vendredi 29 mars 2013

Secteur bancaire. Oui, j'ai vraiment péché...

Père Philippe (1) 
est membre
de la congrégation 
écolo-européenne.
Avec Frère Gaspard (2), 
il nous énumère
Ainsi soit-il...


Philippe Lamberts et Gaspard Denis


Les sept péchés capitaux des banques (3)
                                    

1.   Mégalomanie

Toujours plus grand! 
C’est le mot d’ordre suivi par de nombreuses banques depuis le milieu des  années  1990.  
Certes,  en  accroissant  leur  taille,  ces  dernières  démultiplient  leurs  bénéfices. 
Néanmoins, leur folie des grandeurs a un prix: l’accumulation des risques. 
Or, lorsque ceux-ci se  réalisent, les Etats n’ont bien souvent plus d’autre choix que de sauver des institutions financières  devenues «trop grandes pour faire faillite».

Quel remède à ce péché? 
Il est nécessaire de procéder au démantèlement des banques  systémiques (dont la taille du bilan dépasse les 100 milliards d’euros) afin qu’elles retrouvent, non seulement,  une taille plus modeste, mais surtout une utilité sociale.

2.  Toxicomanie

Dealeuses      et  consommatrices       de  produits   toxiques:   les  banques    n’ont décidément     pas   peur d’accumuler  les  vices!  
En  procédant  à  la  fois  à  l’achat  et  à  la  vente  d’instruments  financiers   hautement   spéculatifs,   nombre   d’entre   elles   gagnent   en   effet   bien   plus   qu’en   accordant   des prêts aux entreprises et aux particuliers. 
Une telle addiction au risque participe néanmoins à la formation de bulles financières qui, lorsqu’elles éclatent, déstabilisent le système financier dans  son ensemble.

Quel   remède   à   ce   péché?  
Il  est  crucial  de  soumettre  les  produits  financiers  à  une  «autorisation  de mise sur le marché». 
Autrement dit, le régulateur devrait être en mesure de pouvoir interdire les nouveaux produits financiers si leur lancement présente des risques trop importants (comme  nous le faisons pour les médicaments, par exemple).

3.   Perversion

Le métier bancaire est-il perverti? 
Rares sont en effet les banques qui aujourd’hui se contentent de servir l’économie réelle, en procédant à la collecte de l’épargne et à l’octroi de crédits. 
Nombre d’entre elles préfèrent tout simplement utiliser l’argent déposé  par leurs clients... pour spéculer!

Quels remèdes à ce péché? 
Il est impératif à terme de réintroduire une double séparation des métiers bancaires. 
La première consiste à contraindre les banques universelles (qui regroupent tous les métiers bancaires) à opter pour le statut soit d’une banque de détail (spécialisée dans la gestion de dépôts et de crédits), soit d’une banque d’investissement (orientée vers les activités de marché).
La   deuxième   vise   à   scinder   les   activités   de   conseil   et   de   marché,   en   interdisant   aux   banques d’investissement d’exercer une activité de courtage.

4.   Vampirisme

Si elles sont passées maîtres dans la socialisation de leurs pertes en parvenant à forcer les Etats à   les   sauver   de   la   faillite,   les   banques   excellent   également   dans   l’art   de   faire   subsidier   leurs bénéfices.  
En  effet,  nombre  d’entre  elles  utilisent  une  partie  des  liquidités  empruntées  à  bon  marché auprès de la Banque centrale européenne (BCE) pour les prêter ensuite aux Etats à des taux nettement plus élevés. 
En outre, les banques de grande taille parviennent à emprunter sur les marchés à des taux plus attractifs que ceux accordés à leurs consœurs de petite ou moyenne taille et ce, en raison du soutien implicite que leur Etat leur accorde.

Quels   remèdes   à   ce   péché? 
Pour   éviter   à   l’avenir   que   les   banques   ne parviennent   à   nouveau   à mutualiser leurs pertes en les faisant porter sur l’ensemble de la société, il est nécessaire, non seulement, de renforcer la contribution du secteur privé à la résolution des crises bancaires, mais également d’obliger les banques à couvrir leurs dépôts d’épargne.

5.   Cupidité

Les dirigeants de banque et les traders partagent une vocation commune: l’accumulation frénétique du capital. 
Une passion, non seulement triste, mais également destructrice pour le reste de la société. 
En effet, leurs rémunérations hors normes contribuent à l’accroissement des inégalités salariales, à la prise de risques excessifs dans le secteur financier, ainsi qu’au contournement des  lois.

Quels    remèdes    à  ce  péché?  
Une  première  mesure  simple  et  efficace  consiste  à  plafonner  la  rémunération (salaire fixe et bonus) la plus élevée à 10 fois la moyenne des plus bas salaires de  la banque. 
L’introduction d’une taxation confiscatoire des très hauts revenus s’impose également  comme un moyen efficace pour limiter les cas de «dérapage salarial» dans le secteur financier. 

