lundi 6 février 2017

Grande-Bretagne. L'appel du grand barge...





 



Comment vous dire ça, 

les Britishes?
Pour les beaux yeux 

d'un acteur hollywoodien,
vous nous avez déclaré

«I want my money back».
Pour ceux d'un fils à papa,
vous avez acheté 

un chat persan 
dans un sac
d'armes de destruction

fictive.
Et voici qu'aujourd'hui,

un grand blond
avec une âme noire...
Décidément, 
ce charme américain!
Mais après tout,
puisque nous sommes 
désormais 
en instance de divorce...
C'est votre vie, après tout! 



 














  

Pas un rayon de soleil


«Il n'y a pas un rayon de soleil quand elle n'est pas là.
Plus la moindre chaleur lorsqu'elle s'en va.
Pas un rayon de soleil quand elle n'est pas là.
Et elle part toujours pour trop longtemps.
Chaque fois qu'elle s'en va.

Je me demande où elle est, cette fois.
Je me demande si elle est partie pour de bon.
Il n'y a pas un rayon de soleil quand elle n'est pas là.
Et cette maison, ce n'est plus chez moi.
Chaque fois qu'elle s'en va.

Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.
Je sais.

Je devrais en faire mon deuil mais...
il n'y a pas un rayon de soleil quand elle n'est pas là.
Pas un rayon de soleil quand elle n'est pas là.
Seulement l'obsurité du jour qui ne se lève pas.

Il n'y a pas un rayon de soleil quand elle n'est pas là.
Et cette maison, ce n'est plus chez moi.
Chaque fois qu'elle s'en va.
Chaque fois qu'elle s'en va.
Chaque fois qu'elle s'en va...
» (1)



Bill Withers




(1) Withers Bill, Ain't No Sunshine, Booker T. Jones (producteur), Sussex Records. Extrait du film Notting Hill (en français: Coup de foudre à Notting Hill), de Roger Michell, Grande-Bretagne, 1999, avec Julia Roberts et Hugh Grant.
  




lundi 30 janvier 2017

Les nouveaux électeurs du F.N. soumis à la tentation Je vous salue Marine, pleine de France...






A quoi ressemblent donc 
ces citoyens 
qui choisissent 
de délaisser 
les partis traditionnels?
Quelles sont 
leurs motivations?
Où vont leurs espérances?
Autant de questions
incontournables.
Posées par le Français 
Olivier Toscer
dans son excellent documentaire,
A voir absolument 
par les temps 
qui courrent.

















 


«Pour moi, déposer dans l'urne un bulletin du Front National a relevé du vrai cas de conscience.
Mais je ne voyais pas d'autre issue.
»

Erick, chirurgien esthétique de son état, a franchi le pas en 2012.
Il n'en pouvait plus d'attendre qu'un homme politique réponde enfin à ses espoirs.
Ceux portant sur le redressement d'une France dont il estime qu'elle n'en finit pas de prendre eau de toute part.
«Pour moi, le coup de grâce, ça a été Nicolas Sarkozy.
J'y ai vraiment cru.
Je me suis dit...
"
Voilà!

Cette personne-là me semble taillée pour le rôle.
Pour bousculer les choses.
Pour avancer.
Pour aller vers la France du XXIe siècle."

Mais quand il est arrivé au pouvoir, on n'a rien vu venir.
Tout juste s'est-il passé deux ou trois petites choses en début de quinquennat, qui n'ont d'ailleurs pas mené bien loin.
Et puis, pschiiit!
C'était fini!
On est retombé dans le roulement habituel. 

Ce n'était pas pour ça que j'avais voté pour lui, personnellement...» 
Erick ne s'est jamais vraiment remis de cette ultime désillusion.
De cette politique de l'autruche mâtinée de pensée positive.
«Je suis énervé d'avoir à constater que personne ne nous parle franchement.
Personne ne reconnaît jamais que la France se porte mal.
Aucun dirigeant.

Le seul qui s'y soit risqué, c'est Monsieur Fillon, à un moment donné, quand il a déclaré qu'en tant que Premier ministre, il était à la tête d'un Etat en situation de faillite.
Voilà, c'est le seul.
Avant que tout le monde ne s'empresse de lui taper dessus.
On l'a donc rapidement étouffé.
Et la parenthèse s'est aussitôt refermée.
»


Le karcher, on l'attend toujours!

Isolé, ce témoignage?
Loin de là.
«Il correspond assez fortement à ce que nous avons pu constater, nous aussi, dans un certain nombre d'entretiens que nous avons eu l'occasion de mener ces dernières années auprès de différents publics, confirme le sondeur Jérôme Fourquet.
Je vais le résumer d'une formule, que je reprends de la bouche même de plusieurs électeurs...
"
Il nous avait promis le karcher.
On a eu le pistolet
à eau."»
Sarko a donc déçu.

