jeudi 23 février 2012

Empathie. Ne confondons pas...


Dans l'
empathie,
la distinction
entre moi
et l’autre

ne peut jamais
s’effacer.

Faute de quoi
elle
cédera
la place

à l’identification,
à la sympathie,
à la détresse
personnelle

et/ou
à l’hyper-empathie.
Attention!
Risques
de confusion…



L'empathie, telle que décrite dans les messages précédents, serait-elle identification?

Sympathie?
Détresse personnelle?
Hyper-empathie?
Non, non, non et non.
Voici pourquoi...

Empathie n’est pas identification

L’empathie renvoie à l’idée d’une perception correcte du cadre de référence d'autrui, avec les harmoniques subjectives et les valeurs personnelles qui s'y rattachent.
Percevoir de manière empathique, c'est donc appréhender le monde subjectif d'autrui, «comme si» on était cette personne.
Mais c’est aussi ne jamais perdre de vue que c’est de l’autre qu’il s’agit.
Et non pas de moi-même.
«La capacité empathique implique donc que, par exemple, on éprouve la peine ou le plaisir d’autrui comme il l’éprouve, et qu’on en perçoive la cause comme il la perçoit (c’est-à-dire qu’on explique ses sentiments ou ses perceptions comme il se les explique), sans jamais oublier qu’il s’agit des expériences et des perceptions de l’autre, précisent Carl Rogers et Godelieve Kinget.
Si cette dernière condition est absente, ou cesse de jouer, il ne s’agit plus d’empathie mais d’identification.» (1)

Empathie n’est pas sympathie

L’empathie se démarque de cette relation affective à autrui fondée, justement, sur une contagion des émotions.
En pensant «Il fait une tête bizarre, lui...», je m'abstiens à la fois de sympathie et d'empathie.
En songeant «Le pauvre, cela doit être lourd...», je fais preuve de sympathie.
En revanche, si j’explique que «Cela doit être lourd. Je vais l'aider...», je témoigne d’empathie.
Etre en sympathie avec quelqu’un, c’est se contenter de partager ses émotions, sans nécessairement en connaître la raison.
Le processus de connaissance empathique va au-delà de l’émotionnel: son mode de relation ne se conçoit pas sans une perspective plus globale, incluant notamment une composante cognitive.
«Du fait que la sympathie a trait essentiellement aux émotions, son champ est plus réduit que celui de l'empathie, explique Godelieve Kinget.
Empathie qui, elle, se réfère à l'appréhension des aspects tant cognitifs qu'émotionnels de l'expérience d'autrui.
» (1)
Que les émotions et les sentiments apportent leur quota de matières premières à ce mécanisme, rien de plus normal: il n’y a pas de cognition sans affect.
Mais l’empathie ne saurait se contenter de ce seul type de paramètre.
Elle porte sur l’expérience dans son ensemble.
Et elle n’est jamais identification ou fusion des sentiments.
En ce sens, elle est plus riche et plus complexe que la sympathie.

Empathie n’est pas détresse personnelle

De nombreux travaux en psychologie sociale ont montré que face à la souffrance d’autrui, deux réactions émotionnelles sont possibles.
L’une est dirigée vers autrui: c’est l’empathie.
L’autre est orientée vers moi: c’est la détresse personnelle.
Qui, elle, présente l’inconvénient majeur d’induire des sentiments d’anxiété et de malaise.
«La distinction entre ces deux réponses est importante, explique Jean Decety, professeur de neurosciences sociales à l’université de Chicago.
Car le sentiment d’empathie peut évoquer une motivation altruiste (pour le bénéfice d’autrui) alors que le sentiment de détresse émotionnelle évoque une motivation de type égoïste (soulager son propre état de détresse et d’anxiété).» (2)
L’empathie se doit donc d’être tournée vers autrui, et non pas vers moi.
Faute de quoi, je risque de perdre le contrôle de mes émotions.

