jeudi 11 avril 2013

Nicolas Berdiaev. Da, da, da...


Tel est
le trinôme existentiel 
du Russe 
Nicolas 
Berdiaev 
que 
l'Association 
Culturelle 
du Razes 
propose 
de revisiter
à la lumière 
du XXIe siècle.


Mon premier est personne.
Mon deuxième est liberté.  
Mon troisième est créativité.
Et mon tout construit l'avenir de la condition humaine
Jolie charade existentielle que nous propose l'Association Culturelle du Razes.
Qui suggère de se pencher sur le cas d'un «philosophe éminent et chrétien considérable»...

Prophète de l'anonyme

«L'histoire moderne prend fin, écrivait déjà Nicolas Baerdiaev en 1924.
Une époque historique inconnue commence, elle n'a pas encore de nom.»  
Que nous apportent aujourd’hui la pensée et les intuitions fulgurantes de cet existentialiste russe (1)
«Rien moins que de permettre de penser l’homme et Dieu, le monde et la vie d’une manière nouvelle, juste et forte, assurent les organisateurs. 
Quoi de plus précieux à un  moment où la modernité s'effondre et où une nouvelle Renaissance est peut-être devant nous...?»
Ces samedi 13 et dimanche 14 avril 2013, dans l'Aude. 

En bref...
Quoi?
Qui?
Association Culturelle du Razes
En collaboration avec YMCA-Press,  L'ACER-MJO, la revue Le Messager  orthodoxe, le Collège des Bernardins.
Quand?
Samedi 13 et dimanche 14 avril 2013  
Où? 
Monastère des sœurs dominicaines de Prouilhe à Fanjeaux
Salle de séminaire, 
Hôtel du Canal, 
Castelnaudary (Aude)   
Mais encore...
Renseignements et inscriptions:
Jean-Claude Guerre, 
Association culturelle du Razes,  
8 rue des fleurs, 
11290 Montréal d'Aude  
0(033)4 68 76 34 21 / 0(033)6 83 01 50 22  

(1) 1874-1948


(Chronique de Alain Rémond, parue dans Marianne)(1)
 
«C'est un étrange paysage que celui qui se dessine sous nos yeux. 
Si c'était un tableau, ce paysage s'appellerait "la France en crise"
Et il serait trompeur. 
Malgré l'explosion du chômage, malgré les fermetures d'usines, malgré les plans sociaux, malgré la baisse du pouvoir d'achat, malgré l'extension de la précarité, malgré l'impossibilité, trop souvent, de se loger décemment, malgré l'angoisse de ne pas y arriver, malgré tout cela, qui s'appelle la crise, la France semble étonnamment calme.

Pas (ou peu) de révoltes, de marches du désespoir, de queues devant les banques, de manifestations de chômeurs, pas (ou peu) de violences. 
Comparée à d'autres pays, la France pourrait presque se croire épargnée. 
Les magasins sont pleins, les autoroutes sont pleines, les stations de sports d'hiver font le plein. 
On achète, on va au cinéma, on sort au restaurant, on part en vacances.

Comme avant. 
Et pourtant, silencieusement, comme lorsque des insectes s'attaquent aux poutres, à la charpente d'une maison, quelque chose est en train de s'effondrer. 
On ne le voit pas forcément, on ne l'entend pas forcément. 
Mais les insectes font leur travail. 
Bientôt, si on n'y prend garde, ce sera trop tard.

Ce qui s'effondre, c'est la confiance, c'est l'envie de se reconnaître dans un projet commun, dans une façon d'être, de vivre ensemble. 
Ce qui progresse, comme les insectes dans la charpente, c'est l'idée qu'on ne sait plus nous écouter, ni nous parler. 
Et, donc, nous représenter. 
C'est l'idée que personne ne s'intéresse vraiment à nous, à nos vies, pour nous aider à nous en sortir.  
Parce que personne, au fond, ne croit plus à rien.

C'est en train de nous miner, de nous détruire, cette perte de confiance, cette perte de foi. 
Il y a une chose qu'on est en droit de demander aux élus, aux politiques, c'est d'être dignes de leur fonction, de leur élection. 
On ne leur demande pas d'être des saints. 
Personne n'est parfait, on ne le sait que trop. 
Mais au moins qu'ils soient dignes. 
Qu'ils ne disent pas n'importe quoi, n'importe quand, à n'importe quel propos.

