Faute
d’une définition claire du mot, Dorma suggère de contourner l’obstacle de la
nébulosité en recourant à quelques «indices» (1) susceptibles d’aider à «cerner le
prototype et ses variantes» (2)...
Selon lui, le populisme contemporain ne pourrait
faire l’économie d’aucun des sept critères suivants…
● Un leader charismatique. (3)
● Un leader charismatique. (3)
On peut
néanmoins tenter d’aller un peu plus loin en s’inspirant de ce chercheur de
référence qu’est le Français Pierre-André Taguieff (10)
pour décrire le populisme contemporain comme une dynamique de mobilisation
fondée sur une idéologie:
● mobilisation
directe des masses populaires par un chef charismatique et tribunitien;
● idéologie
tendant,
. spécifiquement,
à vanter les avantages supposés d’un hypothétique «bon sens
populaire» sur l'expertise d’élites disqualifiées,
. plus
généralement, à opposer un peuple idéalisé à un «ennemi» diabolisé…
Dynamique de mobilisation
Se
mobiliser, c’est rassembler toutes ses forces intellectuelles et toute son
énergie.
Mobiliser,
c’est faire appel à quelqu’un de manière permanente.
C’est
aussi procéder au rassemblement de «troupes», en l’occurrence non
militaire, pour faire face à une menace (11).
Autant de
significations qui, toutes, confortent dans l’idée que le populisme relève de
la dynamique de mobilisation.
Mobilisation,
donc, car il convient de se remuer et de remuer émotionnellement pour obtenir un soutien.
Mobilisation
directe, car on veut faire l'économie de la médiation de tout corps
intermédiaires (institutions, autorités de régulation... ).
Mobilisation
des masses, car on cible tous ceux qui ne relèvent pas de l’élite:
populations défavorisées, bien sûr, mais aussi classes moyennes, voire, pour
partie, classes plus aisées.
Mobilisation
par un chef charismatique et tribunitien, car un orateur populaire est à
la manœuvre, qui met son éloquence brillante au service d’une rhétorique puissante,
d'une argumentation ad populum
et d’une communication de masse.
«Dans le populisme, il y a l'idée que le pouvoir doit aller au peuple sans passer par la médiation des institutions politiques, fait valoir le sociologue québécois Joseph-Yvon Thérion (12).
Et le danger, quand il n'y a plus de médiation, est que le pouvoir s'incarne dans une figure charismatique qui prétend savoir ce que veut le peuple, avec tous les débordements que cela peut entraîner.»
«Dans le populisme, il y a l'idée que le pouvoir doit aller au peuple sans passer par la médiation des institutions politiques, fait valoir le sociologue québécois Joseph-Yvon Thérion (12).
Et le danger, quand il n'y a plus de médiation, est que le pouvoir s'incarne dans une figure charismatique qui prétend savoir ce que veut le peuple, avec tous les débordements que cela peut entraîner.»
Fondement idéologique
Si le
populisme ne peut se passer de mobilisation, il ne va pas non plus sans idéologie.
Soit, au sens neutre, un système d’idées propre à un groupe politique et à une époque.
Ou alors, au sens péjoratif, une doctrine qui prône un idéal irréalisable.
Soit, au sens neutre, un système d’idées propre à un groupe politique et à une époque.
Ou alors, au sens péjoratif, une doctrine qui prône un idéal irréalisable.
En tout
état de cause, l’idéologie populiste permet de justifier les vertus d’un
présumé bon sens populaire: on valorise le sens commun au détriment de
l’autorité d’élites et d’experts condamnés a
priori pour incompétence et/ou corruption.
L’idéologie
en question aide aussi à magnifier «le peuple» pour mieux l’opposer
à un adversaire désigné et dénigré.
Vive,
donc, un «peuple» présenté, dans sa dimension culturelle et
sociologique, comme une réalité globale, à la fois concrète et mythique,
transcendant les antagonismes de classe!