Hollande aussi. 
Avec l'affaire Cahuzac en guise de très amère cerise sur le gâteau.
Un ministre du Budget qui a nié.
Qui a persisté.
Qui s'est offusqué. 
Avant de s'incliner face à l'évidence...
Oui, il avait bien menti!

Oui, il avait bien ouvert un compte à l'étranger!
Oui, il avait bien fraudé le fisc! 
«Et ce sont ces mêmes gens de gauche qui nous disent qu'ils sont les gentils et que ceux du F.N. sont les méchants, s'étrangle Edel le rappeur. 
Moi, je n'exclus plus de voter pour Marine Le Pen en 2017!
Histoire de faire barrage au P.S.!
D'autant plus que le F.N. au pouvoir, c'est ce qui permettra le changement.
Avec ce parti, ça va bouger.
Ca va bouger!

Il y a des choses qui vont bouger!!
Forcé!!!
Obligé!!!!
Et puis, je pense que si on veut retrouver une gauche fidèle à ses valeurs, il faut que ses représentants se mangent une bonne baffe...
»


Derrière l'identité française, l'auberge espagnole

Du côté des gars de la Marine, on n'en demandait pas tant. 
Car on capitalise sur le ressentiment.
Quitte à faire feu de tous bois.
«Le Front National, c'est une vaste auberge espagnole, avance l'historien Nicolas Lebourg.
Les gens n'ont plus le rapport à la politique qui existait durant la société industrielle.
En ce temps-là, la politique ne se concevait que par blocs monolitiques.
Vous étiez gauliste, vous aviez une vision du monde, il y avait un programme.
Vous étiez communiste, vous aviez une vision du monde, il y avait un programme...
Un bloc, deux blocs, trois blocs...
Aujourd'hui, on fait son marché.
Oui, on fait son marché et on prend ce qu'on veut.
Et l'extrême droite est tout à fait à la pointe de ce phénomène.
»
 
«L'ouvrier déclassé du bassin minier du Pas de Calais n'a rien à voir avec -je caricature- le retraité relativement aisé de Fréjus, reprend Jérôme Fourquet.  
Ce qui fait tenir ensemble tout ce petit monde, ce ne sont pas les intérêts de classe
C'est le regard qui est porté sur la France.

C'est la menace qui est perçue en provenance des phénomènes migratoires.
C'est la dénonciation d'un certain nombre d'élites mondialisées.
»


Passe ton chemin, étranger...

L'essentiel, c'est, en quelque sorte, de faire front face à l'ennemi.
A commencer par celui venu de l'étranger.
«L'immigré a peut-être quand-même une part de responsabilité dans le fait qu'il ne veut pas vraiment s'adapter à un certain nombre de choses, considère Laurent, ce fonctionnaire qui a vu couler beaucoup d'eau sous les ponts depuis l'époque où il militait chez... S.O.S. Racisme.
Ceci dit, je ne me considère pas du tout comme raciste, hein!
On dit souvent qu'au
Front National, on est des racistes.
Ce n'est pas ça du tout!
»

L'idée de racisme, il est vrai, a bien évolué. 
 «Il a changé d'habit, explicite la politologue Nonna Mayer.
Ce qui ne veut pas dire qu'on n'a pas peur de l'autre et qu'on ne le rejette pas. 
Simplement, on va le présenter non plus comme inférieur mais comme différent. 
Comme trop différent.
Et le résultat concret est le même.
Peut-être le propos est-il moins insultant.
Mais on en reste au rejet sur la base de valeurs qui ne seraient pas partagées.»

Populiste, toi-même!

Il n'empêche.
La diabolisation systématique du Front National n'opère plus sur ses électeurs.
La preuve par la réaction de ceux-ci quand on les confronte aux mises en garde proférées par un Manuel Vals ou par un Nicolas Sarkozy.
«Vals veut faire peur, ironise l'un.
Mais c'est lui qui fait peur.
C'est lui qui va apporter la guerre civile en France.» 
«C'est quasiment une insulte, s'énerve l'autre.
Presque indécent!
» 

«Quand j'écoute Sarko, j'ai l'impression d'entendre un comédien, s'amuse un troisième.
Ou plutôt un clown!» 
«Je pense qu'il est très mal placé pour nous donner des leçons de morale», s'emporte un quatrième.
«Il essaie de défendre son beefsteak, assène une cinquième.
Mais lui, il a fait quoi?
»


Soeur France, ne vois-tu rien venir?

