Ils sont les réfugiés du futur.
Ceux qui, ayant obtenu asile dans le présent,
ne s'y sentent que partiellement chez eux.
ne s'y sentent que partiellement chez eux.
Car leurs pensées vont à l'avenir.
Ou plutôt à ce qui, dans leur esprit, en tient lieu:
une société émergente...
Optent-ils pour une certaine prise de recul une société émergente...
par rapport à l'individualisme?
Choisissent-ils de porter un regard plus distant
sur le matérialisme?
Choisissent-ils de porter un regard plus distant
sur le matérialisme?
Sans doute.
Comment ne pas se perdre dans le foisonnement
Mais pour le reste...?
de ces porteurs de projets citoyens?
Comment jeter sur eux un regard qui,
puisse néanmoins se prévaloir d'une authentique rigueur?
Après s'être plongé pendant près de quatre ans
dans le grand bain de ces créa... cteurs de changement,
il se décide à faire le point.
Toujours sans cynisme.
Toujours sans naïveté.
Et toujours sans le moindre soutien financier.
Alors, prêt pour le grand vol?
Veuillez, dans ce cas, attacher votre ceinture.
Et surtout,
vous installer
confortablement.
Et comment s'y retrouver dans la diversité
Projet relationnel relève le défi. Après s'être plongé pendant près de quatre ans
dans le grand bain de ces créa... cteurs de changement,
il se décide à faire le point.
Toujours sans cynisme.
Toujours sans naïveté.
Et toujours sans le moindre soutien financier.
Alors, prêt pour le grand vol?
Veuillez, dans ce cas, attacher votre ceinture.
Et surtout,
vous installer
confortablement.
Car notre périple
durera plusieurs mois.
Voyage au pays
des courants de pensée
et modes de vie émergents...
durera plusieurs mois.
Voyage au pays
des courants de pensée
et modes de vie émergents...
«Avance.
Avance.
Sois la promesse d'un futur plus juste.
Et que nos pas,
hier hésitants,
accompagnent aujourd'hui un destin.»
La marche
(le film de Nabel Ben Yadir)
Les acteurs des courants de pensée et modes de vie émergents?
Ils sont, en un sens, des réfugiés du futur.
Qui, d'une certaine manière, demandent asile au présent.Reste à dresser le profil de ces «migrants de l'Histoire»...
Vous avez dit «mouvement social»?
Oui... et non!
Car la définition de ce concept ne fait l’objet d’aucun consensus dans la
littérature.
Rappelons que, pour nous, l'expression renvoie à des formes d'action collective qui, concertées et mises au service d'une cause, rencontrent deux critères...
. D'abord, elles s'appuient sur un projet explicite de mobilisation.
. Ensuite, elles se développent dans une logique de revendication. (1)
«Les mouvements sociaux sont "par
définition" intéressés à promouvoir un changement ou à y résister, précise le sociologue Olivier Fillieule des Universités de Lausanne et de Paris I.
En
revanche, il n’existe pas d’accord sur le type et l’étendue des changements
concernés.» (2)
Grand angle: à chacun ses macro-enjeux
A l'échelle macro, il peut donc s'agir de convoquer le changement ou, au contraire, d'y faire obstacle.
Gros-plan: à chacun ses micro-objectifs
A l'échelon micro, il convient plutôt, selon Fillieule, d'insister sur la nécessité de «tenir compte
de l’hétérogénéité d’acteurs qui, pour être réunis autour d’un projet commun,
ne le sont pas forcément de manière continue ni avec les mêmes objectifs (4).»
Une hétérogénéité à laquelle, cependant, les analystes se référeraient trop rarement...
«Ceux-ci continuent le plus souvent à préférer la facilité des dénominations englobantes et, de ce point de vue, l’exemple des travaux
sur les mobilisations altermondialistes –tantôt qualifiées de mouvement
altermondialiste voire de mouvement pour une justice globale– est édifiant (5),
avec la conséquence du risque, souvent constaté, de faire servir des concepts
et des modes d’analyse conçus par la théorie des organisations, à des
structures lâches en réseaux comportant à la fois des groupes et des individus
non "encartés".» (6)
«Trop souvent, on parle de
stratégie des mouvements, des tactiques, du leadership, des membres, du recrutement,
de division du travail, de réussite ou d’échec, confirme cette sociologue de l'Université du Wisconsin qu'est l'Américaine Pamela Oliver.
Autant de termes qui ne
s’appliquent au sens strict qu’à des entités cohérentes de prise de décision (c’est-à-dire des organisations ou des groupes) et pas à des foules, à des
collectivités, ou à des mouvements sociaux entiers.» (7)(8)
(A suivre)
Christophe Engels
(2) Fillieule Olivier, De
l’objet de la définition à la définition de l’objet. De quoi traite finalement
la sociologie des mouvements sociaux?,
Politique et Sociétés, vol.28, n°1, 2009, http://id.erudit.org/iderudit/001723ar (DOI: 10.7202/001723ar),
p.21.
(3) Jamais dans mon jardin.
(4) Au même titre,
il est ici notable de souligner que la notion forgée en 1973 par Russel L. Curtis et Louis
Zurcher de champ multiorganisationnel, dont le sens est proche de
la définition de
Diani tout en
offrant d’articuler le
niveau meso des organisations au
niveau micro- des individus affiliés, n’a pas connu un grand succès dans la littérature jusqu’à récemment,
notamment en raison du développement des analyses de réseaux. (Voir Russel L.
Curtis, Jr et Louis A. Zurcher, Jr, Stable Resources of Protest
Movements: The Multi-Organisational Field, Social Forces, vol. 52, no 1, septembre 1973, , p. 53-61 et, par exemple,
l’utilisation que nous en faisons
dans Olivier Fillieule,
Philippe Blanchard, Eric Agrikoliansky, Marco Bandler, Florence
Passy et Isabelle Sommier, L’altermondialisme en réseaux. Trajectoires
militantes, multipositionnalité et formes de l’engagement: les participants du
contre-sommet du G8 d’Evian, Politix, no
67, 2005, pp.13-48.)
(5) Pour une
discussion de cet exemple, voir Isabelle Sommier Olivier Fillieule et Eric
Agrikoliansky, 2008, Les altermondialismes entre national et global, dans La généalogie des mouvements altermondialistes en
Europe. Une perspective comparée, sous la dir.
d’Isabelle Sommier, Olivier Fillieule et Eric Agrikoliansky, Paris, Karthala.
(6) Olivier Fillieule conseille par ailleurs de relever ici les apports des discussions récentes autour des notions
de «secteur», de «champ», d’«espace» ou encore, à partir de la sociologie de la
construction des problèmes publics, «d’arène» des mouvements sociaux. (Voir
notamment Érik Neveu, 2000, Sociologie des mouvements sociaux, Paris, La
Découverte; Cécile Péchu, 2001, Les générations militantes à Droit au
logement, Revue française de science politique, vol. 51, nos 1-2, p. 73-103;
Lilian Mathieu, 2002, Rapport au politique, dimensions cognitives et
perspectives pragmatiques dans l’analyse des mouvements sociaux, Revue
française de sociologie, vol. 52, no 1,
p. 75-100; et Olivier Fillieule et Danielle Tartakowsky, 2008, La
manifestation, Paris, Presses de Sciences Po, introduction et chap. 5.)
(p.26).
(7) Pamela
Oliver, Bringing
the Crowd Back, in The Nonorganizational
Elements of Social Movements, Research in Social Movements, Conflicts, and Change,
vol. 14, 1984, p.4.
(8) Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute): la suite d'une série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de pensée et modes de voie émergents.