De plus en plus souvent, ils donnent l'impression de ne parler, de n'agir, qu'en fonction de leurs propres intérêts. 

Pour se positionner vis-à-vis d'Untel ou d'Untel. 
Pour marquer des points. 
Pour se distinguer. 
Pour faire parler d'eux. 
Ils se contredisent, ils trahissent leur propre parole, ils font volte-face, ils louvoient, tergiversent, jouent au plus malin. 
Ils se ridiculisent, par l'outrance ou l'inanité de leurs propos. 
Ils nous font honte. 
Ils nous font pitié.

Alors, on les met tous dans le même panier. 
On ne croit plus ce qu'ils disent. 
On dit: à quoi bon ? 
On ne les écoute même plus. 
Puisqu'ils n'y croient plus, on n'y croit plus non plus. 
On ne leur demande pourtant pas grand-chose; juste d'être dignes. 
De ne pas être des charlots. 
Ils ont été élus par le peuple, pour représenter le peuple. 
Et légiférer, gouverner au nom du peuple et pour le peuple. 
Mais on a l'impression qu'ils s'en foutent. 
Que chacun joue perso.

La crise, voilà ce que c'est: les liens qui se délitent, qui se défont, chacun pour soi, chacun dans son coin. 
On n'a plus de vision commune, on n'a plus de projet commun. 
On dit juste: à quoi bon? 
Ils font leur cinéma, à l'Assemblée nationale, sur les plateaux de télévision; mais ils ne nous parlent plus. 
Ils n'ont rien à nous dire. 
La vie du peuple, la vraie vie du peuple, qui les a élus, on a l'impression que ça ne les intéresse pas. 
Ils font les malins, ils se poussent du col, ils jouent des coudes pour être sur la photo. 
Et puis voilà.

C'est pourtant par eux que tient le pays, ces élus à qui on a fait confiance pour être notre voix, pour porter notre voix. 
C'est en train de s'effondrer, silencieusement. 
Ils jouent chacun pour soi, alors on va jouer chacun pour soi. 
On va se laisser aller. 
Avant, qui sait, de se livrer au premier démagogue venu. 
Parce que, croit-on, on n'a plus rien à perdre.

Mais les politiques ne sont pas les seuls en cause. 
Nous autres, journalistes, avons aussi notre part dans cet à-quoi-bonisme. 
On fait de la mousse, on fait des bulles, on fait les malins, on dézingue ce qu'on a porté aux nues, on sape ce qu'on a soutenu, on oublie ce qu'on a défendu. 
Au bal des convictions, on change de partenaire comme de chemise. 
Il faut vendre, n'est-ce pas. 
Tant pis si, pour cela, il faut jeter par-dessus bord quelques idéaux, quelques nobles principes.

Tout se vaut, quand il s'agit de vendre. 
A la télévision, où nous sommes invités permanents, les gens nous regardent, ils se demandent de quoi nous parlons, à qui nous parlons. 
Ils nous voient comme faisant partie du grand cirque, tellement loin de leur vie, de ce qui les mine, de ce qui les détruit, silencieusement. 
Et ainsi se délite, peu à peu, tout ce qui nous fait vivre, rêver, espérer.

Ecoutez, je suis vraiment désolé de vous casser ainsi le moral. 
Je ne sais pas ce qui m'a pris, ça doit être ce maudit printemps qui n'arrive pas, ce gris qui nous plombe, qui nous chagrine l'humeur. 
Il va bien y avoir, un jour, l'esquisse du début d'un rayon de soleil, non?» 

Alain Rémond  (Marianne)(1) 

(1) Rémond Alain, La dignité perdue des élus du peuple, Marianne, 7 avril 2013. Les caractères gras sont de la rédaction.                                                                                                                                    

lundi 8 avril 2013

«S'indigner, c'est bien! S'engager, c'est mieux!»











Le président 
du Parti Socialiste 
francophone belge 
ne verrait-il 
dans les réseaux sociaux 
qu'un univers
de colères enragées
et d'injures permanentes?
Telle était la question 
que l'on pouvait 
légitimement se poser 
à la lecture 
d'un «grand entretien» 
accordé 
il y a quelques semaines 
au quotidien Le Soir.
Simple malentendu, 

nous répond 
Paul Magnette (1)...