6.   Fourberie

Nombre   de   banques   usent   actuellement   d’une   multitude   de   subterfuges   pour  maquiller   leurs comptes,  contourner  les  règles  de  prudence  financière,  ou  encore  échapper  à  l’impôt. 
Au  cœur de ces stratégies frauduleuses, les paradis fiscaux jouent un rôle déterminant.  
La présence des  banques dans ces juridictions secrètes contribue largement à nourrir l’instabilité financière.

Quels remèdes à ce péché? 
Il est urgent de pénaliser les banques qui ont des liens avec les paradis fiscaux.  Les  sanctions  envisageables  pourraient  inclure,  notamment,  le  retrait  de  la  licence  bancaire,     l’interdiction   de  faire  appel   à  l’épargne    des  particuliers    (c’est-à-dire,   collecter   des dépôts), ou encore la taxation des flux financiers à destination ou en provenance de filiales situées  dans des paradis fiscaux.  

7.   Imprudence

S’endetter     plus   pour   gagner    plus!  
Telle  est   la  doctrine   suivie   par  de   nombreuses      banques européennes. 
En empruntant à court terme sur les marchés financiers,  celles-ci ont en effet la  possibilité de financer à très faible coût leurs activités spéculatives. 
Une stratégie qui leur assure  des profits conséquents quand le crédit bon marché coule à flot, mais qui les fragilise fortement  lorsque celui-ci se tarit subitement.

Quels remèdes à ce péché? 
L’imposition d’un ratio de levier –fixé à un niveau adéquat– permettrait  de   limiter   sensiblement      la  capacité    des  banques     à  s’endetter.  
Une   mesure     complémentaire consiste à taxer les sources de financement instables des banques (financement de gros), afin de  les inciter à privilégier un financement stable et de long terme de leurs activités (dépôts et titres  de dette à long terme).

Philippe Lamberts et Gaspard Denis

(1) Manière humoristique, on l'aura compris, de faire référence au Belge Philippe Lamberts (notre photo).. Engagé depuis 1991 dans l'écologie politique, il est aujourd'hui député européen Ecolo au sein du groupe des Verts au Parlement européen. Son mandat législatif dans cette assemblée (2009-2014) est surtout marqué par les dossiers économiques et financiers, qui vont de la gouvernance économique de l'Union européenne, à la régulation financière et bancaire, en passant par la lutte contre les paradis fiscaux et les bonus.
(2) Humour, toujours, pour désigner Denis Gaspard, conseiller parlementaire. Licencié en sciences politiques (Université Libre de Bruxelles) et en économie du développement (University of Cambridge), il a débuté son parcours professionnel comme attaché parlementaire au Sénat de Belgique. Il a rejoint ensuite les rangs du Centre National de Coopération Développement (CNCD-11.11.11), où il a occupé le poste de chargé de recherches en matière de financement du développement. Enfin, depuis mai 2010, il assure la préparation et le suivi du travail législatif au sein de la commission des affaires économique et monétaire (ECON) du Parlement, en portant une attention particulière aux actes législatifs se rapportant à la régulation financière et aux matières fiscales.
(3) Le message présenté ici résume un rapport complet datant d' octobre 2012. Les titre et chapeau sont de la rédaction.
 

mardi 26 mars 2013

Escale tunisienne pour le Forum Social Mondial. Question de principes...


 
Ouverture, 
ce mardi 
à Tunis
d'un douzième 
L'occasion 
de revisiter 
la Charte 
de ses Principes...


C'était à Porto Alegre, du 25 au 30 janvier 2001.
Le premier Forum Social Mondial était organisé par le comité des instances brésiliennes.
Qui, après avoir évalué les résultats de l'événement et les attentes qu'il avait suscitées, jugea nécessaire et légitime d'instaurer une Charte des Principes visant à orienter la poursuite de cette initiative. 
Les principes en question, qui étaient dorénavant appelés à être respectés par tous ceux qui souhaitaient participer à ce processus et organiser de nouvelles éditions du Forum Social Mondial, allaient contribuer à consolider les décisions qui avaient présidé à la réalisation du forum de Porto Alegre et fait son succès.
Ils allaient aussi amplifier sa portée en fixant les orientations qui découlaient de la logique de ces décisions...


Charte des Principes du Forum Social Mondial (1)

1. Le Forum Social Mondial est un espace de rencontre ouvert visant à approfondir 
- la réflexion, 
- le débat d'idées démocratique, 
- la formulation de propositions, 
- l'échange en toute liberté d'expériences, 
- et l'articulation en vue d'actions efficaces, d'instances et de mouvements de la société civile 
. qui s'opposent au néolibéralisme et à la domination du monde par le capital et toute forme d'impérialisme, 
. et qui s'emploient à bâtir une société planétaire axée sur l'être humain.

