dimanche 6 janvier 2013

Actu. Homme postmoderne: la nouvelle donne



Et si toutes nos institutions fonctionnaient 
avec... un homme de retard? 
Et si les décideurs se trompaient 
sur les aspirations actuelles 
de la population.
Et s'ils se méprenaient en se référant 
aux besoins de l’homme idéal... 
d’un temps révolu?
Autant de questions dérangeantes.
Posées par Michel Maffesoli.
Le trublion de la sociologie 
a encore frappé... 

Quarante ans.
Quarante ans déjà que l’on nous parle de postmodernité. 
Qui, pourtant, a vraiment saisi ce qu'un tel phénomène impliquait pour chacun d’entre nous? 
Qui a assimilé qu’un homme fondamentalement différent était en train d’émerger?
Un homme relativisant la raison au gré de ses sentiments et de ses émotions.
Un homme dépassant son statut d’individu pour laisser place à une nature plurielle.
Un homme oubliant son devoir citoyen pour mieux se consacrer à sa tribu...

Un homme postmoderne, donc.
Dont l'une des spécificités est de délaisser l’essentiel de ce qui a fait son prédécesseur.

Cesser de penser avec un homme de retard

Cet homme postmoderne, le journaliste Brice Perrier (1) a demandé au sociologue français Michel Maffesoli (2) et à son équipe de chercheurs (3) d'en dresser le portrait.
Car nous changeons d’ère.
Il est donc temps de cesser de penser avec un homme de retard.
D'où ce livre. (4)
Qui a vocation à nous permettre de mieux comprendre qui nous sommes désormais...

(1) Brice Perrier, journaliste, collabore notamment à l’émission Strip-Tease. Il est l’auteur de Qui a peur du saint suaire ? (Florent Massot, 2011).
(2) Membre de l’Institut universitaire de France et professeur à la Sorbonne, directeur du Centre d’études sur l’actuel et le quotidien (Paris-V), Michel Maffesoli est l’auteur, entre autres, de La Part du diable (Flammarion, 2002), du Réenchantement du monde (La Table ronde, 2007) et de Homo eroticus, des communions émotionnelles (CNRS Éditions, 2012).
(3) Divers chercheurs du CEAQ ont contribué: Émilie Coutant, Aurélien Fouillet, Stéphane Hugon, Philippe Joron, Raphaël Josset, Fabio La Rocca, Anthony Mahé, Thierry Mathé, Yves Mirande, Gaspard Nuiter, Olivier Sirost, Hélène Strohl, Vincenzo Susca.
(4) Maffesoli Michel, L'Homme postmoderne , Bourin, Paris, 2012.

jeudi 3 janvier 2013

Enquête sur les Créatifs Culturels. Les fonds du fond


Il s'appelle 
Gwenhaël Blorville.
Il est doctorant en sociologie 
à l'université de Tours.
Et il mène actuellement 
une recherche 
sur les Créatifs Culturels.
Oui, mais...
Il ne dispose 
d'aucun financement.
D'où son appel. 

S.O.S. p'tits sous...  


«Bonjour Christophe!

J'ai découvert votre fabuleux blog "Projet relationnel" il y a peu et je me permets de vous envoyer une information qui, j'en suis sur, vous intéressera! 

Je suis doctorant en sociologie à l'université de Tours et je mène actuellement une recherche sur les Créatifs Culturels! 

Je m'intéresse à l'engagement dans des mouvements liés aux valeurs des Créatifs Culturels. 
Autrement dit, j'essaie de comprendre comment certains individus se font les relais de ces valeurs. 
Qu'est ce qui pousse certaines personnes à s'engager dans ces associations? 
Mon travail de terrain est déjà bien avancé et j'ai comme projet de réaliser une trentaine d'entretiens en France et en Europe.

Comme je manque de financement (vous vous doutez bien que ce type de recherche ne reçoit pas de financement!) je viens de lancer une campagne de soutien

L'argent récolté me servira uniquement à effectuer les déplacements que je vais faire pour les entretiens.

Pour en découvrir plus sur mon projet et éventuellement me soutenir, c'est ici: http://www.babeldoor.com/un-sociologue-pour-comprendre-les-creatifs-culturels

Pour en savoir plus sur moi: http://www.univ-tours.fr/acces-rapide/-blorville-gwenhael-206617.kjsp

L'éditeur des études américaine et française sur les Créatifs Culturels, Yves Michel,  relaie mon appel à soutien sur son site internet: http://www.yvesmichel.org/yves-michel/billets-des-invites/un-sociologue-pour-comprendre-les-creatifs-culturels

Pour me soutenir, plusieurs possibilités:
- la plus utile pour moi: un don (possible dès 5 euros!). 

