lundi 18 août 2014

Courants de pensée et modes de vie émergents (49). Le changement? Combien de divisions?...



On parle beaucoup des hommes politiques 
et des syndicalistes.
Ou alors des écologistes.
Sans compter l
es féministes, 
les altermondialistes ou les tiers-mondistes.
Voire les indignés, 
qui ont eu leur heure de gloire. 
Mais quid des autres? 
Quid de ces multiples créa...cteurs de changement 
plus discrets, sinon carrément anonymes?
Ceux qui, en coulisses,
abattent un travail de fond 
qui, pour être moins remarqué, 
n'en est pas nécessairement, 
pour autant, 
moins remarquable.
 
«Pour le grand public, les acteurs de changement, ce sont les hommes et les femmes qui s’impliquent en politique ou les militants "visibles" par leurs actions (manifestations, grèves, pétitions…). 
Pourquoi cette perception qui est, de loin, la plus communément partagée? 
Parce que c’est ce que montrent les médias!» (1)
Ainsi s'exprime le créatif culturel belge Vincent Commenne.
Pas tout à fait à tort, sans doute. 
Même s'il convient de faire la part des choses. 
En précisant, notamment, que la construction médiatique des mouvements et malaises sociaux ne résulte pas, pour l'essentiel, d'un dessein politique des journalistes et des patrons de presse...
«Elle découle, de façon plus compliquée et moins intentionnelle, du réseau des interactions qui structurent le travail médiatique, analyse le sociologue français Erik Neveu.
S'y mêlent les impératifs de la vitesse et de l'information en temps réel, l'impossibilité fréquente d'une enquête dans ces conditions, le peu de travail sur les dossiers d'une partie des journalistes, la pression à produire des images dotées d'une forte charge émotionnelle, elle-même liée à la quête des audiences et financements publicitaires.» (2)
Une façon de travailler qui n'est pas sans danger.
Car elle contribue à mettre les intéressés à la merci du réductionnisme des partis pris interprétatifs...

«Elle aboutit, à l'égard des récepteurs peu familiers du dossier traité, à susciter une perception privée d'épaisseur historique, d'explication des causalités complexes des mobilisations. 
Elle pousse les pouvoirs publics à traiter de façon souvent cosmétique les malaises sociaux pour en prévenir les manifestations plus que pour en combattre les causes. 
Le traitement politique de nombre de problèmes sociaux se trouve ainsi compliqué par le souci journalistique d'en donner une version simple ou frappante.» (3)

Sous-estimation 

Comment, dès lors, s'étonner de la propension des médias à ne relayer que la partie émergée du gigantesque iceberg des néo-activismes?
Sous-estimant ainsi considérablement la portée des courants de pensée et modes de vie émergents. 
Et donnant la fallacieuse impression qu'ils concernent tout au plus deux à trois pour cent de la population.
«Plusieurs études menées aux USA et en Europe amènent sur cet enjeu un regard vraiment différent, réagit Commenne.
Elles montrent que le nombre de gens qui disant "non" à la culture ambiante de consommation à outrance et sans regard pour ses conséquences est devenu très important.»
Reste que, d'un autre côté, l'incapacité, voire le refus, des intéressés à rassembler leurs forces n'est évidemment imputable à personne d'autre qu'à eux mêmes. (4)(5)

(A suivre)

Christophe Engels 


(1) Commenne Vincent, Evaluation des valeurs et des comportements. Un nouveau regard sur les acteurs de changement, Créatifs Culturels en Belgique, 2023, p.5.
(2) Neveu Erik, Sociologie des mouvements sociaux, La Découverte, coll. Repères, 1996-2011, p.110.
(3) Neveu Erik, idem, pp.110-111. 
(4) Commenne Vincent, ibidem, p.5.
(5) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
 . fin d'une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents,
. le cinq centième message de Projet relationnel,

. des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés) et l'immigration.