mardi 7 décembre 2010

Finance responsable. Le coeur et l'argent du coeur

Tout investisseur est au mieux un égoïste borné et au pire un fieffé salaud.
Tel est, en tout cas, le genre de propos entendu au café du commerce.
Et si la réalité était plus subtile...
Et s'il n'était pas nécessairement impossible de concilier coeur et raison...
Et si la Finance responsable était plus qu'un concept à la mode ou un commode alibi...
Investisseur, as-tu du coeur?

L’Investissement Socialement Responsable et Durable (ISRD) s’assigne une vocation éthique et/ou solidaire.
Ethique? Oui, dans la mesure où il s’agit
. soit, au minimum, d’exclure des entreprises aux activités «immorales»,
. soit, mieux encore, de les comparer entre elles pour en arriver à sélectionner celles qui affichent une réelle responsabilité sociétale.
Solidaire? Tout autant, au sens où on choisit de soutenir l’économie sociale.

L'ISRD se met en quatre...

L’ISRD se décline sous quatre formes:
. l’investissement éthique, tout d'abord, qui consiste à placer son argent dans des entreprises ou des Etats qui respectent certaines valeurs sociales, environnementales et/ou économiques,
. l’activisme, ensuite, qui renvoie, dans le chef de l'actionnaire, au fait de profiter des assemblées où il est convié pour inciter les entreprises à un comportement plus éthique,
. le partage solidaire, aussi, qui entend dégager une partie des bénéfices pour les transférer à des activités d’économie sociale,
. enfin, l’investissement direct dans des parts de banques coopératives spécialisées (Triodos, Credal et autres) ou dans des groupes d’épargne de proximité.

Investissement éthique: la voie passive

L’investissement éthique relève d’une approche de gestion responsable dite «passive».
L’investisseur se contente de soumettre ses choix de placement au crible de critères sociaux et/ou environnementaux mis à sa disposition.
Autant de filtres qui peuvent être négatifs ou positifs...
- Dans le premier cas, il s’agit d’exclure (1). D’exclure de son univers d'investissement certaines entreprises...
. soit que celles-ci soient impliquées dans l'un ou l'autre secteur d'activités jugé «nauséabond»: armement, énergie nucléaire, tabac, alcool, pétrole…;
. soit qu’elles soient liées à des pays non démocratiques, irrespectueux des Droits de l'Homme ou en délicatesse avec les conventions de l'Organisation Internationale du Travail;
. soit qu’elles recourent à des pratiques controversées: manipulations génétiques, tests sur les animaux, organismes génétiquement modifiés…
- Dans le second cas (positif), l'idée, pour l'investisseur, n'est plus d'exclure, mais au contaire d'inclure. D'inclure dans son univers d'investissement les entreprises qui affichent des pratiques exemplaires ou, du moins, meilleures que leurs concurrentes.

Activisme: comme son nom l'indique...

L’activisme, lui, relève, comme son nom l'indique, d’une approche «active»: celle de l’actionnaire engagé qui décide de profiter du pouvoir que lui confère son statut pour améliorer le comportement éthique, social et/ou écologique de «son» entreprise.
Droit de vote aux assemblées générales, dialogue avec les dirigeants, pressions, propositions, soumissions au vote…: tous les moyens sont bons pour assouvir sa soif de gestion responsable et de préoccupations sociétales.

Partage solidaire et investissement direct:
l'approche communautaire

Enfin, le partage solidaire et l’investissement direct dans des banques coopératives spécialisées ou dans des groupes d’épargne de proximité relèvent d’une approche qualifiée de «communautaire» (2).
On sélectionne, dans ce contexte, différentes formes de produits financiers qui visent à fournir du capital.
Prêtera-t-on à des entreprises locales?
Avancera-t-on à des particuliers?
Investira-t-on sous la forme d'une participation dans de telles entreprises?
Peu importe ici.
Il s’agira en tout état de cause de mettre ce capital au service d'un objectif solidaire:
. favoriser le développement communautaire,
. appuyer les groupes défavorisés ou à faibles revenus,
. développer l'économie locale ou sociale...
Histoire, donc, de tenter de concilier le coeur et l'argent du coeur... (3)

Christophe Engels

(1) De quel type d’exclusion parle-t-on? Tout dépend…. Ou bien l'exclusion sera globale et l’ensemble du secteur d'activité ou de la zone géographique incriminé sera écarté. Ou bien elle sera nuancée et seules seront bannies les entreprises dont plus d’un pourcentage déterminé du chiffre d'affaires (par exemple 10 %) proviennent d'une activité considérée comme négative (vente d'armes ou autre).
(2) On parle aussi d'approche «solidaire» ou «de partage».
(3) Pour plus de détails, on se référera utilement au site du Réseau Financement Alternatif: http://www.rfa.be/.

2 commentaires:

  1. Rêvons un peu. La finance solidaire pourrait-elle remplacer le système bancaire classique ?

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  2. Je ne comprends pas vraiment la différence entre finance alternative, éthique, solidaire et responsable...
    E.C.

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