2. A priori, le Forum Social Mondial de Porto Alegre n'était rien d'autre qu'une manifestation située dans le temps et dans l'espace. 
Par la suite, avec la certitude proclamée à Porto Alegre qu' «un autre monde est possible», il est devenu un processus permanent de recherche et d'élaboration d'alternatives, qui ne se réduit pas aux événements sur lesquels il s'appuie.

3. Le Forum Social Mondial fait donc désormais office de processus, qui plus est à caractère mondial.
Toutes les rencontres qui en font partie ont une dimension internationale.

4. Les alternatives proposées au Forum Social Mondial s'opposent à un autre processus, celui de la mondialisation capitaliste, placé sous la férule des grands entreprises multinationales, mais aussi sous la houlette des gouvernements et institutions internationales au service de leurs intérêts. 
Elles visent à faire prévaloir, comme nouvelle étape de l'histoire du monde, une mondialisation solidaire qui respecte autant l'environnement que les droits universels.
Ceux de l'homme et ceux de tous les citoyens et citoyennes de chacune des nations.
Une étape soutenue par des systèmes et institutions internationaux et démocratiques, mis au service de la justice sociale, de l'égalité et de la souveraineté des peuples.

5. Le Forum Social Mondial ne réunit et n'articule que les instances et mouvements de la société civile de tous les pays du monde.
Il ne prétend pas être une instance représentative de la société civile mondiale.

6. Les rencontres en question n'ont pas un caractère délibératif en tant que Forum Social Mondial
Personne ne sera donc autorisé à exprimer au nom du forum, dans quelque édition que ce soit, des prises de position prétendant être celles de tous les participants. 
Que ce soit par vote ou par acclamation, les participants n'ont pas à être appelés à prise de décisions, au titre de rassemblement de ceux qui participent au forum, sur des déclarations ou propositions d'action qui les engagent totalement ou majoritairement et qui se voudraient être celles du forum en tant que tel. 
Le forum ne constitue donc pas un pouvoir que pourraient se disputer ceux qui participent à ces rencontres.
Et il ne prétend pas davantage constituer l'unique alternative d'articulation et d'action entre instances et mouvements qui en font partie.

7. Les instances -ou ensembles d'instances- qui prennent part aux rencontres du forum doivent donc être assurés, durant celle-ci, de pouvoir délibérer en toute liberté sur les déclarations et actions quelles ont décidé de mener, seules ou en coordination avec d'autres participants. 
Le Forum Social Mondial s'engage à diffuser largement ces décisions par les moyens à sa portée, et ce 
- en s'abstenant d'imposer toute orientation, hiérarchie, censure ou restriction, 
- en les présentant comme délibérations des instances -ou ensembles d'instances- qui les auront assumées.

8. Le Forum Social Mondial est un espace 
- pluriel et diversifié, 
- non confessionnel, 
- non gouvernemental et non partisan, 
qui articule de façon décentralisée, en réseau, des instances et mouvements engagés dans des actions concrètes, au niveau local ou international, visant à bâtir un autre monde.

9. Le Forum Social Mondial sera toujours un espace ouvert au pluralisme et à la diversité des engagements et actions d'instances et de mouvements qui décident d'y prendre part, comme à la pluralité des sexes, ethnies, cultures, générations et capacités physiques, dans la mesure où ils respectent la Charte des Principes
Ne pourront participer au forum en tant que tels ni les représentations de partis, ni les organisations militaires. 
Pourront être invités à y participer, à titre personnel, les gouvernants et parlementaires qui assument les engagements de la présente charte.

10. Le Forum Social Mondial s'oppose 
- à toute vision totalitaire et réductrice de l'économie, du développement et de l'histoire, 
- et à l'usage de la violence comme moyen de contrôle social par l'état. 
Il y oppose le respect des Droits de l'homme, la véritable pratique démocratique, participative, par des relations égalitaires, solidaires et pacifiques entre les personnes, les races, les sexes et les peuples, condamnant toutes les formes de domination comme l'assujettissement d'un être humain par un autre.

11. En tant qu'espace de débats, le Forum Social Mondial est un mouvement d'idées qui stimule la réflexion et la diffusion transparente des fruits de cette réflexion
- sur les mécanismes et instruments de la domination du capital, 
- sur les moyens et actions de résistance et la façon de dépasser cette domination, 
- sur les alternatives proposées pour résoudre les problèmes d'exclusion et d'inégalité sociale que le processus de mondialisation capitaliste, avec ses composantes racistes, sexistes et destructrices de l'environnement, est en train de créer, à la fois au niveau international et dans chacun des pays.

