mardi 25 septembre 2012

Capitalisme. Cohérence et longueur de temps

Il est temps...
Temps de se donner les moyens 
Temps de briser le monopole 
de leur vision cohérente du monde. 
Temps de refuser de subir 
la supériorité qu’elles en tirent.
Dixunt Pierre Zarka (1)  
et Maurice Décaillot (2) 
pour l'Observatoire 
des mouvements de la société (3)...

«Nous avons coutume de nous aligner sur des réponses avant d’être sûrs d’avoir pris le temps de poser le problème, explique Pierre Zarka (1).
L’ampleur de la demande ne peut être le seul critère. (…)
Le choix par le grand nombre peut très bien passer à côté de besoins, même vitaux, qui ne concernent qu’une petite part de la population. (…)
Il est temps de ne pas laisser aux forces du capital le monopole d’une vision cohérente du monde, nous faisant subir la supériorité qu’elles en tirent. 
Par cette cohérence qui englobe toutes les dimensions de la vie, le capitalisme fait système. 
S’il veut être à armes plus égales, le combat pour la transformation révolutionnaire et démocratique de la société a besoin de se forger la même capacité.» (4) 

Mais que fait l'arbitre?

«L’avenir favorisera  le recours à un mode d’échange qui ne sera ni la transaction marchande déséquilibrante et guerrière, ni la fixation autoritaire des prix par un détenteur d’un pouvoir suprême redistributif, renchérit Maurice Décaillot (2).
L’expérience des sociétés diverses incline à prévoir un rapprochement modernisé avec des pratiques historiquement connues d’arbitrage communément accepté entre parties prenantes. 
Ainsi, l’échange véritable, équitable (…) échange entre participants dont aucun n’a de position supérieure à l’autre, se pratique, non à deux, mais à trois partenaires: deux rapporteurs des bienfaits échangés, et un arbitre tiers reconnu, garant de l’équité de l’échange et disposant des moyens et repères requis. (…)
Ainsi devront réapparaître (…) des formes nouvelles, complètes, d’une autogestion vraie ce leur travail par les travailleurs.» (5)

Liberté, égalité,... coopération

«La visée est celle d’une équité entre peuples qui accompagne l’équité entre personnes, poursuit notre guide.
Ainsi, des mesures d’équilibre entre zones, y compris des taxations douanières visant l’équité (plutôt qu’illusoirement "écologiques" ou "sociales"), loin d’être "égoïstes" ou dommageables, réorienteraient les peuples, importateurs et exportateurs, vers un autodéveloppement libre, équitable et coopératif. (…)
On cheminera ainsi, non vers un "développement" qui ne serait qu’une inflation de l’existant, ni vers la "décroissance" qui cantonnerait l’humain dans un  enclos indépassable, mais vers un épanouissement mettant dans les mains des personnes et des peuples les clés de leur avenir, en alliant l’initiative de chacun et la coopérative avec les autres.» (6)

Ni... ni... ni... ni....

«Ni l’empirisme électoral immédiat, ni le combat seulement protestataire, ni les prescriptions juridiques d’un droit formel, ni l’accommodement du système existant ne suffiront à faire naître les racines d’une transformation socio-économique profonde, ajoute Décaillot.
Les modes de vie économique et sociale nouveaux apparaissent à travers l’émergence, y compris initialement marginale, de pratiques économiques s’écartant des pratiques dominantes.» (7)

Pierre Zarka (1) et Maurice Décaillot (2)
pout l'Observatoire des mouvements de la société