Des contreparties sont proposées!!
- un message de soutien sur la page de mon projet (rubrique "commentaires", cela nécessite juste une inscription gratuite).
- faire circuler l'information autour de vous (amis, facebook...).

Seriez-vous d'accord pour diffuser cette information sur votre blog? 

J'ai vraiment besoin de soutien car je risque bien de ne pas pouvoir mener cette recherche jusqu'à son terme!

Je vous en remercie beaucoup par avance!

Gwenhaël Blorville
»

lundi 31 décembre 2012

Actu. 2013, année des Roland Lecoint...


Deux mille treize porte-t-il bonheur?
Je vous souhaite
quoi qu'il en soit, 
tout le bonheur du monde...
A vous qui n'avez 
qu'une seule vie.
A vous, encore plus, qui avez décidé 
de passer à l'action.
A vous, surtout, qui avez  fait le choix assumé
de vous engager 
en faveur d'une société plus empathique.
A vous, donc, et à tous les... Roland Lecoint!

«La solidarité, c'est un petit peu comme la beauté d'un bouquet de fleur.
Elle est surtout dans la diversité et dans l'égalité.
Admettre qu'il n'y a pas de supérieur ni d'inférieur.
Admettre seulement qu'il y a des différences.
Et qu'on se nourrit de la différence.
Et qu'on s'enrichit de ce que l'autre a et que l'on n'a pas.
Que ce soit la couleur, la culture ou la tradition...
» 

La chanson de Roland

Superbe considération que celle du Français Roland Lecoint.
Qui ne peut se prévaloir ni du prestige du grand écrivain ni du statut de l'incontournable académicien ni de l'aura de l'éminent philosophe.
Qui se présente «simplement» (!) comme comptable et comme poète de coeur.
Ainsi que comme discret bénévole pour l'association hexagonale Une option de Plus.   
Comme modeste anonyme, donc.
A la tête bien faite, certes.
Mais aussi aux deux pieds bien sur terre... 

L'expérience précède l'essence 

Et si nous faisions de 2013 l'année de tous les Roland Lecoint?
Celle de tous ces militants et apparentés qui, peut-être, ne tireront jamais aucune reconnaissance de leur engagement.
Celle de tous ces inconnus qui, contre vents et marées, n'en continuent pas moins à considérer, fût-ce implicitement, que la relation précède la personne.
Que le rapport à l'autre me construit. 
Qu'ils font de moi ce que je suis.
«Notre identité et notre conscience individuelles sont constituées par nos expériences uniques avec un très grand nombre d'autres, explique l'essayiste U.S. Jeremy Rifkin.
Tel est le fond de la question.
Il n'y a pas de "je" simple et autonome, il n'y a qu'une constellation unique de nombreux "nous".» (1)

Je participe, donc je suis

La relation, donc, est fondatrice. 
La relation authentique du moins.
Celle qui tire sa substance de l'empathie.
Celle qui s'enracine dans l'expérience incarnée...
«L'idée d'expérience incarnée fournit le cadre intellectuel rigoureux de l'âge de l'empathie, poursuit l'Américain. 
Au même titre que les vérités a priori désincarnées de Descartes ont été la base intellectuelle de l'âge de la raison et l'exégèse de Saint Augustin sur la révélation et la grâce la matrice de l'âge de la foi.
Le grand basculement du "Je pense, donc je suis" au "Je participe, donc je suis" met l'empathie au coeur même du récit humain -où elle s'est toujours trouvée, mais sans que la société l'ait jamais pleinement remarqué ni compris.» (2) 

Puissant fond 

Expérience incarnée, donc.
C'est-à-dire ancrée dans la réalité.
Une certaine réalité en tout cas.

Profonde et ouverte.
Intense et participative.