12. Le Forum Social Mondial, comme espace d'échange d'expériences, stimule la connaissance et la reconnaissance mutuelles des instances et mouvements qui y participent, en valorisant leurs échanges, en particulier ce que la société est en train de bâtir pour axer l'activité économique et l'action politique en vue d'une prise en compte des besoins de l'être humain et dans le respect de la nature, aujourdhui et pour les futures générations.

13. Le Forum Social Mondial, en tant qu'espace d'articulation, cherche à fortifier et à créer de nouvelles articulations nationales et internationales entre les instances et mouvements de la société civile qui 
- augmentent, tant dans la sphère de la vie publique que de la vie privée, la capacité de résistance sociale non violente au processus de déshumanisation que le monde est en train de vivre et à la violence utilisée par l'État, 
- et renforcent les initiatives d'humanisation en cours, par l'action de ces mouvements et instances.

14. Le Forum Social Mondial est un processus qui stimule les instances et mouvements qui y participent à situer, à niveau local ou national, leurs actions, comme les questions de citoyenneté planétaire, en cherchant à prendre une part active dans les instances internationales, introduisant dans l'agenda mondial les pratiques transformatrices qu'ils expérimentent dans la construction d'un monde nouveau.

(1) Par souci de clarté, le libellé de la charte a, ici, été légèrement revu dans la forme. 

lundi 25 mars 2013

Belgique. Quand des citoyens font sauter la banque...

L'appauvrissement du paysage bancaire?
Un véritable problème de société.
Et une des sources des déconvenues majeures 
que nous connaissons aujourd'hui.
Ainsi pensent de plus en plus de citoyens
Dont bon nombre impliqués d'une manière ou d'une autre 
dans le vaste réseau associatif.
ONGs, syndicats, a.s.b.l., coopératives?
Peu importe.
L'essentiel, c'est qu'en Belgique, 
Pour donner naissance à une nouvelle entité
Une initiative dénommée New B
Et ayant vocation à jouer le rôle de banque coopérative.
Qui entend investir 
dans l'économie réelle, locale et durable.
Et dont voici  le manifeste... 


Manifeste pour une banque par et pour le citoyen.  
 
La crise financière a démontré que le système bancaire fonctionnait mal.  
Je n’accepte pas que les changements nécessaires se fassent attendre davantage.  
 
Je revendique
... 
 
. Une banque qui m'appartienne et nous appartienne.  
Avec des milliers d'autres, citoyens et associations, je participe à la création d'une banque proche des gens. 
Ensemble, nous collaborons et fixons les règles parce que nous voulons que notre argent soit utilisé à bon escient et qu’il puisse aussi servir (à) la collectivité.
 
. Une banque dont le fonctionnement est clair et transparent. 
 Exit les produits compliqués ou issus de l'économie casino, bienvenue aux produits et services attendus d'une banque sure et digne de ma confiance.  
 
. Une banque qui prône la sobriété
Sans palais, parachute ou bonus. 
Elle s'avère rentable grâce à une gestion économe, efficace et professionnelle. 
Une banque dans laquelle je me reconnais, à la fois sensible aux différences entre les individus et destinée à tous.
 
. Une banque dont l'argent soutient l’économie réelle
Pas de place pour la spéculation mais une contribution affirmée à l’économie locale et durable. 
D'un côté, investir dans des produits et services innovants avec une plus-value sociale et environnementale et de l'autre, exclure les activités aux effets néfastes pour la société.
 
Je veux soutenir cette alternative qu'est la création d’une autre banque
J’achète une part-start dans la coopérative New B car je ne veux plus attendre.  
C'est seulement en agissant ensemble que nous pourrons construire notre banque.   


vendredi 22 mars 2013

Economie Sociale et Solidaire. A gauche, toute !



Au prochain
Congrès de 
Bordeaux (1)
le Parti 
de Gauche (2)
parlera 
Economi
Sociale 
et Solidaire.
Voici,
préci-
sément,
ce qui
sera dit.
En 
avant-
première...


Commission nationale Economie sociale et solidaire 
du Parti de Gauche (3)

 

Marx nous a enseigné que l’aliénation économique est la source de toutes les  aliénations (religieuse, politique, sociale).
Que le système économique (le mode de production et les rapports sociaux qui en découlent) est la base réelle sur laquelle s’élèvent la superstructure juridique et politique, la vie sociale et intellectuelle. 
Attendre de la prise du pouvoir politique une solution à l’exploitation du travail nous semble dès lors similaire au fait de renvoyer la résolution des conflits entre les sexes après la  révolution. 
Les socialistes utopiques et les libertaires ont mis l'accent sur la nécessaire radicalisation de la démocratie à tous les niveaux. 
Les écologistes radicaux, à travers la plume d'André Gorz, ont insisté, un siècle plus tard, sur l'articulation entre sortie du capitalisme et sortie du productivisme, dans un contexte de finitude des ressources de la planète.
La Révolution citoyenne que nous appelons de nos vœux passe nécessairement par la démocratisation de l’économie et la planification écologique, outil essentiel de la prise en compte de la finalité de la production, pour en finir avec la politique de l'offre et revendiquer celle de la demande et de la satisfaction des besoins, dans une démarche d'intérêt général.

