mercredi 25 janvier 2012

A.C.P. Liberté, liberté chérie...

Me sentir libre ne suffit pas.
Car la liberté réelle ne peut se concevoir
sans choix authentiques.
Portant, notamment, sur les valeurs
que je désire adopter.
A chacun, donc, de prendre
la responsabilité de ses décisions personnelles.
Le déterminisme, oui.
Mais seulement comme point de départ...

Contrôler les sujets tout en faisant en sorte qu'ils se sentent libres.
Tel est l'objectif que préconise de poursuivre le comportementaliste Burrhus Frederic Skinner (1).
«
Ils feront ce qu'ils désirent, non ce qu'ils seront forcés de faire, se réjouit ce psychologue et penseur américain.
Pas de contrôle, pas de révolte.
Grâce à un plan culturel mûrement réfléchi, nous ne contrôlons pas les comportements finaux, mais l'envie de se comporter: les motifs, les désirs, les souhaits.
Chose curieuse à signaler: dans ce cas, la question de la liberté ne se pose jamais.» (2)

Paradoxal système...

Gulb, s'étrangle le psychologue américain Carl Rogers (3)!
Qui rejette sans surprise une démarche aussi cynique.
Et en profite pour mettre à plat sa propre approche de la science.
«
La science a sa signification en tant que poursuite objective d’un but qui a été choisi subjectivement par une ou plusieurs personnes, estime l'initiateur de l'Approche Centrée sur la Personne (A.C.P.) (…)
Si nous envisageons franchement le fait que la science part d’un ensemble de valeurs choisies subjectivement, nous sommes alors libres de choisir les valeurs que nous désirons poursuivre. (…)
Ma conception va dans le sens d'une "société ouverte", telle que ce terme a été défini par Popper, où les membres d'une société prennent la responsabilité de leurs décisions personnelles.
Ce concept se situe au pôle opposé de celui d’une société fermée dont
Walden Two (titre de l'ouvrage de Skinner auquel il est fait allusion N.D.L.R.) serait un exemple. (…)
Le comportement, lorsqu’il est examiné scientifiquement, est sûrement mieux compris dans une optique déterministe.
C’est là le grand fait de la science.
Mais le choix responsable et personnel (...) est également un fait de première importance dans notre vie.
Le fait que ces deux éléments importants de notre expérience semblent être en contradiction a peut-être la même signification que la contradiction entre la théorie ondulatoire et la théorie corpusculaire de la lumière; on peut démontrer la vérité de chacune d’elles, elles n’en sont pas moins incompatibles.
Il n’y a aucun profit à nier la liberté qui existe dans notre vie subjective, pas plus que nous ne pouvons nier le déterminisme qui est évident dans la description objective de cette vie.
Il faut donc vivre ce paradoxe.» (
4)(5)

Christophe Engels (d'après Carl Rogers)

(1) Fortement influencé par les travaux d'Ivan Pavlov et de John Watson, l'Américain Burrhus Frederic Skinner (1904-1990) a fondé le behaviorisme radical.
(2)
Skinner B.F., Walden Two, McMillan, New York, 1948, p.218.
(3)
Docteur en psychologie, professeur à l'université de Chicago et fondateur (en 1964) d'un Institut des Sciences du Comportement, Carl Rogers (1902-1987) a créé l'Approche Centrée sur la Personne. Il laisse une oeuvre et une pensée qui continuent à exercer une influence profonde sur tout le courant de la psychologie humaniste.

(4) Rogers Carl, Le développement de la personne, Dunod, Paris, 1968, in traduction française de Rogers Carl, On becoming a Person, Houghton Mifflin, Company, Boston, USA, 1961, pp.249-258.
(5) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à l’Approche Centrée sur la Personne (par ou d'après Carl Rogers, Max Pagès, Jean-Marc Priels, André de Peretti...),
. à l'empathie (avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par et d'après Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme (par Vincent Triest,...)....

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Tout d'abord, je vous souhaite une douce année douze.

    La douceur est nécessaire lorsque le chaos se manifeste. Certains devins annoncent l'Apocalypse. Cela ne devrait pas nous effrayer puisque étymologiquement le mot "apocalypse" signifie la mise à nu, l'enlèvement du voile, la révélation. En ce qui me concerne, c'est avec une intention apocalyptique que je vais me retirer quelques semaines au bord du Nil pour me consacrer avec un maximum d'humilité et d'authenticité à l'écriture d'un ouvrage commencé il y a plus de deux ans.

    En attendant, vous trouverez sur mon site www.thierryjanssen.com

    - l'enregistrement du "Grand entretien" que j'ai eu avec François Busnel, le 3 janvier, sur France Inter (un vrai bon moment);

    - un texte intitulé "N'oublions pas l'altruisme" (un sujet urgent à débattre dans notre monde chaotique) que j'ai écrit pour le magazine Inexploré, un nouveau magazine trimestriel, publié par Stéphane Allix et l'INREES, en phase avec les préoccupations et les besoins de notre temps: conscience, psychologie, spiritualité, science et bien-être... (tout un programme, à découvrir !);

    - un texte intitulé "Combat stérile" (entre les psychanalystes, les thérapeutes cognitivo-comportementalistes et les psychologues humanistes) que j'ai écrit pour la chronique qui paraît mensuellement dans l'édition belge du Psychologies magazine, un magazine dont l'invité est, ce mois de janvier, Stéphane Allix, le président de l'INREES. Vous pouvez lire toutes les chroniques déjà parues dans le Psychologies magazine dans la rubrique "articles" de mon site.

    Voilà de quoi alimenter vos réflexions le temps de mon absence en Egypte.

    A bientôt et "bonne vie" à vous,

    Thierry Janssen

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