Pénétrante et large.
Riche et universelle...
«La réalité ne se comprend pas par le détachement et l'exercice d'un pouvoir, mais par la participation et la communion empathique.
Plus notre empathie mutuelle et à l'égard des autres animaux s'approfondit, plus nos modes de participation s'élargissent et s'intensifient et plus les sphères de réalité où nous pénétrons se font riches et universelles.» (3)
C'est que «le processus empathique élargit l'horizon moral.» (4)
En diluant le moi.
En l'étendant.
En le faisant déborder
«dans des communautés plus vastes et englobantes de compassion agissante.» (5)
«Loin d'intérioriser le comportement moral par volontarisme ou du fait de promesses, nous l'extériorisons par identification affective avec la douleur des autres.
Etre vraiment humain, c'est ressentir une empathie universelle, donc être moral dans son vécu.» (6)

Sans naïveté...

Pourquoi ne pas y réfléchir à l'heure d'aborder 2013?
Une année que je vous souhaite excellente. 
Sans cynisme, donc.
Mais aussi sans naïveté.
Car la vie n'est pas un long fleuve tranquille.
Car le rapport à l'autre peut aussi, parfois, s'avérer destructeur.
Car l'associatif, même lui, n'est pas le pays des bisounours.
Ce que rappelle fort bien, pour les revues Citoyens et D-CAPP, le Belge Vincent Triest (7)...  
«L'associatif serait-il le pays de la confiance?
Pas de capitalistes, pas de rapport de force, pas d'exploitation, rien que de l'engagement, du bénévolat, des idéaux partagés?
En fait, le monde associatif n'est pas moins marqué par les luttes pour le pouvoir et par les conflits.

S'il y a indubitablement de l'idéal et de la générosité à la pelle dans les associations, elles sont aussi l'arène des quêtes identitaires et des luttes pour la reconnaissance, qui sont parmi les plus terribles et les plus meurtrières.
Pour chacun, il faut s'interroger lucidement sur les motivations de sa militance.
Quelle est la part du besoin d'être reconnu?
Quel désir de pouvoir et de prestige?
Se poser la question, d'abord pour soi, ce n'est pas sombrer dans la version obsessionnelle, c'est éviter la naïveté et consolider la confiance.» (8)

Christophe Engels

(1) Rifkin Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, Les liens qui libèrent, coll. Babel, 2011, pp.190-191.
(2) Rifkin Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.196.
(3) Rifkin Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.198.
(4) Rifkin Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.226.
(5) Rifkin Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.226.
(6) Rifkin Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.227.
(7) Vincent Triest est membre actif de La Vie Nouvelle (Paris) et président du Centre d'Action pour un Personnalisme Pluraliste (CAPP, à Louvain-la-Neuve). 
(8) Triest Vincent, La confiance, un élan vital!, Citoyens, n°345, octobre 2012, p.4.

vendredi 28 décembre 2012

Actu. Entrepreneur et Indigné: rencontre improbable

 
Etes-vous de ceux 
qui doutent des hommes politiques?
Qui sont d'autant plus excédés 
de voir se prolonger la crise 
qu'ils ne s'en sentent pas responsables?
Et qui, en même temps, 
ne veulent pas se résoudre à la subir?
Une récente publication 
pourrait vous intéresser. 
«L'entrepreneur et l'indigné. 
Deux façons de changer le monde.»
Rencontre aussi inédite 
qu'improbable...

«L’Entrepreneur et l’Indigné. Deux façons de changer le monde» doit-il être considéré comme un livre de société?
Il se veut tel en tout cas.
Car il entend
«refléter la fameuse majorité silencieuse». 
Et s’adresser à tout qui refuse de se résoudre à subir: associatifs, auto-entrepreneurs, lycéens, étudiants, retraités actifs…
L’échange entre Philippe Hayat, qui a répondu au Indignez-vous! de Stéphane Hessel par un Entreprenez! de circonstance, et Gilles Vanderpooten, coauteur de Stéphane Hessel pour Engagez-vous!, cherche à faire office d'antidote face à la morosité ambiante. 
Et aussi à jeter des passerelles...

Docteur créateur et Mister Indigné

Le public jeune a-t-il vocation à s’y retrouver par l'intermédiaire de Gilles Vanderpooten, petit nouveau de l'entrepreneuriat solidaire?
Les plus mâtures des créateurs d'entreprise n'en sont pas moins courtisés par le biais de Philippe Hayat. 
Celui-là même qui vient d’être chargé par la ministre français des PME de définir les nouveaux moteurs d’encouragement de l’entrepreneuriat en France.
A chaque lecteur, surtout, de décider s'il se range d'un côté, celui des Indignés, ou de l'autre, celui des créateurs. 
Test de personnalité à l'appui...

mardi 25 décembre 2012

Actu. Bon pour la casse. A tort ou à déraison...



