mardi 13 décembre 2016

Mon déjeuner avec un guerrier mystique...




























                  Il y a dans l'air un parfum 
                      de menace et de discorde.
                          Ce qui crée cette tension?
                              Deux facettes de la nature humaine. 
                                  «Mystique» d'une part.
                                      «Guerrière» d'autre part. 
                                          Dixit Elizabeth Lesser
                                              Qui suggère un moyen très concret 
                                                  d'entamer un vrai dialogue: 
                                                      m'en aller déjeuner avec quelqu'un 
                                                          qui ne partage pas mes opinions 
                                                              et en profiter
                                                                  pour lui poser trois questions 
                                                                      appelées à me permettre
de cerner 
ce qu'il a 
vraiment 
au fond de lui. 
On s'appelle 
et on se fait 
une petite bouffe?

«Jamais je n'arriverai à être
ce que je devrais être
tant que tu ne seras pas
ce que tu devrais être.
Ainsi en va-t-il
de la structure interdépendante
de la réalité.
»
(Martin Luther King Jr)

«Le problème du monde,
c'est l'étroitesse
avec laquelle nous traçons
notre cercle familial.
»
(Mère Theresa)

«J'ai besoin de toi
pour être ce que je suis
et tu as besoin de moi
pour être ce que tu es.
»
(Nelson Mandela)



Il a le cran du guerrier.
Et la grâce du mystique.
C'est le «guerrier mystique».
Un Martin Luther King par exemple.
Ou une Mère Theresa.
Ou alors un Nelson Mandela.
Qui tous s'essayaient à regarder au-delà de ce qu'Albert Einstein appelait l'«illusion d'optique de la conscience au jour le jour».

L'ostracisme, tremplin vers l'extrémisme


Ainsi parle Elizabeth Lesser (1).
Belle entrée en matière sans doute. 
Qui pourtant plonge l'Américaine dans un insondable... désarroi!
«Je suis profondément perturbée, reconnaît en effet la cofondatrice de l'Institut Omega qui distille ateliers et conférences autour des thématiques de la santé, du bien-être, de la spiritualité, de la créativité et du changement social.
Perturbée d'abord par la façon dont toutes nos cultures diabolisent l'autre.
Perturbée ensuite par la place accordée à ceux qui, parmi nous, sèment la discorde

Notre époque, de fait, semble s'abandonner au chant de bien perfides sirènes.
Celles du national-populisme.
Celles des extrêmes.
Celles de la fermeture d'esprit.
De quoi raviver quelques sinistres souvenirs...
«Cambodge, Allemagne ou Rwanda, même combat!
Les pires moments de l'Histoire de l'humanité s'ébauchent traditionnellement dans l'ostracisme.
Avant de sombrer dans la violence de l'extrémisme.
»

Shocking!

Comment sortir de cette spirale infernale?

En faisant sa part, répond en substance notre guide. 
Qui y va de son mode d'emploi...
«Tout d'abord, fixez vous l'objectif d'apprendre à connaître le membre d'un groupe par rapport auquel vous avez  des a priori négatifs.
Puis, en prologue de votre rencontre, convenez de quelques règles de base.
 
Ainsi, quand j'ai rencontré une représentante du Tea Party, ma convive et moi-même avons misé sur celles-ci... 
1. Eviter de vouloir convaincre, de chercher à se défendre ou de se laisser aller à interrompre.
2. Se montrer curieux, ouvert à la conversation, authentique et réceptif.
3. Avoir recours aux types d'interrogation suivants...
. Acceptes-tu de partager avec moi quelques expériences de vie?
. Quels sont les sujets qui te touchent le plus profondément?

. Quelles questions as-tu toujours rêvé de poser à quelqu'un de mon bord?
Pour ma part, j'ai demandé à mon interlocutrice du
Tea Party ce qui incitait le camp dont elle se revendique à asséner des propos à ce point outranciers et mensongers sur ma famille de coeur démocrate.
"
Donne-moi un exemple", m'a-t-elle répondu.
"
Eh, bien! 

Vous nous accusez régulièrement d'être une bande d'élitistes, moralement corrompus et complaisants à l'égard des terroristes."
"
Franchement, c'est assez choquant venant de quelqu'un de ton clan, s'est-elle insurgée. 

Est-ce que vous vous gênez, vous, pour traiter les nôtres de racistes, décervelés et armés jusqu'aux dents?"
Nous nous sommes toutes les deux étonnées de ces étiquettes qui ne conviennent à aucun de ceux que nous connaissons vraiment.
D'autant que, dans la mesure où nous avions établi une relation de confiance, nous ne doutions pas de la sincérité de l'autre.
Nous nous sommes donc mises d'accord pour intervenir dans notre entourage à chaque fois que assisterions à ce genre d'échange de propos ostracisants.
Ceux-là mêmes qui sont susceptibles de blesser.
Ceux-là mêmes qui peuvent s'envenimer jusqu'à la paranoïa.
Ceux-là mêmes qui risquent alors de se retrouver utilisés par les extrêmes pour inciter à la violence.
A la fin du repas, chacune a reconnu l'ouverture d'esprit de l'autre.
Aucune de nous n'avait essayé de changer son vis-à-vis.
Mais nous n'avions pas non plus fait semblant de croire que nos divergences d'opinion allaient tout bonnement s'estomper à notre sortie de table.
Simplement, ensemble et par delà nos réactions réflexes, 
nous avions fait un premier pas vers l'Ubuntu.»

Mes relations? Aaah, mes relations...

Bien connu en Afrique, l'Ubuntu est un mot d'origine zouloue.

Il renvoie à une espèce d'humanisme relationnel
Humanisme au sens où on place l’homme au-dessus de toutes les autres valeurs
Relationnel dans la mesure où ce dont on parle, c'est de la qualité inhérente au fait d’être une personne parmi d’autres, l'individu n'existant que par la communauté qui le constitue et le reconnaît comme tel.
«Umuntu ngumuntu ngabantu», dit un proverbe zoulou. 
«Je suis parce que nous sommes.» 

La clé du champ

«
Le chemin vers l'Ubuntu est long est difficile, reprend Elizabeth Lesser.
Il ne s'en manifeste pas moins quand deux personnes cessent de prétendre tout savoir.
Quand deux guerriers déposent les armes.
Quand ils font un pas l'un vers l'autre.
»
Et la conférencière de joliment citer Rumi, ce poète persan qui a tant influencé le soufisme...
«Loin derrière les notions du bien-faire et du mal-faire, il y a un champ. 
Je te retrouverai là-bas.»


(1) L'Américaine Elizabeth Lesser a écrit The Seekers Guide (Random House), Broken Open: How Difficult Times Can Help Us Grow (Random House) et Marrow: A Love Story (Harper Collins). En 1977, elle a cofondé à Rhinebeck (New York) le Omega Institute qui organise des ateliers et des conférences dans les domaines de la santé, du bien-être, de la spiritualité, de la créativité et du changement social.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire