mardi 6 janvier 2015

Immigration. Etes-vous pirogue, arbre ou vol retour?




Phénomène complexe, 
l'immigration 
peut s'appréhender 
sous des angles multiples.
Qu'il est possible de ramener 
à deux tendances lourdes.
Celle qui réfère à un «espoir»,
côté pays de départ.
Et celle qui renvoie 
à un «problème»,
côté pays d'arrivée.
En cette période 
Projet relationnel livre 
quatre témoignages bruts. 
Histoire de donner matière à réflexion. 
Histoire, aussi, d'inciter à prendre position
en préalable à l'approche économique qui suivra.
Et vous? 
Etes-vous plutôt pirogue?
Plutôt arbre?
Ou plutôt vol retour?...


Témoignage 1. 
Le sage mélanésien 

«Tout homme est tiraillé 
entre deux besoins...
Le besoin de la
pirogue,

c'est-à-dire du voyage,
de l'arrachement à soi-même,
Et le besoin de l'
arbre

c'est-à-dire de l'enracinement, 
de l'identité.
Les hommes errent constamment 

entre ces deux besoins
en cédant
tantôt à l'un,
tantôt à l'autre.
Jusqu'au jour où ils comprennent
que c'est avec l'
arbre qu'on fabrique la pirogue.
..» (1)

Témoignage 2.
La responsable française d'une unité locale d'éloignement

«Ce ne sont pas des délinquants qu'on a ici.
Ce sont des gens qui, généralement, 
se trouvent dans une situation particulière.
Soit une situation de pauvreté chez eux, 
raison pour laquelle ils viennent ici pour essayer de vivre mieux. 
Donc, ça pourrait être moi. 
Je pourrais très bien être à leur place.
Je ne sais pas comment je réagirais.
Je ne sais pas comment je ferais.
Donc, voilà...
Autant le fait de ne pas être une voleuse 
relève d'une décision de ma part.
Autant le fait d'être née au bon endroit, 
c'est un coup de chance.» (2)

Témoignage 3.
L'expulsé pakistanais

«J'ai payé 11.000 euros pour venir ici.
Ce sont mon papa et ma maman qui ont payé. (...)
Je ne veux pas rentrer au Pakistan.» (2)
 
Témoignage 4.
L'escorteur français
 
«On évite de se poser 
des questions en ces termes.
Parce qu'à ce compte-là...
Si on commence 
à prendre tout ça 
en considération
on va finir par penser 
qu'effectivement, 
c'est un puits sans fond...» (2)(3)


Christophe Engels


(1) Mythe mélanésien de l'île de Vanuatu. 
(2) Lequertier Jean-Marie (avec Goutard A., Brunet C. et Montel N.), Grand reportage. Clandestins: le vol retour, extrait du journal télévisé (20 h) de France 2, 18 mars 2013.
(3) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):  
. la suite d'une série de messages consacrés à l'immigration; 
. des analyses sur la social-démocratie et l'écologie politique (après le libéralisme ainsi que l'humanisme démocratique qui, pour rappel, ont d'ores et déjà été abordés).


3 commentaires:

  1. Belgique

    En hommage à Benoît Lechat, voici le communiqué diffusé à son intention le parti belge francophone Ecolo et par le centre d'études Etopia.

    "C’est avec une profonde tristesse que la famille écologiste a appris hier le décès de Benoit Lechat qui luttait depuis quelques mois contre une terrible maladie.

    Benoit était bien plus qu’un compagnon de route pour Ecolo et son centre de prospective, Etopia. Il en a été un acteur clef, des prémisses de la naissance du parti, à l’analyse des causes de la dernière défaire électorale, en passant par la naissance d’Etopia et tant d’autres moments importants.

    Diplômé en communication et en philosophie, Benoit a été journaliste à l’agence Belga pendant 11 ans avant de rejoindre officiellement Ecolo en 99 en tant que porte-parole d’Isabelle Durant. En 2004, il rejoint le navire Etopia, en tant que responsable des publications. C’est surtout l’envie de renouveau du parti qui l’animait.

    Benoit a apporté énormément à Ecolo et Etopia : sa connaissance et maitrise de dossiers pointus, de l’enseignement aux transports publics en passant par le paysage politique écologiste en Europe, ses qualités de pédagogue, formateur et de communicateur, son sens de l’analyse, ses coups de gueule salutaires aussi… Benoit a contribué à de nombreux textes et moments de réflexions importants de la vie du parti et notamment au Manifeste d’Ecolo en 2013. Benoit a achevé ce parcours en corédigeant un rapport sur la récente défaite du parti, en y plaçant les balises de la regénération, et venait de publier le tome 1 de l’histoire d’Ecolo, « Ecolo, la démocratie comme projet », une livre à la mesure de sa connaissance du sujet et de l’intelligence de son analyse.