«Occuper, Résister, Produire»
 

De fait, partout où le capitalisme financier sacrifie les travailleur-se-s sur l’autel de la  maximisation du taux de profit, des expériences concrètes de prise du pouvoir dans  l’entreprise ont émergé. 
Ainsi, au début des années 2000, dans une Argentine ravagée par les politiques néolibérales (dérégulation, austérité et privatisation), des travailleur-se-s décident d’investir les usines et de faire repartir la production avec une devise : «Occuper, Résister, Produire». 
Et lorsque les ouvrières de l’usine textile Brukman sont expulsées, ce sont les Mères de la place de Mai, des assemblées d’habitants, des étudiants, des piqueteros, qui accourent pour les aider à récupérer les lieux. 
C'est avec le même mot d'ordre que les travailleurs de l'usine Vio.Me., à Thessalonique, en Grèce, ont repris la production en autogestion au début du mois de février dernier.

Mêmes causes, mêmes effets: en France, face à la propagation des plans sociaux, les tentatives de reprise en main de l’activité par les travailleur-se-s se multiplient.  
Les salarié-é-s de SeaFrance, du journal d’annonces Paru Vendu, d’Helio Corbeil ou encore de SET ont refusé la liquidation de leur entreprise et relancé l’activité sous forme de SCOP (Société coopérative de production). 

Les Atelières (Ex-Lejaby) et les Fralib construisent des projets de SCOP (sociétés coopératives et participatives). 
Toutes et tous ouvrent la voie à d’autres modes de production et tentent de surmonter les obstacles économiques, juridiques et politiques rencontrés. 

Soutenir les séminaires ouvriers 

Comme en Argentine, pour être victorieuse, la lutte des salarié-e-s ne peut rester cantonnée au monde du travail. 
Là où le marché atomise, il est nécessaire de recréer des liens de solidarité et d’élargir les horizons. 
A ce titre, les militant-e-s du Parti de Gauche ont un rôle important à jouer en soutien aux luttes locales. 
C'est en ce sens que la commission ESS et le comité d'Aix du PG ont été à l'initiative d'un premier «séminaire ouvrier» avec les Fralib, à Gémenos. 

Nous sommes déterminés à pérenniser cet outil d'éducation populaire, qui a pour objet de rendre les travailleurs et les citoyens co-producteurs d'une nouvelle pensée politique et de pratiques renouvelées, élaborées en dialogue avec des universitaires, des journalistes et des militant-e-s porteur-se-s d'une solide expérience. 
Les séminaires ouvriers mettent ainsi en œuvre une démarche d'élaboration «interactive», qui trouve sa place aussi bien dans les luttes sociales et environnementales, que dans les mouvements producteurs d'alternatives concrètes, dans la sphère cuturelle ou bien l'émergence des SCIC (sociétés coopératives d'intérêt collectif), des CAE (coopératives d'activité et d'emploi) et des régies publiques.

La coopération est fille de la nécessité.

Mais d’un mouvement initial de résistance et de solidarité, les travailleur-se-s en arrivent à développer un autre projet de société. 
La liberté d’adhésion et la gestion démocratique remettent en cause la toute-puissance des actionnaires; la rémunération limitée du capital et l’impartageabilité des réserves  entravent les jeux spéculatifs; l’intercoopération prime sur la compétition; l’engagement envers la communauté fait de l’entreprise un bien commun. 

Ces principes coopératifs entrent en contradiction frontale avec la logique d’accumulation du Capital. 

Pour une finalité sociale et écologique 
 

De la même façon que l’expérience productive amène à la compréhension de l’inutilité du capitalisme, elle appelle à une prise de conscience écologiste. 
En prenant en main la production, les travailleur-se-s sont en effet conduit-e-s à répondre à des questions essentielles...
Quelle production? 
Pour qui? 
Comment? 
Etant les premier-e-s concerné-e-s par le respect des normes environnementales sur leur lieu de travail et sur leur lieu de vie, ils-elles sont aussi les plus à-mêmes de mener à bien la planification écologique. 
Au delà du seul domaine de la production, les structures de l'économie sociale et solidaire (ESS) constituent un point d'appui décisif dans notre volonté de transformation sociale et écologiste. 
Satisfaction des besoins sociaux, exercice démocratique du pouvoir, répartition des excédents entre les membre, échelle de salaire de 1 à 5, les principes qu’elles défendent rejoignent les trois piliers indissociables du Parti de Gauche: Ecologie–Socialisme–République. 
C’est, pour reprendre les mots de Jean Jaurès, la République poussée jusqu’au bout. 
Tant elles sont nombreuses, il n’est pas possible de faire mention ici de toutes les initiatives citoyennes qui préparent un terreau favorable à la Révolution citoyenne. 
Mutuelles, associations d’éducation populaire, monnaies complémentaires, coopératives d'habitat, lycées autogérés, AMAP... 

