jeudi 10 novembre 2016

Démocratie. Ultime avertissement avant liquidation








Après la Hongrie, 
la Pologne 
la Turquie
ou la Russie, 
les Etats-Unis... 
aura-t-elle raison 
de la démocratie?
Cette dernière, 
en tout cas, 
se retrouve confrontée 
à l'une des plus graves crises de son Histoire.
Car ne tournons plus autour du pot:
face à l'envahisseur fanatisé
par les sirènes de la violence psychique et/ou physique,
le régime politique qui nous reste cher
se retrouve aujourd'hui en péril.
Et une question de tarauder
les dissidents de la pensée ouverte et de l'inclusion:
n'est-il pas déjà trop tard?
Hommage de Leonard Cohen (1)
à celle dont on commence à se demander 
si, dans sa version authentique à tout le moins, 
il ne faudra pas bientôt la qualifier 
de «chère disparue»...


«Elle émane d'un trou d'air,
depuis ces nuits de Tiananmen Square.
Elle émane du sentiment
qu'elle ne peut être tout à fait réelle,
ou alors qu'elle est réelle mais pas vraiment là.
Elle émane des guerres contre le désordre,
des sirènes qui hurlent jour et nuit,
des feux du sans-abri,
des cendres de l'homo:
la démocratie s'en vient aux U.S.A.

Elle émane d'une brèche dans le mur,
sur un flot d'alcool visionnaire,
du récit bouleversant
du Sermon sur la Montagne
que je ne prétends pas du tout comprendre.
Elle émane du silence
sur les quais de la baie,
de l'âme courageuse, intrépide et cabossée
de la Chevrolet:
la démocratie s'en vient aux U.S.A.

Elle émane du chagrin de la rue,
des lieux saints où se rencontrent les races,
des jérémiades homicides
qui envahissent chaque cuisine
quand il s'agit de savoir qui va servir et qui va manger;
des puits de déceptions
où les femmes s'agenouillent pour prier
la grâce de Dieu dans le désert du tout proche
et dans le désert du grand lointain:
la démocratie s'en vient aux U.S.A.

Vogue, vogue,
la galère puissante de l'Etat,
vers les rivages de la nécessité,
entre les écueils de l'avidité
et les bourrasques de la haine.
Vogue, vogue, vogue, vogue...

Elle arrive d'abord en Amérique,
berceau du meilleur et du pire.
C'est ici que rode l'éventail
et les rouages du changement.
Ici aussi la soif spirituelle.
Ici encore la famille éclatée.
Et ici le solitaire qui préconise
que le coeur s'ouvre
fondamentalement:
la démocratie s'en vient aux U.S.A.

Elle émane des femmes et des hommes.
Oh, ma chérie! Nous allons refaire l'amour.
Nous allons nous plaire si intensément
que la rivière en pleurera
et que les montagnes s'écrieront "Amen!".
Elle apparaît comme le flot de la marée
sous le balancement de la lune,
impériale et mystérieuse,
en un amoureux tableau:
la démocratie s'en vient aux U.S.A.

Vogue, vogue,
la galère puissante de l'Etat,
vers les rivages de la nécessité,
entre les écueils de l'avidité
et les bourrasques de la haine.
Vogue, vogue, vogue, vogue...

Je suis sentimental, si vous voyez ce que je veux dire.
J'aime ce pays, mais je n'en supporte pas le décor.
Je ne suis ni de gauche ni de droite,
je reste simplement chez moi ce soir,
me perdant dans ce petit écran désespérant.
Mais je suis têtu comme ces sacs de légumes
que le temps n'arrive pas à faire pourrir.
Tout voyou que je sois,  je n'en continue pas moins à tenir bien haut
ce petit bouquet de fleurs sauvages:
la démocratie s'en vient aux U.S.A.» (1)



Leonard Cohen



(1) Cohen Leonard, Democraty, Sony Music Entertainement Inc., 1992.


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