    Ecolo et Etopia ont perdu un peu d’eux-mêmes, ses amis écologistes bien plus encore. Toutes nos pensées vont à la famille de Benoit et à ses proches.

    Emily HOYOS et Olivier DELEUZE,
    Coprésidents d’Ecolo

    Christophe DERENNE et José DARAS,
    Directeur et président d’Etopia"

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  2. L’avancée en âge : questions nouvelles

    L’allongement de l’espérance de vie – 30 ans au 20e siècle en France, est une réalité récente dans l’histoire de l’humanité. Hygiène, propreté de l’eau, réduction des famines, vaccinations, progrès médicaux ont permis cette évolution. Le traitement des pathologies chroniques permet maintenant des gains de survie pour les plus âgés. Les pays développés en ont été les premiers bénéficiaires. Maintenant, presque tous les pays du monde connaissent plus ou moins ce phénomène.

    Réussite certes, mais aussi questions nouvelles. Mon expérience de quarante années de pratique gériatrique, mon intérêt pour les sciences humaines et sociales, mes contacts internationaux m’amènent à des constats et interrogations. J’en choisis trois :

    Conditions de vie et de ressources

    Dans nos pays, les temps d’inactivité ne sont pas des temps sans ressources : la maladie, la maternité, l’invalidité, le chômage et la retraite bénéficient de la redistribution sociale. Avons-nous conscience que ce n’est pas le cas dans beaucoup de pays ? « Plus de 70% de la population mondiale est privée d’une véritable protection sociale » (données du rapport mondial de l’OIT sur la protection sociale 2014/2015[1]). Les fonctionnaires d’Etat et les militaires sont protégés, mais pas les agriculteurs ni les salariés du secteur privé. La solidarité familiale, et l’épargne quand elle existe, sont les conditions de la survie. Qu’adviendra-t-il quand les modèles familiaux changeront ? Le processus est déjà en cours : réduction du nombre de naissances par foyer, émigration des jeunes, urbanisation, adoption des « modes de vie occidentaux », y compris dans des pays à fortes traditions.

    Utilisation des services et mondialisation du care

    Le tourisme national et international va bien, grâce aux seniors. Un agent de tourisme rencontré au Vietnam disait en décembre que les retraités européens, américains et japonais étaient ses seuls clients. Hôtellerie, restauration, artisanat de ces pays vivent en grande partie des services que les riches étrangers utilisent. S’agit-il d’une résurgence d’une forme de colonialisme ?

    Dans l’autre sens, les pays aisés importent des étrangers pour des services à la personne, notamment services pour des personnes âgées : infirmières polonaises dans les familles allemandes, roumaines en Italie, bulgares en Grèce, africaines au Liban… dans des conditions parfois proches de l’exploitation voire de l’esclavage. Et cette délégation se fait en cascade (ces femmes migrantes sont amenées à déléguer elles-mêmes le care que leurs proches attendaient d’elles[2]).

    Les riches achètent (peu cher) la force de travail des pauvres, le travail du care se mondialise.
    ./...

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  3. ./...
    Vivre ou s’effacer quand on devient une charge ?

    Lors des 4e JIE consacrées aux enjeux éthiques du vieillissement (« L’automne de la vie », mars 2011), le sociologue suisse Lalive d’Epinay revendiquait avec force et conviction une éthique de la responsabilité au grand âge. Pour lui, toute personne âgée est adulte (à la fois comme un autre et différent du fait de sa position dans le parcours de vie) et citoyen. Dans le vécu de sa finitude et la réalité de sa fragilité, elle peut « avoir le sentiment que sa vie a été accomplie », ou vouloir « épargner à ses proches les affres d’un accompagnement prolongé, et à la société, donc aux générations qui suivent, des coûts inutiles »[3] : Lalive d’Epinay voit alors dans la demande d’un suicide assisté la possibilité d’un ultime acte de responsabilité.

    Quand on apprend qu’un quart des demandes de suicide auprès de l’association suisse Exit le sont pour des motifs de charge financière, on doit se poser la question de la pression qui peut peser sur les personnes âgées dépendantes, à qui l’on fait bien souvent comprendre qu’elles sont inutiles et coûteuses. Au moment où le débat sur la fin de vie est relancé, il ne faut pas méconnaître ces faits.

    Marc Berthel, professeur en gériatrie, Responsable du Master Gérontologie.
    (éditorial à la lettre de janvier du CEERE)
    http://ethique-alsace.unistra.fr/uploads/media/81_Lettre_CEERE_janvier_2015.pdf

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