L'éthique
de reliance
serait-elle porteuse
des dérives potentielles
d'une fusion
aliénante?
de reliance
serait-elle porteuse
des dérives potentielles
d'une fusion
aliénante?
Marcel
Bolle de Bal (1)
invite
en tout cas
à la vigilance.
Et à la conquête
parallèle
de nouveaux espaces.
Ceux de la déliance...
Marcel Bolle de Bal
L'éthique de reliance tend à faire de la reliance une valeur centrale, fondamentale, indiscutable.
Sous
son égide, l’action visant à créer de nouvelles reliances
–psychologiques, sociales, culturelles, cognitives– ou à revivifier
d’anciennes
reliances distendues, est parée de toutes les vertus.
Edgar Morin s’en est fait
le chantre le plus convaincant: pour lui, la reliance constitue une
valeur à la fois scientifique et sociale, intellectuelle et humaine, cognitive
et ontologique, de laquelle l’idée de «communion» n’est pas absente (2).
Ici aussi émerge subrepticement la dimension psychosociologique du phénomène …
Ici aussi émerge subrepticement la dimension psychosociologique du phénomène …
Attention, danger...
Or c’est là que le bât peut blesser, aux yeux
d’aucuns.
Certains se méfient en effet d’une telle assimilation entre les idées
de reliance et de communion: n’impliquerait-elle pas une éthique de
reliance fusionnelle, synonyme d’aliénation potentielle?
D’autant plus
que, complexité oblige, la déliance –elle aussi– paraît pouvoir être érigée
en valeur existentielle, du moins dans certaines circonstances: il est de
bonnes déliances (celles qui libèrent de liens qui ligotent ou aliènent)… et
de mauvaises reliances (celles de foules acclamant les chefs nazis à Nuremberg
ou les intégristes iraniens à Téhéran, par exemple).
La déliance sociale (une
retraite) peut favoriser la reliance psychologique (par la méditation), la
déliance cosmique (la mort) peut nourrir la reliance existentielle (des
survivants), la reliance cosmique (la méditation transcendantale) peut
s’accompagner de déliance sociale (les sectes) et psychologique (l’équilibre
mental de la personne).
Partage des solitudes
acceptées
Pour moi, l’éthique de reliance –du moins dans sa dimension sociale– implique fondamentalement le «partage des solitudes acceptées» et l’«échange des différences respectées» (bref l’antithèse de la reliance fusionnelle et de l’idéologie intégriste …).
Pour moi, l’éthique de reliance –du moins dans sa dimension sociale– implique fondamentalement le «partage des solitudes acceptées» et l’«échange des différences respectées» (bref l’antithèse de la reliance fusionnelle et de l’idéologie intégriste …).
A quoi j’ajouterais
volontiers «la rencontre des identités affirmées» et la «confrontation
des valeurs assumées», ce qui révèle bien le lien complexe entre les
dimensions sociale, psychologique, culturelle et politique de la
reliance: en arrière plan, se profile tout le problème de l’engagement
social, communautaire et politique, de la démocratie, de la société civile en
tant que structure médiatrice (reliante) entre l’individu et l’Etat-Nation, du
mouvement écologiste (la «reliance» pourrait bien constituer le thème majeur de
son programme politique: reliance homme-nature, homme-environnement,
autres types de reliances entre les hommes (interactions psychosociologiques),
entre les hommes et la cité, les citoyens et la politique, sciences de la
nature et action communautaire, etc.).
Déliance: l'autre face de la pièce
Une éthique de reliance implique «le développement des capacités et des structures de reliance» (à soi, aux autres, au monde): n’est-ce point là le cœur même de maints programmes de formation psychosociologique?
Mais aussi, de façon paradoxale (la pensée complexe n’est pas loin!), elle se doit d'être accompagnée d’objectifs antithétiques s’inscrivant dans une éthique de déliance: il s’agira dès lors d’envisager la possibilité de favoriser certaines déliances, de développer les «capacités de déliance» –sociales et spirituelles– des personnes (capacité de se désaliéner, de conquérir son autonomie), de créer des «espaces ou des structures» où la déliance pourrait cesser d’être subie ou deviendrait source de nouveaux départs (psychologiques, sociaux… ou intellectuels).
