samedi 28 décembre 2013

Courants de pensée et modes de vie émergents (4). L'exemple confus des indignés



Positivement tirés à quatre épingles, 
les mouvements sociaux ?
Non.
Plutôt confus.
Hétérogènes et disparates même.
Réactifs aussi.
Ainsi qu'indéfinis, dans leur intensité et dans leur objet.
Illustration par l'exemple.
Celui des indignés... 

Les indignés se sentent prisonniers d'un système. 
D'où l'absence d'un horizon digne de ce nom. 
L'impression d’un «no future». 
Et l'expression d’un courroux. 
Un «ras-le-bol» donc. 
Dont la double caractéristique renvoie, d'une part, à la confusion et, d'autre part, à l'hétérogénéité...

On demande colonne vertébrale...

Indignation, oui. 
Mais indignation globale. 
Qui porte sur... un peu tout! 
Et qui s'appuie sur une posture de refus généralisé et d'accusation tous azimuts.
«L’indignation et la colère de ces contestataires sont tournées contre le “système” dans son ensemble, écrit le quotidien allemand Die Zeit à propos des indignados.
. Contre les politiques et contre les partis,
. contre les syndicats, qui défendent leurs acquis et dont les chômeurs, surtout les jeunes privés d’avenir, estiment qu’ils ne les représentent pas,
. contre les banques et leur influence sur la politique,
. contre les hypothèques toujours plus énormes et qui contribuent à assombrir les perspectives,
. contre la précarité de l’emploi,
. contre la pression salariale sur les moins qualifiés,
. contre la catastrophe de l’enseignement espagnol,
. contre le gouffre qui se creuse entre les riches et les pauvres
. et, motif essentiel, contre la corruption, notoire à tous les niveaux de l’administration.
Ceux qui se rassemblent sur les places publiques dans tout le pays ont un ennemi commun: la démocratie des partis et la classe politique qui l’incarne. 
Dans les sondages, cette dernière arrive en troisième position, derrière le chômage et l’économie, avant l’immigration et le terrorisme, sur la liste des plus grandes inquiétudes des citoyens. (...)
Tous méprisent les politiques: ils ne se soucieraient, selon eux, que de la lutte pour le pouvoir – une fin en soi qui ne s’appuie sur aucun projet.»(1) 
Dans la ligne de mire des indignés, donc, une multitude de cibles allant de la démocratie au capitalisme en passant par le politique («toutes formes de gouvernement», «les institutions que nous n'aurons pas créées nous-mêmes»...), le système parlementaire («irréversiblement malade»), le marché, «les puissances qui détruisent la Terre, les communautés qui restent et les droits sociaux»...  (2)(3)(4)

(A suivre)

Christophe Engels


(1)  Perger Werner, Un signal pour toute l'Europe démocratique, in Die Zeit du 26/05/2011.
(2) Les passages entre guillemets de ce paragraphe sont extraits de divers textes indignés. Voir www.fr-fr.facebook.com/indignezvous.be et http://fr-fr.facebook.com/indignezvous.be.
(3) Ce message est extrait de l'analyse Une journée d'Ivan... l'indigné. L'épisode bruxellois: projet ou utopie?, n°2011/07, 2011, Analyses et études Siréas, pp.13-14.  Avec l'aimable autorisation de Mauro Sbolgi, éditeur responsable de la parution originale.
(4) Pour suivre:  outre les voeux de Projet relationnel, d'autres messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de vie émergents.