Un principe générateur
de
vivre-ensemble
n'est jamais éternel,
explique Michel Maffesoli (1).
A l'échelle de l'Histoire,
il finit toujours
par s'effacer
devant un autre,
non moins puissant.
n'est jamais éternel,
explique Michel Maffesoli (1).
A l'échelle de l'Histoire,
il finit toujours
par s'effacer
devant un autre,
non moins puissant.
Acceptera-t-on de reconnaître que la vérité est tributaire de son temps?
Notre nombrilisme ne
rend pas la chose aisée.
Et pourtant.
Lorsqu’on regarde sur la longue durée les
histoires humaines, on voit bien en quoi un principe générateur du
vivre-ensemble est appelé à perdre de sa force pour laisser place à un autre
principe non moins puissant.
Mais dans l’entre-deux on continue à faire usage
de mots, d’idées, d’institutions n’étant plus en phase avec le temps.
Ce n’est,
toujours, que «post festum» que l’on trouve mots et actions en
congruence avec ce qui est vécu.
Les lendemains de la veille
Pour
décrire ces moments de vacuité, on peut reprendre la formule de Mallarmé: une
«monnaie usée».
Monnaie qui, à
certains moments, passe de main en main, dans l’absolu silence de la pensée.
Peut-être
est-ce cela la langue de bois.
On pastiche ce qui fut, en un moment fondateur,
mais qui, n’ayant plus le dynamisme de la jeunesse, s’est alourdi et a pris
de la mauvaise graisse.
Par exemple, les fameuses «valeurs républicaines».
Par exemple, les fameuses «valeurs républicaines».
On ne sait plus trop ce que c’est sinon
que l’on psalmodie, jusqu’à plus soif, ce qu’elles sont censées représenter.
Elles sont devenues une idéologie: le républicanisme permettant
de stigmatiser ce qui ne rentre plus dans son moule quelque peu décati.
Libres penseurs: ni libres ni penseurs
Pareil
pour la laïcité qui était la spécificité de ceux qui n’étaient pas des «clercs»: dans les monastères, les frères «lai».
Mais ce caractère laïc est devenu «laïcisme», et l’esprit-prêtre a pris le dessus.
Mais ce caractère laïc est devenu «laïcisme», et l’esprit-prêtre a pris le dessus.
Il n’est pas plus fanatique
que ceux qui défendent, bec et ongle, la non-intrusion du religieux dans la
sphère publique.
Ils se proclament «libres penseurs» et, comme le disait ironiquement Nietzsche,
sont tout sauf libres ou penseurs!
Esprits asservis à un préjugé idéologique,
la plupart d’un âge certain, ils s’emploient à occuper leur retraite en des
combats d’arrière-garde à l’utilité des plus douteuses.
Nouveaux contrats sociaux: en retard d'une guerre
Il en
est de même pour les «nouveaux contrats
sociaux» qui, ici ou là, fleurissent dans les discours des meetings
politiques, ou dans les joutes télévisées, où les protagonistes d’un camp ou de
l’autre, essaient de prouver qu’ils sont résolument «modernes».
C’est bien là où le bât blesse!
En se revendiquant comme tels, ils
ne se rendent pas compte qu’ils sont en retard d’une guerre, et que leurs
arguments fleurent bon son XIXème siècle.
Siècle, certes, attachant, mais,
décidément, daté.
(A suivre)
(1) Membre de l’Institut universitaire de
France et professeur à la Sorbonne, directeur du Centre d’études
sur l’actuel et le quotidien (Paris-V), Michel Maffesoli est l’auteur,
entre autres, de La Part du diable (Flammarion, 2002), du Réenchantement
du monde (La Table ronde, 2007) et de Homo eroticus, des communions
émotionnelles (CNRS Éditions, 2012).
(2) Ce message est extrait d'un document de 24
pages qui nous a été envoyé par Michel Maffesoli sous l'intitulé L'Opéra-Bouffe
du Politique. Nous le publions ici avec l'accord explicite de l'auteur et
par parties. Avec, aussi, tous nos remerciements. Et en précisant que les titre, chapeau et intertitre sont de la rédaction.
(3) Pour suivre (sous réserve d’éventuelles
modifications de dernière minute) :
.
«Politique. Formes formantes ou formes formules.» (Michel Maffesoli),
.
«Politique. Utopia lex, sed lex.» (Michel Maffesoli),
.
«Politique. Enracinement dynamique.» (Michel Maffesoli),
.
«Le politique sera populaire ou ne sera pas... Pessimisme de l'intelligence,
optimisme de la volonté.» (Michel Maffesoli),
.
«Politique. Le sens de l'ordinaire.» (Michel Maffesoli)...
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