Vous connaissiez 
ces stimulants 
à la consommation
que sont la publicité et la mode.
Voici cet incitant à la reconsommation 
qu'est l'«obsolescence programmée». 
L’ère du tout jetable 
a donc sonné. 
Qui, en cette période de fêtes,
nous invite plus que jamais
à repenser 
nos modes de consommation...

Le voici, le voici, le voilà...
Le premier livre (1) venu de France sur un phénomène devenu quasi consubstantiel de l’économie capitaliste: la stupéfiante et encore assez peu connue «obsolescence programmée»
Un processus qui, pour stimuler la consommation et nous en rendre addict, fut conçu et mis en œuvre au milieu du XIXème siècle aux Etats-Unis. 

Trois formes et un coup fin...

Des trois formes principales de l’obsolescence programmée -les deux autres étant le recours aux techniques qui accélèrent le processus tendant à rendre un produit suranné et l'artifice de la publicité qui vise à nous convaincre d’acquérir des produits dont nous n’avons nul besoin-, le plus symptomatique et le plus pervers renvoie au fait d’introduire dans les objets une pièce à la durée de vie restreinte.
Ampoules (qui avaient été conçues pour une utilisation quasi illimitée), automobiles, appareils ménagers, ordinateurs, imprimantes... : la plupart des biens que nous achetons sont sciemment viciés. 
De telle sorte que nous soyons contraints, pour faire tourner la machine économique, de les renouveler.

Histoire d'une impasse

C’est l'histoire de cette face noire de l’économie capitaliste que nous raconte Serge Latouche, remontant au XIXème siècle et illustrant son propos de nombreux exemples plus éloquents les uns que les autres.
Et l’auteur d'en profiter pour tirer la sonnette d’alarme... 
Dans un monde aux ressources limitées, pouvons-nous accorder notre blanc-seing à une société qui multiplie à l’envi et par nature le gaspillage et les déchets, engendrant de facto de vertigineux dégâts environnementaux...?  

(1) Latouche, Serge, Bon pour la casse. Les déraisons de l’obsolescence programmée, Les liens qui libèrent, 2012 (100 pages, 10 euros).


samedi 22 décembre 2012

Actu. Economistes, progressistes... et sains d'esprit !



Une autre politique économique 
est-elle possible en Europe? 
Les initiateurs et acteurs
le pensent dur comme fer.
Au point de s'opposer radicalement 
aux actuels choix de Bruxelles. 
L'austérité ou les politiques budgétaires restrictives, 

Neuf novembre 2012. 
Réunion, à Florence, de l'Altersummit qui réunit syndicats, associations et autres forces progressistes de niveau européen. 
Un nouveau réseau d'économistes est mis sur les fonts baptismaux. 
Il s'appellera «European progressive economists network».
Les Economistes atterrés, tout d'abord, ont répondu à l'appel: Philippe Askénazy, Frédéric Lordon, André Orléan, Benjamin Coriat, Henri Sterdyniak...
Mais au-delà de la France, bien d'autres organisations se signalent par leur présence: 
. Econosphères en Belgique, 
. EconoNuestra en Espagne, 
. Sbilanciamoci! en Italie, 
. New Political Economy Network en Grande-Bretagne. 

Oeil pour oeil critique, dent pour dent citoyenne

L'objectif? 
Fédérer les économistes progressistes du Vieux Continent. 
Ceux qui voient d'un oeil plus que critique l'orientation libérale de la construction européenne, les politiques d'austérité, la baisse des dépenses publiques et sociales, la domination des marchés financiers... 
Ceux, aussi, qui ont décidé de se battre pour une Europe sociale, démocratique, solidaire et écologique. 

Traité européen: attention, danger!
 
C'est que les créateurs de ce réseau entendent promouvoir un large débat européen sur les politiques alternatives.
«Les politiques d’austérité doivent être inversées et les conditions drastiques imposées aux pays recevant des fonds d’urgence européens doivent être radicalement révisées, affirment haut et fort les signataires. En commençant par la Grèce.»
Le Traité budgétaire (TSCG)?
Ses «contraintes dangereuses (...) doivent être supprimées afin que les pays membres puissent conserver la maîtrise de leurs dépenses publiques et sociales, et gérer leurs politiques salariales».