Reste un constat.
Plus souvent qu'à son tour, l'électeur du Front National le devient en désepoir de cause.
Par dépit.
Par déception.
Par colère.
Ainsi, Valérie, la restauratrice calaisienne... 
«Moi, Marine Lepen, c'est par défaut!»
Et d'assurer qu'elle pourrait se rabattre sur Jean-Luc Mélenchon. 
Là où un autre n'est pas très loin de se laisser tenter par Emmanuel Macron.
Et un autre encore par François Fillon.
De quoi, peut-être, s'interroger sur l'imminence du danger. 
Certes, la «fille indigne» de Jean-Marie a d'ores et déjà réussi à capitaliser sur le désarroi de ces innombrables Français qui ont perdu tous leurs repères.
Mais le jou
r venu, seront-ils prêts à basculer dans l'inconnu? 

La question, à ce stade, reste posée.
Comme elle le restait avant l'accession à la présidence de Donald Trump...



(1) Toscer Olivier, La tentation FN. Les électeurs de Marine Le Pen, Antipode et France Télévision, Paris, 2016.



jeudi 26 janvier 2017

Rejoignons notre envoyé spécial à la Maison Blanche, Donald Trump...






























Réprimander les médias
et monter le public
contre eux.
Limiter l'accès à ceux-ci.
Les menacer.
Et les court-circuiter 
afin de s'adresser  
directement au public.
Pour l'Américain 
Robert Reich (photo du dessus),
pas de doute... 
Donald Trump a recours 
à ces quatre méthodes.
Bien connues des historiens 
pour servir aux tyrans 
et aux démagogues 
dans leur combat 
contre l'indépendance 
et la liberté de la presse... 



«La presse figurera sans doute 
parmi les premières victimes du trumpisme. 
Aucune loi n’exige 
de l’administration présidentielle 
qu’elle diffuse des communiqués quotidiens 
ou garantisse l’accès des médias à la Maison-Blanche. 
Beaucoup de journalistes 
pourraient bientôt se trouver confrontés 
au dilemme que connaissent bien 
ceux et celles d’entre nous 
qui ont travaillé sous des régimes autocratiques: 
rentrer dans le rang ou rester à la porte, 
aucune solution n’étant meilleure que l’autre 
(même s’il existe une réponse 
qui est meilleure que l’autre), 
car le journalisme est un métier difficile, 
voire impossible, 
sans accès à l’information. 
La presse d’investigation 
va voir son pouvoir s’étioler. 
Le monde va entrer dans une période trouble.» 
(Masha Gessen, 



«Dans l'Histoire, les tyrans ont eu recours à un assortiment de quatre techniques pour contrôler les médias.
D'ores et déjà, Donald Trump utilise la totalité de ce pannel...

1. Réprimander les médias et monter le public contre eux.

Trump assène que les journalistes sont "malhonnêtes" ou "dégoûtants" quand il ne les qualifie pas de "rebuts".
Et lorsqu'il est pris en flagrand délit de mensonge, il retourne l'accusation sur les médias.
Il les accuse de "ne faire rire personne", pointe du doigt leur supposée "partialité" et les qualifie de "pathétiques".

2. Limiter l'accès aux médias.

Il refuse de voyager avec les journalistes et même de leur communiquer certaines informations.

3. Menacer les médias.

Il menace de traduire en justice pour diffamation un New York Times pointé du doigt pour avoir consacré un article au cas de deux femmes qui accusent notre homme de leur avoir fait subir des attouchements inappropriés durant des années.
Et suite à un autre article portant sur sa déclaration de revenus pour 1995, il parle de réviser la loi sur la diffamation de façon à ce que des articles "intentionnellement négatifs", "horribles" et "faux" puissent faire l'objet d'une plainte en justice et ainsi permettre au plaignant "de gagner beaucoup d'argent".

4. Court-circuiter les médias et s'adresser directement au public.

Trump tweete des vidéos controversées et diffuse largement tout ce qui renforcera sa capacité de mentir directement à son public en toute impunité. 
De la sorte, il court-circuite les médias mondiaux.
Ceux-là mêmes qui jouent un rôle d'intermédiaire entre les puissances publiques et le public.
Et qui, ce faisant, tendent à responsabiliser les puissances publiques en corrigeant leurs manquements, en leur posant les bonnes questions, en rapportant sans complaisance leurs agissements et en creusant derrière les apparences. 
Trump cherche à éliminer ces intermédiaires.


