Dans son pays, il a fait rendre gorge à un certain racisme.
Un racisme brut.
Un racisme primitif.
Un racisme en noir et blanc.
Reste le racisme ordinaire.
Qui, lui, demande encore à être éradiqué.
En Afrique du Sud comme ailleurs.
Et si, aujourd'hui, nous tentions,
avec l'aide du philosophe belge
François De Smet (1),
avec l'aide du philosophe belge
François De Smet (1),
de nous inspirer au quotidien
de l'exemple de feu Mandela?
Désormais regretté...
«Etre libre, ce n'est pas seulement
se débarrasser de ses chaînes;
c'est vivre d'une façon
qui respecte et renforce la liberté des autres.»
(Nelson Mandela)
«Le racisme animal envers les noirs n’est pas seulement l’une des formes
les plus abjectes de racisme; c’est aussi l’une des plus stupides.
L’une de celles qui renvoient aux théories de "races" humaines démenties
par tout scientifique sérieux.
Bref, celle dont le racisme est le plus
évident, net et indiscutable.
Le problème c’est que la belle unanimité
condamnant ce racisme primitif vole en éclat dès qu’on aborde les autres
dossiers discriminatoires.
La discrimination à l’embauche des jeunes
d’origine maghrébine, les perpétuelles affaires de foulard et de burqa,
les Roms, les Afghans, les demandeurs d’asile: voilà les véritables
dossiers litigieux aujourd’hui.
La mobilisation unanime contre Minute ou contre les manifestants scandant "Y'a pas bon Taubira"
n’est qu’un vernis permettant d’oublier quelques instants qu’en
réalité, la lutte contre le racisme n’est plus un sujet évident et
consensuel.
Cette lutte contre le racisme, unanime quand il s’agit de
lutter contre la réduction d’une femme noire à un animal, se délite
quand il s’agit de se demander si tel propos sur les Roms outrepasse la
liberté d’expression, si telle remarque sur facebook ou twitter
relève de la discrimination ou si tel vêtement doit ou non être
interdit.
Car sur ces sujets, le consensus n’est plus; la société se
divise entre ceux qui s’accrochent aux lois antiracistes et
discriminatoires tels des Évangiles aptes à résoudre tous les actes de
racismes, et ceux qui pensent vivre sous une oppression morale où "on ne
peut plus rien dire" –et, au milieu, une série de citoyens un peu
perdus sur ces questions.
Cela renvoie à ce qu’on s’était permis d'appeler ailleurs l’impasse moralisatrice de la lutte contre le racisme,
dont le constat appelle à trouver des formes renouvelées de lutte
contre les discriminations impliquant davantage le métissage et la
rencontre que l’appel moralisant et compulsif à la loi.» (2)(3)
(1) Le Belge François De Smet enseigne la philosophie à l’Université Libre de Bruxelles.
(2) Extrait d'un message du blog de François De Smet: Taubira et l'opportune banane du consensus, 15 novembre 2013.
(3) Pour suivre (sous
réserve de changement de dernière minute): une série de
messages consacrés à une réflexion approfondie sur les mouvements sociaux en
général, puis sur les courants de pensée et modes de vie émergents en
particulier.