.

    Est-il légitime de lever la garde ? NON ! Les responsables européens doivent veiller à ce que le citoyen européen ne doive pas supporter des coûts injustes en raison d'un manque de vigilance. Plus la vigilance sera exercée par le plus grand nombre, moins les risques seront élevés pour le citoyen. Les responsables européens n'ont pas reçu le mandat de risquer de dilapider la richesse publique au profit des multinationales. Le TTIP est ainsi un risque pour le budget de l'Union et pour le budget des États. Cela n'a aucun sens et est une mauvaise politique pour le citoyen européen.

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    8. Il faut aussi dire que les dés sont pipés. Il y a quelques mois, je lisais dans un journal que les drapeaux américains officiels ne pourraient être produits que sur le sol américain avec des productions américaines, car cela concernait la patrie. Vous allez en voir de ces actes patriotiques fleurir sur le sol américain….



    9. J'attire enfin votre attention sur l'article ci-après référé qui concerne l'impact de l'arbitrage sur les finances publiques et sur les droits de l'homme et de l'environnement: http://www.pressenza.com/fr/2014/01/larbitrage-international-une-pratique-scandaleuse-meconnue/



    Pour conclure, la démocratie est une institution trop importante pour les citoyens pour qu'elle soit soldée au profit de multinationales et d'avocats véreux. Car l'arbitrage sera la confrontation des Etats et de l'Union européenne avec des entités parasites puissantes, avides et prédatrices. L'enjeu du TTIP est donc la paralysie de la démocratie européenne. Or cette paralysie est inacceptable pour le respect des droits civils, politiques, économiques, culturels et sociaux des citoyens européens. Le TTIP ne peut donc être approuvé. C'est mythologiquement l'hydre de Lerne qu'il faut exposer à l'air libre, à la vue de tous, en dehors des marais nauséabonds. Le défi est herculéen mais le problème est moral. Moralement, le TTIP est indéfendable.



    Je vous prie de croire, cher Monsieur Verhofstadt, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.

    En espérant vous lire à ce sujet.



    Eric Watteau

    Citoyen d'un monde à reconstruire et d'une démocratie mise en danger.

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  8. Belgique

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    23 octobre à Bruxelles : Bienvenue dans le monde de la finance casino : vaut-il mieux investir dans l'assurance vie d'un capricorne ou d'un scorpion?
    25 octobre à Bruxelles : Les états généraux de la finance responsable et solidaire (TOUT le PROGRAMME: http://www.financite.be/financite/etats-generaux-2014,fr,470.html).

    D'autres associations ou citoyens qui veulent se réapproprier la finance par des initiatives concrètes ancrées dans leurs vies quotidiennes organisent des débats citoyens, séances de jeu, mini-conférences, ateliers... le choix est large.

    Ce ne sont pas des experts en finance mais des personnes qui, en se réunissant quelques heures par mois, souhaitent reprendre une forme de contrôle sur leur argent, consommation, monnaie, etc. afin de remettre l'homme au centre des rapports à l'argent.

    http://www.financite.be

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