mardi 17 avril 2018

Et si l'espoir revenait...







«La tromperie n'entre jamais en conflit avec la raison, 
car les choses auraient pu se passer effectivement 
de la façon dont le menteur le prétend. 
Le mensonge est souvent plus plausible, 
plus tentant pour la raison que la réalité, 
car le menteur possède le grand avantage 
de savoir à l'avance ce que le public souhaite entendre 
ou s'attend à entendre.
Sa version a été préparée à l'intention du public, 

en s'attachant tout particulièrement à la crédibilité, 
tandis que la réalité a cette habitude déconcertante 
de nous mettre en présence de l'inattendu, 
auquel nous n'étions nullement préparés.»
Ainsi s'exprimait, 

tentant notamment de tirer les leçons 
de la deuxième guerre mondiale, 
la philosophe allemande Hannah Arendt.
Qui ne se savait probablement pas aussi prémonitoire.
D'autant qu'elle précisait par ailleurs...
«Quand tout le monde vous ment en permanence, 

le résultat n'est pas que vous croyez ces mensonges 
mais que plus personne ne croit plus rien.
Un peuple qui ne peut plus rien croire 

ne peut se faire une opinion.
Il est privé non seulement de sa capacité d'agir 

mais aussi de sa capacité de penser et de juger.
Et avec un tel peuple, 

vous pouvez faire ce que vous voulez.»
Hélas, trois fois hélas, 

l'actualité nous ramène ces propos en boomerang. 
Sommes-nous en train de vivre la fin d'une civilisation?
La démocratie à l'occidentale 
a-t-elle commencé à agoniser, sous nos yeux?
Assistons-nous, impuissants, à notre propre déchéance?
La période, en tout cas, est au marasme.
Et à la violence.
Physique autant que psychique.
Car plus que jamais,
l'hypocrisie et le mensonge 
règnent en maîtres.
Alors même que les mauvais génies 
de la manipulation et du rapport de force 
ressortent toujours davantage d'une lampe 
qu'ils n'avaient, il est vrai, jamais complètement réintégrée.
L'occasion pour certains puissants et nantis
(et non pour tous, ne nous y trompons pas)   
d'abuser de leur leadership
 et de se délecter de l'autosatisfaction y afférente.
Pour ceux-là, tout va très bien, merci! 
Et qu'importe les autres...
Les laissés-pour-compte.
Qui se sentent toujours plus floués.
Trahis.
Ignorés.
Mal aimés.
En manque de reconnaissance.
En pénurie de considération. 
Et en déficit d'estime de soi.
Des oiseaux pour le chat 
des complotisme, 
conspirationnisme, 
négationnisme
populisme
extrémisme 
et autres formes, 
collectives ou singulières, 
de perversion narcissique
Tant pis, donc, s'il faut faire l'impasse  
sur ce que nous apprennent les psychologues.
Que les nourritures relationnelles 
pèsent souvent (encore) plus lourd 
que les nourritures matérielles (1).
Que, dans bien des cas, le fait de se sentir performant 
compte moins que celui de se savoir apprécié (1).
Ou que «l'objectif, c'est l'épanouissement optimal,
pas seulement celui de l'individu, de ses émotions, 
mais aussi des groupes et des institutions.» (2)
Rien n'y fait:
la machine de la «désémancipation» (!) est lancée.
Irrémédiablement.
D'où cette envie qui titille 
un nombre grandissant d'entre nous.

Celle de nous lever.
Celle de «chasser le malheur».


Celle de faire (re)surgir «l'espoir»,
relayé par Jeanne Cherhal et Bernard Lavilliers.
Qui, certes, nous font chanter, eux aussi. 
Mais au sens propre.
Pas au sens figuré, donc.
Ni pour les mêmes raisons.
Car, en l'occurrence, 
il s'agit de faire passer ce tout autre message...  
«Plus la vie croit en la vie,
plus s'efface la douleur.
» 


























L'espoir


«Sur la noirceur du soleil,
sur le sable des marées,
sur le calme du sommeil,
sur mon amour retrouvé,
le soleil se lève aussi.
Et plus forte est sa chaleur,
plus la vie croit en la vie,
plus s'efface la douleur.


Pour ces semaines très noires,
pour ces belles assassinées,
pour retrouver la mémoire,
pour ne jamais oublier,
il faut te lever aussi,
il faut chasser le malheur.
Tu sais que parfois la vie
a connu d'autre couleurs.

Et si l’espoir revenait...
Tu ne me croiras jamais!
Dans le secret, 

dans l'amour fou,
de toutes tes forces,
va jusqu'au bout.
Et si l'espoir revenait...


Sur mes doutes et ma colère,
sur les nations déchaînées,
sur ta beauté au réveil,
sur mon calme retrouvé,
le soleil se lève aussi.
J'attendais cette lumière
pour me sortir de la nuit,
pour oublier cet enfer…

Pour voir ce sourire d'enfant,
pour ses cahiers déchirés,
pour enfin que les amants
n'aient plus peur de s'enlacer,
le soleil se lève aussi.
Le soleil se lève aussi.
Le soleil...

Et si l’espoir revenait...
Tu ne me croiras jamais!
Dans le secret, 

dans l'amour fou,
de toutes tes forces,
va jusqu'au bout.
Et si l'espoir revenait...

Pour la noirceur du soleil
sur le sable des marées,
pour ta beauté au réveil,
pour mon calme retrouvé...

Et si l’espoir revenait...
Tu ne me croiras jamais!
Dans le secret, 

dans l'amour fou,
de toutes tes forces,
va jusqu'au bout.
Et si l'espoir revenait...
»
 (3)



(Jeanne Cherhal et Bernard Lavilliers)




(1) Cfr. par exemple André Christophe, L'estime de soi au quotidien, in Le changement personnel. Histoires. Mythes. Réalités, Editions Sciences Humaines, Auxerre, 2015, p. 182.
(2) Martin-Krumm Charles, La psychologie positive, ce n'est pas positiver, in Le changement personnel. Histoires. Mythes. Réalités, Editions Sciences Humaines, Auxerre, 2015, p. 202.
(3) Cherhal Jeanne et Lavilliers Bernard, L'espoir, 2017. 


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