(1) Pierre Zarka est animateur de l'Observatoire des mouvements de la société (OMOS) et ancien directeur de l'Humanité. Il a notamment publié Les Nouveaux miroirs aux alouettes (Syllepse) et Oser la vraie rupture. Gauche année zéro (Belfond).
(2) Maurice Décaillot est docteur en sociologie économique, expert agrégé en économie sociale et collaborateurs de groupes de recherches universitaires.
(3) L’Observatoire des mouvements de la société (OMOS) regroupe des chercheurs et des militants qui travaillent sur ce qui dans les représentations mentales et les pratiques fait obstacle ou au contraire peut faire levier à l’émancipation des individus: «Qui dit construction, dit tâtonnements, explorations – au pluriel – ce qui interdit tout esprit conclusif. C’est d’ailleurs le meilleur moyen de produire du commun. Effectivement, cette démarche permet de faire du dissensus non pas ce que l’on tolère mais un moteur de recherche. Chacun de ces dissensus stimule notre progression : il signale un problème non résolu et détermine à peu près les chantiers à prolonger ou à ouvrir. Il n’y a donc pas de « ligne » de l’OMOS, si ce n’est que ses recherches se situent délibérément dans la perspective de l’anticapitalisme. Ces pages offriront donc parfois des approches contradictoires, chaque article n’engageant que son auteur. Ces approches sont livrées telles que, sans céder à la tentation de la synthèse qui ampute toujours des contradictions et tensions. Et dans la mesure où pour nous, le lecteur n’est pas un réceptacle mais un acteur au même titre que celles et ceux qui écrivent, ses choix feront partie intégrante de sa lecture.»
(4) Zarka Pierre, Pour en finir avec le capitalisme, coll. Les cahiers de l'Observatoire des mouvements de la société, Syllepses, Paris, 2012, pp.32 à 42.
(5) Décaillot Maurice, idem, pp.108-109
(6) Décaillot Maurice, idem, pp.116-117.
(7) Décaillot Maurice, idem, pp.117-118.

2 commentaires:

  1. "Caprices du réel. Pendant de longues périodes il semblait immobile, inerte, pour ainsi dire nonchalant, incapable de produire quelque nouveauté, pétrifié au point de décourager, dans la vie de tous, sinon de chacun, les espérances de changement, qui étaient alors confiées à de stériles exercices d’imagination. Jusqu’au moment où tout à coup, comme si une main mystérieuse en avait touché un point névralgique, le réel se secouait tel un animal réveillé brusquement, un chien, un ours qui sortirait de sa léthargie, et tout recommençait à bouger, à courir, à couler. Des évènements souterrains hurlaient pour venir à la lumière, des décisions laissées en suspens étaient mises en œuvre."
    A. Ongaro, Rumba, Anacharsis, 2010, p.256

    Mots de romanciers, ceux qui font venir le changement d'une main mystérieuse, soudainement... Notre salut dépendrait-il du sort? D'un moment naturellement nécessaire qui, indépendamment de nous, arriverait et ferait tout basculer, réveillant la bête qui sommeille? Sans doute pas.

    Il n'y pas de main mystérieuse, mais des milliards de mains humaines. C’est par elles que le réel reprendra vie! Et si des milliards de mains, c'est trop abstrait pour qu'advienne concrètement le réveil de l'Histoire, alors, pour commencer, comptons sur les deux que la nature nous a généreusement données. Et si l'Histoire, ça n'existe pas, revoyons nos ambitions et œuvrons simplement sur notre quotidien, notre localité, nos histoires.

    Identifions les mille lieux où Ce-Qui-Nous-Accable nous tient et nous subjugue: là où nous travaillons, où nous mangeons, où nous nous soignons; là où nous faisons la fête, où nous aimons. Bataillons pour reconquérir ces lieux. Pour commencer.

    Que cette année qui débute –scolaire, administrative, académique, politique…- soit riche en écarts de conduite, en victoires sur la mort et l'argent! Que nos routines éclatent, que nos passions s'émancipent, que l'inutile cesse d'être rentable! Travaillons moins, ou à dix choses à la fois! Osons la liberté! Personne ne nous l’a prise, mais nous avons appris à la craindre, à la mépriser, à la canaliser, jusqu'à la dénaturer...

    Accordons moins d'importance à ce que l'on nous dit être important: compétitivité, flexibilité, profit, assurance, propriété. Pourquoi donner vie à ce qui nous assassine? Vidons les mots et symboles du pouvoir de leur humaine substance: baudruches épuisées, ils retomberont, flétris, au sol... Joyeux et vengeurs, nos pieds les fouleront en dansant!

    Baptiste De Reymaeker

    www.cultureetdemocratie.be/fr/outils/lettre/lettre-email.html

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  2. Apreciados amigos:

    El Instituto E. Mounier Argentina, sede Córdoba, los invita a participar de su V Seminario de Formación en Personalismo Comunitario sobre EL PERSONALISMO DIALÓGICO DE MARTIN BUBER, a desarrollarse los días 5, 19, 26 de octubre y 2 de noviembre en la Ciudad de Córdoba. En archivo adjunto pueden ver el programa completo y toda la información relativa a la asistencia e inscripción al Seminario.

    Deseando les sea de interés, les agradecemos su difusión y los esperamos.

    Los saluda afectuosamente

    Dra. Inés Riego de Moine
    Instituto E. Mounier Argentina
    www.personalismo.net
    iemargentina1@personalismo.net

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