Et sus
aux milieux d’argent, aux étrangers et/ou à
d’autres minorités (intellectuelle, politique, administrative… (13)!
(A suivre)
Christophe Engels
(1) Dorma Alexandre, Faut-il avoir peur du
populisme? Le populisme: un concept sans théorie. Anti-élitisme et
républicanisme populaire, 13 mars 2006.
(3) La personnalisation
et l’adhésion à un homme providentiel est l’apanage du populisme.»
(Dorma Alexandre, ibid.).
(4) «L’appel au peuple
lancé par le leader se caractérise par l’abandon de la fonction programmatique
des partis politiques au profit d’une dimension affective de proximité.»
(Dorma Alexandre, ibid.).
(5) «C’est la valorisation
du peuple contre la classe politique institutionnalisée et la dénonciation de
la distance entre gouvernés et gouvernants, ces derniers étant considérés comme
corrompus et avilis. » (Dorma Alexandre, ibid.).
(6) Cette harangue «rejette le
cosmopolitisme et l’économie
libérale, autant qu’il fustige l’injustice sociale, l’insécurité, le chômage et
l’immigration.» (Dorma Alexandre, ibid.).
(7) Cette dynamique se construit «à l’intention d’une
communauté nationale en désespoir.» (Dorma Alexandre, ibidem).
(8) Le populisme prend, par rapport au système en
place, un recul «souvent inséparable
d’une exigence politique de référendums populaires.» (Dorma Alexandre,
ibid.).
(9) Cette référence, naïve ou manipulatrice, «rendrait inutile
toutes les médiations.» (Dorma Alexandre, ibid.).
(10) Parlant du phénomène du populisme dont il s’est fait
une spécialité, le sociologue, politologue et historien des idées français
Pierre-André Taguieff dégage six domaines de significations entrecroisées.
. C'est une mobilisation
tribunitienne et protestataire des classes moyennes et populaires témoignant de
l'irruption des masses dans l'espace politique.
. C'est un régime autoritaire
et/ou semi plébiscitaire mobilisant les masses autour d'un chef charismatique
et faisant l'économie de la médiation institutionnelle.
. C'est une idéologie idéalisant
le peuple pris dans sa dimension culturelle et sociologique et l'opposant à un
"ennemi" démonisé.
. C'est un rejet de l'expertise
ou de l'élitisme faisant appel au "sens commun".
. C'est une rhétorique usant de
l'argumentation ad
populum, utilisant les ressources de la communication de masse.
. C'est une forme de
légitimation du pouvoir apparaissant dans les contextes de crise politique engendrée
par la modernisation : on valorise le peuple contre l'autorité des
élites.
Voir, par exemple, à ce
sujet: Deramaix Patrice, Le peuple contre la
démocratie: le populisme, www.membres.multimania.fr/patderam/textes/populisme.htm.
(12) Joseph-Yvon Thériault est Professeur au Département de
sociologie de l’Université
du Québec à Montréal (UQAM) et titulaire de la Chaire de recherche
du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie de la même UQAM.
(13) Le retour du
populisme, in Journal L'UQAM, vol. XXXV, no 17 (4 mai 2009) (propos
recueillis par Marie-Claude Bourdon).
Belgique
RépondreSupprimerLa LDH et les signataires du présent Appel sont préoccupés par les projets du gouvernement Di Rupo menant au démantèlement du droit à l’aide juridique.
Ils exigent du Gouvernement fédéral belge le respect de l’accès à la Justice pour tous, qui est un droit fondamental inscrit dans la Constitution, soumis à l’obligation de Standstill et reconnu par la Convention européenne des droits de l’Homme.
Signez la pétition réclamant le maintien de l'aide juridique: http://www.petitions24.net/halte_au_demantelement_du_droit_a_laide_juridique
./...
./...