Une éthique de reliance implique «le développement des capacités et des structures de reliance» (à soi, aux autres, au monde): n’est-ce point là le cœur même de maints programmes de formation psychosociologique?
Mais aussi, de façon paradoxale (la pensée complexe n’est pas loin!), elle se doit d'être accompagnée d’objectifs antithétiques s’inscrivant dans une éthique de déliance: il s’agira dès lors d’envisager la possibilité de favoriser certaines déliances, de développer les «capacités de déliance» –sociales et spirituelles– des personnes (capacité de se désaliéner, de conquérir son autonomie), de créer des «espaces ou des structures» où la déliance pourrait cesser d’être subie ou deviendrait source de nouveaux départs (psychologiques, sociaux… ou intellectuels).
Une «éthique de
reliance» ne peut faire l’économie d’une «éthique de déliance»:
c’est ce qu’exprime l’expression «éthique de la reliance» dont je me
propose d’évoquer prochainement quelques dimensions. (3)(4)
(A suivre)
Marcel Bolle De Bal
(1) Le (psycho)sociologue belge Marcel Bolle de Bal est professeur émérite de l'Université Libre de Bruxelles et président d'honneur de l'Association Internationale des Sociologues de Langue Française. Il a été consultant social (durant de nombreuses années), conseiller communal à Linkebeek, en périphérie bruxelloise (1965-1973, 1989-2000), lauréat du Prix Maurice van der Rest (1965). Il a signé plus de 200 articles et une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels...
. Les doubles jeux de la participation. Rémunération, performance et culture, Presses Interuniversitaires Européennes, Bruxelles, 1990;
. Wegimont ou le château des relations humaines. Une expérience de formation psychosociologique à la gestion , Presses Interuniversitaires Européennes, Bruxelles, 1998;
. Les Adieux d'un sociologue heureux. Traces d'un passage, Paris, l'Harmattan, 1999;
. Le Sportif et le Sociologue. Sport, Individu et Société, (avec Dominique Vésir), Paris, l'Harmattan, 2001;
. Surréaliste et paradoxale Belgique. Mémoires politiques d'un sociologue engagé, immigré chez soi et malgré soi, Paris, l'Harmattan, 2003;
. Un sociologue dans la cité. Chroniques sur le Vif et propos Express, Paris, l'Harmattan, 2004;
. Le travail, une valeur à réhabiliter. Cinq écrits sociologiques et philosophiques inédits, Bruxelles, Labor, 2005;
. Au-delà de Dieu. Profession de foi d'un athée lucide et serein, Bruxelles,Ed. Luc Pire, 2007;
. Le croyant et le mécréant. Sens, reliances, transcendances" (avec Vincent Hanssens), Bierges, Ed. Mols, 2008.
(2) Marcel Bolle De Bal, La Tentation communautaire. Les paradoxes de la reliance et de la contre-culture, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles, 1985.
(3) Le contenu de ce message nous a été envoyé par l'auteur, que nous remercions. Le solde du texte original suivra. Les titre, chapeau et sous-titres sont de la rédaction.
(4) Pour suivre (sous réserve de modifications de dernières minutes): des messages consacrés
. à la reliance (par Marcel Bolle de Bal),
. à la sociologie existentielle (par Marcel Bolle de Bal),
. au personnalisme (par Vincent Triest, Marcel Bolle de Bal...).
5e Journées internationales d’éthique de Strasbourg
RépondreSupprimer10-13 April 2013
Strasbourg (France)
Un colloque interdisciplinaire international en trois langues (Fr/D/En) sur le thème :
Enjeux Éthiques du Handicap
Découvrez le site Internet dédié à l’événement (http://www.ethique-jie.unistra.fr)
Et répondez dès aujourd’hui à l’APPEL A CONTRIBUTIONS
Abonnez-vous aussi à la lettre d’info consacrée au handicap (gratuit) à partir du 15 août 2012
CEERE - Centre Européen d'Enseignement et de Recherche en Éthique
ceere@u-strasbg.fr - tél. +33 (0)3 68 85 39 68
http://ethique-alsace.unistra.fr
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