Monsieur Magnette,


J'ai découvert dans
Le Soir du samedi 2 février -et avant de prendre quelques jours de congé- des propos tenus par vous et portant (brièvement) sur la thématique des blogs.

Comme je venais, à ce stade, de vous envoyer un lien vers mon vaillant petit Projet relationnel, je me laisse aller à supposer que, peut-être, vos commentaires le visaient partiellement.

S'il en est bien ainsi, je voudrais vous préciser que
«
le» blog dont vous parlez ne me semble pas être celui que j'édite et n'est en tout cas pas celui que je cherche à publier.

Vous y voyez de la rage, de la colère et une propension à
«
injurier le monde entier sur un clavier»?

Je veux y mettre
. dans le fond, de la matière à réflexion et, autant que possible, à ouverture vers ou entre les différents courants de pensée et modes de vie émergents,
. dans la forme, de la convivialité et, dès que faire se peut, de l'humour.

Je ne vous cacherai pas que les considérations dont question me sont apparues extrêmement réductrices et, pour tout dire, indignes de vous.

Elles ne m'en ont pas moins touché. 

Interpelé même. 
Et ce d'autant plus que...
. je suis parfaitement en phase avec votre invitation à dépasser l'indignation pour aller vers l'engagement (voir, notamment, l'étude que je me suis permis de
«
commettre» en 2011 sur les Indignés),
. même si je ne m'implique pas directement dans quelque parti politique que ce soit, je prends ma part dans d'autres types d'engagements portés par la société civile (
Centre d'Action pour un Personnalisme Pluraliste hier, collectif Roosevelt 2012 aujourd'hui...),
. je crois, jusqu'à plus plus ample informer, que le
Parti Socialiste gagne à avoir désormais comme président un homme qui, comme vous, peut se prévaloir d'une expérience et d'un savoir-faire non seulement politiques mais aussi académiques (j'ai fort apprécié, en son temps, votre livre sur l'avenir du socialisme).

N'oubliez donc pas de vous demander si le phénomène des réseaux sociaux (a fortiori quand il accueille tant de contributions académiques
made in France, Belgium or Québec) ne mérite pas d'être envisagé autrement que comme l'expression simple et exclusive d'humeurs instinctives et de colères lâches.


A vous relire et/ou vous rencontrer à l'occasion.


Christophe Engels
Projet relationnel
engels_chr@yahoo.fr




Cher Christophe,
 
J’ai bien reçu votre message qui a retenu toute mon attention et vous en remercie.
 
Je tiens d’abord à vous assurer que je ne visais aucunement votre blog. 
Au fond, aucun blog précis n’était visé dans mes propos.
 
Dans notre société, Internet est un outil formidable qui permet à chaque citoyen d’exprimer ses idées via un blog, un réseau social ou un site. 
C’est un espace d’expression essentiel qui encourage les échanges et nourrit les réflexions. 
La crise que nous traversons actuellement est naturellement au centre des nombreuses discussions qui fourmillent sur la toile et soyez assuré que je ne les considère pas comme «l’expression simple et exclusive d’humeurs instinctives et de colères lâches».
 
Bien au contraire! 
Je suis intimement convaincu que toutes ces discussions méritent un point d’ancrage qui les rassemblerait et en tirerait une synthèse constructive. 
C’est donc notamment au départ de toutes ces discussions, qui sont la traduction d’une colère légitime, que je veux construire une opération de réflexion collective. 
Comme je l’ai dit, s’indigner, c’est bien. 
S’engager, c’est mieux! 
Je ne doute bien évidemment pas que de nombreux bloggeurs s’engagent de différentes manières, comme vous. 
Mais je veux les inviter à utiliser cette réflexion pour construire notre opération de réflexion collective. 
Le PS veut aller au contact de toutes celles et ceux qui, dans la société civile, affiliés ou non au Parti, pensent que le PS est une grande force de progrès et veulent contribuer à définir son projet. 
En ce sens, votre réflexion citoyenne et votre investissement dans le collectif Roosevelt 2012 s’avéreront des plus pertinentes.
 
J’espère, Cher Christophe, avoir éclairci l’hypothétique malentendu. 
Je vous souhaite en tout cas tous mes vœux de succès dans la continuation de vos diverses démarches citoyennes –sur la toile ou ailleurs, et j’espère que j’aurai l’occasion de lire le fruit de vos réflexions lors de notre opération de réflexion collective.
 

