jeudi 7 mars 2013

Politique. Le sens de l'ordinaire


La préoccupation essentielle 
des politiques? 
Ah! S'il pouvait s'agir 
de l’être profond 
des peuples... 
Mais pour Maffesoli (1),
un tel objectif 
s'accommode bien peu
des artifices 
de la probité ostentatoire.
Et pas davantage

du simplisme 
de la normalité. 
Oui, en revanche,
au «sens de l’ordinaire».
Qui intègre 

l’esprit du temps...

Michel Maffesoli

L’être profond des peuples. 
N’est-ce point cela qui devrait constituer l’essentielle préoccupation des politiques? 
Rhumb, les aires des vents suivent des rotations en spirale. 
Il faut que la voie de celui qui est attentif à la chose collective n’ait pas, forcément, un but à atteindre, mais qu’il sache du moins maintenir le cap constant qui est le sien. 
C’est ainsi, et ainsi seulement que sa voix pourra être entendue. 
Il ne suffit pas pour cela d'avoir une probité ostentatoire ou la relation de la normalité qui tend à devenir normativité. 
L’ordinaire, en effet, est ce qui caractérise l’homme sans qualité et n’a rien à voir avec la «normopathie». 
Bien au contraire, avoir le sens de l’ordinaire, c’est savoir intégrer l’écart, le paradoxe, voire l’excès. 
Ne l’oublions pas l’oxymore est, certainement, la figure rhétorique le plus en phase avec l’esprit du temps. 

Ci-gît la modernité... 

Avec des idées grises, on peut, certes, démontrer (c’est la spécialité de la technocratie régnante, celle de «l’énarchie»), on ne persuade jamais. 
On peut, pour un temps, faire accepter, au pays quelques vues bornées au XIXème siècle, et l’absence de courage intellectuel. 
Mais pour un temps seulement. 
Car l’atmosphère mentale est à la séduction et il faut, du coup, savoir mettre en œuvre quelque chose de valable pour le temps présent et non ce qui correspond à une époque dépassée. 
L’anachronisme a toujours un relent de moisi. 
Et sous l’incantation du «changement», on pressent que c’est l’épuisement d’un paradigme qui s’avance masqué. 
En bref, l’agonie de la modernité. 

Entendre le silence  

Car, même si du bout des lèvres et d’une manière mesurée, ils ont donné leur voix, les peuples entendent ce qui ne se dit pas. 
Ils flairent les mensonges dans les postures puritaines, et pressentent le simulacre sous l’affirmation d’agir, avant tout, avec et pour la justice sociale. 
Car, de savoir incorporé, la sagesse populaire, sait d’immémoriale mémoire, acquise par l’expérience dans le cadre de la tradition, elle sait donc que cette justice est un leurre.
Démagogiquement on peut, périodiquement, l’agiter tel un hochet pour enfants turbulents. 
Mais, avec réalisme, l’on sait que seule la justesse importe. 

De la justice à la justesse 

Car, à l’encontre d’une justice abstraite, constamment revendiquée dans le cadre d’une logique du «devoir-être» confondant morale et politique, la justesse est l’accommodement avec d’autres, une accommodation avec ce qui est en un lieu et un temps donnés. 
C’est cela la vérité du moment. 
Et seul ce qui est vrai est fécond. 

Mépris, ironie et indifférence 

«Nous avons inventé le bonheur  disent les derniers hommes, et ils clignent des yeux». 
Cette remarque de Nietzsche, on pourrait l’appliquer à ces politiques qui, en mettant en place des commissions, sous-commissions, concertations, et autres états-généraux, «clignent des yeux» en proposant le bonheur alors que derrière leur offre de service on entend, subrepticement, le bruit obsédant de leur authentique obsession: le pouvoir pour le pouvoir.
D’où, pour le dire en des termes le moins grandiloquent possible, le mépris, l’ironie dont on les crédite, ou encore l’indifférence qu’ils suscitent. (2)(3)

Michel Maffesoli

(1) Membre de l’Institut universitaire de France et professeur à la Sorbonne, directeur du Centre d’études sur l’actuel et le quotidien (Paris-V), Michel Maffesoli est l’auteur, entre autres, de La Part du diable (Flammarion, 2002), du Réenchantement du monde (La Table ronde, 2007) et de Homo eroticus, des communions émotionnelles (CNRS Éditions, 2012).
(2) Ce message est extrait d'un document de 24 pages qui nous a été envoyé par  Michel Maffesoli sous l'intitulé L'Opéra-Bouffe du Politique. Nous le publions ici avec l'accord explicite de l'auteur et par parties. Avec, aussi, tous nos remerciements. Et en précisant que les titre, chapeau et intertitres sont de la rédaction. 
(3) Texte complet: https://docs.google.com/file/d/0B3rnpgTZAWiMaWt3VlpVYWR5TkU/edit?pli=1


1 commentaire:

  1. Bruxelles

    A la tribune des Grandes Conférences Catholiques le mardi 26 mars 2013

    Catherine Nay
    Chroniqueur politique et écrivain

    «François Hollande et les premiers mois de socialisme en France»


    Journaliste et éditorialiste à « Europe 1 », Catherine Nay est également l’auteur de plusieurs ouvrages portant des éclairages inédits sur la vie politique en France. On se rappellera spécialement sa célèbre biographie du président Mitterrand intitulée «Le noir et le rouge, ou l’histoire d’une ambition», suivie des «Sept années Mitterrand, ou la métamorphose d’un septennat», ainsi que son dernier livre «L’impétueux : tourments, tourmentes, crises et tempêtes», consacré au président Sarkozy. Pour notre tribune, Catherine Nay a accepté de dresser un premier bilan de la nouvelle présidence française. Le titre de sa conférence sera: «François Hollande et les premiers mois de socialisme en France».


    Renseignements et inscriptions:
    Grandes Conférences Catholiques, avenue Louise 149/21 à 1050 Bruxelles

    Tél. : 0(032)2/543 70 99 (du lundi au vendredi de 9 à 12 heures)

    Télécopie : 0(032)2/543 70 98

    Courriel : gcc@grandesconferences.be

    Internet :www.grandesconferences.be
    Tarifs : Fauteuil 25€ - Balcon 20€ - Etudiant 9€


    La conférence se tient au « Square Brussels Meeting Centre » (ancien Palais des Congrès), rue Mont des Arts à 1000 Bruxelles, le lundi 11 mars 2013 à 20h30 précises.

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