Empathie n’est pas hyper-empathie

Si je souffre d’une basse estime de soi, je peux me montrer excessivement attentif à l’autre, au point de perdre de vue mes propres intérêts et de m’oublier moi-même.
Mon effacement, voire ma soumission, traduit alors mon besoin d’acheter l’approbation d’autrui (3).
C’est le phénomène de l’«hyper-empathie».
Qui nous éloigne, une fois encore, de l’empathie… (4)(5)(6)

(A suivre)

Christophe Engels

(1) Rogers Carl et Kinget Godelieve, Psychothérapie et relations humaines (volume 1), Béatrice Nauvelaerts, Louvain, 1962, p.197.
(2) Decety Jean, La douleur, source d’empathie, Cerveau et Psycho n°16, juillet-août 2006, p.64.
(3) André Christophe et Lelord François, L’estime de soi, Odile Jacob, Paris, 1999, p.246
(4) A l'une ou l'autre modification près, ce message est extrait de Engels Christophe, Empathie. De l’autre côté de ton regard..., in L'Observatoire de l'action sociale, n°70, Liège, octobre, 2011, pp.67-70. Avec l'aimable autorisation de la directrice, Colette Leclercq, que nous remercions.
(5) On notera, pour information, que l'auteur de ce message a également signé un texte sur l'empathie pour le Service International de Recherche, d'Education et d'Action Sociale (Analyses et Etudes 2011/5, Bruxelles, 2011).
(6) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à l'empathie (avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),

. à la reliance et à la sociologie existentielle (par et d'après Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme (par Vincent Triest,...)....

4 commentaires:

  1. Culture et Démocratie

    En collaboration avec la Compagnie Acteurs de l'ombre

    En partenariat avec le Réseau Art et Santé et le Centre de Théâtre-Action

    ont le plaisir de vous inviter a une
    Rencontre-débat théâtre et champ psychiatrique

    «Du bon usage de la folie»

    Le 23 mars 2012, de 9h30 à 17h15
    Au Petit Bourgogne, rue Professeur Mahaim, 84 à 4000 Liège

    Dans le cadre du projet « Terra Incognita.europe », la Compagnie Acteurs de l’Ombre (Belgique), le Théâtre de l’Arcane (France), Locos por el teatro (Espagne) interrogent, par la métaphore théâtrale, la notion de santé mentale et les phénomènes d’exclusion sociale et culturelle qu’elle induit. Le projet "Terra Incognita.europe" présente ses trois nouvelles créations qui se préparent à user les planches des trois pays.



    En Belgique, au Petit Bourgogne à 19h15.

    Le 22 mars, pour la France, ils franchiront "Le Dernier Cercle".
    Le 24 mars, pour l'Espagne, ils exploreront le mythe babylonien de Noé "Noah".
    Le 25 mars, pour la Belgique, ils seront "Les Démasqués".

    Ces créations ont été réalisées dans chacun des trois pays, au travers de séances de travail qui ont la particularité de mêler usagers de centres de santé mentale et d'hôpitaux psychiatriques, acteurs professionnels et personnel soignant.

    ./...

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  2. ./...

    Nombreux et souvent peu connus sont ceux qui, venant tant de milieux théâtraux que de soins, s’investissent dans la création théâtrale aux côtés de personnes vivant ou ayant vécu des souffrances mentales.

    C’est au cœur de ce temps fort théâtral que se tiendra cette journée de réflexion. Ici et là, des colloques, des rencontres ont tenté d’éclaircir le rapport entre ces deux univers a priori antagoniques, celui de l’art et celui du soin. La journée de Liège limite son ambition : reconnaissant –dans une publication préalable[1]- les avancées récentes de la réflexion en ce domaine, elle souhaite ajouter un petit pas dans l’exploration du rapport particulier –ou non– au public, le désir des artistes et autres intervenants qui s’impliquent dans cette dimension de la création, le plus souvent collective, et le rapport à l’institution, à l’écart de tout dispositif d’art-thérapie.

    Dans cette recherche «Du bon usage de la folie», Culture et Démocratie en association avec les porteurs du projet européen «Terra Incognita.europe», s’interroge avec prudence sur «les dogmes théâtraux qui viendraient régir le travail artistique en milieu de soins (…) en ne laissant pas nos fantasmes d’hommes de théâtre venir aliéner le «mouvement» parce ce que nous cherchons «le juste» mais avec la conviction que «l’action politique commence toujours par un bouleversement de la norme culturelle»[2].

    Cette journée s'adresse à tous les praticiens qui travaillent théâtralement avec les personnes en souffrance mentale, à toutes les personnes qui accueillent ce type de travail dans leur institution ou association (dans et hors hôpitaux) ou encore à tous les soignants qui portent réflexion à ce type de travail.