Toutes organisent la solidarité, participent à l'émancipation des citoyens, font entrer la démocratie dans l'ordre économique et approfondissent ainsi les contradictions du mode de production actuel. 

Malgré cette irréductible antinomie entre les valeurs de l’ESS et celles du capitalisme, les économistes libéraux de la banque mondiale et de l’OCDE ne rejettent pas l’ESS, à condition de la cantonner à sa place, celle d’un tiers secteur entre le public et le privé… bien contents de trouver là des volontaires pour faire face à la casse de l’Etat social. 

Un point d'appui pour rompre avec le capitalisme
 

Nous soutenons au contraire que l’ESS ne doit pas servir de caution au démantèlement de l’Etat social de droit, ni de béquille aux imperfections du marché autorégulé. 
S’il n’a pas à lui seul les réponses à tous les dérèglements d’un système économique à bout de souffle, le secteur de l’ESS est porteur d’alternatives concrètes aux coups de butoir du Capital. 

La commission  ESS du Parti de Gauche s'engage:
• à soutenir le projet de proposition de
«préemption des entreprises par les salariés en coopérative»;
• à soutenir les initiatives de création de projets émancipateurs de l'économie sociale et solidaire, qui s'appuient sur une exigence implacable en termes de démocratie interne et de finalité sociale et écologique;
• à poursuivre son engagement au sein du Front de Gauche thématique de l'ESS;
• à s'impliquer dans la démarche des Assises pour l'écosocialisme;
• à appuyer le développement des séminaires ouvriers du PG.

Il convient toutefois de ne pas se bercer d’illusions: la simple augmentation du nombre des structures de l’ESS ne peut réduire l’hégémonie du capitalisme mais il s’agit d’un point d’appui déterminant dans notre volonté de transformation sociale et écologiste. 

Dans cette optique, nous défendons une ESS émancipatrice. 
Face à l’offensive des tenants d’une vision libérale de l’ESS, il est nécessaire que les militant-e-s du Parti de Gauche s’impliquent dans les réseaux de l’économie sociale et solidaire pour y mettre en oeuvre une démarche de rupture avec le système capitaliste. 

La base culturelle d'un nouveau mode de production
 

De manière générale, cela implique de rompre avec le cadre austéritaire imposé par l’Union Européenne et d’imposer un rapport de force politique. 
Nos objectifs sont donc de renforcer la lutte politique à partir de la sphère économique, de former la base culturelle et sociale d’un nouveau mode de production, de contester la conception de l’économie dominante et finalement de proposer un autre projet de société.
Antonio Gramsci, membre fondateur du Parti Communiste Italien, disait de la crise qu’elle est le moment où le vieux meurt et le jeune hésite encore à naître. 
Sous les gravats laissés par le capitalisme financier, les graines de l’économie socialiste sont en germe. 

A un moment où le discrédit est jeté sur la politique, où les Parlements sont devenus  suspects, les acteurs et actrices de l’ESS font la démonstration au quotidien qu’il existe des alternatives concrètes et crédibles. 

En ce sens, ils et elles construisent un rempart contre la solution autoritaire et contribuent à un dépassement du capitalisme «par le haut», par la démocratie.  

Porteuse d'une vision singulière et globale des pratiques alternatives, la commission ESS du PG souhaite se dénommer désormais «commission de l'ESS et des alternatives concrètes» et être associée aux travaux de préparation des Assises pour l'écosocialisme.

