Moins (égo)individualiste
que (philosophiquement)
Individualiste,
Qui s'individualise moins
qu'il ne... s' «individue»!
La singularité
en personne...
Le mutant se voit et entend vivre dans un monde (philosophiquement) Individualiste (1).
S'agit-il pour autant de considérer qu'il tendrait à ramener l'évolution
sociale de ces derniers siècles à un processus de repli sur soi
et/ou à une propension à se dégager de ses appartenances propres?
Absolument pas!
Car ce dont il est question ici, c'est d'un autre phénomène.
Qui tient moins de ce type d'individualisation que d'un autre.
Que Jacques Ion (2), pour éviter toute ambiguïté, préfère qualifier d'«individuation».
Soit un principe renvoyant moins à la cupidité qu'à la curiosité.
Et moins à l'ego qu'à la singularité.
Celle-là même qui fait de l'Individu une entité spécifique.
Unique.
Différente de toute autre.
Qui tient moins de ce type d'individualisation que d'un autre.
Que Jacques Ion (2), pour éviter toute ambiguïté, préfère qualifier d'«individuation».
Soit un principe renvoyant moins à la cupidité qu'à la curiosité.
Et moins à l'ego qu'à la singularité.
Celle-là même qui fait de l'Individu une entité spécifique.
Unique.
Différente de toute autre.
Individuation, le retour
L'ancien directeur de recherche au Centre National de la Recherche Scientifique (C.N.R.S.) ne se contente pas de parler d'individuation.
Il évoque l'émergence récente d'une seconde phase de ce processus.
«La première symbolisée par les Lumières, avait conduit à définir un individu abstrait et universel.
La seconde tend à valoriser les êtres dans leur particularité plutôt que dans leurs rôles et dans leurs statuts.» (3)
C'est que nous
vivons de plus en plus dans des sociétés qui se pensent comme composées d'Individus, à
la différence des sociétés dites «holistes», qui s'appréhendent avant tout
comme la somme organisée de collectifs et dans
lesquelles le tout prime sur les composantes. (4)
«L'individu singulier est conduit à penser ses propres pratiques dans le cours même de l'action, précise le sociologue hexagonal.
«L'individu singulier est conduit à penser ses propres pratiques dans le cours même de l'action, précise le sociologue hexagonal.
Charles Taylor, tout comme Ulrich Beck qui parle d'"individualisme réflexif", font de la réflexivité la caractéristique même de l'individu contemporain.
Ce dernier est soumis à un travail permanent de construction de sens.
L'élaboration de soi suppose un questionnement incessant, qui était hier l'apanage des élites intellectuelles et des artistes.
La
réflexivité identitaire contraint tout un chacun à penser ses propres
pratiques et à les intégrer dans une visée de réalisation de soi.» (5)
Ce
degré supplémentaire dans le processus d'individuation doit-il être appréhendé comme une sorte d'autolibération de l'individu?
Non.
«L'individu
contemporain demeure le produit des institutions, même si ces dernières
se transforment et précisément se restructurent partiellement autour de
la notion de personne.» (6)
Etre, de plus en plus, une personne...
«Nul
ne conteste aujourd'hui le caractère obligatoire de la règle qui nous
ordonne d'être et d'être, de plus en plus, une personne», écrivait déjà Emile Durkheim. (7)
Ion en rajoute une couche...
«Le développement de l'individuation ne signifie absolument pas un retrait sur soi.
Bien au contraire, puisque l'identité personnelle ne peut se construire que dans la relation à l'autre.» (8)
Bien au contraire, puisque l'identité personnelle ne peut se construire que dans la relation à l'autre.» (8)
Voilà qui rappellera quelque chose à tous ceux qui, de près ou de loin, s'abreuvent aux sources du personnalisme.
Celui-là même qui considère que la personne ne se réduit ni à un individu égocentré ni à une parcelle du collectif.
Qui refuse la séparation autant que la fusion.
Qui dit non à l’indépendance du «Après moi le déluge»!
Mais non, tout autant, à la dépendance!
Celle d’une gauche dévoyée, qui tendrait soit à me déresponsabiliser
radicalement par rapport à l’Etat soit à me mettre complètement à sa
merci.
Ou alors celle d’une droite cynique, qui me livrerait sans le moindre
garde-fou à la vindicte anarchique et impitoyable du marché.
Mutant et personne: même combat... intérieur !
Personne et mutant, même combat?
Oui.
Même combat... intérieur!
Et même apport constitutif de l'interdépendance.
Car ce qui les fonde tous deux, c’est moins le moi, l’Etat ou le marché que l’authenticité d’une relation qui «nous invite à sortir de ces comportements utilitaires qui font la froideur de l’individualisme marchand.» (9)(10)
(A suivre)
Christophe Engels
(1) Nous ne revenons pas à ce stade sur la différence, que nous proposions dans les deux derniers messages, entre individualisme de l'ego et Individualisme philosophique.
(2) Le sociologue français Jacques Ion a écrit de nombreux ouvrages sur l'engagement et le miltantisme.
(3) Ion Jacques, S'engager dans une société d'individus, coll. Individu et société, Armand Colin, Paris, Paris, 2012, pp.77-78.
(4) Cfr. Ion Jacques, idem, pp.75-76.
(5) Ion Jacques, idem, pp.83-84.
(6) Ion Jacques, idem, p.77.
(7) Cité in Ion Jacques, idem, 2012, p.77.
(8) Ion Jacques, idem, p.94.
(9)
Les lecteurs les plus attentifs et assidus reconnaîtront peut-être ces
dernières lignes, étroitement inspirées du tout premier message de ce Projet relationnel.
(10)
Pour suivre (sous réserve de changement de dernière minute):
. la suite d'une
série de messages consacrés à une réflexion approfondie sur les courants de
pensée et modes de vie émergents,
. (d'ici plusieurs semaines,) des analyses sur la social-démocratie, l'écologie politique, l'immigration...