    ./...

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  3. ./...

    Informations pratiques :



    Programme :

    09h30 Accueil

    10h00 Introduction par Paul Biot, membre du Mouvement du «Théâtre-action» et de Culture et Démocratie et Jean Florence, philosophe, psychologue et psychanalyste.

    10h45 Ateliers (au choix)

    12h30 Lunch

    13h30 Ateliers (au choix)

    15h30 Pause

    15h45 Rapports des ateliers modérés par Jean Florence.



    Ateliers :

    - Atelier 1 : Théâtre en milieu psychiatrique, le point de vue de l'artiste.

    Animé par Laurent Bouchain, metteur en scène, Hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu - Acis asbl, membre de Culture et Démocratie; et rapporté par Catherine Vanandruel, coordinatrice de "Clowns à l'hôpital", asbl Fables rondes.

    - Atelier 2 : Le moment de la représentation, le point de vue du spectateur.

    Animé par Farid Ousamgane, metteur en scène et co-responsable de la Troupe du Possible asbl ainsi que responsable du centre pédopsychiatrique pour adolescent "les Goélands"; et rapporté par Paul Biot membre du Mouvement du “Théâtre-action” et de Culture et Démocratie.

    - Atelier 3: L'institutionnel, le point de vue de l'institution.

    Animé par Monsieur Domken, psychiatre au Petit Bourgogne; et rapporté par Jean François Simon, enseignant à la H.E. P-H Spaak Catégorie Sociale.



    TALON-RÉPONSE - Indispensable

    à renvoyer à Acteurs de l'ombre

    Avant le 14 mars 2012

    place de Bronckart 2 à 4000 LIEGE

    Tél. : 04-344.58.88

    nicole@acteursdelombre.be

    www.acteursdelombre.be



    Nom : ……………………………………………………………………………………………………………………....

    Prénom : ……………………………………………………………………………………………………………..........

    Fonction : ………………………………………………………………………………………………………………….

    Organisme : ..……………………………………………………………………………………………………………...

    Adresse : …………………………………………………………………………………………………………………..

    …………………….…………………………………………………………………………………………………..........

    Tél : …………………………………………………. Fax : ……………………………………………………………...

    Courriel : ………………………………………………………………………………………………….......................



    O Participera à la rencontre-débat Théâtre et psychiatrie « Du bon usage de la folie », le 23 mars 2012, de 9h30 à 17h15 au Petit Bourgogne à Liège. Participation aux frais: 12 euros, payable sur place (lunch, boissons et café inclus)

    Cochez deux préférences:





    Atelier 1



    Atelier 2



    Atelier 3



    O Ne participera pas à la rencontre mais souhaite recevoir le compte-rendu par courriel.



    Pour plus d'information:

    Courriel : info@cultureetdemocratie.be / Tel : 02/5021215

    Coordination Acteurs de l'ombre

    Programme des trois jours de spectacles et des informations
    http://www.acteursdelombre.be
    http://www.terraincognita-europe.com

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  4. Les Cahiers dévoilent l'amour

    Bonjour,

    Le CeaQ est heureux de vous annoncer la sortie du 4ème numéro de la revue Les Cahiers Européens de l'Imaginaire (CNRS Éditions) sur "L'Amour".

    À cette occasion, l'équipe des Cahiers vous invite au "Dévernissage du Parcours Paris je t'aime" le soir du 27 février de 19h à 22h à la REC Galerie - 13 rue Sainte Anastase, 75003 Paris.

    Venez donc découvrir ce bijou de livre, qui regroupe des écrits qui décrivent et font vivre l’amour.

    Si le deuxième volet du parcours artistique « Paris, je t’aime » ferme ses portes ce 28 février 2012, il n’en fini pas de véhiculer son message d’amour à travers et grâce au Quatrième numéro des Cahiers Européens de L’imaginaire.

    28 février 2012 – Sortie du Quatrième numéro Des Cahiers Européens de L’imaginaire sur L’AMOUR en librairie.
    Désirez le, lisez le, appréciez le, aimez le, amourachez vous de lui.

    Il n’y a pas de mauvaises raisons d’être présent, qu’une seule et bonne: l’Amour.

    Avec amour,

    Le CeaQ
    ceaq@ceaq-sorbonne.org

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