RépondreSupprimerLe texte de l'appel
Halte au démantèlement du droit à l’aide juridique
Non aux projets du gouvernement
Les signataires du présent Appel exigent du Gouvernement fédéral belge le respect de l’accès à la Justice pour tous, qui est un droit fondamental inscrit dans notre Constitution (art. 23), soumis à l’obligation de Standstill et reconnu par la Convention européenne des droits de l’Homme (art. 6). Ils invitent à la signature d’une pétition mise en ligne .
En ces temps de crise, où les droits sociaux et démocratiques sont soumis à une pression grandissante et où de plus en plus de gens tombent dans la pauvreté, le système de l’aide juridique doit être renforcé en tant que bouclier contre la régression sociale. Nous nous opposons à l’application d’une logique d’austérité à tout prix, qui porte préjudice à ce droit fondamental pour le citoyen.
Afin que cet impératif démocratique soit respecté, nous demandons :
1. L’accès à une aide juridique gratuite de qualité pour toute personne souhaitant faire valoir/défendre ses droits en justice et dont les revenus sont insuffisants.
2. Un refinancement du système d’aide juridique actuel, dont les moyens doivent pouvoir être trouvés ailleurs que dans les poches des bénéficiaires de l’aide juridique, qui représentent les plus démunis de notre société
3. Une offre de service permettant de répondre à la demande, et des conditions d’accès qui, sous aucun prétexte, ne mettent l’effectivité de l’aide juridique en péril.
4. Une rétribution des prestataires de l’aide juridique correcte et stimulante, basée sur une évaluation précise du travail requis, pour chaque procédure concernée.
5. Le maintien, pour le bénéficiaire d’aide juridique, du libre choix de son avocat ; et la garantie, pour ce dernier, de pouvoir défendre ses clients dans une totale indépendance vis-à-vis de l’Etat.
6. Une formation continue de tous les avocats s’impliquant dans l’aide juridique et un contrôle efficace de leur travail, qui garantissent la qualité des prestations.
Pour signer la pétition: http://www.petitions24.net/halte_au_demantelement_du_droit_a_laide_juridique
Les associations signataires (mise à jour 30/04/2013):
Aide aux Personnes Déplacées, Association de défense des allocataires sociaux, Association pour le Droit des Etrangers, Association Syndicale des Magistrats, Attac Liège, Attac Vlaanderen, Atelier des Droits sociaux, Cap Migrants, Caritas International, Centre d’Action laïque, Centre social protestant, Collectif Solidarité contre l’Exclusion, Comité Belge d’Aide aux Réfugiés / Comité voor Hulp aan Vluchtelingen , Confédération des Syndicats Chrétiens / Algemeen Christelijk Vakverbond, Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Etrangers, Démocratie 2000, Droits sans toit, Equipes populaires, Espace 28, Espace social Télé-Service, Fédération des Maisons Médicales et des Collectifs de santé francophones, Fédération générale du Travail de Belgique / Algemeen Belgisch Vakverbond, Fédération wallonne des assistants sociaux de C.P.A.S., Gezinsbond, Jesuit Refugee Service Belgium, Justice et Paix, Kristelijke werknemersbeweging, La Chom’Hier, Ligue des Droits de l’Homme, Médecine pour le Peuple / Geneeskunde voor het Volk, Mouvement Ouvrier Chrétien, Nederlandstalige Vrouwenraad, Netwerk tegen Armoede, Pax Christi Vlaanderen, Pax Christi Wallonie-Bruxelles, Point d’Appui, Progress Network Lawyers, Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté, Samenlevingsopbouw Brussel, Service Droit des Jeunes, Service Social de Solidarité Socialiste, Services Sociaux des Quartiers 1030, Syndicat des Avocats pour la Démocratie, Syndicat des Locataires, Vie féminine, Vluchtelingenwerk Vlaanderen,…
[1] Le principe de standstill prévoit qu’un droit fondamental octroyé par une législation interne ne peut plus être retiré et qu’un niveau de protection garanti précédemment ne peut pas être réduit