Réprimander les médias et monter le public contre eux?
Limiter l'accès à ceux-ci?
Les menacer?
Les court-circuiter pour s'adresser directement au public? 
Dans une perspective historique, ces quatre techniques sont bien connues pour avoir été utilisées par les démagogues afin de rogner l'indépendance et la liberté de la presse.
Donald Trump semble en train d'emprunter exactement le même chemin.»



Robert Reich



(1) Robert B. Reich enseigne la Politique publique à l'Université de Californie (Berkeley). Il est aussi Senior Fellow au Blum Center for Developing Economies. Il a par ailleurs occupé le poste de Secrétaire au Travail sous l'administration Clinton.






mardi 24 janvier 2017

Ma maison, cette gueule de requin






















Qui quitterait sa maison 

si elle n'était devenue gueule de requin?
Qui pousserait ses enfants sur un bateau
si l'eau n'était plus sûre que la terre ferme?
Personne ne veut ramper sous un grillage.
Personne ne veut être battu.
Personne ne veut être pris en pitié.
Hurle tout en chuchotements Warsan Shire.
Somalienne d'origine.
Poétesse par vocation.
Immigrée par la force des choses.



















«Personne ne quitte sa maison
à moins que sa maison ne soit devenue gueule de requin.
Tu ne cours vers la frontière
que lorsque toute la ville court également.
Avec tes voisins qui courent plus vite que toi. 
Le garçon avec qui tu es allée à l'école, 
qui t'a embrassée, éblouie, 
une fois derrière la vieille usine, 
porte une arme plus grande que son corps. 
Tu pars de chez toi 
quand ta maison ne te permet plus de rester. 
Tu ne quittes pas ta maison si ta maison ne te chasse pas. 
Du feu sous tes pieds. 
Du sang chaud dans ton ventre. 
C'est quelque chose que tu n'aurais jamais pensé faire.
Jusqu'à ce que la lame soit sur ton cou. 
Et même alors, tu portes encore l'hymne national dans ta voix 
quand tu déchires ton passeport dans les toilettes d'un aéroport 
en sanglotant à chaque bouchée de papier. 
Pour bien comprendre que tu ne reviendras jamais en arrière, 
il faut que tu comprennes 
que personne ne pousse ses enfants sur un bateau 
à moins que l'eau ne soit plus sûre que la terre-ferme. 
Personne ne se brûle le bout des doigts 
sous des trains, 
entre des wagons. 
Personne ne passe des jours et des nuits dans l'estomac d'un camion 
en se nourrissant de papier-joumal 
à moins que les kilomètres parcourus 
soient plus qu'un voyage. 
Personne ne rampe sous un grillage. 
Personne ne veut être battu, 
pris en pitié. 
Personne ne choisit les camps de réfugiés 
ou la prison 
si ce n'est parce que la prison est plus sûre 
qu'une ville en feu 
et qu'un maton 
dans la nuit 
vaut mieux que toute une cargaison 
d'hommes qui ressemblent à ton père. 
Personne ne vivrait ça. 
Personne ne le supporterait. 
Personne n'a la peau assez tannée. 
Rentrez chez vous, 
les noirs 
les réfugiés, 
les sales immigrés, 
les demandeurs d'asile. 
Qui sucent le sang de notre pays. 
Ils sentent "bizarre". 
Sauvage. 
Ils ont fait n'importe quoi chez eux 
et maintenant, 
ils veulent faire pareil ici. 
Comment les mots, 
les sales regards 
peuvent-ils te glisser sur le dos? 
Peut-être parce que leur souffle est plus doux 
qu'un membre arraché. 
Ou parce que ces mots sont plus tendres 
que quatorze hommes 
entre tes jambes. 
Ou que ces insultes sont plus faciles 
à digérer 
qu'un os 
de ton corps d'enfant 
en miettes. 
Je veux rentrer chez moi. 
Mais ma maison est comme la gueule d'un requin. 
Ma maison, c'est le baril d'un pistolet. 
Et personne ne quitte sa maison.
A moins que ta maison ne te chasse vers le rivage. 
A moins que ta maison ne dise 
à tes jambes de courir plus vite. 
De laisser tes habits derrière toi. 
De ramper à travers le désert. 
De traverser les océans. 
Noyé. 
Sauvé. 
Avoir faim. 
Mendier. 
Oublier sa fierté. 
Ta survie est plus importante. 
Personne ne quitte sa maison, 
jusqu'à ce que ta maison soit cette petite voix dans ton oreille, 
qui te dit: 
"Pars!
Pars d'ici tout de suite!
Je ne sais pas ce que je suis devenue. 
Mais je sais que n'importe où, 
ce sera plus sûr qu'ici.»





(1) Traduction libre de Shire Warsan, Home, The Salt Book of Younger Poets, Salt, 2011.