dimanche 19 septembre 2010

Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) Augmentation de capital

A entendre leurs porte-paroles, nos entreprises auraient tout à gagner d’une augmentation de capital… humain et naturel.
Mais l'objectif réel ne renvoie-t-il pas le plus souvent à une simple augmentation de capital… sympathie?

De nos jours, les dirigeants d’entreprise peuvent considérer la Responsabilité Soci(ét)ale (1) de deux façons.
Ou bien ils ne voient pas la possibilité de prendre en charge l’intérêt commun sans renier leur mission première de maximisation des profits, auquel cas aucun projet de RSE n’a la moindre chance d’être retenu.
Ou bien une telle possibilité existe à leurs yeux, rendant ainsi envisageable la mise sur
pied d’une stratégie de ce type.
Ce n’est donc «qu’en s’inscrivant dans une perspective optimiste de la responsabilité sociale fondée sur le postulat de situations gagnants-gagnants que les dirigeants peuvent conjuguer leurs obligations gestionnaires et cette nouvelle moralité, observe Corinne Gendron (2). Au risque de se trouver dans une situation totalement schizophrénique.» (3)

Mmmouais...

Cette lecture de la RSE peut-elle être considérée comme satisfaisante?
Elle ne semble pas, en tout cas, apaiser les mouvements sociaux.
Pas plus qu’elle ne paraît en mesure de suspendre leurs revendications.
«C’est qu’ils ne sont guère convaincus de sa capacité à s’inscrire dans un nouveau modèle de développement, poursuit la chercheuse québécoise.
Et pour cause.
L’entreprise capitaliste demeure fondée sur une valorisation de la transformation au détriment de la conservation;
l’impératif du rendement l’incite à déployer des stratégies d’externalisation des coûts et à évacuer le long terme comme paramètre de décision;
sa vigueur repose sur une consommation toujours accrue, si bien qu’elle ne peut être pensée hors d’une société de consommation et même de sur-consommation.
Quant à sa gouvernance, elle demeure dominée par des impératifs financiers qui ne semblent profiter qu’à quelques-uns malgré une participation élargie de la population à son capital.» (4)

Peut mieux faire...

Ainsi, à la question de savoir si la responsabilité sociale telle que définie aujourd’hui peut à elle seule répondre aux revendications sociales qui traduisent les nouveaux impératifs d’un développement durable, notre guide n’hésite pas à répondre par la négative.
Car la contribution de l’entreprise à la société ne dépend pas de la seule marge de manoeuvre du dirigeant.
Elle est également dictée par des modalités structurelles: construction juridique, système économique et comptable, droit et conventions normatives.
«En d’autres termes, plutôt que de penser la responsabilité sociale comme l’action bienveillante d’une entreprise envisagée comme acteur social, il est nécessaire de reconnaître la dimension juridiquement (et socialement) construite de l’entreprise comme du système économique afin d’interroger des éléments structurels que la compréhension usuelle de la responsabilité sociale tient pour immuables en regard des impératifs du développement durable.» (5)(6)

(A suivre)

Christophe Engels (d’après Corinne Gendron)

(1) La différence entre Reponsabilité Sociale et Responsabilité Sociétale des Entreprises sera abordée dans un prochain message.
(2) Corinne Gendron est titulaire de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable ainsi que professeure titulaire au Département Stratégie et responsabilité sociale et environnementale, dans le contexte de l’École des Sciences de la Gestion de l’Université du Québec à Montréal.
(3) Gendron Corinne, «L’entreprise comme vecteur du progrès social: la fin ou le début d’une époque?», in Les cahiers de la CRSDD, collection Recherche, 2009, Montréal, p. 19.
(4) Gendron Corinne, «L’entreprise comme vecteur du progrès social: la fin ou le début d’une époque?», ibidem, p. 30.
(5) Gendron Corinne, «L’entreprise comme vecteur du progrès social: la fin ou le début d’une époque?», ibidem, p. 30.
(6) Pour suivre: d'autres messages consacrés à la Responsabilité Sociétale des Entreprises, puis à la Responsabilité Sociétale des Acteurs Economiques.

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