Très cordialement,
 

Paul Magnette (1)


(1) La réponse de Paul Magnette est reprise ici avec l'autorisation de l'intéressé. 


vendredi 5 avril 2013

Tunis. Impossible n'est pas altermondialiste...


Cinq jours
importants.
Pour le 
des mouve-
ments.
Et pour la Tunisie.

L'occasion, notamment, de mettre en lumière ce qui a longtemps été occulté dans le pays: les difficultés du petit salariat, les mouvements de grèves, la désobéissance civile qui emporta des villes entières...
C'est que le gouvernement n'a aucune solution alternative à proposer à des problèmes aussi fondamentaux que le chômage ou la pauvreté.
De salaire minimum ou de droits sociaux, par exemples, il est beaucoup question. 
Mais rien n'est tranché. 
Et quand les autorités s'engagent à sortir de la précarité deux millions de leurs administrés en l'espace de cinq ans, elles laissent sceptiques.

Inaction, réaction, déconnexion

D'où la réaction de la société civile.
Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, par exemple, a décidé de créer un observatoire social.
Et entend établir un lien entre associations politico-stratégiques et conseurs techniques.
Il s'agit en effet de repenser les actuels modèles sociétal et économico-social.
La bonne nouvelle?
La société est admirablement vivace.
La mauvaise? 
Elle reste déconnectée du politique.
Comment, donc, se faire relayer, à tout le moins par l'opposition
?
Comment passer du champ du possible à la concrétisation?
Comment transformer une énergie de contestation en force de proposition? 

mercredi 3 avril 2013

Affaire Cahuzac. Ce socialiste qui craque en direct...













Réconfortant par le fait même
ceux qui gardent espoir en la politique.

Un compte en Suisse dévoilé par le site d'information Médiapart?
Le ministre français du budget, Jérôme Cahuzac, nie.
Dément.
S'offusque.
Tape du poing sur la table.
S'indigne. 

Menace. 
Crie à l'injustice.
Parle de calomnie
Puis... reconnaît les faits!
Incitant -outre l'opposition, évidemment- ses collègues de parti à le condamner.
Sans pour autant convaincre.
Exception qui confirme la règle: Gérard Filoche.
Qui s'emporte sur LCI. 
Et fait le buzz médiatique.
Retour sur une séquence authentique.
Sur un homme au bord de la crise de nerf...


Elle aussi a craqué...
Souvenez-vous.
C'était le 5 décembre 2011. 
Le gouvernement italien venait d'adopter une réforme qui durcissait sensiblement le système des retraites.
Et la ministre des Affaires sociales, Elsa Fornero, de fondre en larmes en la présentant à la presse.
Elle aussi a craqué.
Elle aussi a fait le buzz. 
Elle aussi a montré que la politique pouvait être, essentiellement, fondamentalement et donc beaucoup plus qu'à la marge, une affaire de coeur... 

mardi 2 avril 2013

Roosevelt 2012. Travail de vacances...


Période estivale en vue 
pour Roosevelt 2012.
Qui prévoit de passer des vacances... 
aussi studieuses que laborieuses!
Car la crise n'attend pas...
  
Chaud, chaud, le mois d'août de Roosevelt 2012!
Par l’intermédiaire de ses signataires ou via des interventions du collectif, il se manifestera un peu partout en France pour faire acte de présence aux Universités d’Été des trois principaux partis de gauche, à l'Université d'Eté citoyenne d'ATTAC, ainsi qu'aux rencontres des amis de Mediapart.

  • Les troisièmes rencontres des lecteurs de Médiapart se tiendront les 25 et 26 août à Montluel, près de Lyon
  • Les Journées d’Eté d’Europe Écologie Les Verts se tiendront à Poitiers du mercredi 22 au vendredi 24 août
  • L'Université d’Eté du Parti socialiste se tiendra à La Rochelle du vendredi 24 au dimanche 26 août (si vous êtes adhérent-e, vous pouvez signer la contribution générale «Grand Projet Socialiste» proposée par certains de nos signataires dans le cadre du Congrès de Toulouse).
  • Les Estivales citoyennes du Front de Gauche seront organisées au Campus universitaire de Saint Martin d’Hères, près de Grenoble, les samedi 25 et dimanche 26 août.
  • L'Université d'Eté citoyenne d'ATTAC se tiendra du 24 au 27 août à Toulouse.
A noter que la Belgique, l'Espagne, l'Italie, la Grande-Bretagne, la Pologne et la Grèce, elles aussi, sont à la tâche. 
En coulisses, le travail d'organisation se poursuit...


    vendredi 29 mars 2013

    Secteur bancaire. Oui, j'ai vraiment péché...

    Père Philippe (1) 
    est membre
    de la congrégation 
    écolo-européenne.
    Avec Frère Gaspard (2), 
    il nous énumère
    Ainsi soit-il...


    Philippe Lamberts et Gaspard Denis


    Les sept péchés capitaux des banques (3)
                                        

    1.   Mégalomanie

    Toujours plus grand! 
    C’est le mot d’ordre suivi par de nombreuses banques depuis le milieu des  années  1990.  
    Certes,  en  accroissant  leur  taille,  ces  dernières  démultiplient  leurs  bénéfices. 
    Néanmoins, leur folie des grandeurs a un prix: l’accumulation des risques. 
    Or, lorsque ceux-ci se  réalisent, les Etats n’ont bien souvent plus d’autre choix que de sauver des institutions financières  devenues «trop grandes pour faire faillite».

    Quel remède à ce péché? 
    Il est nécessaire de procéder au démantèlement des banques  systémiques (dont la taille du bilan dépasse les 100 milliards d’euros) afin qu’elles retrouvent, non seulement,  une taille plus modeste, mais surtout une utilité sociale.

    2.  Toxicomanie

    Dealeuses      et  consommatrices       de  produits   toxiques:   les  banques    n’ont décidément     pas   peur d’accumuler  les  vices!  
    En  procédant  à  la  fois  à  l’achat  et  à  la  vente  d’instruments  financiers   hautement   spéculatifs,   nombre   d’entre   elles   gagnent   en   effet   bien   plus   qu’en   accordant   des prêts aux entreprises et aux particuliers. 
    Une telle addiction au risque participe néanmoins à la formation de bulles financières qui, lorsqu’elles éclatent, déstabilisent le système financier dans  son ensemble.

    Quel   remède   à   ce   péché?  
    Il  est  crucial  de  soumettre  les  produits  financiers  à  une  «autorisation  de mise sur le marché». 
    Autrement dit, le régulateur devrait être en mesure de pouvoir interdire les nouveaux produits financiers si leur lancement présente des risques trop importants (comme  nous le faisons pour les médicaments, par exemple).

    3.   Perversion

    Le métier bancaire est-il perverti? 
    Rares sont en effet les banques qui aujourd’hui se contentent de servir l’économie réelle, en procédant à la collecte de l’épargne et à l’octroi de crédits. 
    Nombre d’entre elles préfèrent tout simplement utiliser l’argent déposé  par leurs clients... pour spéculer!

    Quels remèdes à ce péché? 
    Il est impératif à terme de réintroduire une double séparation des métiers bancaires. 
    La première consiste à contraindre les banques universelles (qui regroupent tous les métiers bancaires) à opter pour le statut soit d’une banque de détail (spécialisée dans la gestion de dépôts et de crédits), soit d’une banque d’investissement (orientée vers les activités de marché).
    La   deuxième   vise   à   scinder   les   activités   de   conseil   et   de   marché,   en   interdisant   aux   banques d’investissement d’exercer une activité de courtage.

    4.   Vampirisme

    Si elles sont passées maîtres dans la socialisation de leurs pertes en parvenant à forcer les Etats à   les   sauver   de   la   faillite,   les   banques   excellent   également   dans   l’art   de   faire   subsidier   leurs bénéfices.  
    En  effet,  nombre  d’entre  elles  utilisent  une  partie  des  liquidités  empruntées  à  bon  marché auprès de la Banque centrale européenne (BCE) pour les prêter ensuite aux Etats à des taux nettement plus élevés. 
    En outre, les banques de grande taille parviennent à emprunter sur les marchés à des taux plus attractifs que ceux accordés à leurs consœurs de petite ou moyenne taille et ce, en raison du soutien implicite que leur Etat leur accorde.