La critique est aisée, l'art est difficile

Dans le même ordre d'idée, il s'agit  
. de  critiquer les politiques européennes qui ont conduit à la crise et les tentatives visant à les accentuer; 
. de promouvoir, de discuter des travaux d'économistes en rupture avec le néo-libéralisme;
. de proposer des voies de sortie aux crises économique et écologique de la zone Euro; 
. de diffuser les thèses du nouveau réseau auprès des citoyens européens; 
. de combattre l'orientation actuelle des instances européennes. 
Pas question, donc, de se borner à crier haro sur le baudet des propositions émises par les instances européennes.
L’intention est, on le comprend, d’avancer sur des travaux théoriques et d'émettre des propositions alternatives.
 
Premières échéances: 
. décembre 2012, déjà, avec la production d'un rapport critique sur la situation de l'Europe,
. puis le premier trimestre 2013 pour un tour d'Europe (un meeting de présentation dans une grande ville de chacun des pays membres).

mardi 18 décembre 2012

Actu. Adieu, monde fatal...


L'assassin de l'humanité habite-t-il au 21 ?
Non, évidemment.
De fin du monde, 
il ne sera pas question, de facto,
en ce très prochain jour du mois de décembre.
Mais pourquoi ne pas profiter des circonstances
pour faire de cette date un symbole ?
Celui de la fin d'un monde.
Adieu, donc, monde fatal ?
Adieu, monde connecté au petit je
d'un individualisme outrancier ?
Adieu, monde branché 
sur le petit jeu 
d'un matérialisme excessif ?
Etranges je(ux), d'ailleurs,
où la seule manière de gagner 
consiste à ne pas jouer... 

Goût du mystère?
Sensationnalisme? 
Mercantilisme?...
La sphère médiatique, en tout cas, ne se tient plus. 
On ne parle plus que de ce fameux 21 décembre 2012, annoncé par d'aucuns comme le jour J.
Celui d'un cataclysme sans précédent.
Celui de l'apocalypse.
Celui de la fin du monde.
L'Américaine Britney Spears y va de son "Till the World ends".
Et le Français Cauet de son eschatologique ritournelle
Même le mythique "Gangnam Style" du fantasque Coréen Psy est récupéré par l'un ou l'autre lecteur de Nostradamus.  
Grands Etats-Unis, moyenne France ou petite Belgique, même combat!

La fin... d'un monde est pour demain

Et si nous nous bottions en touche...
Et si nous options pour une approche métaphorique...
Et si, à défaut de fin du monde, nous envisagions la fin d'un monde.
Un monde excessivement matérialiste.
Un monde prioritairement hédoniste.
Un monde égoïstement individualiste.
Un monde de repli sur soi.
Un monde dont les acteurs se retranchent trop souvent dans la tour d’ivoire de leurs propres convictions préalables.
Un monde fondamentalement discriminant...  

Reliance à l’autre, par l’autre et pour l’autre

Un autre monde est possible, clament haut et fort les altermondialistes.
Acceptons en l'augure.
Et faisons le pari de l'enraciner dans une triple reliance (2)...
. Reliance à l’autre, tout d'abord.
C'est-à-dire ouverte dans l'espace et dans le temps.
. Reliance par l’autre, ensuite.
C'est-à-dire positive et réflexive.
. Reliance pour l'autre, enfin.
C'est-à-dire éthique et constructive.
Un triple objectif, donc, dans l’optique duquel il conviendrait d’aller
. d’une posture NIMBY (Never In My Back Yard (1)) à une attitude d’ouverture (reliance à l’autre);
. du négatif au positif (reliance par l’autre);
. du destructif au constructif (reliance pour l’autre)...

Une reliance ouverte à l’autre 

Reliance ouverte à l'autre, donc. 
L'autre du présent, bien sûr: allocation universelle, investissement solidaire ou commerce équitable, soyez les bienvenus!
Mais aussi l'autre du futur: développement durable, simplicité volontaire et autre objection de croissance, faites comme chez vous!

