jeudi 1 septembre 2011

Post-libéralisme. La route du Soi.





Quel sont
les fondements
anthropologiques
d'un humanisme
post-libéral?
Pour
Laurent
de Briey (1),
ils renvoient
à l'interdépendance,
au bonheur personnel
et au dépassement de soi...



L’humanisme de Laurent de Briey se présente comme une philosophie politique résolument post-libérale.
Il veut préserver les acquis sociétaux de ce «frère ennemi» idéologique qu'est le libéralisme tout en refusant l’individualisme, le matérialisme et le relativisme qui en sont les corollaires.
Car pour lui, si l’individuel n’est pas pleinement déterminé par le social, il n’en est pas non plus parfaitement indépendant...

L'interdépendance: constitutive de la personne

Il y a au fondement de l’humain une interdépendance qui ne se réduit pas à la nécessité pour les individus de partager un ensemble de ressources ou au fait de vivre vaguement en commun.
«Il faut, au contraire, penser une interdépendance bien plus profonde, estime le philosophe belge.
Une interdépendance originaire en ceci qu’elle est constitutive de l’individu –qu’il est plus adéquat de nommer personne. (…)
L’identité n’est pas sur le mode de l’être, de la permanence, mais sur celui du devenir.
Le processus de constitution des identités est un processus perpétuellement inachevé et qui résulte d’un échange constant entre l’individu qui se singularise et le milieu social au sein duquel il vit.» (2)
L’identité personnelle n’en finit donc pas de se reconstruire sur le terreau d’un processus de prise de position par rapport à des normes et des valeurs sociales en vigueur.
Le sujet se dote d’une identité «en se reconstruisant un modèle normatif assemblant les normes et les valeurs qu’il a plus ou moins fortement intériorisées.
Lorsqu’il est conscient, ce processus relève de l’usage pratique de la raison.» (2)

Bonheur personnel

Une telle identité dynamique a son tropisme.
Elle est constamment en recherche de bonheur.
De bonheur authentique.
De bonheur sensé…
«L’homme cherche à être heureux et il ne peut l’être que s’il perçoit sa vie comme sensée.
Une vie sensée est ainsi une condition nécessaire à défaut d’être suffisante du bonheur.
Or, du point de vue de l’humanisme démocratique, l’existence trouvera sons sens dans la recherche de la conformité à l’idéal d’une vie bonne.
Chaque individu définira son identité en construisant et en révisant continuellement cet idéal, dans une distance critique avec les conceptions du bien auxquelles il est socialement confronté. (…)
Par ailleurs, lorsqu’un individu prend position en affirmant ce qui constitue selon lui une vie digne d’estime, il incite les autres personnes à prendre position à leur tour par rapport à sa propre prise de position.
De la sorte, l’individu affecte le milieu et le transforme.» (2)
Bonheur personnel, donc.
Qui ne se réduit pas au bonheur individuel.
Car l’un se veut digne d’estime.
Là où l’autre s’accommode d’une nature purement pulsionnelle.
«Se nier comme sujet désirant, c’est se nier comme sujet humain.
C’est nier notre aspiration à l’infini.
(…)
Il importe de chercher non à se libérer de notre désir, mais à le sublimer.
L’économie capitaliste de consommation est aliénante parce qu’elle épuise le désir en le désublimant.
Le désir, n’ayant plus le temps d’être désirant, se réduit à (…) une pulsion devant être immédiatement satisfaite mais dont la satisfaction n’apporte pas de réelle jouissance.
L’économie capitaliste nous condamnerait ainsi à osciller entre la frustration classique de celui qui ne peut posséder et la frustration de celui qui possède sans en retirer la moindre jouissance.
Elle nous condamnerait à une éjaculation précoce symbolique en nous rendant incapable d’imaginer un projet capable de sublimer notre désir, c’est-à-dire de le maîtriser et de l’investir dans un objet porteur de sens et jugé estimable.» (2)

Dépassement de soi

Conséquence: la personne libre n’est pas celle qui cherche à maximaliser son utilité personnelle, mais celle qui souhaite agir bien.
Car son épanouissement passe par la recherche du dépassement de soi.
Non, donc, à la liberté comme indépendance.
Oui à la liberté comme autonomie.
Non à l’individu focalisé sur ses propres intérêts.
Oui à la personne comme être de relation.
A la personne accomplie.
A la personne en quête d’excellence.
«Il s’agit d’inciter chacun à faire de son mieux, non à faire mieux que les autres.
La recherche de l’excellence n’est donc pas la sélection du plus fort, mais la volonté d’élévation de tous.» (2)(3)(4)

(A suivre)

Christophe Engels (d'après Laurent de Briey)(2)

(1) Directeur du Centre d’études politiques, économiques et sociales (CEPESS), proche de ce parti politique de Belgique francophone qu'est le Centre Démocrate Humaniste.
(2) Briey Laurent de, Le sens du politique. Essai sur l’humanisme démocratique, introduction, Mardaga, Wavre, 2009.
(3) Ce message s'inspire étroitement d'une partie du texte: Engels Christophe, Le projet post-libéral, in Perso, Regards personnalistes, n°18, mai 2009, pp.17-18. www.personnalisme.org/files/Perso%2018.pdf
(4) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. au (post-)libéralisme (par Laurent de Briey),
. à une présentation de la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du bonheur par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à une approche du sens de la vie par la psychologie positive (par Jacques Lecomte),
. à plusieurs aspects de la Communication Non Violente et à l'Université de Paix (d'après Marshall Rosenberg, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels,
. à l’Approche Centrée sur la Personne (d'après Carl Rogers, avec l’aide précieuse de Jean-Marc Priels),
. à la reliance et à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme...

1 commentaire:

  1. Amigos:

    Con suma alegría, los invito a entrar a este link del Instituto Emmanuel Mounier Argentina donde hemos subido la noticia de la reciente fundación del Instituto E. Mounier Buenos Aires.
    Les rogamos hacer extensiva esta buena noticia a vuestros colegas, amigos e instituciones hermanas, dando muestras de que el movimiento personalista continúa su marcha sostenida y con pasos firmes en nuestro continente latinoamericano.

    Con mis cordiales saludos

    Inés Riego


    http://www.personalismo.net/instituto/

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