    Quels   remèdes   à   ce   péché? 
    Pour   éviter   à   l’avenir   que   les   banques   ne parviennent   à   nouveau   à mutualiser leurs pertes en les faisant porter sur l’ensemble de la société, il est nécessaire, non seulement, de renforcer la contribution du secteur privé à la résolution des crises bancaires, mais également d’obliger les banques à couvrir leurs dépôts d’épargne.

    5.   Cupidité

    Les dirigeants de banque et les traders partagent une vocation commune: l’accumulation frénétique du capital. 
    Une passion, non seulement triste, mais également destructrice pour le reste de la société. 
    En effet, leurs rémunérations hors normes contribuent à l’accroissement des inégalités salariales, à la prise de risques excessifs dans le secteur financier, ainsi qu’au contournement des  lois.

    Quels    remèdes    à  ce  péché?  
    Une  première  mesure  simple  et  efficace  consiste  à  plafonner  la  rémunération (salaire fixe et bonus) la plus élevée à 10 fois la moyenne des plus bas salaires de  la banque. 
    L’introduction d’une taxation confiscatoire des très hauts revenus s’impose également  comme un moyen efficace pour limiter les cas de «dérapage salarial» dans le secteur financier. 

    6.   Fourberie

    Nombre   de   banques   usent   actuellement   d’une   multitude   de   subterfuges   pour  maquiller   leurs comptes,  contourner  les  règles  de  prudence  financière,  ou  encore  échapper  à  l’impôt. 
    Au  cœur de ces stratégies frauduleuses, les paradis fiscaux jouent un rôle déterminant.  
    La présence des  banques dans ces juridictions secrètes contribue largement à nourrir l’instabilité financière.

    Quels remèdes à ce péché? 
    Il est urgent de pénaliser les banques qui ont des liens avec les paradis fiscaux.  Les  sanctions  envisageables  pourraient  inclure,  notamment,  le  retrait  de  la  licence  bancaire,     l’interdiction   de  faire  appel   à  l’épargne    des  particuliers    (c’est-à-dire,   collecter   des dépôts), ou encore la taxation des flux financiers à destination ou en provenance de filiales situées  dans des paradis fiscaux.  

    7.   Imprudence

    S’endetter     plus   pour   gagner    plus!  
    Telle  est   la  doctrine   suivie   par  de   nombreuses      banques européennes. 
    En empruntant à court terme sur les marchés financiers,  celles-ci ont en effet la  possibilité de financer à très faible coût leurs activités spéculatives. 
    Une stratégie qui leur assure  des profits conséquents quand le crédit bon marché coule à flot, mais qui les fragilise fortement  lorsque celui-ci se tarit subitement.

    Quels remèdes à ce péché? 
    L’imposition d’un ratio de levier –fixé à un niveau adéquat– permettrait  de   limiter   sensiblement      la  capacité    des  banques     à  s’endetter.  
    Une   mesure     complémentaire consiste à taxer les sources de financement instables des banques (financement de gros), afin de  les inciter à privilégier un financement stable et de long terme de leurs activités (dépôts et titres  de dette à long terme).

    Philippe Lamberts et Gaspard Denis

    (1) Manière humoristique, on l'aura compris, de faire référence au Belge Philippe Lamberts (notre photo).. Engagé depuis 1991 dans l'écologie politique, il est aujourd'hui député européen Ecolo au sein du groupe des Verts au Parlement européen. Son mandat législatif dans cette assemblée (2009-2014) est surtout marqué par les dossiers économiques et financiers, qui vont de la gouvernance économique de l'Union européenne, à la régulation financière et bancaire, en passant par la lutte contre les paradis fiscaux et les bonus.
    (2) Humour, toujours, pour désigner Denis Gaspard, conseiller parlementaire. Licencié en sciences politiques (Université Libre de Bruxelles) et en économie du développement (University of Cambridge), il a débuté son parcours professionnel comme attaché parlementaire au Sénat de Belgique. Il a rejoint ensuite les rangs du Centre National de Coopération Développement (CNCD-11.11.11), où il a occupé le poste de chargé de recherches en matière de financement du développement. Enfin, depuis mai 2010, il assure la préparation et le suivi du travail législatif au sein de la commission des affaires économique et monétaire (ECON) du Parlement, en portant une attention particulière aux actes législatifs se rapportant à la régulation financière et aux matières fiscales.
    (3) Le message présenté ici résume un rapport complet datant d' octobre 2012. Les titre et chapeau sont de la rédaction.