Une reliance empathique, par l’autre 

Rappelons brièvement ici ce que nous développions par ailleurs...
Le principe de «reliance par l’autre» appelle à m'intéresser véritablement à mon interlocuteur.
A porter sur lui un regard de curiosité plutôt qu’un regard de convoitise (3).
A me demander aussi en quoi lui est «dans le bon» et moi dans le moins bon.
A ce stade, le «regard positif inconditionnel» de Carl Rogers a beaucoup à nous apprendre.
Celui-là même qui est présenté par le psychologue U.S. comme une ouverture profondément vraie et inébranlablement chaleureuse à toutes les dimensions constitutives du vécu d’autrui. (4)
«Se pourrait-il que les humains ne soient pas mauvais par essence, ni intrinsèquement égoïstes et matérialistes, n'hésite pas, quant à lui, à se demander Jeremy Rifkin. 
Se pourrait-il qu'ils soient d'une nature très différente -empathique-, et que toutes les autres pulsions que nous avons crues primaires -agression, violence, égoïsme, soif d'acquérir- soient en réalité secondaires, dues à la répression ou au déni de notre instinct le plus fondamental?» (5)
L'Américain ne se contente pas de poser la question.
Il y répond.
Par l'affirmative...
«L'idée traditionnelle qui assimilait conscience de soi et autonomisation perd de son aura intellectuelle, insiste le penseur du pays de l'Oncle Sam. (...)
Le sentiment d'identité personnelle dépend de l'approfondissement des relations avec d'autres, il s'en nourrit.
Et le moyen de forger ces liens, c'est l'empathie. (...)
L'empathie est notre moyen psychologique de nous intégrer à la vie des autres et de partager de riches expériences.
L'idée même de transcendance a ce sens-là: atteindre ce qui nous dépasse, participer à des communautés plus larges, nous insérer dans des réseaux de sens plus complexes.
» (6)
C'est que «La rétroaction empathique permanente est le ciment qui rend viables des sociétés de plus en plus complexes. (...)
Pour qu'il y ait société, il faut être sociable et pour être sociable, il faut être empathique.» (7)
Mieux: «L'élan empathique ne se limite pas à conduire une personne à éprouver la situation d'un autre "comme si" c'était la sienne: son engagement crée aussi une boucle de rétroaction qui renforce et approfondit son propre sentiment d'identité personnelle.» (8)
Ainsi appréhendée, l'empathie se fait moins irréaliste.
Ce que confirmerait l'Histoire récente...
«Après le génocide de la Seconde Guerre mondiale, l'humanité a dit: "Jamais plus."
Nous avons étendu l'empathie à un grand nombre de nos semblables jugés jusque là moins humains que les autres -dont les femmes, les homosexuels, les handicapés, les gens de couleur et les minorités ethniques et religieuses-, et consacré juridiquement notre sensibilité par des droits sociaux, des mesures sociales, des lois sur les droits humains et même, tout récemment des dispositions sur la protection des animaux.
Nous avons engagé la lutte finale pour inclure l'"autre", l'"étranger", le "paria". 
Si nous n'en sommes qu'aux premières lueurs d'une nouvelle conscience biosphérique -les préjugés xénophobes traditionnels restent la norme-, le simple fait que notre élan empathique explore des domaines hier inaccessibles est un triomphe de l'évolution de l'espèce humaine.» (9)

Une reliance éthique et constructive, pour l’autre 

Parler, c’est agir.
Et agir, c’est poser un acte qui a des effets.
L'heure, ici, n'est pas à la destruction.
Pas même, ou pas seulement, à la déconstruction.
Place, au contraire, à l'inventivité.
A la création.
Et, de là, à la construction.
Celle d'un monde signifiant.
Alter-signifiant...
«Une vision radicalement neuve de la nature humaine émerge lentement, estime en effet Rifkin.
Elle se renforce et peut révolutionner notre façon de comprendre et d'organiser nos relations économiques, sociales et environnementales au cours des prochains siècles. 
Nous avons découvert l'Homo empathicus.» (10)

Christophe Engels

(1) Jamais dans mon jardin.
(2) Nos lecteurs les plus fidèles et attentifs se souviendront que cette idée a déjà été développée dans un précédent message: Coulisses. Alain Touraine avait raison...
(3) Cfr. le philosophe américain John Rawls.
(4) Pour plus de détails à ce sujet, on se référera au message: Coulisses. Alain Touraine avait raison...
(5) Rifkins Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, Les liens qui libèrent, coll. Babel, p. 31.
(6) Rifkins Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.33-34.
(7) Rifkins Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.60.
(8) Rifkins Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.60.
(9) Rifkins Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.41.
(10) Rifkins Jeremy, Une nouvelle conscience pour un monde en crise. La civilisation de l'empathie, idem, p.61.