Commission nationale Economie sociale et solidaire 
du Parti de Gauche (3)

(1)  Ces 22, 23 et 24 mars 2013.
(2) Auquel, pour rappel, ni ce blog ni son initiateur ne sont liés de près ou de loin. La contribution présentée ici l'est à simple titre informatif.
(3) Mandataires de la contribution: François Longérinas (75003, comité Paris centre, secrétaire national), Patricia Neau (75015, comité Paris 15).
Signataires: Romain Biessy (75010, comité Paris 19), Jean-Paul Biolluz (5900, comité Lille métropole), François Bojczuk (75015, comité Paris centre), Hannah Bottin 69007, comité Rhône 4), Léo Carpentier (13100, comité Aix-Est étang), Czeslav Cechura (76500, comité Rouen Sud), Thomas Champigny (30100, comité Alès-Pays cévenol), Guillaume Chocteau (44440, comité Nantes Nord), Guillaume Desguerriers (75020, comité Paris 20), Odile Delonca (94000, comité Cœur Val-de-Marne), José-Angel Fernandez (13100, comité Aix), Bruno Fischer (94120, comité Val-de-Marne 4), Jean-Charles Girault (77100, comité Seine-et-Marne 1), Jean-Vincent Jehanno (69000, comité Rhône 2), Elyse Lethuillier (69100, comité Rhône  6), Philippe Levaillant (95100, comité Cergy), Laurent Levard (75017, comité Paris 17), François Longérinas (75003, Comité Paris centre), Fidel Navamuel (93310,  comité Les Lilas/Le-Pré-Saint-Gervais), Patricia Neau (75105, comité Paris 15), Armando Paredes (75003, comité Paris centre), Pili (75014, comité Paris 14), Guillaume Tarantini (69003,Comité Rhône 4), Jean-Luc Varin (76920, comité Louise Michel Rouen), Hubert Vialllet (13008, comité Marseille 7A11).


 
Image de Marx
«C’est pourquoi, si, à beaucoup d’égards, les auteurs de ces systèmes [socialistes et communistes critico-utopistes] étaient des révolutionnaires, les sectes que forment leurs disciples sont toujours réactionnaires, car ces disciples s’obstinent à maintenir les vieilles conceptions de leurs maîtres en face de l’évolution historique du prolétariat. 
Ils cherchent donc, et en cela ils sont logiques, à émousser la lutte des classes et à concilier les antagonismes. 
Ils continuent à rêver la réalisation expérimentale de leurs utopies sociales –établissement de phalanstères isolés, création de home-colonies, fondation d’une petite Icarie, édition in-douze de la Nouvelle Jérusalem...– et, pour la construction de tous ces châteaux en Espagne, ils se voient forcés de faire appel au cœur et à la caisse des philanthropes bourgeois.»
Karl Marx et Friedrich Engels, Le Manifeste du Parti communiste, Paris, Union Générale d’Éditions, 1962 (première édition: 1847), pp. 58-59.

mercredi 20 mars 2013

Actu. My World: enquête de voisinage universel...


ONU soit qui mal y pense...
Le Secrétaire général Ban Ki-moon 
veut conquérir le monde.
D'où la mission qu'il a confiée 
à une équipe triée sur le volet.
Nom de code: «My World»
Moyen de l'opération: une vaste enquête.
Objectif du projet: 
élargir la participation citoyenne 
à la formulation des priorités de développement,
 Attention! Vous êtes ciblés...

Le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU) a récemment lancé un appel aux citoyens du monde entier.
Pour qu'ils participent à «My World».
Soit une nouvelle initiative de l'ONU qui vise à faire entendre la voix des sans-grades aux chefs d'état et de gouvernement.
Et ce dans le cadre de l'élaboration des objectifs de développement de l'après-2015.

Saisir la balle au bond

«A vous de jouer, a fait valoir Ban Ki-moon.
A vous de voter.
A vous de nous dire quelles questions sont les plus importantes pour vous et votre famille. 
A vous, donc, de faire la différence...»
La différence? 
Oui.
Car il s'agira de retenir six sujets sur les seize proposés.
Ceux-là même qui reflètent les priorités formulées par les populations les plus démunies,  sondages et enquêtes faisant foi. 

Et qui ne constituent pas un simple calque des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
S'y ajoutent en effet des préoccupations relatives à la viabilité écologique.
A la sécurité.
A la bonne gouvernance.
A la transparence.


Invitation

Invitation est faite de contribuer via le site Internet officiel de la campagne (1).
Les résultats seront d'abord présentés au Secrétaire général et à son Groupe de haut niveau chargé du programme de développement pour l'après-2015.
Puis, ils seront annexés à son rapport final et à l'annonce, en mai prochain, des recommandations pour un nouveau cadre de développement.


(1) Même si, dans certains pays, possibilité est offerte de le faire par téléphone ou par courrier.

dimanche 17 mars 2013

Le Sud nous salue bien...





de l'ONU
ne laisse pas place 
à la moindre ambiguïté.
Les pays en développement 
tirent les marrons 
du feu de la crise.
Et tiennent 
plus que jamais 
leur revanche 
sur le Nord.
Yek, yek, yek! 
Le Sud nous salue bien...   


Le Sud se porte mieux, merci!
Il est même en plein essor! 
Et le monde du XXIème siècle de s'en trouver radicalement modifié.
Au centre du jeu, désormais: les nations en développement.
Qui tirent la croissance économique.
Extirpent des centaines de millions de personnes de la pauvreté.
Et propulsent des milliards d'individus supplémentaires vers un étage supérieur. 

