samedi 14 mai 2011

Post-capitalisme. Réflexion faite…

Criants de vérité,
les postulats anthropologiques
qui fondent implicitement
la réflexion économique ?
Voire...
Christian Arnsperger,
en tout cas,
entend les interroger.

Et en appelle,
pour ce faire,
à la philosophie...

«L’acquisition pour moi» et «une attitude très négatrice envers autrui»: telles sont les caractéristiques qui servent fréquemment de postulats implicites quand il s’agit de fonder le schéma de mes motivations économiques.
Un schéma considéré une fois pour toutes comme évident et incontesté…
«L’économiste part du principe qu’il n’est pas de son ressort de questionner ces motivations, écrit Arnsperger (1).
Ce faisant, il les naturalise et pose l’homo oeconomicus comme un universel.»
Une telle impasse laisse sur sa faim dans la mesure où elle évacue a priori la possibilité que les motivations en question puissent être engendrées par le système lui-même.
Conséquence: loin d’être économiques, les voies d’accès les plus pertinentes à une compréhension en profondeur du système capitaliste sont bel et bien existentielles.
Pas étonnant, dès lors, que la philosophie soit convoquée par l’auteur.
Une certaine philosophie du moins.
Celle qui s’apparente à une manière de vivre centripète, à une façon de questionner régulièrement ce que je suis.

Etre ou ne pas être... académique !

Une approche de ce type ramène aux fondamentaux d’une discipline qui, dans l’Antiquité, n’avait évidemment rien d’académique.
A l’époque, il s’agissait de vivre en m’interrogeant sur le sens de l’existence.
Ni plus ni moins.
Cette quintessence fondatrice est parfois perdue de vue aujourd’hui.
On peut le regretter.
Car philosopher sérieusement, c’est accompagner le déroulement de mon existence pour mieux le modifier à travers la réflexion.

Hors réflexion...

Une telle activité mentale ne fait cependant pas office de formule miracle.
Elle s’avère en effet incapable de «coller» rigoureusement à la vie.
Il y a toujours un retard, un écart, une «béance impossible à intégrer à la réflexion et à éliminer par l’attitude réflexive».
Même en tout dernier ressort, même au plus haut degré, la réflexion philosophique ne peut jamais coïncider pleinement avec l’existence.
Pourquoi?
Parce qu’il y a autrui.
Et parce qu’il y a la mort.
Deux paramètres qui relèvent irrémédiablement de l’inconnu.

En finir avec la plénitude...

Au lieu de chercher à refuser ou à nier cette double finitude, il convient donc de la reconnaître, de l’accueillir, de l’assumer.
«La santé fondamentale de l’homme réside non pas dans la capacité à se combler mais, au contraire, dans la capacité à renoncer à la plénitude imaginaire.»
Mieux vaut, par conséquent, voir dans la pensée philosophique un outil susceptible d’aider «à habiter lucidement la béance, à accepter la brèche du sens d’une existence toujours en question». (2)(3)

(A suivre)

Christophe Engels (d'après Christian Arnsperger)

(1) Christian Arnsperger est docteur en sciences économiques, chercheur au Fonds national belge de la recherche scientifique (FNRS) et professeur de l’Université catholique de Louvain (UCL), rattaché à la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale. Il a notamment écrit Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie, Cerf, Paris, 2005 (dont nous nous inspirons ici) et Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel, Cerf, Paris, 2009. Il publie deux blogs, l’un en français («Transitions»), l’autre en anglais («Eco-transitions»). Il a déjà été à «l'honneur» de plusieurs messages sur «Projet relationnel», les 19 février, 1er mars, 2 novembre et 17 décembre 2010, ainsi que les 30 avril, 4 mai, 7 mai et 10 mai 2011.
(2) Ce message s'inspire directement de Arnsperger Christian, Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie, Cerf, coll. La nuit surveillée, Paris, 2005.
(3) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à d'autres notes de lectures renvoyant à l'ouvrage Critique de l’existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l’économie (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. à des notes de lecture renvoyant à l'ouvrage Ethique de l’existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (ibidem) (d'après Christian Arnsperger),
. au post-libéralisme (par ou d'après Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

1 commentaire:

  1. Ambiances Quotidiennes 18 mai

    Mesdames, Messieurs

    le prochain séminaire du cycle Ambiances Quotidiennes aura lieu le 18 mai à 17h30.

    À cette occasion, nous recevrons le Professeur Philippe Dubé atour du thème "Le musée dans ses états gazeux: muséalité et communalité".

    Il s'agira d'une discussion sur des nouvelles formes de muséité dans le contexte d'un changement de paradigme sociétal.

    Philippe Dubé est Professeur titulaire de muséologie à l’Université Laval, il s’intéresse à la conservation et la mise en valeur patrimoniale ainsi qu’à la micro-muséologie. Chargé de projet de Mémoires au Musée de la civilisation. Il dirige actuellement le Laboratoire de muséologie et d’ingénierie de la culture (LAMIC).

    Mercredi 18 mai à 17h30

    Salle des thèses E637 Escalier P, 1er étage, Université Paris Descartes Sorbonne, 17 rue de la sorbonne, 75005 Paris.

    Très cordialement,

    Le CeaQ

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