Aujourd'hui est un autre jour

Une nouvelle classe moyenne est-elle née?
Oui, répond le Rapport sur le développement humain 2013 du Programme des Nations Unies sur le développement (PNUD).
Qui souligne que le phénomène déborde largement le cas des BRICs.
Qu'il va donc bien au-delà de ces pays au revenu moyen que sont le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. 
La preuve: plus de quarante pays en développement auraient enregistré des progressions très supérieures à celles envisagées au vu de la valeur de leurs Indicateurs de Développement Humain (IDH). 
Autant d'accomplissements qui seraient largement attribuables à deux types de facteurs...
. Des investissements soutenus dans l'éducation, la santé et les programmes sociaux d'une part.
. Des bénéfices tirés de leur ouverture à un monde de plus en plus interconnecté d'autre part.
Le Nord n'a qu'à bien se tenir... 

jeudi 14 mars 2013

Actu. Sociologie: fragments existentiels















La sociologie, oui!
Mais existentielle! 
Marcel Bolle de Bal  (1)
persiste et signe.
Ouvrage fragmenté
à la clé...

Marcel Bolle de Bal


Chers amis, 

Les règles actuelles du monde de l'édition  sont telles qu'il me revient (je ne suis ni Morin, ni Hessel, ni DSK ...) de m'adresser à vous pour vous annoncer la sortie de ma dernière «oeuvre»: Fragments pour une sociologie existentielle (2).

Alter-sociologie

Pour moi, il s'agit de la réalisation d'un projet caressé de longues années durant, une sorte de livre-testament synthétisant trois décennies de réflexions sociologiques, l'ouverture du chantier d'une branche originale de la sociologie,  et de ses liens étroits avec la psychologie et la philosophie: la sociologie existentielle.

Psycho-philo-sociologie

Une sociologie existentielle? 
Pour quoi faire? 
Essentiellement pour offrir une ouverture à une sociologie classique trop souvent confinée à l’analyse des structures sociales et des mouvements sociaux. 
Surtout pour aborder sociologiquement les dimensions cruciales de l’existence humaine: la naissance, la vie, les émotions, la croissance, l’amour, la mort… en étroite collaboration, cela va de soi, avec les sciences voisines que sont la psychologie et la philosophie. 
Tel est né et mis en chantier, voici plus d’un quart de siècle, un projet original au cœur de la sociologie francophone. 
Depuis lors, maints textes ont été rédigés et publiés pour étayer les fondations de ce projet.
Les voici ici enfin rassemblés, fragments pour la mise sur orbite d’une discipline prometteuse. 
Puissent-ils inciter quelques chercheurs des nouvelles générations à entreprendre la rédaction d’un futur «traité» fondateur pour une nouvelle branche importante du savoir en sciences humaines… 

Triptyque éditorial

De cette discipline originale sont évoqués, dans cet ensemble de textes à la fois autonomes et interdépendants,...
. les fondements théoriques (tome 1), 
. les thèmes et enjeux essentiels (tome 2), 
. les modes d’intervention sur et dans la société (ce tome 3).
 Cet ouvrage comporte donc trois tomes: 
1. Théories et concepts.
2. Thèmes et enjeux.
3. Pratiques et engagements.   
Soit trois volumes qui peuvent être lus et achetés séparément.

On garde le contact...

Au cas où vous auriez le courage de tenter d'en découvrir  la substantifique moelle, toute réaction écrite ou orale de votre part ne pourra que réjouir un auteur avide d'échanges sociologiques et existentiels.

Merci d'avance pour votre éventuelle future «reliance».

Très cordialement,

Marcel Bolle de Bal
  

(1) Marcel Bolle De Bal, professeur émérite de sociologie et de psychosociologie à l’Université libre de Bruxelles, a été au sein de celle-ci président du collège scientifique de l’Institut de sociologie et de la faculté des sciences psychologiques et pédagogiques. Président d’honneur de l’Association internationale des sociologues de langue française, il a également été professeur visiteur aux universités de Genève, Paris-Dauphine, Toulouse-le-Mirail et Fribourg (Suisse). Il a publié plus d’une trentaine d’ouvrages de sociologie, de psychosociologie et de gestion des ressources humaines. Promoteur d’une sociologie existentielle, il poursuit ses réflexions actuelles autour de questions à la fois philosophiques, psychologiques et sociologiques.
(2) Bolle de Bal Marcel, Fragments pour une sociologie existentielle (Tome 1: Théories et concepts. Tome 2: Thèmes et enjeux. Tome 3: Pratiques et engagements), L'Harmattan, Paris, 2013.